Keita, auteur du deuxième but messin, n’a pas manqué son envol dans la saison 2012-2013. Photo Pascal BROCARD
Secoués par un but de Boulogne dès la deuxième minute, hier, les Messins ont renversé la vapeur pour finir par s’imposer (2-1). En affichant des dispositions prometteuses pour la suite.
Albert Cartier s’était trompé. Mercredi matin, à l’avant-veille de la rentrée officielle de son équipe en championnat, l’entraîneur messin expliquait que le premier match d’une saison était souvent « un sale match ». Nous l’avons traduit par « ennuyeux » à regarder. Hier, ses joueurs l’ont fait mentir et on doute de trouver quelqu’un pour le leur reprocher, ce matin, aux abords de Saint-Symphorien : en s’imposant face à Boulogne-sur-Mer, les Grenats ont rempli les missions qui leur était confiées. Débuter par une victoire et redonner du plaisir à leur public.
« 38 finales pour une médaille ». La tribune Ouest avait vu d’autres banderoles. Celle-là démontre que les supporters ont, comme les joueurs, bien compris le combat qui attend le FC Metz. Dans un championnat au terme duquel pas moins de six formations sont appelées à descendre d’un étage, la lutte sera partout, de Luzenac à Quevilly, en passant par Colmar. Le contenu, animé, voire plaisant de la rencontre d’hier soir, entre deux anciens pensionnaires de Ligue 2, doit d’ailleurs être pris avec des pincettes. Metz ne trouvera peut-être pas toujours adversaire aussi joueur en face de lui.
Toujours est-il que ce Metz-là a su s’imposer. Pourtant, tout était très mal parti pour Grégory Proment et ses coéquipiers. Moins de deux minutes après le coup d’envoi, Chadili profitait de la lenteur de la défense messine pour envoyer une frappe que Yohann Carrasso avait la mauvaise idée de ne pas capter. Le ballon revenait dans les pieds d’Alexis Allart : meilleur buteur de la formation nordiste la saison passée dans l’antichambre de l’élite (12 réalisations), l’attaquant ouvrait son compteur National facilement (0-1, 2 e). Difficile d’imaginer départ plus délicat pour les Grenats...
Heureusement pour eux, Yéni N’Gbakoto était là. Lui, si souvent relégué à un rôle de doublure la saison passée, a envoyé un signal fort à son nouvel entraîneur en égalisant d’une frappe associant l’audace et la précision. Le gardien boulonnais est allé repêcher le ballon au fond de ses filets (8 e). Ce retour au score rapide a permis aux Messins de ne pas sombrer dans la cogitation et, au contraire, de sonner le vrai début de leur soirée.
Keita au rendez-vous
Si la défense d’Albert Cartier a affiché quelques signes de fébrilité, sans conséquence autre que celle du but boulonnais, on a pu constater la bonne avancée du rodage concernant les autres lignes de jeu et l’ensemble de la machine. Autour du duo Proment - N’Doye à la récupération, les latéraux ont multiplié les tentatives. Et c’est sur l’une d’entre-elles que Keita allait donner l’avantage à son camp. Diafra Sakho avait l’intelligence de se décaler pour laisser son coéquipier filer au but et tromper le gardien d’une frappe bien placée (2-1, 29 e). Une récompense logique au vu de la domination des Grenats, qui aurait pu regagner les vestiaires avec un but supplémentaire si Keita avait fait preuve d’un peu plus de précision sur son tir (36 e), et si Bouna Sarr ne s’était pas trouvé hors-jeu au moment de pousser le ballon derrière la ligne (37 e).
Cette tendance est restée la même après la pause. Metz a simplement eu le tort de gâcher les nombreuses occasions qui se sont offertes à lui tout au long de la seconde période. Résultat, il n’a pu profiter pleinement de sa supériorité, restant sous la menace d’un retour boulonnais jusqu’au coup de sifflet final. Le gardien messin, Yohann Carrasso, a d’ailleurs évité aux siens de se réveiller ce matin avec la gueule de bois, en repoussant la frappe de Chadili (84 e). Aujourd’hui, Albert Cartier et les siens n’ont rien, absolument rien, à regretter de leur première finale. Pourvu que ça dure : il en reste trente-sept devant eux.
Cédric BROUT.
Proment : « Ce n’est qu’une étape »
Grégory Proment (milieu de terrain et capitaine du FC Metz) : « Nous n’avons pas eu peur après cette ouverture du score rapide de Boulogne. On savait qu’il y avait encore du temps. On a eu le bonheur d’égaliser rapidement. Je crois que nous avons fait le boulot, mais ce n’est qu’une étape. Disons que nous sommes bien partis face à une bonne équipe de Boulogne. »
Bernard Serin (président du FC Metz) : « Je suis satisfait. Il y avait de l’attente, un peu de stress, d’autant plus que l’entraîneur a dû improviser une charnière centrale, mais au final, le contenu s’est révélé très intéressant. On a pu voir que le travail de préparation porte ses fruits : les joueurs sont restés physiquement au point jusqu’à la 94 e minute. »
Gaëtan Bussmann (défenseur de Metz) : « On a montré notre nouvel état d’esprit ce soir. Ça fait vraiment du bien. C’est encourageant. Ce n’est que le premier match, on doit et on va encore s’améliorer. Il faudra déjà confirmer tout ça mardi contre Sedan. »
Albert Cartier (entraîneur de Metz) : « Mes joueurs n’ont pas seulement sept semaines de préparation dans les jambes, ils ont toute une formation derrière eux. Et malgré leur jeunesse, ils sont restés sereins après l’ouverture du score de Boulogne dès la deuxième minute. Non, je ne suis emballé : j’aurais par exemple aimé qu’on ne prenne pas de but, que nous soyons capables de prendre de la distance en deuxième période… Mais on a fait l’essentiel : reprendre l’ascendant mental sur notre adversaire, ce n’était pas forcément évident. »
Georges Tournay (entraîneur de Boulogne) : « Nous avons commis des erreurs de relance qui nous ont fait mal. On a remis les Messins dans le match… Mais on a malgré tout essayé de jouer, face à un adversaire qui s’est montré supérieur physiquement à certains moments du match. »
Un geste de Yéni
Yéni N’Gbakoto a évité aux siens de gamberger en égalisant rapidement d’une frappe audacieuse, après l’ouverture du score boulonnaise.
EN VUE
N’Gbakoto. Il a été dans tous les bons coups. Vif, inspiré, il a visiblement profité des dernières semaines pour étoffer sa carapace et son endurance. Hier, le milieu de terrain a ajouté le culot à sa panoplie. Il a égalisé d’un tir lointain, du pied droit, après avoir récupéré un ballon mal renvoyé dans l’axe par Boulanger (8 e). Il a poursuivi sur sa lancée jusqu’à son remplacement par Kehli en toute fin de match.
Keita. Beaucoup d’activité et une belle entente à la pointe de l’attaque messine, aux côtés de Diafra Sakho, lui aussi très présent, hier, face à son ancien club. Alhassane Keita a agrémenté le bilan de sa prestation d’un but qui a offert la victoire à son camp (29 e). Il a pesé sur la défense boulonnaise et aurait même pu saler l’addition en ajustant sa frappe (36 e), passée à quelques centimètres du montant adverse. Bref, du bon boulot !
DANS L’OMBRE
Carrasso. Le nouveau gardien messin s’est fait quelques frayeurs… Il a notamment relâché le ballon sur la frappe de Chadili, ce qui a profité à Allart. Malgré ce départ délicat, Carrasso a eu le mérite de ne pas se décourager et de faire preuve d’autorité sur certaines sorties.
Le/Inez. Michel Le honorait, hier, sa première apparition officielle avec l’équipe professionnelle. D’où, sans doute, cette fébrilité perceptible en début de rencontre. Romain Inez n’y a pas échappé non plus. Les deux joueurs n’avaient jamais évolué ensemble, et Inez, dernière recrue en date du FC Metz, n’avait tout simplement jamais évolué avec ses coéquipiers. La précision est d’importance.
C. B.
