Retour à Saint-Symphorien mi-figue, mi-raisin pour le FC Metz, tenu en échec hier par Arles-Avignon (0-0). L’équipe de Dominique Bijotat affiche encore d’importantes lacunes à la finition.
Mathieu Duhamel et les Messins n’ont pas réussi à trouver la clef du mur érigé par la défense d’Arles-Avignon. Photo Pascal BROCARD
Deux défaites dans la musette avant de revenir à la maison. La première, au Havre, le 22 juillet, avait mis un terme prématuré à l’aventure des Messins en Coupe de la Ligue. La seconde, à Tours, une semaine plus tard, les avait d’emblée ramenés au souvenir de leur début de saison passée catastrophique... Bref, le moins que l’on puisse dire est que les joueurs de Dominique Bijotat n’avaient pas préparé au mieux leurs retrouvailles avec leur public. Du doute, de la méfiance, des craintes, il y a avait un peu de tout cela, hier soir, dans les travées bordant l’A31. Mais il y avait surtout beaucoup d’attentes, à laquelle Ludovic Guerriero et ses coéquipiers n’ont finalement répondu qu’en partie.
Le 20 mai dernier, plus de 24 000 spectateurs avaient bien voulu débourser deux euros chacun pour pousser leur équipe vers son salut, obtenu grâce à une victoire enthousiasmante sur Nîmes (3-1). Ils étaient beaucoup moins ce lundi 8 août pour la venue d’Arles-Avignon. Mais du vide observé sur les hauteurs de Saint-Symphorien, les Messins se sont plutôt bien accommodés, conscients, sans doute, de l’urgence qui pesait déjà sur eux à l’heure de cette deuxième journée de championnat. Le résultat s’est traduit dans les premiers instants par une présence très marquée du onze messin dans la moitié de terrain provençale.
Rafraîchi par le retour de Mahamane Traoré, dont on a déjà pu mesurer toute l’indispensabilité malgré son retard au registre physique, Metz s’est lancé dans la course sans tergiverser. Mathieu Duhamel, puis Pierre Bouby, à deux reprises, ont tenté leur chance face à Ludovic Butelle. Mais l’ancien gardien messin a eu le dernier mot à chaque fois. Comme il l’a eu sur cette frappe de Traoré déviée par un défenseur (24 e).
Cette stérilité, les Grenats auraient pu la regretter davantage si le poteau n’était pas venu au secours de Joris Delle, sur cette reprise de la tête de Dianbobo Baldé (35 e), ou si le portier messin n’avait pas compté que sur lui-même pour repousser cette pichenette de soixantenaire du dénommé Luigi Pieroni (39 e).
180 minutes, 0 but
La suite, au retour des vestiaires, s’est déroulée sur la même tonalité. Animé d’intentions intéressantes, portées par la combattivité de Mathieu Duhamel ou l’enthousiasme de Yéni N’Gbakoto – entré en jeu à la place de Pierre Bouby, blessé, au milieu du premier acte –, Metz a malheureusement péché là où il avait déjà péché lors de sa première sortie à Tours, à la finition. Cent quatre-vingt minutes après ses premiers pas sur les sentiers de sa quatrième saison de Ligue 2, l’équipe de Dominique Bijotat n’a toujours pas trouvé le chemin de filets.
Hier, Yéni N’Gbakoto a été tout près d’animer le tableau d’affichage, mais sa tête a été déviée in extremis par Butelle (60 e). Et comme Mathieu Duhamel avant lui, Mahamane Traoré a manqué de précision. Sa frappe dans les dernières secondes de la rencontre est allée s’écraser dans les tribunes...
« Nous n’avons pas eu cette petite étincelle pour finir nos actions ». Le regret de Dominique Bijotat, à l’issue des débats, n’a rien changé à l’histoire. « Il nous manque deux points », a d’ailleurs reconnu le technicien. Ce matin, Metz ne possède qu’une unité au compteur, dont il lui faudra se contenter pour poursuivre sa route. Dès vendredi, celle-ci le mènera en Bretagne, du côté de Guingamp, où il pourra se rendre avec la satisfaction d’avoir échappé à la répétition de son début de saison passée, lorsqu’il avait attendu la quatrième journée pour toucher à son premier succès. Reste que des questions encombreront encore ses bagages. Et une en particulier : Metz sait-il marquer ? En attendant que ses troupes apportent la réponse, en attendant qu’elles décrochent leur premier succès en compétition officielle, l’entraîneur messin a choisi de se contenter des progrès observés hier : « Nous avons été plus consistants qu’à Tours, nous avons mis plus de rythme. Si nous gardons cet état d’esprit, nous progresserons. »
Cédric BROUT.
Traoré évidemment...
Ludovic Guerriero, le capitaine grenat, était attendu au tournant. Photo Pascal BROCARD
EN VUE
Joris Delle. Dans la semaine, Jean-Pascal Singla, en charge des gardiens, mettait l’accent sur le manque d’autorité de Joris Delle. Les paroles de l’adjoint de Dominique Bijotat ont visiblement été entendues. Hier, Joris Delle a affirmé sa personnalité, n’hésitant pas, le cas échéant, à sortir de la tête pour repousser la menace sudiste. Il a également réalisé l’arrêt de la soirée sur une pichenette vaine de Luigi Pieroni (39 e).
Yéni N’Gbakoto. Appelé à suppléer précocement Bouby (25 e), Yéni N’Gbakoto s’est bonifié au fil des débats. Par deux fois en seconde mi-temps, il a manqué d’un rien l’ouverture du score : d’abord sur une frappe lointaine (57 e), puis suite à une tête sortie miraculeusement par Ludovic Butelle (60 e). Avec ce punch, nul doute que le milieu offensif retrouvera les grâces de Dominique Bijotat.
Adama Tamboura. Sobre, explosif et sécurisant : Adama Tamboura semble avoir enterré ses velléités de départ. L’arrière latéral n’a pas hésité à franchir la ligne médiane pour assumer ses responsabilités offensives.
DANS L’OMBRE
Oumar Pouye. La blessure de Bouby l’a rapidement repositionné à gauche. Disponible, auteur de quelques débordements inspirés, ses intentions se sont malheureusement révélées inabouties. Hier, il a manqué à Oumar Pouye ce soupçon de réussite de nature à faire basculer le sort d’une rencontre.
Mathieu Duhamel. Toujours aussi généreux, toujours aussi harceleur, il a toutefois péché dans la finition. D’abord en début de rencontre sur une ouverture de Traoré puis en au crépuscule des débats sur un service de N’Gbakoto. Pas d’inquiétude toutefois, ce n’est sans doute que partie remise...
PAROLES, PAROLES...
Yéni N’Gbakoto(milieu du FC Metz) : « Au final, j’ai le sentiment qu’on a réalisé un très bon match avec des phases de jeu intéressantes. C’est de bon augure pour la suite. Ce soir, il n’a manqué qu’un peu d’agressivité devant le but. Mais je pense que face à Guingamp ( vendredi), nous allons y remédier. »
David Fleurival(milieu du FC Metz) : « Ce soir ( hier), il y a de la frustration. Il nous a manqué cette dernière passe, ce dernier geste pour l’emporter. C’est dommage car on avait mis les ingrédients pour gagner. »
Faruk Hadzibegic (entraîneur d’Arles-Avignon) : « Les deux équipes ont eu leur période. Je regrette beaucoup l’occasion de Pieroni en première mi-temps. Nous prenons un bon point qui nous donne de la confiance. Metz est une jeune équipe qui a de l’avenir. Peut-être sommes-nous plus expérimentés... »
TEMPS ADDITIONNEL
« Borbi, t’as tout donné sur le terrain, viens avec nous supporter les Messins ». Cette banderole émouvante, déployée dans les travées de Saint-Symphorien, a vu juste. Stéphane Borbiconi, contraint de mettre un terme à sa carrière (blessure au pied), était bien hier dans le stade messin pour supporter les siens.
J.-M. C.
L’HOMME DU MATCH
Mahamane Traoré. Photo Pascal BROCARD
L’HOMME DU MATCH
Mahamane Traoré. Un crochet délicieux et une offrande voluptueuse pour Duhamel (2 e). Un tir légèrement dévié et extrêmement menaçant pour le revenant Butelle (23 e).Et là, nous ne narrons que l’œuvre griffonnée par Mahamane Traoré en première mi-temps. Les dirigeants messins ont eu raison de mener une cour assidue auprès de l’OGC Nice pour récupérer en prêt le(ur) meneur de jeu. Hier, pour sa première à Saint-Symphorien, le Malien a bien prouvé qu’il était le chaînon manquant de Dominique Bijotat. Traoré a le don de valoriser ses équipiers, c’est une évidence.
TRIBUNE LIBRE
Les temps changent
Arles-Avignon, relégué de Ligue 1. Arles-Avignon et son effectif fleurant bon l’élite avec Laurenti, Pieroni, Landrin et autres Butelle. Arles-Avignon et son éminence grise, Faruk Hadzibegic. Et Saint-Symphorien, garni de 9 030 spectateurs, si loin des affluences passées. Et ce diffuseur, Eurosport, tout à fait capable de retransmettre une compétition de curling après une rencontre de football. Cette tribune libre sert d’ordinaire à se réjouir d’un fait de jeu, d’une ambiance fiévreuse, d’une recrue à venir. Mais hier, cette première du FC Metz a réveillé une douce nostalgie. Celle où le boulevard Saint-Symphorien était la bête noire de bison futé certains soirs. Celle où l’Olympique de Marseille, le Paris Saint-Germain ou encore Bordeaux imprimaient leurs lettres (de noblesse) sur le tableau d’affichage mosellan. L’époque est révolue, Metz entame bien sa quatrième saison dans le purgatoire du football français. Désolé pour la mélancolie, mais elle était prégnante hier...
Jean-Michel CAVALLI.
