Privés de Grégory Proment, menés au score dès la deuxième minute et réduits à dix à la dix-huitième, les Messins ont enregistré, hier à Bastia, leur première défaite de la saison (3-0). La tâche était vraiment trop compliquée.
Tout est allé de travers dans cette rencontre. Mené au score d’entrée, le FC Metz a perdu Ali Bamba, exclu après dix-huit minutes de jeu. Une soirée à oublier. Photo MAXPPP
Anticiper. Prévoir. Aménager. Des paramètres indispensables pour n’importe quel entraîneur de football. Reste l’imprévu, l’imprévisible, l’inattendu. De petites choses qui, misent bout à bout, anéantissent n’importe quel scénario, même le mieux ficelé.
De notre envoyé spécial à Bastia
Le FC Metz s’attendait à un match difficile, dans un contexte particulier et face à une équipe de Ligue 1 en difficulté dans son championnat. Et donc en quête de confiance et de réhabilitation devant un public chauffé à blanc. Mais certainement pas à une telle mésaventure.
Et les malheurs des Messins et d’Albert Cartier avaient débuté bien avant la rencontre. S’il était bien dans l’avion ayant décollé de l’aéroport régional hier matin, Grégory Proment a été autorisé à regagner la Lorraine en début d’après-midi en raison de problèmes familiaux. Privé de son capitaine et régulateur, l’entraîneur du FC Metz était contraint de composé et d’imaginer un nouveau dispositif pour espérer contrarier les plans bastiais. Le très probable 4-2-3-1 s’est donc mué en un plus classique 4-4-2 avec Bouna Sarr dans un rôle de récupérateur inédit. Un dispositif que les Lorrains n’ont pas vraiment eu le loisir de peaufiner. La faute d’abord à une ouverture du score des Corses particulièrement précoce : Anthony M’Fa, titularisé à la place de Yohann Carrasso hier, était, en effet, coupable d’une faute de main sur une frappe a priori anodine de Rothen. Une aubaine pour Toifilou Maoulida (1-0, 2 e). La faute aussi à la sortie, tout aussi prématurée d’Ali Bamba, invité à regagner les vestiaires par M. Thual dès la dix-huitième minute. Le tort du défenseur messin ? Un tacle mal maîtrisé sur la personne de Yannick Cahuzac. Mais de là à voir rouge…
Une mission impossible
Bref, l’affaire était bien mal embarquée, d’autant que Yéni N’Gbakoto et ses partenaires avaient, jusque-là, subi la loi de Bastiais survoltés et maîtres de leur sujet. Certes Moussa Gueye et Kévin Lejeune avaient, coup sur coup, tenté leur chance de loin (13e). En vain, les défenseurs corses faisaient bonne garde. A l’inverse de Messins régulièrement pris de vitesse, à l’image de Gaëtan Bussmann qui a sans doute vécu, hier, l’une de ses soirées les plus éprouvantes de sa jeune carrière face à la vivacité et l’envie de Maoulida. L’ancien Messin, avec un brin de précision supplémentaire, aurait d’ailleurs pu rapidement corser l’addition (6 e, 9 e, 25 e). Mais paradoxalement, les hommes d’Albert Cartier, réduit à dix, parvenaient à rééquilibrer les débats en fin de première période. Mais la frappe signée N’Gbakoto était trop écrasée (30 e), alors que Novaes devait faire preuve de talent face à la frappe puissante et flottante de Bussmann (32 e).
De vains espoirs. Car dès la reprise, Anthony Modeste portait le coup de grâce à une équipe messine que l’on a connu plus inspirée. L’attaquant bastiais profitait d’une incompréhension entre M’Fa et Milan (2-0, 47 e). La mission, délicate, devenait impossible. D’autant que trois minutes plus tard, Bussmann laissait partir dans son dos Khazri qui offrait un doublé à Maoulida (3-0, 50 e). Dépité, Albert Cartier se réfugiait sur son banc et profitait du marasme pour faire souffler Bouna Sarr et Yéni N’Gbakoto, tout en offrant du temps de jeu à Samy Kehli et Thibaut Bourgeois (54 e).
Un cadeau empoisonné puisque Bastia, avec un certain talent, gérait tranquillement son affaire, même si N’Gbakoto tentait sa chance sur coup franc (51 e). Anthony M’Fa devait s’employer sur une double occasion signée Modeste et Yatabaré (58 e), avant d’être sauvé par sa barre sur une reprise de volée de ce diable de Maoulida (78 e) qui voyait sa dernière tentative repoussée sur la ligne par Romain Métanire (90 e). Oui, vraiment, une sale soirée !
Jean-Sébastien GALLOIS.
Un collectif en berne
L’homme du match. Impossible de sortir un joueur du lot. Hier, si certains ont souffert plus que d’autres (Métanire, Bussmann), c’est le collectif messin qui a été pris au dépourvu face à une bonne équipe de Ligue 1. Certes, la rapide exclusion d’Ali Bamba n’a pas arrangé les choses. Mais les Lorrains ont également péché dans leurs entames de mi-temps, la faute, pour le coup, à des erreurs individuelles (M’Fa, Milan). Des maladresses, un manque de cohésion et d’agressivité : des scories qui avaient presque disparu du paysage lorrain. Hier, Metz a pu mesurer le chemin qu’il lui reste encore à effectuer…
L’ambiance. Ils étaient prévenus. L’ambiance serait chaude à Furiani. Ils n’ont pas été déçus. Dès leur entrée sur la pelouse, pour l’échauffement, les Messins ont vu et entendu. Johann Carrasso en tête. Pris en grippe par le « chauffeur de stade », insulté par une partie du public, le gardien, remplaçant hier, est resté de marbre. Reste que ce public bastiais, qui sombre souvent dans l’excès, est un exemple de fidélité. Pas une seule minute de silence. Des encouragements incessants. C’est parfois énervant. Mais cela peut être enivrant.
Paroles, paroles. « Si on est en difficulté ce soir, c’est parce qu’il existe une réelle différence de niveau entre les deux équipes, a expliqué Albert Cartier. La déception est là, pas la frustration. Car Bastia nous a été supérieur, notamment collectivement. Il faut savoir le reconnaître. C’est l’occasion de mesurer ce qui nous sépare d’une équipe qui était à notre place il n’y a pas si longtemps et qui a su gravir les échelons. On doit se servir de cette première défaite de la saison pour progresser encore. L’histoire de la Coupe de la Ligue s’arrête là. Mais on a encore de belles choses à réaliser, à écrire. Et ce, dès vendredi, chez nous, face à Amiens. » Son homologue bastiais était, lui, « très, très satisfait. Il était très important de gagner ce match. On l’a fait et bien fait face à une équipe messine qui évolue certes en National, mais qui restait, ne l’oublions pas, sur une très belle série. Ce succès ne rapporte pas de points en championnat, mais ça fait du bien à la tête ».
J.-S. G.
L’hommage de Claude Cuny
A bord de l’avion affrété par le FC Metz pour rallier, hier, l’Ile de Beauté, un homme a pris place aux côtés de Carlo Molinari. Un président tout aussi emblématique que le Messin : Claude Cuny. Le natif de Vic-sur-Seille, qui fut à la tête de l’AS Nancy-Lorraine entre 1967 et 1975 (avant d’y occuper les fonctions de manager général de 1975 à 1979) a assisté à la rencontre à Furiani. Mais il a également profité de ce voyage en Corse pour aller se recueillir sur la tombe de l’ancien entraîneur nancéien, Antoine Redin, décédé le 27 août dernier à Bastia.
Bastia et préfecture travailleront ensemble
Le club bastiais et la préfecture de Haute-Corse ont lancé un appel à « la sérénité » et exprimé leur volonté de travailler « la main dans la main »
après les incidents qui ont émaillé la rencontre de samedi contre le PSG, les réactions ne se sont pas fait attendre. Invitant à l’apaisement. « Nous lançons un appel au calme […] et à un retour à la sérénité », a déclaré le préfet de Haute-Corse, Louis Le Franc, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du SCB, Pierre-Marie Geronimi.
À l’issue d’une réunion de travail de deux heures à la préfecture, M. Geronimi a « salué les propos » du préfet et annoncé que le SCB va « travailler main dans la main avec les services de l’Etat et la police ». Il a souligné que « à l’avenir, le club et les services de l’Etat seront en complète concertation ».
Le préfet, qui a qualifié de « particulièrement constructive » la réunion, « qui a permis de tout mettre à plat » avec le SCB, a indiqué que les deux parties allaient « améliorer le niveau de concertation » pour les matches qui constituent « le plus gros rassemblement insulaire », avec 16.000 personnes au stade Armand Cesari.
« Mon vœu le plus cher est que l’image du Sporting soit rétablie », a dit M. Le Franc, exprimant sa « confiance totale dans la direction » du club.
« Regrettant » les incidents de samedi dernier à l’issue du match remporté (4-0) par le PSG, M. Le Franc a reconnu que « la concertation n’avait pas été suffisante » lors des deux réunions préparatoires au match contre le PSG. Il a annoncé que « s’il y a eu des manquements parmi les forces de l’ordre, des sanctions seront prises », ajoutant que « ceux qui ont provoqué des violences auront à en répondre devant l’autorité judiciaire ».
Une dizaine de personnes, dont six policiers, ont été légèrement blessées lors d’échauffourées entre les forces de l’ordre et des spectateurs empêchés de rejoindre les aires de stationnement des véhicules.
Démentant de nouveau l’utilisation de « flash ball » samedi soir, M. Le Franc a indiqué qu’il « y a eu quatre tirs de balles en mousse, à usage tout à fait réglementaire » et « qu’il n’y a pas eu d’usage de flash ball, qui tire des balles en plastique », a-t-il précisé.
