Poésie et chanson

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Toni Truand
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Poésie et chanson

Messagepar Toni Truand » 08 oct. 2009, 20:30

Regroupons ici nos textes favoris...
Je propose de procéder par thèmes... Amour, alcool, amitié...

Bon on commence par quoi?

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Toni Truand
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Re: Poésie et chanson

Messagepar Toni Truand » 08 oct. 2009, 20:36

Ok commençons par l'infidélité. Avec une chanson assez drôle (ce sujet est souvent abordé avec humour, notamment avec 2-3 chansons de Brassens, qu'on verra sans doute à la suite de mon message) de Brel, "A jeun". Il y est aussi question des thèmes de l'alcool et de la mort d'ailleurs...




Jacques Brel
À jeun
1967

Parfaitement à jeun
Vous me voyez surpris
De n'pas trouver mon lit ici

Parfaitement à jeun
Je le vois qui recule
Je le vois qui bascule aussi

Guili guili guili

Viens-là mon petit lit
Si tu n'viens pas t'à moi
C'est pas moi qui irai t'à toi
Mais qui n'avance pas recule
Comme dit monsieur Dupneu
Un mec qui articule
Et qui est chef du contentieux

Parfaitement à jeun
Je reviens d'une belle fête
J'ai enterré Huguette ce matin

Parfaitement à jeun
J'ai fait semblant d'pleurer
Pour ne pas faire rater la fête

Z’étaient tous en noir
Les voisins les amis
Y avait qu'moi qui étais gris
Dans cette foire
Y avait beau-maman belle-papa
Z'avez pas vu Mirza ?
Et puis monsieur Dupneu
Qui est chef du contentieux (x2)

Parfaitement à jeun
En enterrant ma femme
J'ai surtout enterré
La maîtresse d'André

Je n'l'ai su que c'matin
Et par un enfant d'chœur
Qui m' racontait qu' sa sœur ah ça sa sœur, ah ! ça… (Disons qu’elle a profité de la vie…)
Haha… Enfin !
Il me reste deux solutions
Ou bien frapper André
Ou bien gnougnougnafier
La femme d'André
Sur son balcon
Ou bien rester chez moi
Feu-cocu mais joyeux
C'est ce que me conseille André
André, André Dupneu (x2)
Qu'est mon chef du contentieux

Parfaitement à jeun
Vous me voyez surpris
De ne pas trouver mon lit

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Dirlito
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Re: Poésie et chanson

Messagepar Dirlito » 08 oct. 2009, 21:11

Ok ! J'enchaine avec l'ami Brassens et ce texte pas très connu sur le vin :

LE VIN

Avant de chanter ma vie de faire des harangues,
Dans ma gueule de bois j'ai tourné sept fois ma langue...
Je suis issu de gens qui étaient pas du genre sobre...
On conte que j'eus la tétée au jus d'octobre...

Mes parents ont dû me trouver au pied d'une souche,
Et non dans un chou, comme ces gens plus ou moins louches...
En guise de sang,(O noblesse sans pareille !)
Il coule en mon cœur la chaude liqueur de la treille...

Quand on est un sage et qu'on a du savoir-boire,
On se garde à vue en cas de soif une poire...
Une poire ou deux, mais en forme de bonbonne
Au ventre replet rempli du bon lait de l'automne...

Jadis aux enfers, certes il a souffert, Tantale,
Quand l'eau refusa d'arroser ses amygdales...
Être assoiffé d'eau c'est triste mais faut bien dire
Que, l'être de vin c'est encore vingt fois pire...

Hélas ! il ne pleut jamais du gros bleu qui tache...
Qu'elles donnent du vin, j'irai traire enfin les vaches...
que vienne le temps du vin coulant dans la Seine !
Les gens par milliers, courront y noyer leur peine....

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Toni Truand
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Re: Poésie et chanson

Messagepar Toni Truand » 08 oct. 2009, 21:28

Bon bah on commence par le vin/l'alcool alors :-D
Je connais cette chanson que grâce au gros coffret DVD sur Brassens, ou il l'interprète lors d'une émission au coin du feu avec des potes à lui ... Je l'aime bien aussi :bieres:

Je poursuis avec Brassens et le Bistrot.

Georges Brassens
LE BISTROT


Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur une place,
L'est un vieux bistrot
Tenu pas un gros
Dégueulasse.

Si t'as le bec fin,
S'il te faut du vin
De première classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d'ici
Te dépasse.

Mais si t'as le gosier
Qu'une armure d'acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.

Tu trouveras là
La fine fleur de la
Populace,
Tous les marmiteux,
Les calamiteux,
De la place.

Qui viennent en rang,
Comme les harengs,
Voir en face
La belle du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.

Que je boive à fond
L'eau de toutes les fon-
tain's Wallace,
Si, dès aujourd'hui,
Tu n'es pas séduit
Par la grâce.

De cette jolie fée
Qui, d'un bouge, a fait
Un palace.
Avec ses appas,
Du haut jusqu'en bas,
Bien en place.

Ces trésors exquis,
Qui les embrasse, qui
Les enlace?
Vraiment, c'en est trop!
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse!

C'est injuste et fou,
Mais que voulez-vous
Qu'on y fasse?
L'amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.

Si tu fais ta cour,
Tâche que tes discours
Ne l'agacent.
Sois poli, mon gars,
Pas de geste ou ga-
re à la casse.

Car sa main qui claque,
Punit d'un flic-flac
Les audaces.
Certes, il n'est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.

Pas né, le chanceux
Qui dégèlera ce
Bloc de glace.
Qui fera dans le dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse.

Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur une place,
Une espèce de fée,
D'un vieux bouge, a fait
Un palace.

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Cactus
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Re: Poésie et chanson

Messagepar Cactus » 09 oct. 2009, 00:02

Là c'est l'alcool, la musique et les femmes...y a tout !

Georges Brassens
L'ANCÊTRE


Notre voisin l'ancêtre était un fier galant
Qui n'emmerdait personne avec sa barbe blanche,
Et quand le bruit courut que ses jours étaient comptés,
On s'en fut à l'hospice afin de l'assister.

On avait apporté les guitares avec nous
Car, devant la musique, il tombait à genoux,
Excepté toutefois les marches militaires
Qu'il écoutait en se tapant le c** par terre.

Émules de Django, disciples de Crolla,
Toute la fine fleur des cordes était là
Pour offrir à l'ancêtre, en signe d'affection,
En guise de viatique, une ultime audition.

Hélas! les carabins ne les ont pas reçus,
Les guitares sont restées à la porte cochère,
Et le dernier concert de l'ancêtre déçu
Ce fut un pot-pourri de cantiques, peuchère!

Quand nous serons ancêtres,
Du côté de Bicêtre,
Pas de musique d'orgue, oh! non,
Pas de chants liturgiques
Pour qui avale sa chique,
Mais des guitares, cré nom de nom!

On avait apporté quelques litres aussi,
Car le bonhomme avait la fièvre de Bercy
Et les soir de nouba, parole de tavernier,
A rouler sous la table il était le dernier.

Saumur, Entre-deux-mers, Beaujolais, Marsala,
Toute la fine fleur de la vigne était là
Pour offrir à l'ancêtre, en signe d'affection,
En guise de viatique, une ultime libation.

Hélas! les carabins ne les ont pas reçus,
Les litres sont restés a la porte cochère,
Et le coup de l'étrier de l'ancêtre déçu
Ce fut un grand verre d'eau bénite, peuchère!

Quand nous serons ancêtres,
Du côté de Bicêtre,
Ne nous faites pas boire, oh! non,
De ces eaux minérales,
Bénites ou lustrales,
Mais du bon vin, cré nom de nom!

On avait emmené les belles du quartier
Car l'ancêtre courait la gueuse volontiers.
De sa main toujours leste et digne cependant
Il troussait les jupons par n'importe quel temps.

Depuis Manon Lescaut jusque à Dalila
Toute la fine fleur du beau sexe était là
Pour offrir à l'ancêtre, en signe d'affection,
En guise de viatique, une ultime érection.

Hélas! les carabins ne les ont pas reçues,
Les belles sont restées à la porte cochère,
Et le dernier froufrou de l'ancêtre déçu
Ce fut celui d'une robe de soeur, peuchère!

Quand nous serons ancêtres,
Du côte de Bicêtre,
Pas d'enfants de Marie, oh! non,
Remplacez-nous les nonnes
Par des belles mignonnes
Et qui fument, cré nom de nom!

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Re: Poésie et chanson

Messagepar Cactus » 09 oct. 2009, 00:04

et celle-ci aussi de Brassens :

Le Grand Pan :


Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégaient les ivrognes
Des tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.

{Refrain:}
Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.

Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.

Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux

Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond du champs élysées
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette
Etait alors bénie
Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus,
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.

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Re: Poésie et chanson

Messagepar Cactus » 09 oct. 2009, 00:08

et celle la encore de Brassens

La rose, la bouteille et la poignée de main

Cette rose avait glissé de
La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts.

Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route et m'en allai quérir,
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir.
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.

La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris,
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant "Au secours! "

Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnu's.

On est tombé bien bas, bien bas...

Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!
Cette bouteille était tombé'
De la soutane d'un abbé
Sortant de la messe ivre mort.

Une bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route en cherchant, plein d'espoir,
Un brave gosier sec pour m'aider à la boire.
[ Find more Lyrics on www.mp3lyrics.org/oA15 ]
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder du vin béni par-devers soi.

Le premier refusa mon verre
En me lorgnant d'un œil sévère,
Le deuxième m'a dit, railleur,
De m'en aller cuver ailleurs.

Si le troisième, sans retard,
Au nez m'a jeté le nectar,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête, d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Trinquer avec des inconnus.
On est tombé bien bas, bien bas...

Avec la bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Les flics se sont rincé la dalle,
Un vrai scandale!
Cette pauvre poigné' de main
Gisait, oubliée, en chemin,
Par deux amis fâchés à mort.

Quelque peu décontenancé',
Elle était là, dans le fossé.
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route avec l'intention
De faire circuler la virile effusion,
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Qu' de garder une poigné' de main par-devers soi.

Le premier m'a dit: "Fous le camp !
J'aurais peur de salir mes gants."
Le deuxième, d'un air dévot,
Me donna cent sous, d'ailleurs faux.

Si le troisième, ours mal léché,
Dans ma main tendue a craché,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Serrer la main des inconnus.

On est tombé bien bas, bien bas...
Et la pauvre poigné' de main,
Victime d'un sort inhumain,
Alla terminer sa carrière
A la fourrière!

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Re: Poésie et chanson

Messagepar Cactus » 09 oct. 2009, 00:31

Brel maintenant ..

La bière

Ça sent la bière
De Londres à Berlin
Ça sent la bière
Dieu ! Qu’on est bien
Ça sent la bière
De Londres à Berlin
Ça sent la bière
Donne-moi la main

C'est plein d'Uylenspiegel
Et de ses cousins et d'arrière-cousins
De Bruegel l'Ancien
C’est plein d’vent du nord
Qui mord comme un chien
Le port qui dort, le ventre plein

{au Refrain}

C'est plein de verres pleins
Qui vont à kermesse comme vont à messe
Vieilles au matin
C'est plein de jours morts
Et d'amours gelés
Chez nous y a qu'l'été
Que les filles aient un corps

{au Refrain}

C'est plein d’finissants
Qui soignent leurs souvenirs
En mouillant de rires
Leurs poiluchons blancs
C'est plein de débutants
Qui soignent leur vérole
En caracolant de "Prosit !" en "Skoll !"

{au Refrain}

C'est plein de "Godferdomme"
C'est plein d'Amsterdam
C'est plein de mains d'hommes
Aux croupes des femmes
C'est plein de mémères
Qui ont depuis toujours
Un sein pour la bière
Un sein pour l'amour

{au Refrain}

C'est plein d'horizons
A vous rendre fous
Mais l'alcool est blond
Le diable est à nous
Les gens sans Espagne
Ont besoin des deux
On fait des montagnes
Avec ce qu'on peut

Ça sent la bière
De Londres à Berlin
Ça sent la bière
Donne-moi la main

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Re: Poésie et chanson

Messagepar Cactus » 09 oct. 2009, 00:34

Et Brel bien sûr...

Amsterdam

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam.

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Re: Poésie et chanson

Messagepar Toni Truand » 09 oct. 2009, 01:24

Cactus est lancée! :slip:

Enivrez vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre,il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais enivrez-vous, Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."


Charles Baudelaire


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