akenza a écrit :
En fait le groupe VINCI, l'entreprise de BTP qui a construit la MMArena du Mans possèdent des parts (ou quelques choses comme ça) dans le club. Ce serait une catastrophe pour eux de voir LE MANS en national car ils doivent récupérer le plus rapidement possible l'investissement du stade.
En gros, d'après cette personne, si le club du Mans ne réunit pas les garanties nécessaires, VINCI devrait aider le club pour éviter que eux-mêmes ne perdent beaucoup d'argent.
Plus précisément, je pense que le montage financier auquel tu fais référence est la « concession de service public » = « Contrat qui charge une société d’exécuter un ouvrage public à ses frais, avec ou sans subvention, et que l’on rémunère en lui confiant l’exploitation de l’ouvrage public avec le droit de percevoir des redevances sur les usagers de l’ouvrage».
Comme au Stade de France, un constructeur BTP investit avec des subventions publiques.
En fait, le constructeur BTP et les collectivités investissent mais les garanties sont souvent publiques. On parle de privatisation des recettes et de socialisation des dépenses. Ce partenariat entre le public et le privé garantit au bâtisseur une redevance, ainsi que l’exploitation du site. L’investissement de départ du privé est constitué par un petit fond propre et en majorité d’un endettement de la structure sur ses revenus futurs de concession. Il marge sur son activité de construction dans un premier temps. Il rentabilisera ensuite son investissement (majoritairement à crédit) par son activité de gestionnaire de biens dans le cadre d’un bail immobilier de longue durée de la concession publique : location du stade au club résident mais aussi pour d’autres activités (concerts, sports, …) et surtout redevance de la collectivité publique.
Au Mans, la filiale du constructeur Vinci s’appelle Le Mans Stadium. Elle a une concession de 35 ans avec la ville. Les collectivités locales (Ville+Région+Departement) ont financé par subventions d'investissement (sans entrer au capital) la moitié des 100 millions. L’autre moitié est financée par l’actionnaire de la société concessionnaire Le Mans Stadium (initialement=Vinci+le club ; finalement Vinci seul) par un apport en fonds propres de 11 millions (10%) et d’une dette de 39 millions. Les Mutuelles du Mans Assurances (MMA) ont apporté 3 millions au titre d'un contrat de naming.
Le Mans FC, club résident, s'acquitte d'une redevance comportant une part fixe (700 000) et une part variable basée sur la fréquentation. La Ville du Mans verse une subvention forfaitaire annuelle d'exploitation. Sans compter le million annuel du naming des MMA.
Ne t’inquiète pas pour Vinci.
La relégation ou la faillite du club leur serait préjudiciable pour la redevance de l’équipe résidente mais ils ont pris leurs garanties (publiques évidemment). Au moment de la concession du MMArena à la société Le Mans stadium, une convention avait été signée qui comprenait la prise en compte de l’aléa sportif (relégation en Ligue2). Ils n’avaient pas prévu qu’à la livraison du stade, le club serait déjà en L2 mais pour éviter un procès, un récent accord stipule que la ville du Mans versera 340 000 € au titre de la saison 2011-2012 et 450 000 € au titre des saisons suivantes en Ligue 2. S’il y avait descente en National, Vinci pourrait demander à la ville (collectivité déléguant la concession publique) un remboursement partiel supérieur.
S’il y a effort financier de Vinci, ce sera à nouveau dans la baisse de la redevance annuelle du club. Il a déjà fait une croix sur l’apport initial du club qui devait rentrer à part égale avec lui dans la société de concession publique Le Mans Stadium : « Nous avons baissé significativement le loyer perçu pour les matchs du Mans FC et le club n'a pas apporté les 6 millions d'euros à la société concessionnaire comme cela était prévu».
S’il y a relégation administrative du Mans FC, ce sera une très mauvaise nouvelle pour la ville du Mans et ses contribuables. Le maire a beau mettre chacun devant ses responsabilités, il sera le premier à passer à la caisse pour garantir les pertes de son concessionnaire.
Par comparaison avec le SDF (même structure de concession publique qu’au Mans):
http://www.huffingtonpost.fr/alban-benn ... 54040.html
Le Stade de France a déjà coûté fort cher au contribuable. Ainsi que l'a regretté récemment le ministre des Sports, près de 300 millions d'euros d'argent public ont été officiellement versés à ce jour au consortium. Cela a permis aux actionnaires Bouygues et Vinci de réaliser d'importants bénéfices et de se répartir plusieurs dizaines de millions d'euros de dividendes depuis l'origine du contrat.
La subvention versée par l'Etat s'accroît d'année en année du fait du manque de succès des évènements se déroulant au Stade de France, et pourrait même atteindre un montant insupportable en cas de départ de la Fédération Française de Rugby. En outre, l'Etat garantit l'emprunt bancaire du consortium, dans le cadre d'un contrat qui ne présente aucun risque pour les actionnaires. En cas de défaillance du consortium, l'Etat pourrait donc avoir à supporter un risque financier non négligeable.