
Bernard Serin ne lâche pas l’affaire : pour le président, l’espoir de voir Metz retrouver la Ligue 2 n’est pas enterré. Photo Pascal BROCARD
La perspective de retrouver la Ligue 2 malgré la décision du comité exécutif de la Fédération française existe encore aux yeux de Bernard Serin, le président du FC Metz.
Que les choses soient claires, nous n’avons rigoureusement rien contre le club du Mans. Mais nous sommes extrêmement inquiets de la procédure du comité exécutif de la "3F". La DNCG ne pouvait pas restatuer sur la base d’éléments nouveaux. L’article 5 du règlement le lui interdit […]. Dans tous les cas de figure, cette décision a donc été prise sur la base d’éléments nouveaux par le comité exécutif de la fédération, sans quoi la DNCG aurait pris une décision favorable au maintien du Mans lors du passage du club en appel. » Le propos est signé de Me Reiss, avocat du FC Metz.
DNCG : toute puissante, vraiment ?
Derrière ses précisions et celles de Bernard Desumer, vice-président de la Fédération française, en arrière-plan du cheminement de ce dossier sensible, naît l’idée que la Direction nationale de contrôle de gestion n’est peut-être pas le gendarme financier tout puissant du ballon rond que d’aucuns voient en lui. Puisqu’il existe donc un point de règlement à la Fédération qui permet de passer outre son avis, quand bien même confirmé en appel. « En l’espèce, poursuit Me Reiss, la Fédération a pris sa décision après avoir invité la DNCG à émettre un avis » sur les nouvelles pièces du dossier manceau. Un avis, pas une décision…
Pour le FC Metz, l’issue est douloureuse puisque la réintégration du Mans en Ligue 2 avait dans le même temps sonné la fin de l’espoir grenat d’y retourner. Mais avec la saisie du Tribunal administratif, l’espoir a repris vie. Au moins dans l’esprit de Bernard Serin.
21 clubs en L2 « pourquoi pas ? »
« Ce que j’attends de tout cela ? Que nous soyons réintégrés en Ligue 2. Si le droit nous permet de retrouver une place dans ce championnat, nous devons l’avoir. Je n’ai rien contre Le Mans, je me répète. Mais pourquoi ne pas envisager une Ligue 2 avec 21 clubs ? On pourra toujours considérer que le FC Metz était exempt lors de la première journée et ajuster le calendrier…Mais maintenant, si on me montre que la décision est juste, je m’inclinerai. Mais il faut que les choses soient clarifiées. »
Bernard Serin et ses collaborateurs en sauront sûrement davantage en début de semaine, lundi ou mardi : le Tribunal administratif de Paris devrait en effet annoncer sa position. Et le vendredi suivant, Metz est appelé à débuter sa saison. En National...
Serin veut la lumière
Au surlendemain de la réintégration du Mans en Ligue 2, le FC Metz a décidé de réagir et de mener l’affaire devant le Tribunal administratif de Paris. Tentative de décryptage de la situation.
1- Le brouillard du 25 juillet
Mercredi 25 juillet. Deux semaines après son passage devant la commission d’appel de la Direction nationale de contrôle de gestion, six jours après avoir défendu sa cause devant le Comité national olympique et sportif français, et quarante-huit heures après la prise en considération de l’avis du CNOSF par le comité exécutif de la Fédération française de football, Le Mans va savoir.
Savoir si oui ou non, comme l’avait décidé la DNCG en instance et comme l’avait confirmé sa chambre d’appel, l’avenir du club était appelé à s’écrire en National, au titre de difficultés financières trop importantes. C’est à la DNCG qu’il revient logiquement de prendre la décision, mais c’est le comité exécutif de la Fédération française qui annonce officiellement en milieu d’après-midi avoir réintégré « Le Mans dans le championnat de Ligue 2. » Et cela après avoir « pris connaissance de la note technique adressée par la commission d’appel de la DNCG suite à l’examen de nouveaux éléments transmis par le club du Mans FC. » Le Mans peut dès lors préparer son premier match de championnat à Lens, le samedi 28 juillet (hier) et le FC Metz, qui voit l’espoir d’une réintégration en Ligue 2 s’envoler, se tourner entièrement vers sa saison en National.
2- La réaction en deux temps du FC Metz
Face à la décision du comité exécutif de la FFF de réintégrer Le Mans en L2, le FC Metz réagit en deux temps. D’abord le jour même, à travers un communiqué dans lequel le président Bernard Serin semble se plier à l’issue. « Nous ne pouvons que prendre acte de cet épilogue, puisque nous n’avons jamais eu accès à ce dossier. On respecte cette décision. » Mais les prémices d’une réaction sont perceptibles. « On peut tout de même raisonnablement s’interroger sur ce processus qui peut conduire un club à passer par six évocations de son dossier avant que celui-ci ne soit définitivement réglé. » Le lendemain, Bernard Serin décide d’écrire au président de la Fédération française, Noël Le Graët. Le président demande accès à la proposition de conciliation du CNOSF, aux motivations du comité exécutif de la FFF lorsque celui-ci a décidé de renvoyer le dossier devant la commission d’appel de la DNCG et la « décision et/ou note technique de la commission d’appel de la DNCG » du mercredi 25 juillet. « Nous sommes concernés, on doit avoir accès à ces pièces », justifie le dirigeant messin. Dans la foulée, le FC Metz fait appel à un cabinet d’avocats. Tard, vendredi soir, le club saisit le Tribunal administratif de Paris « via une requête en annulation de la décision prise par le comité exécutif de la fédération française de football le 25 juillet, couplée à l’introduction d’une procédure en référé-suspension ». Ce qui aurait pour objet de suspendre et ne pas rendre applicable la décision du maintien du Mans en Ligue 2.
Les raisons de la démarche « En droit de nous interroger »
Le FC Metz, mauvais perdant ? Bernard Serin, son président, s’en défend. « La procédure qui a conduit à cet épilogue a été relativement "tortueuse", je dirais, notamment après le recours du Mans devant le Comité national olympique et sportif français. Tout cela n’a pas été transparent. Nous sommes donc en droit de nous interroger. Je ne me suis jamais manifesté durant tout le déroulement de ce dossier mais à partir du moment où le jugement est rendu et qu’il n’est pas clairement étayé, il est de mon devoir de défendre le FC Metz. Je ne dis pas que nous obtiendrons gain de cause, mais tout est suffisamment obscur pour que nous essayions d’obtenir un peu de clarté. »
Au-delà du silence qui a répondu à sa missive adressée au président de la Fédération française, Bernard Serin s’étonne de l’absence de communication, par exemple sur le site de la DNCG, comme nous pourrions aussi nous étonner de la discrétion avec laquelle la Fédération a annoncé la réintégration du Mans en Ligue 2. « A ujourd’hui, je n’ai toujours pas la délibération du comité exécutif de la Fédération. »
« A ma connaissance, la DNCG n’est pas revenue sur son jugement »
A défaut de remettre en cause la légitimité de la décision prise dans ce dossier, ce comportement, pris dans son ensemble, entretient une sorte de suspicion, attisée par le flou qui entoure aujourd’hui encore les éléments financiers nouveaux qui ont permis aux dirigeants manceaux d’obtenir le feu vert des instances dirigeantes.
« Tout le monde a compris que c’était la DNCG qui avait décidé, mais à ma connaissance elle n’est pas revenue sur le jugement qu’elle avait rendu en appel. C’est le comité exécutif qui a déjugé la DNCG et sa commission d’appel, affirme le président du FC Metz. C’est exceptionnel ! Si la DNCG avait revu sa décision sur la base d’éléments postérieurs au passage du Mans devant la commission d’appel, ce qui serait contraire à l’article 5 du règlement (lire par ailleurs), nous étions sûrs de gagner devant le Tribunal administratif ! On peut donc se demander si le comité exécutif n’a pas fait en sorte de retirer la décision à la DNCG. Et il y a une autre ambiguïté : la Fédération a bel et bien le droit d’invalider une décision de la DNCG si l’intérêt supérieur du football est en jeu. On pourrait donc en conclure que Le Mans représente davantage l’intérêt du football français que le FC Metz? »
Cédric BROUT.
« Qu’on ne me parle pas d’équité sportive »
L’anecdote ne lui a pas échappé. Conscient des critiques susceptibles de voir le jour après la décision prise par son club de porter l’affaire de la réintégration du Mans en L2 devant le Tribunal administratif de Paris, Bernard Serin s’est défendu d’agiter des valeurs éloignées de l’esprit sportif. « Qu’on ne me parle pas d’équité sportive. Souvenez-vous en janvier dernier : pour répondre aux exigences de la DNCG, nous nous séparons de Fallou Diagne. Dans le même temps, Le Mans recrute Moussa Maazou au CSKA Moscou. Trois mois plus tard, Le Mans vient jouer à Saint-Symphorien, et qui marque le but de la victoire mancelle ? Maazou. » Malheureux pour Metz, sans doute, mais Le Mans, bien que placé sous contrôle de la masse salariale, était dans son droit : l’international nigérien était arrivé dans la Sarthe sous forme de prêt.