
Il n’a fallu que vingt-neuf secondes de jeu à Thibaut Bourgeois pour se frayer un chemin dans la défense corse et inscrire son quatrième but de la saison en championnat. Le plus important, sans nul doute. Photos Pascal BROCARD
C’est officiel : le FC Metz évoluera en Ligue 2 la saison prochaine. Son nul, hier contre Bastia (1-1), l’a définitivement mis à l’abri.
Cette fois, c’est bon. Le FC Metz a réservé son ascenseur et appuyé sur le bouton pour la Ligue 2. Le podium et la montée resteront ses propriétés quoi qu’il advienne lors des trois journées d’un championnat où il n’aura séjourné qu’une saison. Mission accomplie donc. Ce club conservera son statut professionnel et retrouvera sa place parmi les quarante meilleures écuries de France. C’est l’essentiel à retenir d’une soirée de belle affluence à Saint-Symphorien mais moins généreuse qu’attendue au tableau d’affichage.
Il fallait un point pour officialiser l’affaire et Metz s’en est contenté hier (1-1). Son entame, pourtant, semblait en promettre davantage. Il aura fallu moins de trente secondes (vingt-neuf exactement) à Thibaut Bourgeois pour enflammer le stade. A la réception d’un centre de Métanire, l’attaquant a glissé son pied avec bonheur pour inscrire le but le plus rapide de la saison (1-0). Neuf minutes plus tard, le meilleur réalisateur du National lui donnait la réplique. Romain Pastorelli profitait d’une mésentente entre M’Fa et Milan pour glisser la balle dans un but vide (1-1, 10e ). Les Bastiais ne reverront jamais Metz au classement mais leur attaquant grillera peut-être la politesse à Sakho au challenge de l’offensive. Il le devance d’un but ce matin (18).
Le retour de la chenille
Pour résumer cette soirée, le CA Bastia a trouvé peu d’ouvertures mais il les a toutes exploitées avec talent. Témoins cette tentative de lob du même Pastorelli expédiée de 40 mètres et retombée sur la barre (15e ), ou ce retourné acrobatique du même attaquant annihilé par M’Fa (67e ). Avant lui, Grimaldi avait déjà sollicité le gardien messin (66e ). Si Metz a lâché la concurrence hier, il n’a jamais su tuer son match. L’arbitre en est un peu responsable. A quelques secondes de la pause, 14 000 personnes ont vu Ngbakoto se faire balancer dans la surface sous l’œil indifférent d’Alexandre Perreau-Niel (45e +5). Aucun de ses adjoints n’a volé à son secours non plus...
Les grands fautifs resteront surtout ces Messins qui ont épuisé un wagon d’occasions sans en pousser une de plus au fond. Sakho (6e , 35e , 45e +1, 88e , 89e ) et NGbakoto (28e , 39e , 45e +2) ont échoué dans leurs entreprises, comme Bourgeois qui faillit ajouter un tir enroulé au catalogue de ses buts préférés (13e ).
Saint-Symphorien, dans sa grandeur, saura les pardonner. Ces garçons ont conquis le point nécessaire à leur bonheur et ils sont sortis sous une haie d’honneur, sportivement concoctée par leurs hôtes bastiais. Pour régaler la galerie, les Mosellans ont aussi déferlé en vagues sur leur pelouse torturée et ressuscité la chenille humaine qui avait disparu avec les grandes heures messines. Leur retour vers une Ligue 2 fraîchement quittée rassurera un peu le peuple grenat. Après tant de souffrances, ces supporters méritaient bien, eux aussi, cette petite délivrance.
Christian JOUGLEUX.
Le printemps du peuple grenat

La remontée du FC Metz en Ligue 2, c’est surtout la victoire d’un groupe qui a maîtrisé à la perfection son sprint final.
S’ils n’ont jamais quitté le podium, les Messins, officiellement de retour en Ligue 2, ont toutefois pris leur temps de ficeler le dénouement d’un scénario (presque) annoncé.
Un été d’enfer
Fin juillet 2012. Après deux longues semaines de confusion, la très versatile Fédération française de football met un terme aux espoirs messins. Le Mans, un temps rétrogradé administrativement en National, ne l’est plus. Pour la deuxième fois de l’année, le FC Metz est donc invité à prendre la route National. Un voyage dans l’inconnu avec, pour seul bagage, une carte devant mener à la Ligue 2. La campagne amicale est satisfaisante et l’entrée en matière idéale. En effet, le succès face à Boulogne (2-1), lors de la première journée, conjugué à la probante qualification en Coupe de la Ligue aux dépens de Sedan (3-2), dresse les contours d’un été d’enfer. Les Messins séduisent et enchaînent les victoires. Six d’affilée, avant de concéder leur premier résultat nul à Uzès (1-1) le 14 septembre. Qu’importe. Metz est un solide leader. LE candidat déclaré à la montée. Même Créteil, la seule équipe à tenir alors la cadence, a été balayé à Saint-Symphorien le 7 septembre (3-1).
Vents d’automne
Le vent va finir par tourner. Tenus en échec à Fréjus (1-1) au terme d’une rencontre qu’ils finissent à neuf (Kashi et N’Doye exclus), les Messins vont très vite s’avérer de piètres voyageurs. Complètement à l’Ouest sur la pelouse de Carquefou le 5 octobre, Grégory Proment et ses partenaires concèdent ainsi leur première défaite en National. La plus lourde aussi (4-1). Bousculés à Colmar (0-0), ils cèdent une nouvelle fois à Rouen sans avoir vraiment lutté (1-0). L’avis de tempête n’est pourtant pas à l’ordre du jour car le FC Metz reste intraitable, ou presque, sur sa pelouse : trois victoires face à Amiens (3-1), Bourg-Péronnas (2-0) et le Paris FC (3-0) contre un nul face au Red Star (1-1).
Le fait d’hiver
Deuxièmes du classement à l’entrée de l’hiver, les Lorrains voient cependant leur marge de manœuvre se réduire, contrairement au leader cristolien qui compte douze points d’avance sur son dauphin à la trêve. Car le 21 décembre, alors que le club à la Croix de Lorraine célèbre son quatre-vingtième anniversaire, Orléans inflige un véritable camouflet aux troupes du président Serin (2-4). Une première défaite à domicile suivie, début janvier, d’un nouveau revers à Bastia (2-1) en match en retard de la 17e journée. Malgré un succès à Cherbourg (1-2), Metz marque le pas, arrache trois nuls dans la douleur face à Vannes (1-1), au Poiré-sur-Vie (1-1) et à Luzenac (2-2). Le doute s’installe, d’autant que les hommes d’Albert Cartier s’imposent difficilement face à Quevilly (2-0), le dernier de la classe. À Créteil, le 17 février, pour l’explication des chefs, les Lorrains séduisent… mais perdent le match (2-0) et leur deuxième place. Malgré une probante victoire contre Uzès (3-0) la semaine suivante, le FC Metz inquiète à nouveau en cédant le derby au voisin spinalien (1-0). Finalement, la révolte est amorcée contre Fréjus (3-0) puis sur la pelouse du concurrent amiénois (1-1). Les Grenats retrouvent leur fauteuil de dauphin nageant dans des eaux plus calmes. Les beaux jours reviennent…
Revoilà le printemps !
En effet, comme dans l’œuvre de Verdi, les Messins basculent dans le printemps en mode allegro. Avec maîtrise, ils lavent l’affront de Carquefou à Saint-Symphorien (2-0) avant d’enchaîner, le 29 mars, par un succès à Bourg-Péronnas (1-2) qui rêvait alors encore de montée. Le nul face à Colmar (1-1) s’apparente aujourd’hui à un simple accident de parcours. Victorieux au Red Star (0-2), face à Rouen (1-0) puis sur le terrain du Paris FC (0-2), les Lorrains foncent vers la Ligue 2. Un objectif clairement affiché en début de saison et atteint hier soir à Saint-Symphorien où il fêtera, le 17 mai contre Cherbourg, une saison rondement menée.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Cartier : « Je savoure »
Albert Cartier (entraîneur du FC Metz ) : « Ce soir, je savoure tout d’abord ces moments-là. Je voudrais remercier les dirigeants pour leur confiance, le public de nous avoir soutenu partout à travers la France et surtout les joueurs pour le travail fourni. Si Metz est en Ligue 2, c’est à eux qu’il le doit. »
Grégory Proment (capitaine du FC Metz) : « Ce n’était pas simple à faire, mais tout le monde a adhéré au projet, à travailler dur pour en arriver là aujourd’hui et remonter en Ligue 2. La récompense est là. Le FC Metz retrouve une position honorable, même si la position du FC Metz, ce n’est pas la Ligue 2, mais on va procéder étape par étape. Comme je l’ai dit plusieurs fois cette saison, je suis fier de mes coéquipiers, j’ai pris du plaisir à jouer avec eux cette saison. Ils ont compris comment il fallait faire pour avancer. »
Bernard Serin (président du FC Metz) : « C’est un soulagement pour moi comme pour tous les supporters messins. On est content que ce championnat de National soit derrière nous. Il a fallu nous bagarrer pendant toute une saison pour quitter un championnat dans lequel le FC Metz n’est pas à sa place. C’est un soulagement de retrouver la Ligue 2 qui n’est peut-être qu’une étape avant d’atteindre l’objectif ultime, la Ligue 1. Quatorze mille spectateurs ont répondu présent : ce soutien populaire est de bon augure pour la suite. Il nous sera utile pour les joutes de Ligue 2. »
Anthony M’Fa (gardien du FC Metz) : « C’est un soulagement d’atteindre notre objectif premier qui était la remontée en Ligue 2, même si on aurait aimé terminer ce match sur une victoire. En tout cas, c’est une satisfaction pour le club et tous ceux qui l’aiment. Le but encaissé ? C’est une mésentente ( entre Guido Milan et lui ). On a parlé, mais il y a eu un manque et l’attaquant en a profité pour glisser le ballon au fond. »

Albert Cartier.
ll ne fallait pas rater le début
En inscrivant un but dès la première minute de jeu, Thibaut Bourgeois a lancé le FC Metz vers la Ligue 2.
Le chiffre : 29. Il n’a fallu que vingt-neuf petites secondes au FC Metz pour ouvrir le score face au CA Bastia par l’intermédiaire de Thibaut Bourgeois à la réception d’un centre de Romain Métanire. L’attaquant messin a ainsi inscrit le but le plus rapide de la saison des Lorrains. Et du championnat.
L’homme-clé. Auteur de son quatrième but en National, Thibaut Bourgeois a encore été de tous les bons coups lorrains. L’attaquant, qui s’est imposé dans le onze de départ au cours de cette deuxième partie de saison, a souvent combiné à merveille avec Diafra Sakho et Yéni Ngbakoto. Dans la foulée de son but exceptionnel à Paris, il aurait même pu à nouveau inscrire un petit bijou si sa frappe enroulée du gauche avait été cadrée durant le premier quart d’heure. Une inefficacité dont a fait preuve l’ensemble de la formation mosellane face aux Corses.
Les banderoles. Les supporters messins étaient inspirés, hier, à l’entrée des joueurs sur la pelouse de Saint-Symphorien. « Metz s’envole vers la Ligue 2 » a formulé Génération Grenat, le tout orné de ballons de baudruches grenats et blancs. En face, la Horda Frenetik a détourné un texte de Françoise Sagan pour déclarer sa flamme à l’équipe d’Albert Cartier : « Je t’aime jusqu’à atteindre la folie. Mais ce que certains appellent la folie est pour moi la seule façon de t’aimer. »
La sanction. La commission de discipline de la Fédération s’est réunie cette semaine dans la capitale : suite à son avertissement reçu la semaine dernière, au stade Charléty, face au Paris FC, le troisième en moins de trois mois, Guido Milan, le défenseur argentin du FC Metz, sera suspendu pour le déplacement à Orléans, samedi prochain.
L’oubli. Juste avant la pause, Yéni N’Gabkoto, lancé par Thibaut Bourgeois, a été balancé en pleine surface de réparation par un défenseur corse. Penalty ? Non. L’arbitre, Alexandre Perreau-Niel, n’a pas bronché. Une décision de plus contestée au cours de ce match…
Le geste d’humeur. Yéni Ngbakoto n’a pas apprécié d’être remplacé par Bouna Sarr à l’heure de jeu. Et il a fait savoir son mécontentement à son entraîneur. Si Albert Cartier l’a recadré sur le moment, il a fait savoir qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur.
Maxime RODHAIN.