Stéphane Besle (à droite) et les Messins terminent une semaine à trois matches, ce soir, au Havre. Pour l’instant, ils n’ont engrangé que deux points sur six possibles… Photo MAXPPP
Un point contre Clermont, vendredi dernier, un autre à Laval, mardi. Au Havre, où il disputera ce soir son troisième rendez-vous en une semaine, Metz ne peut pas se permettre de déraper. Derrière lui, le danger se précise…
Il ne faut pas oublier de regarder derrière nous de temps à autre. Là, ça va, nous avons douze points d’avance sur le premier relégable, mais cela va parfois très vite. » Dominique Bijotat ne croyait pas si bien dire. Près de deux mois et demi après ses propos, tenus au surlendemain de la défaite concédée par son équipe à Angers, cette avance évoquée par l’entraîneur messin a fondu comme neige au soleil. Comme ont fondu les ambitions que pouvaient légitimement tirer Ludovic Guerriero et ses coéquipiers de leur première partie de saison…
À douze journées de l’issue du championnat – treize en y ajoutant le match en retard face au Mans –, les Messins ne possèdent plus que quatre longueurs d’avance sur le premier des trois condamnés à l’échafaud. En l’occurrence, Monaco.
Quatre points depuis la trêve…
Bons derniers à la trêve hivernale, les joueurs de Marco Simone semblent sortis de leur hibernation : lors des neuf dernières journées, quinze points sont venus sont venus remplir leur caisse. Sur la même période, ceux de Dominique Bijotat n’en ont glané que quatre. C’est une anecdote qui mérite d’être soulignée et qui viendra étayer l’idée que l’urgence est là pour le camp lorrain de se réconcilier avec la victoire : si le championnat avait débuté le 21 décembre 2011, le FC Metz serait en queue de peloton… Mais bien sûr, avec des "si" on mettrait Metz en bouteille et la bouteille dans un grand stade, en Ligue 1.
En attendant, il faut bien vivre, ou survivre. Attendus au Havre, ce soir, où ils disputeront leur troisième match en une semaine, les Grenats pourraient voir leur situation se dégrader un peu plus encore en cas de défaite, combinée à un succès de l’un ou plusieurs de leurs trois premiers poursuivants, Angers, Arles-Avignon et Le Mans, premier non-relégable, ou de Monaco, premier relégable.
Pour ne pas être confrontés à pareil scénario ? Les Messins ont le choix : croiser les doigts pour que la concurrence dérape aujourd’hui, pour commencer, et/ou gagner au stade Jules-Deschaseaux. Petite (s) précision (s) : seul Clermont s’est imposé cette saison en Normandie et Metz, lui, n‘a plus remporté le moindre de ses rendez-vous depuis le 16 décembre 2011.
Ce menu détail, comme cette dernière place au classement de l’offensive, par exemple, et ce surplace au quatorzième rang de l’échiquier de Ligue 2, n’ont sûrement pas échappé à Bernard Serin. On n’imagine mal, en effet, que le président n’ait accordé son attention qu’au seul dossier d’un Grand Stade qui ne verra finalement jamais le jour. Or jusqu’ici, le dirigeant a préféré garder pour lui son avis sur le rendement de ses troupes.
Celles-ci rentreront demain en Moselle, après avoir séjourné toute la semaine à l’Ouest. Un cadre parfait pour une conquête, non ?
Cédric BROUT.
L’anecdote
Metz sur le podium ! Cela ne suffira sûrement pas à atténuer les doutes qui les rongent en ce moment et l’inquiétude que génère leur inefficacité devant les buts adverses, mais une bonne nouvelle est toujours bonne à prendre : les Messins, au vert en Normandie, ne le savent peut-être pas mais ils sont bel et bien sur le podium… Du fair-play ! Avec 42 avertissements et 4 exclusions, ils composent, en effet, l’équipe la plus tendre ou la plus respectueuse des règles, c’est selon, derrière Boulogne-Sur-Mer, et devant Nantes.
Le chiffre (1)
0. Six confrontations à Jules-Deschaseaux en Ligue 2 et pas une victoire messine à se mettre sous la dent. La saison passée, les Grenats s’y étaient inclinés 2-0. Une série noire qui s’est poursuivie au mois de juillet dernier, en Coupe de la Ligue : l’équipe de Dominique Bijotat avait été éliminée dès le premier tour, au terme des prolongations (5-4), alors qu’elle avait mené 4-1 dans le temps réglementaire !
Le chiffre (2)
4. Ou la place du FC Metz au classement des performances à l’extérieur. À l’heure de disputer son deuxième rendez-vous de la semaine en terre adverse, l’équipe de Dominique présente un bilan plutôt positif loin de chez elle : 4 victoires, 4 nuls, 5 défaites. À titre de comparaison, Metz est 17 e au classement des performances à domicile (4 victoires, 3 nuls, 5 défaites).
La question
Julien François jouera-t-il contre son ancien club ? Oui. Suspendu, lundi dernier, pour le déplacement de son équipe à Nantes, le milieu de terrain havrais devrait profiter de la venue de Metz – où il a évolué de 2006 à 2009 – pour honorer sa dix-huitième titularisation.
La date
5 novembre 2011. Les Havrais ne se sont inclinés qu’à une seule reprise sur leur pelouse. C’était face à Clermont, le 5 novembre 2011. Depuis, l’équipe de Cédric Daury y a enregistré deux victoires et trois résultats nuls.
C. B.
La nuit, dit-on, porte conseil...
Ce n’est que ce matin, après une nuit de sommeil, que Dominique Bijotat couchera sur le papier le nom des seize joueurs appelés à prendre part à la rencontre face au Havre. Hier après-midi, l’entraîneur messin a dirigé sa dernière séance de la semaine avec dix-huit éléments, Andy Delort ayant rejoint ses coéquipiers au lendemain du match à Laval. Quelle équipe attendre ? « Il y a une certaine unité à conserver par rapport au match de mardi, mais nous réfléchissons aussi à la manière d’apporter un peu de fraîcheur. Nous en parlerons avec les garçons qui sont un peu plus entamés par l’accumulation des matches », a indiqué le technicien messin.
En attendant de dessiner son onze majeur, Dominique Bijotat s’est félicité de n’avoir aucun blessé à déplorer. Et du bienfait de ce mini-stage en Normandie imposé par la proximité des rencontres à Laval et Le Havre. « Ça nous a évité des voyages et donc de la fatigue supplémentaire. Je pense que les joueurs ont apprécié. Ils sont très concentrés. » Encore un effort, ce soir, face à Julien François et ses coéquipiers havrais. Les Messins bénéficieront ensuite d’un week-end de repos.
C. B.
Metz : un sale coût ?
Patrick Bayeux. Photo DR
Patrick Bayeux a recalculé le montant du Grand stade messin. Pour lui, si on prend tout en compte, on arrive à 75 millions d’euros. Pas 45.
Ah, ces chiffres qui virevoltent ! Ces additions qui divisent ! Ces sommes qui correspondent à la réalité de l’un mais pas de l’autre ! Pour le FC Metz, le projet se montait à 45 millions d’euros. Patrick Bayeux, lui, en ajoute 30 de plus. Soit 75 millions !
Ce spécialiste, connaissant le sujet sur le bout des doigts pour avoir été consulté par Paris, Nice, Lille ou Bordeaux, avec des budgets autrement plus énormes (jusqu’à 320 M€), explique la différence messine mais aussi les écarts constatés dans d’autres lieux de l’Hexagone par la méthode de chiffrage : « Quand on recalcule tout exactement, que l’on respecte l’ensemble des lois, quand l’ensemble des problèmes est pris en compte, on aboutit souvent à des distorsions entre les clubs et les collectivités ».
Patrick Bayeux de trouver naturelle l’attitude de certains dirigeants français qui, pour se donner le maximum de chances de réussite, privilégient le montant le plus bas possible afin de séduire, ou convaincre les autres partenaires : « A Nancy comme à Metz, le projet émanait d’une initiative privée. Dans ce cas, le montage financier est toujours plus compliqué. Les prêts des banques sont plus difficiles à obtenir. Même le président de Lyon a du mal à boucler le budget et en vient à espérer de l’aide du côté des pays du pétrole. À un moment, ces clubs se retournent vers les collectivités. Mais si le club n’a que le risque sportif, les responsables politiques engagent leur crédibilité et leurs collectivités. Plusieurs maires ont dit : stop, j’arrête, il manque 10 ou 20 millions. »
La peur du dérapage, d’un endettement soudain, est désormais monnaie courante selon Patrick Bayeux. « À Bordeaux, le maire Alain Juppé est parti du principe : "Cela me coûte tant, on tient les prix". Pourquoi peut-il tenir ce discours ?Parce qu’il y a moins d’incertitudes avec une maîtrise d’ouvrage publique, mise en concurrence, qu’avec une maîtrise d’ouvrage orchestrée par des clubs et des entreprises. Là, cela peut déraper. » À Saint-Étienne (maîtrise d’ouvrage en conception-réalisation), le projet a été signé en même temps que le prix. Le seul dépassement (3 M€) est dû à la création, non prévue, d’un musée.
Metz était ambitieux
Revenons aux chiffres ! Tout dépend de ce qu’ils cachent : « A Bordeaux, on passe de 165 à 216 millions, à Lille de 250 à 324 car dans le prix TTC, il y a les honoraires, les taxes, soit 40 % de plus. Il faut savoir de quoi on parle… » Patrick Bayeux a réétudié le dossier messin à la demande de la Ville : « Un projet ambitieux avec une couverture de 10 millions, 10 000 m² de bureaux pour boucher les angles, la tribune officielle à refaire complètement. Tout cela nécessitait du travail… Pour moi, ces travaux ne passaient pas dans l’enveloppe initiale d’autant que des points de réglementation et des aménagements étaient oubliés » La facture finale ? « 63 millions de coûts travaux, 75 avec taxes, honoraires et ajustements. Oui, je sais, on peut prendre peur… » Entre ces annonces diverses, la vérité se situe-t-elle à mi-chemin ? De toute façon, même une moyenne des extrêmes, c’était trop !
A. T.
Patrick Bayeux : « Le jeu en vaut-il la chandelle ? »
On lui doit les stades de l’Euro 2016 comme Lille, Nice, Saint-Étienne, Marseille, Paris ou Toulouse. Patrick Bayeux travaille depuis des années sur les relations entre le sport et les collectivités. Témoignage.
Vos collaborations avec les élus de France ? « Nous avons travaillé sur huit stades de l’Euro 2016 : Lille, le Parc des Princes et le Stade de France à Paris, Nice, Marseille, Saint-Étienne, Bordeaux, Toulouse et Nancy. On a été également consulté pour des stades, hors Euro, déjà réalisés, comme Le Havre ou Le Mans. »
• Pour construire un Grand stade, vaut-il mieux s’adresser à une ville ou à une communauté d’agglomération ? « L’un ou l’autre ! Tout dépend du contexte et du processus de consultation. Pour une ville, il reviendra au premier magistrat de porter totalement la responsabilité du projet comme à Nice, Marseille ou Bordeaux. Pour une agglomération, c’est l’ensemble de l’exécutif qui doit rendre des comptes à ses proches et aux autres élus. »
• Est-ce plus compliqué pour une agglomération ? « Certains élus se sentent mis de côté car il y a des règles de confidentialité pendant le montage du projet. L’expérience nous montre qu’il y a davantage de soucis. »
Tous ensemble à Nice
• Quel avantage de préférer une collectivité à une autre ? « ll faut distinguer la maîtrise d’ouvrage, le financement. À Nice ou Bordeaux, la ville et l’agglomération ont cofinancé. Dans un projet communautaire, il peut exister des cas particuliers. Une ville surendettée peut laisser le financement à l’agglomération en lui accordant la maîtrise d’ouvrage comme à Saint-Étienne. »
• Aucune tendance nationale ne se dégage ? « Non. On voit de tout. À Lille, c’est le Nord/Pas-de-Calais qui a financé contrairement à la Lorraine, seule région à ne pas participer à ce genre de projet. C’est l’une des particularités pour Metz. »
• Existe-t-il un exemple où tout le monde marche dans le même sens ? « Nice : la Ville, la Région, le Département, l’Agglomération. À Bordeaux, c’est tout le monde sauf le Département. »
• La couleur politique influe-t-elle ? « Non. À Nice, la région est de gauche… »
Nancy, un stade propre
• Demander aux habitants d’un village de participer au financement d’un Grand stade, est-ce raisonnable ? « Bonne question… Un équipement majeur qui profite à la ville principale, n’est-ce pas arroser un jardin déjà humide ? Cela mérite réflexion sachant que de nombreux projets de Grands stades ont été accompagnés d’autres projets de proximité. Une Agglomération peut dire : d’accord, on met 15 millions mais on met aussi en chantier une politique de sport pour tous, une pratique communautaire… Un Grand stade peut être un déclencheur. »
• Un exemple concret ? « A Lille a été mis en place parallèlement un plan piscines. »
• Les projets des Grands stades, parfois, sont-ils éloignés de la réalité ? « Lille était obsolète, son salon VIP vient de s’écrouler sous la neige ! Nice, idem… Pour eux, l’Euro a été un accélérateur. Mais Nancy a un stade propre qui répond aux besoins, et qui n’est pas toujours rempli… Plusieurs villes possèdent un outil adapté. Il faut s’interroger sur la pertinence de mettre 80 millions dans un projet dont on n’a pas un besoin crucial. Ensuite, on peut tirer des plans sur la comète : si l’équipe monte en Ligue 1 ou joue l’Europe… Toulouse avait une capacité de 35 000 spectateurs alors que sa moyenne est de 17 000 ! Le stade passera à 41 000 et ne sera jamais rempli. Il faut clairement un choix politique. Nantes s’est retirée après ce genre de constat. »
Du stade à l’arena en vingt-quatre heures
• Est-ce grave de ne pas accueillir l’Euro ? « Non… Strasbourg et Nancy ont fait ce choix avant Metz : payer pour trois matches de poule éliminatoire sans être certain d’avoir de quart de finale, le jeu en vaut-il la chandelle ? Rennes sera toujours là, Euro ou pas, Montpellier marche fort sans nouveau stade… »
• Mieux vaut opter pour un stade exclusivement football ou pas ? « Le plus bel exemple est Lille, nouveau lieu multifonctionnel avec pelouse et toit rétractable, qui peut passer d’un stade à une arena en moins d’un jour. La notion spectacle et salle a vraiment été prise en compte. Dans un stade monofonctionnel, on dit : "on fera peut-être un ou deux concerts par an…" Cette question est liée au niveau d’équipements du territoire. À quoi sert un stade multifonctionnel si un zénith n’est pas loin ? Nice et Bordeaux se trouvaient dans ce cas. »
• Faut-il un Grand stade pour avoir une grande équipe ? « C’est l’argument des clubs, du président de Lyon, Jean-Michel Aulas, des propriétaires du Parc des Princes. Le discours est clair : plus de confort ou de places, ce sont davantage de recettes et de business. On nous promet même une équipe dans le Top 5 ou le Top 10 à vie. Ce raisonnement ne tient pas toujours. C’est toute la joie du sport. Les plus gros budgets ne font pas obligatoirement gagner. Ou alors il faudrait une ligue fermée type basket NBA avec un plafond de la masse salariale. Grenoble a un stade de 80 millions mais plus d’équipe ! On arrive au bout de la logique. »
Alain THIÉBAUT.
