Englué dans la deuxième moitié de classement, Metz reçoit Laval avec obligation de se remettre à gagner. Quelques pistes pour remonter la pente, dominer des adversaires réputés moins forts, et retrouver l’efficacité.
Redéploiement tactique, vertus conquérantes, travail sur soi : pêle-mêle, les prescriptions de nos consultants au chevet du patient messin (ici, Pied, Frechaut et Vivian face à Dijon). Photo Pascal BROCARD
Le temps passe, le temps presse. A l’heure de recevoir Laval, neuvième étape de son nouveau tour de la France d’en bas, Metz joue déjà gros : s’il porte sa série d’insuccès en championnat à quatre matches, ce soir, ses chances de jouer les premiers rôles se réduiront sensiblement, et la crise couvera. Le Républicain Lorrain a listé les trois questions essentielles que soulève le début de saison messin, et donné la parole à trois experts, qui ont tous été confrontés à pareille situation.
Le départ des Messins est-il rédhibitoire ?
Les faits. Après huit journées, Metz pointe au 14e rang, à cinq points du podium, mais trois longueurs seulement devant la zone de relégation. Sa dernière victoire remonte au 24 août, face à Bastia (1-0), en excluant les éliminations de Tours et de Valenciennes en Coupe de la Ligue. Depuis, les Lorrains ont enchaîné trois nuls, dont deux à domicile, et une défaite. En dix ans, seul Troyes (lire ci-dessous) est parvenu à monter en Ligue 1 malgré un départ aussi médiocre.
L’avis de Christophe Bastien (ancien joueur, à Metz de 1999 à 2003). « Des exemples de rétablissement existent, il n’y a pas lieu de paniquer, surtout en tenant compte de l’écart actuel. Maintenant, il va falloir se mettre à gagner des matches, et à en gagner beaucoup, car les droits à l’erreur s’amenuisent. Nous, en 2002, nous étions quinzièmes, avec quinze points, après douze journées. Autant dire que nous étions à la rue ! Après avoir battu Créteil, nous étions allés gagner à Nancy, et cela avait lancé une série grâce à laquelle nous étions montés sur le podium pile à la 19 e journée. Au départ, nous étions partis pour jouer, mais nous perdions trop souvent. Nous étions alors passés à cinq derrière, dans une option très défensive. On gagnait tout à la maison, on perdait peu à l’extérieur : c’est vraiment Jean Fernandez qui avait trouvé la clé tactique. »
Comment surpasser les difficultés face aux équipes de Ligue 2 ?
Les faits. Battu à Vannes puis à Brest, tenu en échec à Nîmes, par Tours et par Dijon, Metz semble parti pour rencontrer d’immenses difficultés face aux pensionnaires ordinaires de Ligue 2, généralement peu portées sur l’offensive, doux euphémisme.
L’avis de David Terrier (ancien joueur, 200 matches en Ligue 1, 100 matches en Ligue 2, consultant télé). « La saison dernière, surtout avec les blessures de Vincent Bessat, il était flagrant que Metz manquait de joueurs pour percuter sur les côtés. C’est moins vrai cette année. Cela dit, à aucun moment, on ne voit des Messins qui poussent l’adversaire dans ses derniers retranchements, sur une longue séquence. Avec plus d’agressivité, en récupérant le ballon plus haut, en asphyxiant l’adversaire, les buts viendront tout seuls. Razak Omotoyossi présente un profil intéressant, que Metz n’a plus connu depuis longtemps : il faut donc apprendre à jouer avec lui. Enfin, pour bousculer l’équipe d’en face, les vertus conquérantes sont indispensables. »
Les attaquants parviendront-ils à vaincre leur inefficacité ?
Les faits. Avec six buts inscrits, Metz ferme la marche au classement de l’offensive, avec Istres et Guingamp. Son meilleur buteur, notion relative, culmine à deux réalisations (Papiss Cissé). En championnat, Metz marque toutes les 120 minutes, mais accumule les occasions manquées.
L’avis de Gérald Baticle (ancien attaquant, à Metz de 1999 à 2002, 80 buts en 365 matches de Première division). « Si je détenais la recette miracle, j’aurais réussi une autre carrière que la mienne. Mais un attaquant en échec, pour retrouver la confiance, doit accomplir un gros travail sur soi. Un travail devant le but, à l’entraînement. Un travail mental, surtout : il ne doit pas chercher à répondre à l’attente de qui que ce soit, mais se persuader qu’il va marquer, parce que c’est son jour, parce qu’il se sent bien, peu importe la raison. Les périodes de réussite sont une affaire de cycles plus ou moins inexplicable : c’est par le mental que s’opère le basculement. Mais si on stigmatise les attaquants, il ne faut pas oublier qu’un but matérialise généralement une action collective. »
Sylvain VILLAUME.