Le constat de l’impuissance du FC Metz dressé, se pose le problème de ses racines : en perdant leurs cinq derniers matches, les joueurs et Dominique Bijotat ont, en effet, écarté la thèse d’un simple passage à vide.

Dépités à l’issue de leur dernière apparition à domicile face au Havre (défaite 0-2), les Messins retrouveront leur public vendredi. Avec, encore, des interrogations à la pelle. Photo Pascal BROCARD
Allez, amusez-vous ! Voilà, en substance, le mot d’ordre qui a accompagné la séance d’entraînement, hier, à Saint-Symphorien. Dans cette grisaille ambiante, le jeu, devant le but notamment, est donc l’un des remèdes choisis par Dominique Bijotat et son staff. « En ce moment, dans les têtes , concède l’entraîneur en chef, c’est forcément difficile. Il est nécessaire de faire en sorte que le groupe gamberge moins. »
Difficile, cependant, de croire que quelques frappes devant les cages suffiront à chasser le doute qui ronge depuis plusieurs semaines les fondations de l’entreprise messine… Aujourd’hui, celles-ci apparaissent plus fragilisées qu’elles ne l’ont jamais été depuis le lancement de la saison, début août. Alors, qu’est-ce qui cloche ?
Le système de jeu ?
C’est un sujet qui a le don de chatouiller la susceptibilité de nombreux techniciens. A raison – allez, n’en rajoutons pas une couche –, puisqu’ils sont censés maîtriser mieux que le quidam le trousseau des clés tactiques nécessaires à la réalisation d’un objectif sportif.
Dans le cas bien particulier de Metz, il faut reconnaître que Dominique Bijotat a témoigné d’une certaine science, durant la seconde partie de saison écoulée, lorsqu’il a fallu redresser la barre après un premier semestre miséreux. Mais aujourd’hui ? Certes, les cinq défaites sur lesquelles restent les Messins ne s’expliquent pas seulement par les imperfections affichées par leur système de jeu. Il n’empêche, l’existence même de cette série négative impose peut-être de s’interroger, entre autres, sur cette obstination à n’aligner qu’un seul véritable attaquant, notamment à domicile.
Ce dernier point avait été balayé d’un revers de manche par Dominique Bijotat, le 22 septembre, à la veille de la réception d’Istres. « Ce qui compte, c’est l’animation offensive. » Sur ce coup, cette fameuse animation n’avait pas été suffisante pour éviter aux Messins de s’incliner. Pas plus qu’elle ne l’a été lors des trois matches qui ont suivi.
Les cadres ?
Système disculpé, donc, par son concepteur. Ce qui revient à s’interroger sur la valeur de ceux qui sont appelés à le faire vivre. Or à l’approche d’une treizième journée de championnat que les Messins aborderont dans la peau des premiers non-relégables, le tableau ne peut être dépeint qu’avec une grande réserve. Celle-ci concerne en premier lieu les cadres. Et l’évidence, ici, est qu’aucune tête ne dépasse.
Personne, de Ludovic Guerriero, le capitaine, à David Fleurival, le joueur le plus utilisé la saison passée, en passant par Mahamane Traoré, présumé chef d’orchestre, n’est en effet parvenu à s’inscrire dans une régularité et une qualité de performance susceptibles de compenser les défaillances collectives. Mathieu Duhamel lui-même, buteur providentiel de janvier à mai 2011, n’échappe pas au vent mauvais qui souffle depuis plusieurs semaines sur Metz. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de faire porter le chapeau à ces seules têtes. Dominique Bijotat le soulignait d’ailleurs il y a peu encore : « Il faut que tout le monde élève son niveau de jeu.J’attends plus des uns et des autres. »
Le niveau des joueurs ?
Vingt-cinq joueurs, ou le nombre d’éléments utilisés depuis la première journée, peuvent se sentir concernés par les propos de leur entraîneur.
Oui, Dominique Bijotat a fait tourner, même si un examen plus approfondi démontre qu’il s’appuie tout de même sur un gros noyau d’éléments déjà présents la saison passée. D’où cette autre question : comment expliquer qu’une équipe capable de ramasser vingt-huit points lors de la seule phase retour du dernier championnat éprouve aujourd’hui les pires difficultés à montrer une certaine cohérence dans ses productions. Le manque de réussite ? Les absences ponctuelles et inévitables dans le cheminement d’un groupe ?
Metz ne peut pas se réfugier derrière ça. Reviennent ici les propos de Bernard Serin au soir de l’officialisation du maintien en Ligue 2, le 20 mai dernier. À la question de savoir s’il espérait voir son équipe se mêler aux équipes de têtes lors de l’exercice 2011-2012, le président avait été très clair : « Absolument. Nous avons des acquis et notre rythme sur cette seconde partie de saison démontre que nous avons des qualités. » Il est plus que temps de déterrer les souvenirs.
Cédric BROUT.
Bijotat, les statistiques et l’urgence
Pour sortir de la spirale négative dans laquelle les a fait glisser leur défaite face à Nantes, le 20 septembre, les Messins devront réaliser un grand match ce vendredi ou, à défaut, se montrer plus efficaces que lors du dernier mois : ce n’est rien d’autre que le leader, Reims, qui est attendu à Saint-Symphorien. Un rendez-vous capital à plus d’un titre. Dominique Bijotat le sait : « Un entraîneur qui perd cinq fois de suite est forcément en danger. »
Alors, Metz - Reims, match couperet ? C’est la question qui a été posée, hier matin, lors du premier point-presse hebdomadaire. Réponse du technicien : « Couperet pour qui ? Moi, je raisonne toujours par rapport au club. Ce qui est sûr, c’est qu’une sixième défaite serait un signe très fort… J’ai des statistiques et pour une fois, je veux bien y croire. Après six défaites consécutives, il est dur de s’en sortir et de se maintenir. Alors oui, il est évident qu’il y a urgence. » Quelques jours plus tôt, dans les coulisses du stade de l’Aube, Bernard Serin, président du FC Metz, allait déjà dans ce sens. « Cinq défaites de suite, ça arrive dans la vie d’un club, à condition de redresser la situation très vite. Le prochain match à domicile devient capital. »
C. B.
FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement. Aujourd’hui : une séance (9h30). Demain : une séance (16h30).
D’un match à l’autre. Dernier match : Troyes - Metz (12 e journée de Ligue 2), vendredi 21 octobre à 20h. Prochain match : Metz - Reims (13 e journée), vendredi 28 octobre à 20h. À suivre : Boulogne-sur-Mer - Metz (14 e journée), samedi 5 novembre à 14h30 ; Metz - Amiens (15 e journée), vendredi 25 novembre à 20h.
À l’infirmerie. Joris Delle poursuit son travail de rééducation (genou).
Suspendu. Diafra Sakho, qui s’est entraîné hier avec l’équipe réserve, purgera son match de suspension automatique ce vendredi. L’attaquant messin avait été exclu, la semaine passée, à Troyes. Hamadi Ayari, lui, avait vu rouge sous le maillot de l’équipe réserve. Il ne pourra donc pas prétendre à une place dans le groupe qui sera désigné demain après-midi par Dominique Bijotat, l’entraîneur du FC Metz.
Le chiffre. 18. En panne d’efficacité défensive lors des cinq derniers matches, Metz ne brille guère plus dans le domaine offensif : l’équipe de Dominique Bijotat n’a inscrit aucun but lors de ses trois dernières sorties. Son attaque, avec neuf réalisations en douze matches, occupe le 18 e rang du classement de l’offensive.