Hier au Mans, Metz s’en est remis à Mathieu Duhamel pour sortir victorieux (0-1) d’une rencontre menant à un début de léthargie. Mais parfois, qu’importe la manière…

Mahamane Traoré a offert une passe décisive à Mathieu Duhamel. Au Mans, hier, les Messins ont décroché un succès qui leur permet de rester dans la zone confortable du classement. Photo MAXPPP
Nous avons été mièvres, amorphes même. » Avant de se gargariser du succès des siens, Dominique Bijotat a eu l’honnêteté de reconnaître l’inconsistance du spectacle proposé dans le cadre feutré du MMArena. Du moins durant une première mi-temps aussi soporifique qu’une édition des 24h du Mans pour un allergique aux sports mécaniques.
De notre envoyé spécial au Mans
À un horaire propice à une sieste corse (14h30), Metz a sombré dans une douce léthargie, comme bercé par le rythme enfantin de la classe biberon mancelle. En quarante-cinq minutes, Le Mans a justifié son statut naissant de simple candidat au maintien cette saison. Et en quarante-cinq minutes, Metz a de son côté confirmé ses difficultés récurrentes à entrer de plain-pied dans une rencontre.
Il aura fallu patienter jusqu’à la dernière seconde de la première période pour assister au premier tir cadré des Mosellans, œuvre inachevée de Mahamane Traoré. La raison d’un tel retard à l’allumage échappe au technicien messin : « Peut-être est-ce l’heure, inhabituelle. Ou peut-être est-ce dû à notre incapacité à garder le ballon et à donner du rythme à nos transmissions… Toujours est-il qu’à la mi-temps, il a fallu en secouer certains et en réconforter d’autres ». Visiblement, le rappel à l’ordre a produit l’effet escompté tant Metz a affiché un visage plus conquérant au retour des vestiaires.
L’apathie a laissé place à un début de révolte. Et dans le rôle d’agitateur de conscience, Mathieu Duhamel se pose en expert. À la réception d’une ouverture délicieuse de l’extérieur du pied gauche de Mahamane Traoré, l’attaquant a d’abord péché par avarice en se montrant individualiste et brouillon devant le but de Makaridze (47 e). Mais il était écrit que cette crise d’égo, entamée en première mi-temps après quelques numéros de solistes mal inspirés, ne s’achèverait que sur la joie toute personnelle d’un but.
Peu après l’heure de jeu, la scène se répétait et connaissait cette fois une issue heureuse. Sur un contre initié par David Fleurival, la passe en profondeur millimétrée de l’orfèvre Traoré trouvait Duhamel, lequel se jouait de deux défenseurs avant de tromper le portier d’une frappe lourde à ras de terre (64 e, 0-1).
« Bon wagon »
La cinquième réalisation du buteur messin allait-elle susciter une réaction des joueurs d’Arnaud Cormier ? Ce serait méconnaître le faible pouvoir d’intimidation sarthois. Pour exister, Le Mans s’en est remis à des essais lointains, comme sur ce tir d’Ekeng contraignant Joris Delle à un joli plongeon (67 e). Ou à des coups de pied arrêtés mal exécutés par Boudebouda. De son côté Metz, sécurisé par une arrière-garde musclée et vigilante, attendait le moment propice pour planter une deuxième fois ses crocs dans cette chaire tendre. Il aurait pu intervenir sur le coup-franc de Pierre Bouby, hélas échoué sur la barre transversale de Makaridze (78 e).
Pour ne pas avoir su se mettre définitivement à l’abri, Metz s’exposait au traditionnel ultime baroud d’honneur du poursuivant. Et ce qui devait arriver… n’arriva pas, même si un froid glacial souffla sur le banc messin lors du raté invraisemblable de Belfort, seul face au but ouvert de Delle mais incapable de cadrer sa tentative (88 e). Allez, après une victoire aussi longue à se dessiner, Dominique Bijotat pouvait bien se gargariser un peu, « car l’équipe a eu le mérite de réagir. Cette victoire est précieuse car nous restons dans le bon wagon ». Le wagon de tête pour être précis, Metz se repositionnant à la 4 e place du classement avant les réceptions de Nantes mardi et Istres vendredi. Oui, quatrième. Alors parfois, le beau jeu, on s’en moque comme un tour de piste des 24h du Mans…
Jean-Michel CAVALLI.
TRIBUNE LIBRE
L’habit ne fait pas le moine
Erigé à deux coups de volant de la piste des 24h du Mans, le MMArena charme instantanément le visiteur. Imposant de l’extérieur, il faut pénétrer dans ses entrailles pour en apprécier le cachet. Pour se laisser griser par ses 25 064 places, pour jalouser ses 2 000 sièges "privilège" ou encore pour admirer deux écrans géants de 45 m2 (et dire que l’arbitrage vidéo fait encore débat). Cette enceinte invite aux rêves et n’a, surtout, rien à faire dans l’antichambre de l’élite. Pour autant, ce joyau architectural n’a pas résolu les troubles sportifs d’un club en reconstruction. Avec une affluence (très) moyenne de 7 909 spectateurs depuis l’ouverture du championnat, le MMArena n’est pas récompensé à sa juste valeur (102 millions d’euros). Bernard Serin, qui caresse l’espoir (vain ?) de moderniser Saint-Symphorien, l’aura sans doute noté : développement structurel ne rime pas forcément avec réussite sportive. Même avec des loges modernes, même en vendant le nom de son stade (et pourquoi pas son âme aussi ?) moyennant une rente annuelle d’1 million d’euros… Jaloux, vous avez dit jaloux ?
J.-M. C.
Duhamel l'arme fatale

Bruce Abdoulaye (à gauche), précieuse présence... Photo MAXPPP
En vue
Bruce Abdoulaye. Autoritaire, vif et agressif : Bruce Abdoulaye a réalisé un travail d’orfèvre. L’intensité mise par le défenseur dans ses interventions a considérablement intimidé les attaquants manceaux. Avec la sobriété de Kalidou Koulibaly, Metz a sans doute trouvé une formule définitive dans l’axe central.
David Fleurival. Du volume de jeu, un placement opportun et une présence réconfortante pour son partenaire Fallou Diagne. Orphelin de Ludovic Guerriero dans l’entrejeu, le capitaine par intérim a parfaitement assumé ses responsabilités en orientant à bon escient le jeu. Une véritable courroie de transmission.
Dans l’ombre
Oumar Pouye. Guère inspiré, le milieu n’a pas su aller au bout de ses intentions sur son côté droit. Un peu plus à l’aise dans les petits espaces, il a toutefois trop peu pesé dans les débats.
Kévin Diaz. Il a accumulé les fautes de goût en première mi-temps. Sa qualité de centre n’est apparue qu’avec parcimonie au fil de la rencontre. Le milieu offensif a cependant eu le mérite de chercher souvent, en première intention, Mathieu Duhamel.
Paroles, paroles…
Dominique Bijotat ( entraîneur du FC Metz) : « Cette victoire est importante car elle nous laisse dans le bon wagon. Maintenant, je dirais que c’est une victoire qui intervient après une prestation moyenne de notre part. Je ne sais pas si c’est l’horaire, mais nous avons éprouvé des difficultés à rentrer dans ce match. »
Bruce Abdoulaye ( défenseur du FC Metz) : « On a mis une mi-temps à se mettre dans le sens de la marche. Aujourd’hui, on a eu la chance de tenir le choc défensivement. Face à un adversaire plus dangereux, cette issue n’aurait peut-être pas été aussi heureuse. Maintenant, il faut retenir le courage et l’abnégation de notre équipe pour l’emporter. »
Arnaud Cormier ( entraîneur du Mans) : « On a eu une seule véritable occasion en l’espace de 90 minutes. C’est trop peu pour espérer quoi que ce soit. Oui, nos attaquants se sont fait bouger en première mi-temps… »
Temps additionnel
Avant de regagner Metz en début de soirée, les hommes de Dominique Bijotat ont eu droit à une légère séance de décrassage sur la pelouse du MMArena : « Avec cette semaine à trois matches, la récupération peut être un facteur prépondérant », notait, justement, l’entraîneur messin au terme de la rencontre.
J.-M. C.
L'homme du match
L’HOMME DU MATCH

Mathieu Duhamel. Photo Karim SIARI
Mathieu Duhamel. Déjà élu homme du match lors de la réception de Laval, Mathieu Duhamel a récidivé hier. Ses qualités ont été détaillées dans ces colonnes. Mais au risque de lasser le lecteur, c’est encore cette abnégation qui a mené l’attaquant messin à éveiller une rencontre plongée dans une profonde léthargie. Un brin individualiste, parfois même brouillon, l’attaquant n’a toutefois pas dérogé à sa ligne de conduite sur l’ouverture du score. Mis sur orbite par Traoré, sa puissance a dépassé la défense mancelle. Et de cinq buts pour Duhamel !
60 ans plus tard…
Les hommes de Dominique Bijotat ont dépoussiéré l’histoire, hier, en allant s’imposer au MMArena. La dernière victoire des Mosellans au Mans remontait à loin, au siècle dernier même. C’était le 29 avril 1951, cadre de la 31 e journée de la défunte deuxième division (victoire 0-1).
Les Messins ont également mis fin à une série mancelle. Avant la défaite d’hier, les Sarthois ne s’étaient en effet jamais inclinés dans leur nouvelle enceinte un après-midi de match. Ajaccio et Grenoble avaient pris l’eau à cet horaire inhabituel lors du précédent exercice, tout comme Sedan cette saison.
CFA : Metz n’a pas tremblé
La réserve messine a obtenu, hier soir, un bon match nul à Mulhouse, même s’il aurait pu prétendre à mieux.
Siegfried Aissikebe a passé une soirée tranquille au stade de l’Ill de Mulhouse. Le gardien messin n’a pas eu le moindre arrêt à effectuer, même si les Mulhousiens rétorqueront que le ballon a sans doute franchi la ligne en début de seconde période. On jouait alors la 50 e minute lorsque sur une longue touche de Fortuna, prolongée par Balogou, Sidney plaçait une aile de pigeon qui atterrissait sur un pied de Ndoye, avant d’aller sur le poteau. Keita touchait à son tour le ballon, qui tapait la ligne de but, avant d’être dégagé. Sur la ligne ou derrière la ligne ? On ne saura jamais…
Mis à part cette action très chaude, les défenseurs messins ont largement maîtrisé le sujet, le gardien étant juste soulagé de voir la balle piquée de Diring s’envoler au-dessus (60 e). Les attaquants lorrains, eux, auraient pu forcer la décision, mais il aurait fallu faire preuve de plus de détermination dans la surface adverse. Pourtant, les occasions ont bien été là, avec cette première banderille de Keita, qui s’était ouvert le but sur un subtil crochet, mais sans parvenir à ajuster Djidonou (11 e). Puis, le coup franc de Kehli de vingt-cinq mètres s’écrasait sur la transversale (35 e), avant que Ndoye ne manque le cadre après une belle action collective au cœur d’une défense locale aux abois (39 e).
En fin de rencontre, les deux équipes cherchaient le KO, mais ce sont les Messins qui étaient le plus près de le réussir. Sur un joli numéro à droite, Sarr adressait le centre parfait devant le but, mais Kehli avait eu la mauvaise idée de ne pas suivre l’action (71 e). Ndoye butait ensuite sur un Varsovie des grands soirs (83 e), mais Metz ne baissait pas les bras. Sur un centre au cordeau de Bussmann, Nsor, à cinq mètres, ne parvenait pas à ajuster sa reprise (87 e). Dans la continuité, Mane obligeait Djidonou à effectuer un arrêt de grande classe (87