Hier après-midi, Philippe Hinschberger préparait la séance vidéo qu’il proposera à ses joueurs, à Metz, avant leur match à Saint-Symphorien. « J’occulterai les images du match contre Dijon », assure-t-il, jugeant la prestation messine trop catastrophique pour risquer de se reproduire. Puis l’entraîneur du promu lavallois, quarante-neuf ans, a appuyé sur la touche pause, le temps d’une interview.
Après deux saisons de National, Laval a retrouvé la Ligue 2 avec Philippe Hinscbgerger à sa tête. Son équipe a vite trouvé ses marques : la voici sixième avant de visiter Metz. Photo MAXPPP
• A en croire le classement, Metz a tout à redouter de Laval, non ?
« Je serai bien présomptueux de vous dire oui. Metz possède un potentiel largement supérieur au nôtre et des structures sans commune mesure : Metz sera devant Laval à la fin de la saison. »
• Les deux équipes continuent-elles à suivre la trajectoire de la fin de saison dernière ?
« En tout cas, c’est sûrement plus facile d’entamer une saison sur la dynamique d’une montée, plutôt qu’en restant sur un échec. En revanche, à Laval, si le club a évidemment retrouvé le sourire en même temps que la Ligue 2, l’effectif a changé à 75 % : il n’est pas porté par son élan, il s’agit juste d’un groupe neuf qui a rapidement trouvé ses marques. »
• L’échec de Metz, au printemps dernier, a-t-il atténué votre joie de monter en Ligue 2 avec Laval ?
« Non, pas du tout. A chacun ses joies et ses peines : je suis parti de Metz il y a maintenant treize ans, j’ai d’autant plus tourné la page que ce n’est plus du tout la même configuration qu’il y a vingt ou vingt-cinq ans. »
• Ce n’est pas la première fois que vous revenez à Saint-Symphorien, en tant qu’entraîneur. Le temps qui passe banalise-t-il ce rendez-vous ?
« Oui, quand même. Ce n’est plus du tout la même époque, j’ai connu celle des potes, le temps aujourd’hui est plus à l’instabilité et aux soubresauts. De toute façon, il est difficile de se reconnaître dans un club que l’on a quitté depuis treize ans. »
« La Ligue 1 ça se mérite »
• Vous entraînez Laval depuis 2007, après avoir passé quatre à cinq saisons à Louhans-Cuiseaux et à Niort. Comment qualifier ce parcours ?
« En quittant Niort pour Le Havre, en 2004, j’aurais pu tutoyer le plus haut niveau, mais ça n’a finalement pas fonctionné ( Hinschberger a été remercié en avril 2005, alors que Le Havre occupait l’avant-dernière place de Ligue 2). Après un tel échec, c’est plus difficile. Disons que j’ai connu des hauts, des bas, la Ligue 2, le National, des montées à la sueur de mon front. Je ne qualifie pas mon parcours. Il est simplement représentatif d’un métier difficile, dont l’incertitude fait la beauté et le stress : disons qu’un entraîneur n’est assis sur rien, sauf sur son banc, dont il ne sait jamais comment il se relèvera… »
• Entraîner en Ligue 1 reste une ambition, ou c’est devenu un rêve ?
« On tend toujours vers le meilleur. Mais la Ligue 1, ça se mérite : par les résultats, la qualité du travail, la personnalité, les opportunités aussi, et les modes que suivent parfois les présidents. Le mieux, c’est encore d’y accéder avec votre équipe ! »
• Ce qui, à Laval, paraît difficile…
« Je viens de prendre beaucoup de plaisir en National. Maintenant, quand vous sortez de là, c’est sûr, vous ne claironnez pas que vous visez la Ligue 1. Je vais souvent voir les matches à Nantes : Laval ne se trouve pas sur le même planisphère. »
• Yvon Pouliquen, l’ancien Lavallois, entraîne Metz. Philippe Hinschberger, l’ancien Messin, entraîne Laval. Les rôles seront-ils, un jour, inversés ?
« Il n’y a que Luis Fernandez pour dire qu’il entraînera un jour, de nouveau, le PSG. J’ai eu la chance de jouer à Metz, longtemps, mais ça ne me confère pas le droit de penser que je devrais entraîner ce club. »
Sylvain VILLAUME.