Oumar Pouye rate son tir au but. C’en est terminé des espoirs du FC Metz... Photo Pascal BROCARD
Première pointe d’amertume de l’année, hier, à Saint-Symphorien : Metz a quitté la Coupe de France, éliminé aux tirs au but par Evian-Thonon-Gaillard. Après avoir pourtant mené par deux buts d’écart…
Il faut relever la tête et bien préparer ce qu’il nous reste, c’est-à-dire le championnat. » À quelques secondes près, ces propos auraient très bien pu être savoyards. Mais non : ils sont sortis de la bouche du capitaine messin. Hier, Ludovic Guerriero a été le premier à mettre des mots sur « le gros coup » que lui et ses coéquipiers vont désormais devoir encaisser. À quelques secondes près, aussi, Dominique Bijotat se serait présenté en salle de presse avec le sourire. Mais non : l’entraîneur messin a disserté sur le thème de la déception, immense, ressentie et partagée avec le public de Saint-Symphorien, aux premières loges pour assister à l’élimination de son équipe par Evian-Thonon-Gaillard, fraîchement confiée à Pablo Correa.
Qu’on se le dise : Metz n’a pas perdu aux tirs au but. L’heure de sa défaite avait déjà sonné quelques instants plus tôt, esquissée par cette frappe de Bouna Sarr, tout juste entré en jeu, frappe venue s’échouer contre la poitrine d’Andersen, le gardien d’ETG. On jouait alors la 119 e minute et les Messins menaient encore au score. Et puis le pied de Sagbo est venu refroidir cette fin d’après-midi annonçant une soirée pétillante : profitant d’un ballon relâché par Anthony M’Fa, l’attaquant savoyard offrait une égalisation inespérée à son camp. À qui la loterie des tirs au but a finalement souri. Hold-up, mode d’emploi.
Remanié en raison d’absences diverses, dont celle de son buteur attitré, Mathieu Duhamel, cloué à l’infirmerie pour quatre semaines en raison d’une entorse de la cheville, le onze messin aurait pu et aurait dû l’emporter et ajouter une surprise à cette édition de la Coupe de France en sortant une formation adverse promue parmi l’élite il y a quelques mois. Application, concentration, et détermination : les joueurs de Dominique Bijotat ont, en effet, profité de leur première apparition de l’année pour utiliser ces ingrédients à bon escient. Longtemps en vain, certes, et non sans concéder quelques occasions aux Savoyards, emmenés par un Cédric Barbosa des grands jours. Il n’empêche, la domination a souvent été messine jusqu’à la fin du temps réglementaire. La récompense est arrivée ensuite, à l’aube de la première prolongation. À l’issue d’une belle chevauchée, Mahamane Traoré trouvait les filets d’une frappe sèche à l’entrée de la surface de réparation (1-0, 92 e).
Les regrets de Bijotat
L’international malien, en partance pour la Coupe d’Afrique des Nations, manquera assurément, ces prochaines semaines, du côté de Saint-Symphorien. En forme étincelante, hier, il a été l’une des pierres angulaires de la bonne prestation messine. Il aurait pu en être le héros si les Savoyards n’avaient pas pris un malin plaisir à anéantir la portée de son œuvre. Hélas pour lui, son deuxième but, modèle de maîtrise technique, n’aura servi à rien (2-0, 102 e). Cambon, dans un premier temps (2-1, 108 e), puis Sagbo, comme dans un mauvais film (2-2) remettaient ETG dans la course. Un coup de poignard injuste aux yeux de Dominique Bijotat : « Il y avait deux minutes de temps additionnel, on en a joué trois. »
Abattu, l’entraîneur messin a cependant eu l’honnêteté de ne pas se retrancher derrière le coup de sifflet tardif de l’arbitre pour tenter d’expliquer l’impossible. « Le manque de culture du haut niveau nous a fait mal. Nous avons eu plusieurs occasions de faire le break, et voilà… Je pense aussi que certains joueurs ont un peu trop subi leurs émotions. »
L’histoire retiendra qu’Oumar Pouye, revenu d’Evian l’été dernier, aura manqué ses retrouvailles avec ses anciens coéquipiers, en ratant son penalty. Et que les Savoyards n’en manquèrent aucun, eux. Mais l’histoire retiendra surtout cette énorme impression de gâchis venue envahir la fin de ce deuxième dimanche de janvier. Dommage. Hier, les Messins avaient tout pour faire de beaux rois.
Cédric BROUT.
Traoré en forme internationale
Anthony M’Fa a plutôt réussi son match. À un ballon relâché près… Photo Pascal BROCARD
EN VUE
Ludovic Guerriero. Sur le papier, le capitaine messin est une solution par défaut dans l’axe de la défense. Dans les faits, c’est un peu plus que ça. Hier soir, Ludovic Guerriero a livré un match plein, tout en sobriété et en concentration, aux côtés de Kalidou Koulibaly. Dans les jours à venir, si tout se passe bien, le FC Metz devrait s’offrir les services d’un défenseur central de métier. E n attendant, il possède une alternative crédible.
Anthony M’Fa. Il n’a malheureusement pas été décisif dans la séance des tirs au but. Mais le gardien messin s’est montré à son avantage en seconde période face à Wass (53 e) et Sagbo (65 e) notamment. Si Metz a poussé Évian jusqu’en prolongations, Anthony M’Fa n’y est pas étranger. Restera cette sortie manquée dans les ultimes secondes…
Kévin Diaz. Plus la saison avance, plus l’ex-Monégasque semble prendre ses aises sur le carré vert. Hier, le milieu de terrain messin s’est montré disponible, accrocheur et n’a jamais hésité à provoquer la défense adverse.
DANS L’OMBRE
Romain Métanire. Après une première partie de saison très réussie, le jeune défenseur messin a démarré l’année 2012 de façon hésitante, voire brouillonne. Et Cédric Barbosa, auteur d’un match tonitruant hier, n’est pas étranger à ce faux-départ.
Samy Kehli. Appelé à suppléer Mathieu Duhamel à la pointe de l’attaque messine, Samy Kehli a traversé la rencontre en solitaire, se contentant de quelques déviations aériennes. Il n’a, certes, bénéficié que de très peu de ballons exploitables, mais il s’est surtout montré hésitant dans ses appels de balle. N’est vraiment pas attaquant qui veut…
PAROLES, PAROLES
Ludovic Guerriero ( défenseur de Metz). « C’est évidemment très rageant ! Malgré tout, on a montré de très belles choses. Je pense même qu’on a été supérieur, par moments, à cette équipe d’Évian et qu’on méritait largement la qualification. »
Pablo Correa ( entraîneur d’Evian). « Pour moi, cette qualification n’est pas miraculeuse, notamment au regard des nombreuses occasions que nous nous sommes créées. On a démontré suffisamment d’envie et de courage. »
TEMPS ADDITIONNEL
Le sourire de Barbosa. S’il en est un qui n’a pas boudé son plaisir de jouer les prolongations à Saint-Symphorien, hier soir, c’est bien lui. Franches poignées de mains, quelques mots pour les uns et les autres, Cédric Barbosa affichait un large sourire qui faisait plaisir à voir à l’heure de remonter dans le bus.
Jean-Sébastien GALLOIS.
L’HOMME DU MATCH
Mahamane Traoré. Omniprésent au milieu du terrain. Percutant à l’approche du but adverse. Efficace dans le repli défensif. Irrésistible dans le maniement et le domptage du ballon. Et deux buts qui ne doivent rien à personne. Mahamane Traoré a sans aucun doute réalisé, hier face à Évian, sa prestation la plus aboutie de la saison. Le Malien est bel et bien en forme internationale !
TRIBUNE LIBRE - Le mauvais festival de CAN
Et dire que le FC Metz va devoir se passer des services de Mahamane Traoré dans les semaines à venir ! Hier soir, quelques heures seulement après la frustrante élimination de son équipe, le milieu de terrain malien a quitté la Moselle pour rejoindre sa sélection. Une tuile de plus dans le quotidien déjà mouvementé du club à la Croix de Lorraine. Certes, son départ était prévu. Mais alors qu’il avait terminé l’année 2011 sur des prestations loin de refléter l’étendue de son talent, Mahamane Traoré a éclaboussé de toute se classe la rencontre d’hier. Dommage pour Metz, tout bénéfice pour le Mali. Un autre Malien défilera bientôt sur le tapis rouge menant à la Coupe d’Afrique des Nations : Adama Tamboura, auteur d’un match particulièrement satisfaisant hier après-midi. Metz va devoir ficeler ses prochains scénarios sans eux et sans Oumar Sissoko, le troisième larron, lui aussi appelé par la sélection malienne. Seule consolation pour le staff messin : ce festival de CAN permettra au gardien de s’affranchir de ses trois matches de suspension. Un moindre mal…
J.-S. G.
