L’âge du capitaine, son rôle d’encadrant dans un vestiaire juvénile, ses envies d’entraîneur : Grégory Proment se livre sur son retour au FC Metz, après six ans d’exil.
Grégory Proment est revenu à Metz pour apporter son expérience et sa touche technique. Photo Anthony PICORE..
Grégory Proment, vous souvenez-vous, dans le détail, de vos retrouvailles avec le vestiaire messin cet été ?
« Oui. Erwan Martin m’avait vouvoyé d’ailleurs et je l’ai calmé tout de suite ! Comme c’était un retour, avec un retard de cinq jours en plus, je ne savais pascomment j’allais être accueilli. Je suis arrivé sur la pointe des pieds, en observation. Tout s’est bien passé. »
• Avez-vous eu droit au traditionnel bizutage ?
« Non, pas à mon âge (33 ans) ! Et ce n’était pas ma première fois à Metz. »
• Aviez-vous déjà occupé un tel rôle de cadre dans un vestiaire ?
« J’ai toujours eu ce rôle en fait. A Metz, on m’avait nommé capitaine assez rapidement. A l’époque, j’essayais déjà d’intégrer les jeunes comme avaient pu le faire les Pirès et les Meyrieu avec moi. Chacun son tour. Je l’ai fait ensuite à Caen avec d’autres joueurs puis on m’a fait revenir ici pour tenir ce rôle. Ça tombe bien, j’adore les jeunes, jouer avec eux. J’ai eu des échos sur les conflits des années passées à Metz. Je veux éviter ça. Sinon, c’est mort. »
• Au quotidien, comment ce rôle se traduit-il ?
« J’essaie de maintenir une bonne ambiance dans le vestiaire, quel que soit le résultat car ça n’a rien à voir à mon sens. J’essaie aussi de dire les choses quand ça ne va pas mais en mettant les formes. Agresser les gens ne sert pas à grand-chose et ce n’est pas ma façon de faire. Et si les jeunes veulent me parler, je suis à l’écoute. J’en ai vu un, récemment, qui voulait des conseils pour sa carrière. J’ai fait au mieux pour qu’il évite de se planter. »
• Plutôt dans le dialogue que dans le coup de sang donc ?
« Oui, je préfère déconner, dialoguer. A Caen, j’ai déjà pété des câbles, ouvert ma gueule un peu plus fort. Ça peut choquer mais il faut parfois le faire. Au moins, les gens comprennent que quelque chose ne va pas. »
• En contrepartie, ces jeunes coéquipiers vous apportent-ils quelque chose ?
« Beaucoup de plaisir déjà. C’est une énorme fierté de jouer avec ces gamins qui sont exceptionnels. Ce sont vraiment des bons mecs. On plaisante beaucoup même si certains me chambrent sur mon âge. »
• Ressentez-vous, justement, le poids de cet âge aujourd’hui ?
« On me l’a fait sentir. Dans la presse surtout. Il arrive un moment où chaque joueur sait qu’il se dirige vers le déclin mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut plus jouer au foot. Certains journalistes ont déjà écrit que j’avais fait un mauvais match parce que j’étais vieux. Ça m’a choqué ! J’ai fait de mauvais matches à 21 ans aussi. Ça n’a rien à voir. Il y a ce problème en France. On pense qu’après 30 ans, on est perdu pour le foot. »
« J’ai perdu mon insouciance »
• Sur le terrain, le joueur a changé malgré tout…
« C’est plus dur physiquement, bien sûr. Par contre, j’ai connu la bascule dans le jeu à cause d’un match en 2001. C’est arrivé brutalement. Contre Montpellier, j’avais fait une grosse erreur et on a pris un but. J’avais raté la passe, c’était de ma faute. Depuis ce jour, je prends moins de risques. J’ai perdu mon insouciance. Je suis plus dans l’anticipation, la gestion de match, des choses auxquelles on pense moins quand on est plus jeune. »
• Envisagez-vous d’ajouter quelques années à votre carrière ?
« Je ne me suis pas posé la question mais je ne pense pas que ça va durer longtemps encore. »
• La suite est trouvée : entraîneur, comme à Caen ?
« Je suis tombé dedans par hasard. Je n’en avais pas envie au départ mais j’étais vice-président d’un club près de Caen et j’ai dû reprendre l’équipe un jour, dans l’urgence. On est monté en DHR l’année dernière. J’ai vraiment apprécié. Oui, c’est quelque chose que j’aimerais faire et que je vais sans doute faire. »
Christian JOUGLEUX.
Les onze du capitaine
Afin de mieux cerner les tempéraments du jeune effectif messin, il a été demandé à Grégory Proment de composer un onze, sur des critères parfaitement subjectifs. Il a joué le jeu.
• Le Messin le plus talentueux ? « Je ne veux pas faire de jaloux mais je mets Bouna (Sarr). Toute notre ligne d’attaque est talentueuse. »
• Le plus marrant ? « Gaëtan Bussmann. Gros déconneur ! »
• Le plus travailleur ? « Yéni N’Gbakoto. Il aime tellement toucher le ballon qu’il veut toujours travailler. Tous les jeunes, ici, ont envie en général. »
• Le plus boudeur ? « Romain Métanire. C’est un champion mais il ne boude plus depuis qu’Albert (Cartier) l’a pris une fois en musculation. Gros dormeur aussi. Je ne sais pas comment il fait pour dormir autant. »
• Le meilleur coup de fourchette ? « Alhassane Keita. Y a pas photo. C’est notre danseur aussi. Les danses du pays évidemment. »
• Le plus calme ? « Ahmed Kashi. »
• Le plus décalé ? « Sur l’humour, c’est moi, je crois. Je pense qu’on peut rigoler sur tous les sujets, même les plus graves tant que ça reste de la rigolade. »
• Le plus polyvalent ? « Samy Kehli est capable de jouer à tous les postes. C’est un attaquant mais joue en 6 ! »
• Le plus coquet ? « Ce n’est pas moi, c’est sûr. Yohan Croizet. Il fait attention et ça lui va bien. »
• Le plus colérique ? « Je dirais Mamadou Wagué. »
• Le plus accroc au foot ? « Erwan Martin. Il connaît tout sur le foot. »
• Quid du coach ? « Il n’a pas de particularité Albert. Il est toujours à fond, à fond, c’est tout. »
Ch. J.
« C’est un thermostat »
Albert Cartier (son entraîneur) : « Dans une équipe, il y a des thermomètres et des thermostats. Greg est un thermostat. Il régule sur et en dehors du terrain. C’est un leader naturel par son charisme et sa carrière, ainsi qu’un leader technique et institutionnel puisqu’il est le capitaine. Pour autant, il se positionne toujours dans le collectif, le participatif. Comme les autres, il range les ballons, déplace le matériel… En fait, il a les mains ouvertes : il peut donner et recevoir. Surtout, il sait pourquoi il est là. Il est venu pour un objectif et il va tout faire pour l’atteindre. S’il ferait un bon entraîneur ? Oui, je le pense. Il l’est déjà un peu d’ailleurs. »
Yéni N’Gbakoto (le vice-capitaine) : « Moi, d’abord, je lui tire mon chapeau. Il pouvait jouer en Ligue 1 mais il a voulu revenir à Metz pour aider le club. C’est grand ce qu’il a fait, non ? En plus, il est toujours à l’écoute, toujours là pour toi. C’est un exemple pour nous et c’est un vrai leader de groupe qui sait lorsqu’il faut calmer les choses, replacer les joueurs, encourager. […] Il n’a pas beaucoup marqué dans sa carrière mais souvent des beaux buts. J’espère qu’il va continuer l’aventure avec nous si on remonte en Ligue 2. Il se fait un peu vieux mais bon… il en a encore la capacité. Et nous, on aimerait bien qu’il continue. »
FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement dans l’après-midi. Aujourd’hui : deux séances à 9h30 et 16 h. Demain : une séance à 9h30.
D’un match à l’autre. Dernier match : Amiens - Metz (10 e journée de National), vendredi 28 septembre : 3-1. Prochain match : Carquefou - Metz (11 e journée de National), vendredi 5 octobre à 20 h. À suivre : 5 e tour de la Coupe de France, samedi 13 ou dimanche 14 octobre (tirage au sort demain à 19 h) ; Metz - Bourg-Péronnas (12 e journée de National), samedi 20 octobre à 19 h.
À l’infirmerie. Michel Lê (genou) poursuit sa rééducation.
Suspendu. Romain Inez manquera le déplacement à Carquefou vendredi.
