
Thierry Steimetz : « Metz nous est supérieur. Pour exister, il faudra mettre beaucoup de cœur et ne surtout pas inverser les rôles. À côté des Messins, nous sommes tout petits. » Photo Pascal BROCARD
Son talent, éclatant, suppose que Thierry Steimetz pourrait tout aussi bien jouer à Metz, en Ligue 2. Mais, à 28 ans, il mène le jeu d’Amnéville, n’en tire aucune aigreur et délivre juste les clés du possible exploit…
Thierry Steimetz n’a jamais joué à Metz et, à 28 ans bien frappés, il sait qu’il n’y jouera jamais. Il pourrait, probablement : peu de joueurs parmi la centaine ayant défilé boulevard Saint-Symphorien depuis le début de l’ère du déclin ne possèdent le talent de ce petit bonhomme pourtant recalé à la sortie du centre de formation du RC Lens, qui comptait alors parmi les meilleurs clubs français, au tout début des années 2000. Il y a longtemps que Thierry Steimetz ne s’attarde plus sur ce sujet : « Si, demain, on me propose de passer professionnel, je dirai oui. Est-ce que j’en ai les qualités ? C’est autre chose. J’ai eu ma chance. Si j’ai échoué, j’ai forcément ma part de responsabilités. À un moment donné, je n’ai pas dû faire tout ce qu’il fallait. Quoi ? C’est difficile à dire… J’ai juste arrêté de me poser cette question. »
Alors il joue, pour le plus grand bonheur d’Amnéville, et sa route croisera donc celle du FC Metz, samedi, au huitième tour de la Coupe de France. Ceux qui fréquentent à la fois Amnéville et Metz se disent que Steimetz ne déparerait pas en Ligue 2. Lui pose le pied sur le ballon : « Des tribunes, c’est toujours plus simple. Je peux le dire : je vais souvent voir jouer Metz, avec quelques amis. Spectateur, j’ai tendance à me dire : je pourrais jouer ! Mais à la réflexion, même si ce n’est pas un jeu flamboyant, c’est quand même solide, efficace, costaud. » Trop pour empêcher Amnéville d’effacer un grand écart de deux petites divisions ? « Je ne vais pas vous la raconter à l’envers », répond Thierry Steimetz, Titi pour les intimes, un sobriquet qui semble devoir traduire la sympathie naturelle que suscite cette preuve vivante qu’un mètre soixante-trois peut suffire à abriter talent, efficacité et humilité. « Metz nous est supérieur. Pour exister, il faudra mettre beaucoup de cœur et ne surtout pas inverser les rôles : à côté des Messins, nous sommes tout petits, eux sont en Ligue 2, nous en CFA, et tout cela n’est pas le fruit du hasard. »
« Metz ne s’est jamais intéressé à moi »
En capitaine clairvoyant et prévoyant, Thierry Steimetz insiste sur le risque que suppose une telle affiche, son contexte, son enjeu. Il s’y autorise d’autant plus qu’il ne cache pas sous le tapis de la Coupe de France la poussière accumulée en championnat : « Nous traversons une période délicate, notre dernière victoire en CFA remonte à début septembre et, pourtant, nous ne sommes jamais ridicules, loin de là. Seulement, cette série nous a fragilisés mentalement. Il faut en faire abstraction pour espérer rivaliser avec Metz. Mais il y a un facteur que nous ne maîtrisons pas : la façon dont nos jeunes vont aborder ce match. Le risque existe qu’ils le jouent avant, dans leur tête, parce que j’ai bien compris qu’ici, à Amnéville, recevoir Metz représentait quelque chose, comment dire, de très spécial ! Nous n’affrontons pas seulement un club de Ligue 2, comme Sedan la saison dernière ou Dijon l’année d’avant : nous jouons contre Metz et personne, à Amnéville, ne s’y montre indifférent… »
Lui, le natif de Creutzwald, Moselle, s’attache à mettre un peu de distance à une rivalité de vingt kilomètres à peine. Il n’a jamais porté le maillot grenat, pas même pour s’y croire : « Metz n’est pas mon club de cœur, souligne cet inconditionnel de l’Olympique de Marseille. Ensuite, à ma connaissance, Metz ne s’est jamais intéressé à moi ; en tout cas, aucun contact direct n’a jamais existé. Contrairement à quelques-uns de mes coéquipiers, je n’ai aucun état d’esprit particulier à l’égard de ce club… »
À l’égard de la Coupe de France, c’est autre chose : Thierry Steimetz est bien placé pour savoir tout ce qu’elle suscite d’émotions contraires ( lire ci-dessous), de symboles aussi : il n’est tout de même pas allé se qualifier à 10 000 kilomètres d’Amnéville (à la Réunion), pour tomber aussitôt face au plus proche voisin… « Pour un amateur, cette compétition a quelque chose d’unique. Maintenant, je me dois d’évoluer à mon meilleur niveau, car je ne suis pas au top, ces derniers temps. Or, Amnéville compte sur moi. » Grandement.
Sylvain VILLAUME.
Steimetz, maître à jouer

Thierry Steimetz (à gauche), au bonheur d’Amnéville. Photo RL
Au cœur de sa troisième saison à Amnéville, désormais solidement installé en CFA, le quatrième niveau de la hiérarchie du football français, Thierry Steimetz n’en finit plus d’épater la galerie. Meneur de jeu doté d’un bagage technique appréciable et d’un sens tactique très au-dessus du lot, ce Creutzwaldois de naissance imprime sa marque à une équipe qui, la saison dernière, a manqué de peu l’accession en National.
Thierry Steimetz concède un léger passage à vide depuis quelques semaines ? Dans un même élan, son équipe marque le pas en championnat, peinant à renouer avec une victoire qui lui échappe depuis début septembre. Mais la Coupe de France mobilise les énergies, éveille la motivation, transcende les hommes… Sur ce front-là, Amnéville compte sur un Steimetz impeccable, artisan tranquille de la qualification pour le huitième tour : les Réunionnais du Tampon, comme avant eux les Lorrains de Devant-les-Ponts ou de Châtel-Saint-Germain, ont fini par s’avouer vaincu face au meneur de jeu de poche (1,63 m) passé, à 20 ans, par le centre de formation du RC Lens. Et c’est ainsi que, demain, Amnéville défiera son voisin messin, pensionnaire d’une Ligue 2 qui gagnerait sûrement à compter plus de joueurs d’un talent aussi évident que celui de Thierry Steimetz.
Meneur de jeu, Steimetz, 28 ans, est aussi un buteur régulier, notamment diabolique sur les coups francs : il a déjà trouvé le chemin des filets à cinq reprises, cette saison, en CFA. Pour le plus grand bonheur d’Amnéville !
Derby express
Amnéville
Repos, hier, pour les joueurs amnévillois, qui s’entraîneront ce soir et demain, à chaque fois à partir de 19 h. En attendant, les billets s’arrachent : hier soir, près de 4000 places avaient déjà trouvé preneurs, sur les 6000 disponibles. « Il reste quelques places en tribunes, ainsi qu’autour du terrain », souligne Laurent Fanzel. La vente s’effectue uniquement à la Maison de la presse Leininger, rue Clémenceau à Amnéville, ainsi qu’au stade municipal de 17 h à 19 h.
Metz
Une séance d’entraînement figurait au programme du FC Metz hier, à laquelle Joris Delle, resté aux soins en raison d’un genou douloureux, n’a pas participé. Le gardien messin est actuellement le seul joueur à l’arrêt. Mahamane Traoré (élongation des ischio-jambiers) reprendra dès aujourd’hui l’entraînement collectif puisque l’échographie passée hier par le milieu de terrain malien a confirmé la parfaite cicatrisation de sa blessure. Mais ce dernier sera sans doute ménagé et ne devrait donc pas figurer au sein du groupe qui se déplacera à Amnéville. Les hommes de Dominique Bijotat se retrouvent aujourd’hui pour une séance à 15h.
Amnéville - Metz, samedi (17 h)
Metz : des garçons pleins d’avenir (U19)

Le parcours des U 19 du FC Metz se conjugue au presque parfait avec zéro défaite au compteur en championnat. Photo FC Metz/M. Pira
Zéro. Un chiffre rond. Mais surtout un chiffre révélateur de l’excellent bilan de santé actuel des U 19 du FC Metz. Zéro, donc, comme le nombre de défaites concédées par les protégés d’Olivier Perrin depuis l’ouverture du championnat national. En novembre, Erwan Martin et ses partenaires ont enregistré deux succès et deux nuls. Metz reste ainsi, à ce jour, la seule équipe de son groupe invaincue (6 victoires, 6 nuls). Après leur dernier succès, dimanche dernier face au voisin amnévillois (2-0), les Messins occupent la troisième marche du podium. L’avenir leur appartient…