Pascal Carzaniga à gauche, Dominique Bijotat à droite : un lever de rideau courtois. Photo Pascal BROCARD
Avant le derby inédit de Coupe de France entre les amateurs d’Amnéville et les professionnels de Metz, aujourd’hui, Le Républicain Lorrain a réuni les deux entraîneurs, Pascal Carzaniga et Dominique Bijotat. Balle au centre.
Dominique Bijotat est arrivé le premier, juste avant Pascal Carzaniga. Première poignée de mains, premières paroles échangées, premiers sourires : jeudi, en tout début d’après-midi, Le Républicain Lorrain a donné le coup d’envoi virtuel du derby lorrain en réunissant les deux entraîneurs, le Messin et l’Amnévillois. Prévue pour durer trois quarts d’heure, la conversation a joué les prolongations. Un match n’est pas un affrontement, mais une confrontation : la preuve…
• Pour lequel de vous deux la semaine est-elle plus difficile ?
Pascal Carzaniga : « Pour moi, puisque je passe mon DEPF ( diplôme d’entraîneur professionnel), ce qui a occupé mes journées de mardi et mercredi ! J’ai laissé mon groupe aux deux David ( Zitelli, son adjoint, et Fanzel, directeur sportif). Et puis, moi, je ne viens pas de gagner 2-0 à Monaco ! »
Dominique Bijotat : « Nous allons peut-être mieux au niveau des résultats mais, je vous rassure, ma semaine n’a pas non plus été facile ! Il s’agit de préparer un match dans lequel le plus gros risque plus que le petit : croyez-moi, il n’est pas plus facile de préparer un match à Amnéville qu’un déplacement à Monaco. »
• Vous exercez la même fonction, mais pas tout à fait dans les mêmes conditions. Qu’est-ce qui vous rapproche, qu’est-ce qui vous distingue ?
Pascal Carzaniga : « Le point commun essentiel, c’est notre passion. Après, pour avoir eu des joueurs professionnels sous ma coupe, en Belgique, je constate que la gestion humaine est plus simple avec eux qu’avec des amateurs, avec lesquels il faut tenir compte de nombreux éléments extra-sportifs. »
Dominique Bijotat : « Notre objectif est le même : manager un groupe dans le but de l’amener à adhérer à une philosophie de jeu. Mais dans le parcours, oui, c’est différent. Encore que l’environnement est aussi à prendre en compte chez les pros, où tout ramène au foot et à l’obligation de résultat. »
« Attendez quand même une semaine… »
• Votre conception du jeu va-t-elle varier en fonction du rapport de forces propre à ce match ?
Dominique Bijotat : « La philosophie, non ; l’approche, oui car, dans l’inconscient des joueurs, il se passe des choses… La semaine dernière, je leur ai dit qu’il n’affrontait pas le dernier de Ligue 2, mais Monaco. Cette semaine, je leur dis qu’ils ne jouent pas contre une équipe de CFA, mais contre Amnéville. »
Pascal Carzaniga : « Quant à nous, nous devons surtout nous améliorer tactiquement par rapport au tour précédent, et par rapport aux derniers matches de championnat… »
Dominique Bijotat : « Attendez quand même une toute petite semaine… »
• La Coupe de France, pour vous ?
Pascal Carzaniga : « De mauvais souvenirs depuis que je suis à Amnéville : une élimination cruelle à Besançon qui a ensuite joué contre l’Olympique de Marseille, puis contre Dijon et à Sedan… Mais pour moi, cette fois, nous ne jouons pas un 8 e tour de Coupe de France, nous recevons le FC Metz. Pour moi qui suis ici grâce à Marcel Husson, cela signifie quelque chose… »
Dominique Bijotat : « Un joueur ou un entraîneur entretient forcément une relation particulière avec cette compétition, vecteur d’émotions sans pareil. J’en sais quelque chose, notamment pour avoir perdu la finale de 1984 avec Monaco, qui était favori, face à Metz : ce match, c’était celui des riches monégasques contre les Lorrains frappés par la crise de la sidérurgie, je m’en serais presque voulu de le gagner ! »
• Cette affiche est aussi un derby, et vous n’êtes lorrain ni l’un, ni l’autre : y êtes-vous tout de même sensible ?
Dominique Bijotat : « J’ai joué des Monaco-Nice ! Ces antagonismes entre deux villes proches, c’est quelque chose de fort, d’un peu ancien… »
Pascal Carzaniga : « C’est quand même et surtout la première fois qu’Amnéville joue contre le FC Metz en compétition. Pour nos joueurs, c’est un petit aboutissement. Un derby, c’est en championnat, en CFA par exemple, contre la réserve messine. Là, il nous faut surtout admettre et respecter la hiérarchie. »
« Il était temps de rafraîchir les murs »
• Et auprès de vos joueurs, Dominique Bijotat, cette notion de derby entre-t-elle en compte ?
Dominique Bijotat : « La fidélité à un club est moindre aujourd’hui qu’hier, mais quelques joueurs de mon équipe sont originaires de la région et je sens bien que leur entourage les titille avec ça… »
• Un temps, les dirigeants messins ont souhaité inverser la rencontre. La face du match en aurait-elle été changée ?
Pascal Carzaniga : « Mon président ( Laurent Fanzel) m’a laissé la décision. Au stade, sur les murs, il y a les pages à la gloire de l’épopée de 2003 et de la venue d’Auxerre à Amnéville. J’ai pensé qu’il était temps de rafraîchir tout ça ! 6 000 personnes à Saint-Symphorien, ce n’est rien. 6 000 personnes chez nous, c’est le stade plein, la fête… Elle est là, notre récompense. »
• Est-il inconfortable de se trouver dans la peau de l’équipe à battre ?
Dominique Bijotat : « C’est la loi du genre, nous sommes favoris parce que nous évoluons en Ligue 2 mais tout cela peut s’annuler très vite. Au coup d’envoi, nous ne disposons d’aucune avance au score ! »
• Quel est, pour Amnéville, le danger d’une telle opposition ?
Pascal Carzaniga : « Prendre une raclée ! L’entraîneur y pense, mais pas les joueurs… Comme d’habitude, le début de match sera déterminant. »
• Et sinon, le résultat final ?
Dominique Bijotat : « Je ne donne pas de score. J’espère une victoire Metz, et si possible avant la prolongation… »
Pascal Carzaniga : « Moi, j’espère éviter la raclée ! »
Dominique Bijotat : « Là, il faut traduire ! »
Pascal Carzaniga : « Jouer le plus longtemps possible. Pour prolonger le plaisir… »
Cédric BROUT et Sylvain VILLAUME.
Amnéville sans El Janabi
Guillaume Mura. Photo P. BROCARD
Pour recevoir Metz, tout à l’heure, Amnéville alignera presque son équipe-type : victime d’une contracture à la cuisse, le milieu de terrain marocain El Janabi manquera à l’appel, lui qui n’a effectué ses débuts amnévillois que fin octobre, lors de la qualification à Metz-Devant-les-Ponts. Un doute subsistait hier soir quant à Idazza, revenu du Maroc et du tournoi africain de qualification olympique avec une douleur aux adducteurs, mais la séance d’hier soir semble avoir rassuré l’aréopage amnévillois.
Pascal Carzaniga a donc disposé d’un large choix pour composer son groupe mais, dit-il, l’exercice ne s’est pas révélé spécialement embarrassant : « Il était plus difficile d’écarter des joueurs avant le septième tour, à La Réunion », assure l’entraîneur amnévillois qui a décidé de se passer de Simion, Osswald et Guerabis.
Lorsque le groupe messin lui est soumis, Pascal Carzaniga ne manifeste aucune surprise : « Il est logique que les Messins alignent leur meilleure équipe possible, la Coupe de France fait partie des objectifs d’un club comme Metz, je ne m’attends pas du tout à ce qu’Amnéville soit pris à la légère. Mais de toute façon, insiste l’entraîneur franco-belge, la réalité de notre rapport de forces, c’est que face à Metz nous restons sur une défaite… face à l’équipe réserve, en CFA. »
Marcel Husson donne le coup d’envoi
Le coup d’envoi de la rencontre sera donné par Marcel Husson, ancien joueur emblématique des deux voisins mosellans.
Metz, des incertitudes
Si le FC Metz est actuellement particulièrement fécond côté jardin, certains de ses éléments le sont également côté cour. Absent de la séance programmée hier après-midi, Yohan Betsch est, en effet, dans l’attente d‘un heureux événement. Une naissance imminente est également d’actualité au sein du foyer de Bruce Abdoulaye. Conséquence, un doute planait encore, hier soir, sur la présence des deux hommes au sein du groupe messin amené à affronter Amnéville en fin d’après-midi.
Ces deux incertitudes s’ajoutent à celle concernant Diafra Sakho, de retour dans l’effectif après avoir purgé quatre matches de suspension. « Il manque forcément de rythme », a indiqué Dominique Bijotat qui, face à ces impondérables, a décidé de convoquer dix-huit joueurs. L’entraîneur messin ne modifiera cependant pas son équipe dans les grandes largeurs. « On veut entretenir nos bonnes performances actuelles, argumente ce dernier. En terme de récupération, malgré l’enjeu et les conditions climatiques, cela ne devrait pas poser de problèmes majeurs. » Le FC Metz devrait donc se présenter sur la pelouse d’Amnéville dans une configuration proche de celle de Monaco, Ludovic Guerriero effectuant son retour dans le onze de départ en cas de forfait de Yohan Betsch. Seul changement majeur, le retour au milieu de Kévin Diaz sur le côté gauche ; une option susceptible d’entraîner le recul d’un cran de Pierre Bouby en lieu et place d’Adama Tamboura, sous la menace d’une suspension. Fallou Diagne étant dans la même situation, Bruce Abdoulaye pourrait retrouver une place de titulaire dans l’axe de la défense. Enfin, deux certitudes : Oumar Sissoko gardera les buts messins, alors que les débuts de Vedran Vinko sont encore repoussés, le jeune Slovène étant touché aux adducteurs.
J.-S. G.
Le terrain ? Praticable !
Les quelques passages secs et venteux d’une semaine passablement pluvieuse ont permis à la pelouse amnévilloise d’éviter le pire : la météo assez clémente annoncée aujourd’hui renforce la confiance manifestée par l’aréopage amnévillois quant au maintien du derby lorrain. Des places restent en vente, ce matin de 8 h à 13 h à la maison de la presse, rue Clémenceau à Amnéville, puis au stade à partir de 15 h. Tarifs : 15 € en tribunes, 10 € autour de la pelouse. Petite précision à l’usage des habitants d’Amnéville : devant la faible capacité en places de parking, l’organisation leur recommande de se rendre au stade à pied.
