
Photo Pascal BROCARD
L’entraîneur du FC Metz, Albert Cartier, refuse de « s’enflammer » après l’annonce de l’éventuel repêchage de son équipe en Ligue 2. « Tant que rien n’est officiellement annoncé, nous préparons notre saison en National. »
Aucune effervescence. Hier matin, les Messins ont repris le chemin de l’entraînement comme si de rien n’était. Ni le probant succès obtenu la veille face à Sedan (1-0, but sur penalty de N’Doye), ni l’annonce de la relégation du Mans en National et donc, par ricochet, le très probable repêchage du FC Metz, n’ont bouleversé le quotidien d’Albert Cartier et de ses hommes. Au programme, plus de deux heures de travail « dans la bonne humeur mais avec beaucoup de rigueur ».
• Avec vingt-quatre heures de recul, que vous inspire l’hypothèse d’un retour du FC Metz en Ligue 2 sur tapis vert ? « Je reste très mesuré. Je refuse, comme l’ensemble du club d’ailleurs, de m’enflammer. L’expérience de 2002 doit nous servir de leçon ( lire par ailleurs). Nous restons donc concentrés sur notre seul et unique objectif : être prêts pour la réception de Boulogne le 4 août prochain. »
• Aucune projection donc ? « L’ambition du club est de retrouver la Ligue 2. Alors, évidemment, tout ce qui peut se présenter de positif dans cette optique est bon à prendre. Mais aujourd’hui, je le répète, ce qui se passe du côté du Mans ne nous regarde pas. Le FC Metz n’est pas impliqué dans les problèmes administratifs, financiers ou juridiques des Manceaux. Tant que rien n’est officiellement annoncé, nous préparons notre saison en National. »
• Et si la nouvelle devenait officielle, est-ce que cela bouleverserait le recrutement ? « De ce point de vue, nous sommes toujours dans une logique du National. Dans le cas contraire, on saura s’adapter. Le football est une éternelle histoire d’adaptation… Le but est de posséder une équipe capable de jouer le haut de tableau du National et donc qui possède, potentiellement, les armes pour faire bonne figure en Ligue 2. D’ailleurs sur le match de Sedan nous avons prouvé que nous en étions capables. Mais ce qui m’importe, c’est de savoir si mon équipe est capable d’enchaîner ce genre de performance sur cinq, six ou dix matches. Aujourd’hui, c’est cette question-là qui occupe mes pensées. Bien plus qu’un hypothétique repêchage en Ligue 2. »
« Bien ranger ton coffre »
• Le sujet a-t-il été abordé avec les joueurs ? « Non. Il n’y a aucune raison qu’il le soit. Ce groupe doit continuer à travailler sereinement. Avec une seule idée en tête : mériter sa place dans le groupe. Au jour le jour, tous doivent valider le travail demander, être dans une logique de progression. Ce qu’ils veulent, c’est gagner une place de titulaire. Voilà ce qui doit les motiver ! Pas les nouvelles qui circulent dans la presse. »
• Revenons au terrain justement. Que vous inspire le succès acquis face à Sedan ? « Même si je n’étais plus au club à ce moment-là, il était impératif d’effacer l’humiliation du match de préparation de l’an passé ( défaite des hommes de Dominique Bijotat 5-0 le 16 juillet 2011). Nous avons donc corrigé ça en nous imposant. La deuxième satisfaction, c’est que nous n’avons pas pris de but, malgré une fin de match difficile. Dans l’ensemble, nous avons été costauds dans la récupération, mais j’attends encore plus dans le jeu sans ballon. Quand tu pars en vacances, il est indispensable de bien ranger ton coffre. Sur le terrain, c’est pareil : quand c’est bien organisé, tout est plus accessible. Cela te permet d’attaquer dans de bonnes conditions. Cela passe aussi par l’envie de gagner. Mais pas seulement : la différence, au haut niveau, se fait également à travers l’envie de se préparer à gagner. Une victoire s’élabore donc à l’entraînement voire dans les vestiaires. Nous y travaillons. »
Jean-Sébastien GALLOIS.
Le Mans fait de la résistance
Dès l’annonce, mercredi, de sa rétrogradation administrative de Ligue 2 en National par la commission d’appel de la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), le club du Mans a annoncé qu’il faisait « appel auprès du CNOSF pour conciliation ». Le Mans FC, avec un déficit avoisinant les 3 M€, bat donc le rappel, prône l’union sacrée, autour, notamment, de ses actionnaires qui « joueront leur rôle […] afin de redonner la place que le club mérite sur le plan sportif ». Hier, le président manceau, Henri Legarda, a ajouté que s’il fallait « mettre la main à la poche, on le fera. […] À nous de trouver des solutions. On pensait les avoir trouvées, avoir apporté les garanties nécessaires. Il en faudra plus… Je suis confiant. On va se battre ! »
De leur côté, la ville du Mans, le Conseil général de la Sarthe et la Région Pays de la Loire ont souligné, dans une lettre adressée à Frédéric Thiriez et à Noël Le Graët, respectivement présidents de la Ligue et de la Fédération, que la rétrogradation administrative du club « impacte gravement les conditions de gestion du stade MMarena ». La MMArena, première enceinte en France à recourir au "naming", a coûté 102 millions d’euros. Elle a été inaugurée en janvier 2011 et compte 25 000 places.
Cette décision « est intervenue sur la base d’une procédure qui ne prévoit pas que la Ville, autorité concédante, ainsi que le Conseil général et le Conseil régional, ayant financé le stade, soient entendus ». Les trois collectivités indiquent aussi qu’elles soutiennent l’appel introduit par le Mans FC auprès du CNOSF (qui devrait intervenir en fin de semaine prochaine) « afin que le club puisse produire des éléments complémentaires de consolidation financière garantissant sa capacité à jouer toute la saison 2012-2013 en Ligue 2 ». « Dès lors que le club aura produit ces éléments, nous souhaitons que la Fédération et la Ligue prennent en compte les efforts des collectivités en permettant au club qui n’a pas été rétrogradé sportivement, de faire la saison 2012-2013 en Ligue 2 », font savoir les trois élus.
Le précédent niçois
Juin 2002. La Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) confirme la rétrogradation de Nice de Ligue 1 en National et entraîne le repêchage "inespéré" du FC Metz, fraîchement relégué sportivement en Ligue 2. Les Messins retrouvent alors leur place dans l’élite. Le 5 juillet, au vu des nouveaux éléments fournis par le club, le CNOSF propose à la FFF de réexaminer la situation de Nice. Le conseil fédéral de la FFF, lui, demande à la DNCG de procéder à une nouvelle mission d’expertise, alors que, parallèlement, une demande de réexamen du dossier devant le conseil fédéral a été rejetée. Finalement, le 19 juillet le suspense prend fin : le Conseil fédéral autorise l’accession de Nice en L1 et réforme la décision d’appel de la DNCG. Metz reste donc en Ligue 2… à l’issue d’un feuilleton estival à rebondissements qui avait débuté le 14 mai en première instance.