
Bouna Sarr possède un immense potentiel mais il est victime « d’un coup de mou », dit-il. Photo Pascal BROCARD.
Sa baisse de rendement, les éloges autour de son potentiel, les problèmes de Metz à l’extérieur, son avenir : le jeune attaquant Bouna Sarr se livre sur ce qui nourrit son actualité. Sans détour. Sans tricher.
Bouna Sarr, comment appréciez-vous le parcours de Metz en National ? « On a réussi un très bon début de saison avec des résultats et la manière mais on a un coup de mou aujourd’hui. Ça se voit, ça se ressent aussi mais ce n’est pas le moment de tirer la sonnette d’alarme. »
• Le problème est-il physique ? « Sans doute un peu. On a une équipe jeune. Ce coup de mou est normal car beaucoup de joueurs n’avaient pas fait de saison complète avant cette année. Il ne faut pas s’affoler. »
• En réalité, vos difficultés s’expriment surtout à l’extérieur. « Oui, c’est le contexte. On est l’équipe à battre et on le ressent chez l’adversaire comme chez les supporters. »
• Faites-vous un blocage ? « Inconsciemment peut-être. On appréhende d’aller jouer à l’extérieur maintenant mais on a toujours l’envie de gagner. Je pense qu’on a besoin d’un match référence ou d’une ou deux victoires de suite pour se libérer. »
• A titre personnel, votre rendement a décliné, non ? « C’est vrai. J’ai un coup de mou moi aussi. C’est parti de Bourg-Péronnas (20 octobre). J’étais malade, pas à 100 % et, il ne faut pas se mentir, j’ai enchaîné les contre-performances depuis. Aujourd’hui, je connais mes défauts, mes qualités et je travaille pour revenir à mon niveau. »
« Le club veut me prolonger »
• Quels défauts ? « Je dois être plus régulier justement, plus décisif aussi dans le dernier geste. »
• En même temps, c’est également votre première véritable saison… « C’est vrai. Albert Cartier fait vraiment confiance aux jeunes. C’est une bonne opportunité pour nous. »
• Beaucoup de commentaires flatteurs vous entourent. Comment gérez-vous cet emballement ? « Plutôt bien. Moi, j’ai surtout envie d’apprendre. Je ne pense pas être prétentieux, m’emballer trop vite. Je suis arrivé à dix-sept ans ici, j’ai même douté de mes capacités à devenir pro et la saison dernière m’a servi. On m’a mis au placard comme beaucoup de jeunes. Maintenant, j’ai surtout envie de jouer. Ce club m’a formé et m’a donné la chance de devenir pro. J’ai envie de lui rendre ça. Contrairement à ce que j’ai entendu à droite à gauche, je ne suis pas moins performant parce que j’ai des envies de départ. Je ne suis pas un tricheur. Je me sens bien ici. »
• Vous avez pourtant fait parler en exposant votre mal-être sur Twitter récemment. « Ça n’avait rien à voir. Il y avait des raisons personnelles derrière et ça a été mal interprété. J’ai effacé le message, je me suis expliqué. Bon… Je suis jeune, ça me servira de leçon. »
• Pas de malaise donc ? « Non ! La preuve : le club veut même me prolonger. »
• Vous êtes intéressé ? « Oui, bien sûr ! Si on trouve un terrain d’entente, pas de souci. »
• Pourquoi avez-vous douté de vous ? « Je suis comme ça. Dès que je suis moins bon, je me pose beaucoup de questions. Le coach et son adjoint l’ont bien compris. Ils me poussent. »
• Quels sont vos rêves de gamin ? « D’abord retrouver l’élite et connaître la Ligue 1 un jour. »
• Vos rêves s’arrêtent à la Ligue 1 ? « Je ne vais pas vous faire un dessin. La Ligue des Champions, ça fait envie aussi mais je n’ai que vingt ans. »
• Que pensez-vous, pour finir, de la possibilité de disputer un derby en Ligue 2 contre Nancy ? « J’ai connu ça avec les jeunes et j’aimerais connaître ces matches particuliers en pro mais je ne suis pas là pour souhaiter malheur à qui que ce soit. »
Christian JOUGLEUX.
Kastendeuch : « On défend de belles valeurs »

L’ancien libero du FC Metz a été réélu pour la troisième fois à la tête de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP). Sylvain Kastendeuch livre une autre image d’une discipline à la fois adulée et décriée.
Si Sylvain Kastendeuch consacre beaucoup de son énergie au football, il n’est pas près de remettre un pied en politique : « J’ai vécu une superbe expérience en tant qu’adjoint aux sports mais ce que l’on voit en ce moment est devenu pathétique. » Photo UNFP
Que fait Sylvain Kastendeuch en ce moment ? « Nous intervenons dans les clubs afin qu’ils jouent le jeu. En fin de semaine dernière, j’étais à Toulouse, Auxerre… C’est hyper intéressant d’aller à l’encontre des footballeurs ! »
• Pourquoi cette tournée des popotes ? « Leur faire comprendre notre message, les convaincre, en leur demandant leur adhésion. »
• Et votre syndicat fait-il le plein ? « On en est à 96,5 % d’adhérents en Ligue 1 par exemple ! »
• A combien s’élève cette adhésion ? « 300 euros mais elle est défiscalisée à hauteur de 66 % et on leur reverse quelque chose en vertu du droit à l’image. On approche d’un coût à zéro euro, mais c’est le symbole qui est important, celui de la solidarité, du partage, de la nécessité de défendre les acquis sociaux. »
• Difficile d’être élu président de l’UNFP ? « Pas réellement. Le poste exige beaucoup de travail et ne vous met pas en pleine lumière. Les vingt personnes du comité directeur ont été reconduites sauf Michaël Landreau qui, pour raisons personnelles, souhaitait arrêter. »
« Rien ne peut changer sans notre accord »
• La fonction est donc tout à fait sérieuse ? « Oui, c’est un métier à plein-temps qui est très prenant ! Nous défendons de belles valeurs et représentons les footballeurs dans diverses institutions. Quarante-cinq personnes travaillent au siège, sur trois étages, avec dix millions de budget ! Cela ne rigole pas ! »
• Votre quête essentielle ? « Préserver et améliorer encore les conditions de travail, la convention collective. »
• Le footballeur est-il en danger ? « Il faut savoir défendre ses intérêts quand on est en face d’hommes d’affaires, des sociétés. Si nous n’étions pas là, les protections seraient vite perdues. »
• Vous n’exagérez pas un peu… « Pas du tout, il existe au moins cinquante-trois pays où les footballeurs ont peu de pouvoir et ont du mal à faire respecter les contrats. En France, rien ne peut changer sans notre accord. C’est motivant. »
« La précarité existe »
• Vos ennemis, ce sont les présidents de clubs ? « Certains ne comprennent pas qu’il faille respecter ces contrats, qu’ils ne peuvent pas licencier comme ils le veulent. La tentation est de sanctionner sans contrainte à la tête du client. »
• L’UNFP est-elle efficace ? « Oui. Même s’il faut savoir se montrer convaincant face à des conseillers de toutes sortes. Par rapport à certaines personnes, on est désintéressé. »
• Le chômage, dans le foot, est-ce un problème majeur ? « Sur 1050 pros, on en retrouve chaque année au 1 er juillet, 250 inscrits à Pôle Emploi. le public ne s’en rend pas compte. Là, 80 sont encore sur le carreau. Les autres ont trouvé preneurs, accepté des reconversions, de jouer en CFA ou CFA2 avec un contrat fédéral qui se situe à mi-chemin entre le contrat pro et l’amateurisme. »
• L’envers du décor des voitures de sports et des salaires juteux ? « Pour beaucoup, la chute est un peu brutale. La moyenne d’une carrière de footballeur professionnel est de six ans et demi. Ce qui signifie que certains font trois ou quatre ans seulement. En Ligue 2, le salaire moyen est de 7 à 8000 euros. Rapprochez ce chiffre avec la durée d’une carrière… L’insécurité de l’emploi et la précarité existent. On est loin du côté bling-bling. Cent cinquante joueurs gagnent beaucoup, beaucoup… Mais ils sont loin d’appartenir à la majorité. »
Alain THIÉBAUT.
« Albert Cartier est le bon choix pour le FC Metz »
Ils ont évolué côte à côte au sein de la défense grenat, sans doute l’une des plus efficaces de l’histoire. Sylvain Kastendeuch est heureux de l’arrivée d’Albert Cartier à la tête du FC Metz : « Bien sûr que c’est le bon choix ! Et je suis très heureux que cela fonctionne, même si un championnat de National n’est pas un long fleuve tranquille comme on le constate. Malgré l’avance prise, Metz est lâché par Créteil. Il ne reste donc plus que deux places et les clubs situés derrière Metz ne sont pas totalement décrochés. Je suis allé évidemment à Saint-Symphorien. Ce que j’ai vu m’a énormément plu : on retrouve du jeu, une qualité intéressante que l’on n’avait pas vue depuis longtemps et cette équipe a su rétablir le lien avec les supporters. »
Sylvain Kastendeuch, les pieds sur terre, ne se laissera pas davantage emporter par un optimisme béat quant au futur du club mosellan : « Ne nous berçons pas d’illusions par rapport à ce que nous avons vécu. Il faudra du temps pour retrouver le niveau qu’avait atteint le FC Metz, à moins de convaincre un mécène ou un milliardaire ! Le président Carlo Molinari, c’était une autre époque. Le fossé salarial avec les adversaires était moins important, la concurrence de la mondialisation et des pays émergents n’était pas aussi vive. Sur un plan budgétaire, beaucoup de retard a été pris : Metz est loin de l’AS Nancy-Lorraine en ce domaine et regardez comme l’ASNL rame… » Le salut des Grenats, pour le président des footballeurs professionnels, passera aussi par « l’éclosion d’une bonne génération et des vertus collectives ».
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement le matin. Aujourd’hui : une séance à 10 h. Jeudi : une séance à 15 h.
D’un match à l’autre. Dernier match : Rouen - Metz (15 e journée de National), vendredi 23 novembre (1-0). A suivre : Metz - Paris FC (16 e journée de National), vendredi 30 novembre à 20h30 ; Les Mureaux - Metz (8 e tour de la Coupe de France), samedi 8 ou dimanche 9 décembre ; Bastia - Metz (17 e journée de National), samedi 15 décembre à 18 h.
A l’infirmerie. Remis de sa pubalgie, Samy Kehli s’est blessé aux adducteurs et craint une déchirure qui pourrait l’écarter des terrains jusqu’à la trêve. Il passera une échographie demain. Victime d’une fracture du nez à Rouen, Kévin Lejeune s’est entraîné normalement hier. Comme Bamba qui s’est remis d’un coup au tibia. Moussa Gueye (adducteurs) est en phase de reprise. Enfin, Michel Lê et Erwan Martin poursuivent la rééducation de leurs genoux.