Ngbakoto et Fauvergue, les deux buteurs contre Nîmes. Photo Pascal BROCARD.
Toujours quatrième et encore invaincu à domicile, le FC Metz continue aussi de rappeler qu’il évolue dans un championnat compliqué. Il ne risquait pas de l’oublier : Nîmes lui a fait subir quelques misères vendredi.
Si Metz se découvre de plus hautes ambitions cette saison, il lui sera déconseillé de regarder en arrière. Les points laissés de côté depuis son retour en Ligue 2 risquent de lui peser sur le ventre. Qu’il s’agisse du troisième but de Créteil (3-2), de l’égalisation de Niort dans le temps additionnel (1-1) ou des occasions ratées contre Nîmes (2-2), un même constat s’impose : les Grenats pourraient être invaincus à la sixième journée. Et s‘ils avaient simplement gagné vendredi soir, ils seraient leaders ce matin…
Mais trêve de science-fiction. Si Metz joue parfois comme un candidat à la Ligue 1, il continue de parler avec l’humilité d’un promu et court toujours après le seul aiguillon du maintien. Avec sa cadence du moment (presque deux points par match), l’effectif mosellan est dans le bon train.
Pour l’heure, Albert Cartier s’en tient à l’objectif de départ. Qu’il a dépeint de deux façons. Première couche jeudi : « Il y a sans doute une autre attente chez les supporters après notre victoire à Caen (0-2) mais, pour moi, rien n’a changé. La seule personne qui peut changer nos objectifs, c’est le président et il n’est pas intervenu pour le faire. » Deuxième couche vendredi : « On n’est pas dans l’obligation d’être les meilleurs. On est seulement dans l’envie d’être meilleur de match en match. »
Le technicien est dans son rôle et dans la raison : il écarte les pressions inutiles et précoces. De toute façon, il a programmé un premier bilan « après Lens », au lendemain de la dixième journée. Que retiendra-t-il alors de ce vendredi 13 ? Que son équipe, par exemple, est capable du meilleur comme du pire sur une partie entière. Dit autrement : « la maîtrise était pour nous en première mi-temps et pour Nîmes en deuxième. » Match nul donc, au sens comptable s’entend.
« On s’est fait bouger »
Au crédit de Metz : cette entame flamboyante et joueuse, consacrée par une merveille de combinaison sur coup franc. L’affaire a été travaillée longuement à l’entraînement et convertie rapidement par Yéni Ngbakoto (12e ). « On savait qu’ils n’étaient pas très attentifs sur coups de pied arrêtés », admettra le buteur. Le soulèvement lorrain, dans une fin de partie compromise (1-2), mérite aussi les honneurs d’une citation : « On a bien réagi , abonde Romain Rocchi. On garde un peu de déception d’ailleurs. On a eu beaucoup de situations pour l’emporter… »
Le bémol maintenant. Metz s’est effondré à la reprise. « On s’est fait bouger , poursuit Rocchi, je ne sais pas pourquoi ». Ngbakoto peut répondre : « D ès le premier quart d’heure, on a perdu l’idée commune de rester en bloc. On n’avait plus de communication sur le terrain, nos lignes se sont étirées et Nîmes a réussi à nous endormir. » Cartier complétera la démonstration par un détail de poids. Il a identifié un moment fondateur de cette bascule, celui qui rend confiance à un adversaire en souffrance : « A la 44e minute, Nîmes a eu sa première occasion. Ensuite, ils ont allumé les banderilles. »
L’entraîneur, au passage, n’a pas semblé fâché de l’opération du soir. Il a, à la fois, apprécié la forme (« On n’a rien lâché ») et le fond car Metz demeure invaincu à domicile et reste quatrième d’un championnat qui s’est avéré renversant dans sa sixième journée. « La concurrence ne s’est pas endormie et je ne parle pas seulement de Nîmes, mais des autres matches aussi », précisait l’intéressé. « C’est la preuve , conclut Romain Rocchi, que rien ne sera simple. On ne prend qu’un point mais, au moins, on ne va pas s’enflammer. » Metz garde bien son cap. Celui d’une équipe qui joue le maintien et qui, jusqu’ici, le joue très bien.
Christian JOUGLEUX.
Carrasso ou la logique de hiérarchie
De retour de blessure, le gardien n°1 de Metz a aussi retrouvé sa place de titulaire contre Nîmes.
Johann Carrasso a connu un « match délicat ». Photo Pascal BROCARD.
Entre la prime au mérite et la logique de hiérarchie, Albert Cartier a tranché. Malgré la belle prestation d’Anthony M’Fa à Caen (0-2), l’entraîneur du FC Metz a rappelé Johann Carrasso dans les buts contre Nîmes (2-2). Le gardien n°1 s’était blessé le 13 août à l’entraînement : Yves Angani avait involontairement planté son crampon dans le genou du gardien pour ce qui restera, sans doute, comme l’arthroscopie la plus gore de la saison…
« Je respecte une hiérarchie , a fait valoir Albert Cartier à l’heure de justifier sa décision. Dès l’instant où Johann était revenu de blessure et comme je l’ai trouvé bon à l’entraînement et contre l’UNFP (en amical), c’était normal qu’il joue. Il me paraît logique qu’il y ait une hiérarchie mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de concurrence. »
Sans surprise, Johann Carrasso devait être ravi de reprendre les gants et du service mais il en convenait lui-même à la sortie : ce fut « un match délicat » contre Nîmes. Les chiffres le disent aussi : deux buts encaissés. Pourtant, le gardien avait vécu une première mi-temps d’un calme absolu mais l’emballement dès la reprise a soudainement bouleversé sa soirée. « On avait l’impression d’avoir le match en main. On avait posé le pied sur le ballon… », regrette-t-il.
Carrasso pouvait difficilement contrer la tête de Boche sur l’égalisation gardoise. Sur le deuxième but de Nouri, « il y a une incompréhension avec la défense , dit-il. C’est un ballon qu’on aurait dû dégager. » Une troisième ombre s’est ensuite greffée au tableau d’ensemble avec « le pénalty indiscutable » dénoncé par l’entraîneur Victor Zvunka, sur une sortie du gardien dans les pieds de Gragnic. « L’attaquant joue bien le coup mais je ne le touche pas , assure encore le joueur. J’en ai parlé avec lui après, il était d’accord. »
Verdict ? Le gardien n’a pas été décisif pour son retour mais il n’a pas non plus une responsabilité monstre sur les buts encaissés. Naturellement, il était incapable de se contenter de cette conclusion vendredi soir. « On est des compétiteurs , précisait-il. Et quand tu es gardien, tu espères toujours garder tes buts inviolés. » Ou le constat désolé d’un garçon qui n’ignore rien de la force concurrentielle à Metz.
Ch. J.
