Kévin Lejeune, auteur du premier but messin, et ses coéquipiers ont fait un nouveau pas vers la Ligue 2. Photo MAXPPP
Avec maîtrise et patience, les Messins ont su laisser passer l’orage audonien pour s’imposer sur la pelouse du Red Star (0-2). La Ligue 2 n’a jamais été aussi proche.
Venir dénicher de quoi se projeter un peu plus vers l’avenir à deux pas seulement de l’un des plus importants marchés d’antiquités du monde est plutôt cocasse. C’était pourtant la mission proposée aux Messins, hier soir à Saint-Ouen, sur la pelouse synthétique du Red Star. Mission réussie !
De notre envoyé spécial à Saint-Ouen
Une quête qui, évidemment, peut s’avérer délicate et qui, surtout, demande énormément de patience. Une qualité que les hommes d’Albert Cartier, en tribune pour cause de suspension, ont su cultiver. Car les Audoniens ont vaillamment défendu leur emplacement où seules trois équipes étaient jusqu’alors parvenues à remplir leur panier.
Si le staff lorrain avait finalement opté pour la continuité en présentant son désormais traditionnel 4-4-2 avec Bourgeois et Keita en pointe, Grégory Proment et ses partenaires ont souffert durant de très longues minutes avant de retrouver leurs esprits.
Pressés, en manque d’inspiration et de solutions autour du porteur du ballon, les Messins ont fini par trouver l’ouverture grâce un exploit personnel signé Kévin Lejeune. Après s’être débarrassé de deux défenseurs, le milieu de terrain plaçait ainsi une frappe limpide de trente mètres qui terminait dans les filets de Bouet (0-1, 45e ).
Un but qui récompensait une fin de première période plus conforme aux ambitions du FC Metz avec une reprise au point de penalty de Bussmann (28e ), une double tentative contrée de Bourgeois (34e ) et un coup franc enroulé de Proment de peu à côté (36e ).
Et Keita surgit !
Reste que les meilleures occasions des quarante-cinq minutes initiales étaient à mettre au crédit d’un Red Star entreprenant et volontiers joueur. Mais ni la tête de Sabin (6e ), ni la frappe sèche de Lafon boxée par M’Fa (8e ), pas plus que les tentatives signées Oudrhiri (19e ), Dieye (24e ) et Tulasne (33e ) ne trouvaient la cible. Courber l’échine, faire le dos rond et marchander pour finir par trouver le juste prix. Voilà donc ce qui a permis aux troupes de José Jeunechamps – qui n’a eu de cesse d’haranguer ses joueurs – de quitter la Seine-Saint-Denis avec trois précieux points minutieusement emballés.
Car après la pause, malgré une bonne entame ponctuée par une tête de Bussmann flirtant avec le poteau gauche de Bouet (49e ) et une belle frappe de Bourgeois (53e ), les Audoniens ont repris leur travail de sape et l’ancien de la maison grenat, Samuel Allegro, était à deux doigts de plomber l’ambiance. Mais sa superbe reprise acrobatique rebondissait sur le dessus de la barre d’Anthony M’Fa (66e ). Les Lorrains profitaient alors des espaces laissés par leur adversaire pour placer quelques contres. Sur l’un d’entre eux, ils obtenaient un coup franc que Grégory Proment offrait à Thibaut Bourgeois. Ce dernier butait sur Bouet, mais Alhassane Keita, à l’affût, doublait la mise (0-2, 71e ).
Metz gérait alors la fin de rencontre, avec l’intelligence et la hargne d’un futur pensionnaire de Ligue 2. Car en s’imposant hier, les hommes du président Serin ont non seulement effacé la dette laissée à domicile face à Colmar (1-1), mais ils ont surtout effectué un nouveau (gros) saut de puce sur le chemin menant à l’étage supérieur. Avec soixante points, ces derniers sont plus que jamais solidement installés sur la deuxième marche du podium. Seules ombres à ce tableau de maître, la blessure d’Ahmed Kashi peu avant l’heure de jeu et les cinq (nouveaux) cartons jaunes venus entacher cette soirée décidément colorée.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Lejeune talent
L’homme clé
Il monte en puissance. C’est désormais une certitude. Kévin Lejeune en a une nouvelle fois fait la démonstration hier soir face au Red Star. Omniprésent au pressing, souvent juste dans ses relances et ses relais, le milieu de terrain messin a également ouvert son compteur en championnat. Un superbe but qui ne doit rien à personne et qui a surtout mis son équipe, bousculée mais solidaire jusque-là, sur de bons rails. La palme aurait pu également revenir à Alhassane Keita. De retour dans le groupe d’Albert Cartier après un exil forcé en équipe réserve, l’attaquant d’origine guinéenne s’est montré disponible, précieux dans la conservation du ballon et, lui, aussi, décisif. Avec opportunisme.
Le décor
Il a accueilli son premier match le 24 octobre 1909. Il est aujourd’hui menacé de destruction. Car le stade Bauer, malgré son charme très british, donne de sérieux signes d’usures pour ne pas dire de vétusté. Son accès, aussi, n’est plus adapté. Demandez-donc aux joueurs messins, contraints de quitter leur bus en pleine rue, au milieu de supporters audoniens évidemment chambreurs, pour rejoindre leurs vestiaires… La faute à une manœuvre délicate et mal maîtrisée d’un chauffeur s’étant déjà perdu dans Paris quelques instants plus tôt. Les charmes du National, encore et toujours.
La tuile
Remplacé à la 56e minute par Albert Baning, Ahmed Kashi souffre d’une sérieuse entorse à la cheville. Suspendu pour la venue de Rouen, il pourrait aussi manquer le déplacement au Paris FC.
L’arbitre
Pour qui s’intéresse à la chose footballistique, le patronyme de l’arbitre de la rencontre d’hier, à Saint-Ouen, n’a sans doute pas laissé indifférent : Billong. Comme un certain Romarin, l’ex-international camerounais de Lyon (1989-1995), Saint-Etienne (1995-2000) et Nancy (2000-2002). De quatre ans son cadet, Silas, a également fait carrière ballon au pied (Épinal en 1997-1998, Mulhouse, Reims et Brest notamment) avant de s’emparer d’un sifflet en 2006 et d’être autorisé à diriger des rencontres de National trois ans plus tard. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le frère de Romarin aime le jaune. Les Messins, et uniquement eux, en ont fait l’amère expérience hier soir.
Paroles, paroles
Kévin Lejeune (milieu de Metz). « On a fait preuve de solidité et de solidarité. Mon but ? Cela fait vraiment plaisir et cela confirme ma bonne forme actuelle. »
Albert Cartier (entraîneur de Metz). « Nous avons eu une entame de match difficile en commettant trop de fautes et en subissant trop de coups de pied arrêtés. Nous avons eu le mérite de ne pas céder et d’ouvrir le score au bon moment. En seconde période, c’était plus facile à gérer. »
J.-S. G.
