A l’image de son attaquant, Mathieu Duhamel, Metz se prend la tête. Son classement et ses performances depuis le début de l’année l’y autorisent… Photo Pascal BROCARD
Laval ce soir, en match en retard, puis Le Havre, vendredi pour le compte de la 27 e journée : privé de victoire depuis le début de l’année, le FC Metz vire à l’Ouest pour se remettre dans le sens de la marche.
Ce n’est pas cette semaine que tout va se décider, mais c’est vrai, les deux rendez-vous qui se profilent peuvent nous permettre de repartir du bon pied et de mettre un petit coup sur la tête à ceux qui pensent que nous sommes en train de flancher. » Dominique Bijotat a raison : il y aura une vie après Laval et Le Havre. Mais quelle vie ? La vraie question est là.
Autant le dire tout de suite : s’ils ne veulent pas risquer de virer dans le cauchemar, les Messins ont tout intérêt à ne pas manquer leurs deux prochaines échéances. Aujourd’hui, en Mayenne, où ils mettront une partie de leur calendrier à jour, et vendredi, au Havre, pour le compte de la 27 e journée, Ludovic Guerriero et ses coéquipiers joueront gros.
Quatorzièmes au classement, leur marge de manœuvre s’est réduite de façon assez significative depuis le début de l’année pour les inciter à tout mettre en œuvre pour ne pas rentrer en Moselle les poches vides. Pour cette équipe dont le dernier succès remonte au 16 décembre, l’heure est venue d’agir. Voilà tout le problème…
Pas plus tard que vendredi dernier, face à Clermont, Metz s’est contenté de réagir. Ce qu’il a, disons-le, plutôt bien fait. Menés de deux buts après une demi-heure, les Grenats ont, en effet, comblé leur retard pour arracher le nul. 2-2. Un point c’est tout.
« C’est dans les têtes »
Hier matin, Dominique Bijotat a reconnu toute la difficulté pour les siens de « mener ». Autrement dit, de se comporter en patron. « Cela n’a rien à voir avec nos arguments physiques ou nos qualités techniques. C’est dans les têtes. » Metz serait donc malade ? Sans doute, oui, même s’il lui est toujours difficile de le reconnaître, plus de deux mois et demi après son dernier succès.
Malade, donc, mais pas amorphe. Le contenu de la production qui a suivi la première demi-heure catastrophique livrée face à Clermont, la semaine passée, l’a encore prouvé. Reste aux Messins et à leur technicien à trouver ce grain de sable venu enrayer une machine postée au huitième rang du classement de Ligue 2 à l’heure où sonnait la trêve hivernale…
L’idéal, pour eux, serait de résoudre l’énigme aujourd’hui, à Laval, une des équipes les plus performantes à domicile de l’échiquier. L’entraîneur messin reconnaît la qualité de son hôte du jour : « C’est une formation joueuse, avec de solides arguments offensifs. » Mais le technicien a noté des failles : « Ils ont parfois des absences au cours de leurs matches. » De ce côté-là, les Messins n’ont, hélas pour eux, rien à leur envier.
Partis dès hier en direction du stade Francis-le-Basser, Dominique Bijotat et dix-sept de ses joueurs ne remettront pas les pieds en Moselle avant samedi, au lendemain de leur second match prévu au Havre. Ils auront d’ici-là passé quelques jours et quelques nuits, ensemble, là-bas, bien à l’Ouest. Pour mieux se retrouver ?
Cédric BROUT.
Les clés à Steimetz ?
Auteur d’une rentrée encourageante contre Clermont, Thierry Steimetz est appelé à revenir sur scène… Photo Pascal BROCARD
Le FC Metz doit composer sans son meneur de jeu, Mahamane Traoré, blessé. Thierry Steimetz paraît le seul habilité à assumer ce rôle.
A Istres, le 24 février, date du dernier déplacement de son équipe, Dominique Bijotat avait surpris son monde. Par nécessité, plus sans doute que par choix, convenons-en : l’international malien Mahamane Traoré, revenu de la Coupe d’Afrique des nations avec une blessure au mollet, n’était pas du voyage en Provence et Thierry Steimetz, auteur de sa première apparition professionnelle quelques jours plus tôt à Nantes, n’avait sans doute pas le jus pour enchaîner.
Les clés de l’animation avaient ainsi été confiées à Yohan Betsch. Une décision étonnante et une mission délicate pour ce joueur plus connu pour ses qualités de récupérateur…
Koulibaly est de retour
Qu’en sera-t-il ce soir à Laval ? Une chose est sûre, il faudra encore composer sans Traoré, victime d’un nouveau coup dur vendredi contre Clermont ( lire ci-contre) qui l’éloignera des terrains pour six semaines au minimum. Sauf surprise, c’est à Thierry Steimetz que devrait, cette fois, revenir le maillot du meneur de jeu.
L’entrée en jeu de l’ex-Amnévillois, vendredi dernier à Saint-Symphorien, a été convaincante à plus d’un titre et l’on voit mal comment cette équipe messine en quête de points pourrait se priver des arguments techniques présentés par le joueur, si novice soit-il sur le terrain de la Ligue 2. Reste maintenant à savoir si son entraîneur l’estime suffisamment armé au point de vue physique pour négocier une semaine à deux virages..
Pour le reste, l’opposition effectuée hier à Saint-Symphorien laisse penser que la continuité sera à l’ordre du jour en Mayenne. A l’exception du retour de Kalidou Koulibaly dans l’axe de la défense, aucun changement n’est en effet à prévoir. Si ce n’est, peut-être, pour Yohan Betsch : titulaire, à son poste, contre Clermont, le milieu de terrain pourrait faire les frais de la titularisation de Thierry Steimetz combinée au retour annoncé en milieu de terrain de Ludovic Guerriero, utilisé dans la charnière centrale lors de la dernière rencontre disputée par le FC Metz.
C. B.
L’info (1)
Traoré, c’est grave. 2012 et son lot de désagréments, suite. Hier, une échographie est venue mettre un nouveau coup d’arrêt à la saison de Mahamane Traoré. Sorti sur blessure en première période, vendredi dernier contre Clermont, le milieu de terrain malien du FC Metz souffre d’une déchirure au mollet gauche. Il devra observer six semaines d’arrêt, au minimum. Autant dire qu’on ne le reverra pas souvent sous le maillot grenat d’ici à la fin du championnat… Déjà blessé en début d’année, ce qui l’a empêché de prendre une part active au beau parcours réussi par sa sélection malienne lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations, Mahamane Traoré, 23 ans, voit l’horizon s’assombrir.
L’info (2)
Delort n’est pas qualifié. Entré à quelques minutes du coup de sifflet final, vendredi dernier contre Clermont, Andy Delort ne renfilera pas le maillot messin aujourd’hui. Le joueur, arrivé à Saint-Symphorien le 1 er février, n’était pas encore qualifié à l’heure de la programmation initiale de Laval - Metz, le 4 février. On pourrait en revanche le voir à l’œuvre vendredi, au Havre. Hier, son entraîneur a, en effet, indiqué qu’il n’était pas exclu que l’attaquant rejoigne ses coéquipiers dans le courant de la semaine.
La phrase
« Ça n’est pas désagréable ». Partis dès hier pour Laval, les Messins ne retrouveront Saint-Symphorien que samedi, au lendemain du match au Havre. Après la rencontre de ce soir, Dominique Bijotat prendront la direction de la Normandie, où ils s’entraîneront mercredi et jeudi. « Ça n’est pas désagréable de se retrouver ensemble, comme ça, en milieu de saison , précise Dominique Bijotat, le technicien messin. Nous aurons du temps pour échanger. Ça peut faire du bien, même si le déroulement de la semaine sera forcément dicté par notre résultat à Laval. »
L’anecdote
Laval se sent bien chez lui. Laval, adversaire du jour des Messins, ne s’est plus incliné chez lui depuis le 2 décembre 2011 et la venue de Guingamp (1-2). Depuis, l’équipe de Philippe Hinschberger a négocié ses passages sur la pelouse de Francis-le-Basser avec une certaine réussite : trois victoires et un nul. Aux Messins de mettre un terme à cette série. Leur dernière victoire à l’extérieur ? C’était à Monaco. Le 2 décembre dernier…
C. B.
Metz : stade critique
Pour voir le stade Saint-Symphorien comme vous ne l’avez jamais vu, il faudra conserver cette photo de la maquette. Un projet qui appartient maintenant au passé.
Entre des chiffres qui valsent, des couleurs politiques différentes et une valeur sportive en baisse, le terrain était trop miné pour assister à l’émergence d’un stade européen.
Quand le sens de la réalité est aux affaires, c’est le rêve qui paie l’addition. Les plus ultras, ou les plus optimistes, avaient cru à un possible arrangement de dernière minute, qui eût vite fait de prendre l’allure d’un consensus extraordinaire, mais la position de la Ville de Metz (du 29 février) était un aveu en béton. Il n’y aura pas un Saint-Symphorien version Euro 2016.
GRAND ANGLE
D’ailleurs, le chef suprême des Grenats, Bernard Serin, n’a pas été, hier, au cœur des débats municipaux. La rose socialiste avait envahi les esprits, naturellement braqués vers la venue en Lorraine du candidat à la présidence de la République, François Hollande. Le dossier Grand stade, selon Didier Pardonnet, directeur du cabinet du maire de Metz, a été évoqué parmi d’autres points d’actualité : « On ne revient pas sur la décision ».
Aucun rendez-vous physique, donc, n’a été programmé entre la cité messine et son club. Dominique Gros, peu enclin à s’exprimer avec la presse, ayant téléphoné en revanche à Bernard Serin puis échangé avec Patrick Weiten, le patron des Mosellans. Ces derniers ne pouvaient faire autrement. Ils se sont retrouvés lors d’une commission permanente au Conseil général. Une immense prudence, sorte de chape de plomb, ayant été décrétée afin de ne pas mettre davantage d’huile sur le feu après ces logorrhées aigres-douces.
Pour Didier Pardonnet, la Ville de Metz a, évidemment, pris le meilleur chemin possible. Celui de la sagesse. « On nous cite la somme de 45 millions d’euros. Ce n’est pas vrai. Nous avons aussi des informations précises, y compris des architectes. 45 millions, c’est le chiffre du projet de 2007. Or, le projet actuel n’a plus rien à voir. Tout était à reconsidérer de fond en comble. » Alors, combien, cinq ans après ? La mairie messine, arguant de précisions également obtenues du cabinet ministériel, place le dépassement à des sommets vertigineux : entre 60 et 65 millions ! « On ne va quand même pas sortir les courriers pour prouver notre bonne foi , enchaîne Didier Pardonnet. Le maire est souverain de ses décisions et nous ne sommes pas au tribunal. »
Celui du peuple, peut-être. Et en ce domaine, toutes les parties liées au projet Grand stade s’arrogent le pouvoir de brandir la vox populi en argument suprême à partir de lettres ou de mails. Mais il aurait fallu un référendum messieurs-dames ! Si tout le monde s’intéresse au FC Metz, tout le monde ne s’installe pas dans les tribunes à Longeville-lès-Metz.
Du neuf quand même
Pourtant, que les supporters et aficionados invétérés se rassurent. Le Grand stade est mort, vive le Grand stade ! En gros, la rénovation du temple mosellan du ballon rond, labellisé Euro 2016, pourrait renaître de ses cendres. « Etudier le dossier sous une autre forme », murmurent les proches du premier magistrat de la commune, soudainement devenue un terrain de jeu politique, comme le démontre aussi la bataille rangée à propos du rachat du club de tennis, le SMEC, par le tournoi professionnel du Moselle Open.
Une guerre s’achève, un autre combat commence pour le FC Metz de Bernard Serin : « Je veux avoir l’assurance de revenir à la situation de novembre (2011) avant que l’on parle de l’Euro. La Ville s’était engagée à nous aider à rénover le stade à hauteur de dix millions. Ce serait une double incompréhension si on ne reprenait pas les démarches entamées depuis quatre ans ». Dans un communiqué, la municipalité précise qu’elle « demeure évidemment disposée à évoquer les relations entre le FC Metz et la Ville, notamment la question des futurs travaux liés au stade, avec l’équipe dirigeante du club. » Si on n’a plus de footballeurs en Ligue 1, on est en passe d’avoir les champions des tours de tables. Vive le maintien du dialogue mais à quand du beau et du concret ? Car avec une quatrième tribune différemment relookée, Saint-Symphorien pourrait avoir sa place au musée Pompidou lors d’une exposition (permanente) d’art moderne de seconde zone.
Bernard Serin : « Il y a urgence ! »
Le président du FC Metz persiste et signe: le projet du Grand stade dans le cadre de l’Euro 2016 était sain. Il attend une réponse à sa question : « Demain, on fait quoi ? »
On revient à la case départ ? « A la situation de novembre quand on était en train de travailler sur cette rénovation. La Ville, à ce moment-là, s’était engagée pour 10 millions d’euros. Tout suivait son cours. Je ne comprendrais pas que l’on ne revienne pas à cette situation. Voilà quatre ans que l’on travaille sur le dossier. »
• Le projet était-il si avancé ? « Oui, très avancé. La SEBL (Société d’équipement du bassin lorrain) était mandatée pour le suivre sur tous les plans. Beaucoup de personnes peuvent en témoigner. Un adjoint (Richard, Lioger) avait été désigné pour suivre le projet. Je ne vois pas ce qui pourrait, aujourd’hui, motiver un changement. Ce serait une deuxième incompréhension après le refus de soutenir le Grand stade dans le cadre de l’Euro. »
• Car les travaux de rénovation demeurent nécessaires…« Plus que jamais. La tribune sud est complètement obsolète, décalée. Les vestiaires datent des années 60, les travées ont plus de 40 ans, La Ville de Metz est d’accord sur ce constat. »
• Le coup est-il rattrapable ? « Avec l’Euro, nous avions la possibilité de proposer une solution cohérente avec une toiture homogène car pour l’instant, nous avons des tribunes hétéroclites construites à des époques différentes. On voulait bien faire. »
• A combien se chiffrerait le remplacement de la tribune sud ? « 25 millions. »
• Pour combien de places gagnées ? « 3500 places nettes car ce sera aussi l’occasion d’offrir un meilleur accueil aux partenaires. C’est indispensable. Ce sont eux qui nous apportent des recettes supplémentaires. Il y a urgence à mettre le stade en conformité. »
« 45 millions, pas 60 »
• Quel sentiment prédomine ? « Toujours l’incompréhension mais je ne vais pas me la passer en boucle. Les anciennes tribunes ont été rénovées pour 50 % par la Ville 50 % par le Département. Là, avec le projet de l’Euro, c’était 20 % pour chacun. »
• La Ville parle d’un budget final allant jusqu’à 60 millions. Qui a raison ? « Pas du tout, c’est 45 millions. Le chiffrage date d’un mois. Le cabinet d’architecte allemand était le seul à disposer précisément des plans entre les mètres cubes de béton, les mètres carrés de carrelages et la longueur des canalisations. Les autres ont jugé au doigt mouillé. Je rappelle que nous avions proposé un audit du chiffrage. »
• Comment auriez-vous pu assurer le dépassement budgétaire alors que votre masse salariale est encadrée ? « Le projet était tellement important que le risque d’un, deux ou trois millions de plus valait la peine d’être pris. Et il s’agissait d’un financement immobilier à long terme alors que les contrats des joueurs durent deux ou trois ans. »
• Est-ce que la mise en avant de vos partenaires privés aurait eu une influence sur le cours des choses ? « Non. Le projet prévoyait 10 000 m² de bureaux avec des occupants restant à trouver mais toutes les sociétés de travaux publics concernées possèdent des sociétés immobilières. »
A. T.
