Article FF Diafra Sakho

[Oztricker]

Sakho : Le pari Dakar du FC Metz

Révélation de la première partie de saison, l'attaquant messin est issu de l'académie sénégalaise avec laquelle les Lorrains ont signé un partenariat.

Un chemin pavé impeccable dessiné juste devant le bâtiment en forme de trèfle. Derrière la petite porte d'entrée, un long couloir aux peints en blanc. De chaque coté, des chambres de trois, quatre lits, avec une salle de bains dans toutes les pièces. Dans celle-là, trois matelas à même le sol. Les plumards ne sont pas encore arrivés. Dans l'autre, des pompes de foot qui traînent au sol, quelques bouquins d'école à coté de casiers qui sentent encore le neuf. La même chose à l'étage du dessus pour les joueurs du centre de formation jumelé avec le FC Metz, installé à une trentaine de bornes de Dakar.
Dehors, devant le bâtiment, la quarantaine de gamins du centre scande le nom de Diafra Sakho depuis plusieurs minutes déjà. "C'est notre exemple" souffle Ibou Faye, maigre attaquant du centre. Le joueur messin est là. Lunettes sur le nez, tenue traditionnelle marron sur le dos. La maman est là aussi. Les yeux pointent vers le sol, la parole est rare. Pure timidité. Diafra Sakho pour les présentations avec Carlo Molinari, l'historique président du club lorrain. "Monsieur, je tiens à vous présenter ma maman".
Un geste de la tête de l'historique du FC Metz et une poignée de main pleine de respect."Madame, c'est un honneur de vous rencontrer. On est très fiers de votre fils. Ce bâtiment est un juste retour des choses".
Devant le dortoir, Mady Touré, responsable du centre, enchaîne les compliments."C'est un enfant du pays. On est très fiers de son parcours depuis son départ de l'académie." Diafra Sakho encaisse avec un sourire un peu penaud avant de prendre la pose devant un large drap. Un décompte jusqu'à trois, et l'apparition d'une plaque vissée sur le mur du bâtiment avec son nom gravé dessus "Trèfle Diafra Sakho".

Athlé, Menuiserie et Test

L'histoire du buteur commence ici, au Sénégal. Diafra Sakho, aussi passé par la Guinée-Bissau et le Togo pendant l'enfance, tape le ballon dans les rues de Dakar quand un recruteur de l'académie Génération Foot s'arrête sur lui. L'attaquant a déjà quinze ans et jour milieu de terrain. "Pendant les vacances, les jeunes du pays n'ont rien à faire. Alors on organisait des jeux de quartiers qu'un appelait "navétanes". C'était un truc pour nous distraire, mais il y avait beaucoup de passion, ça jouait longtemps. Ce jour-là, j'étais venu faire le nombre. Après le match, le recruteur est venu me voir pou me dire qu'il voulait que je vienne faire des essais dans l'académie. Mais je lui ai dis non !" Le garçon préfère l'athlétisme, pratique déjà le 200 et le 400m depuis plusieurs années. "J'aimais bien le foot, mais bon, ce n'était pas trop mon domaine... Je n'avais pas envie d'aller là-bas dans le centre et partir de chez moi..." Le recruteur va insister. Pendant presque un an. Des coups de fil réguliers à la famille, des visites mensuelles à la maison du centre de Dakar. Mais l'avenir est déjà tracé. Loin du ballon."Je me formais à la menuiserie. C'était quelque chose que j'adorais faire. Et c'était un métier qui pouvait me permettre de gagner de l'argent pour sécuriser ma famille." Mais le garçon finit par craquer. Pour aller tenter sa chance aux tests de l'académie. "El-Hadji Diouf est mon idole. Le recruteur a beaucoup insisté. J'ai fini par dire oui et me dire : "Pourquoi je ne réussirais pas comme lui ?" J'y suis alors allé et ç'a marché."

Pull, Grêle et Madame Nina

Sakho passe un an dans l'académie. Le temps d'éclater tous les temps de passage. "Il a vite été très fort, se souvient Mady Touré. Il n'avait pourtant pas eu la formation d'un footballeur classique. Il avait beaucoup de facilité. Alors on a vite décidé de l'envoyer à Metz." En plein hiver. Sakho n'a pas oublié la date."Mady m'a appelé le 5 décembre 2007 au matin pour me dire :"Prépare tes affaires, tu pars ce soir". Il a fallu faire vite". Et remplir la valise de vêtements chauds. Ou pas... "Ma Maman m'avait conseillé de prendre un pull, mais j'avais pris l'avion en chemise. Il faisait encore chaud. Quand je suis arrivé à l'aéroport de Paris, je ne voulais pas sortir de l'avion. Il y avait de la neige partout. Je n'en avais encore jamais vu." Le premier entrainement vire à a grosse blague. "Il y avait de la grêle qui tombait... Je me souviens d'avoir regardé le coach dans les yeux pour lui dire :"S'il te plaît, laisse moi rentrer !" Il m'avait dit : "Non, tu restes là-bas !" C'avait été bien dur." Le coach de l'époque s'appelait Olivier Perrin, ancien entraîneur des moins de 19 ans chez les messins et nouveau manager de l'académie Génération Foot. "Ici au Sénégal, dès qu'il fait moins de 25 degrés, ils mettent des parkas. Alors imaginez Diafra... Même avec des sacs dans les chaussettes il avait du mal." Même chose loin des terrains. Le quotidien fil un peu le bourdon. "Au Sénégal, tout le monde vit dehors très tard, raconte Olivier Perrin. A Metz, à 20h30, tu n'as plus personne dans les rues. Le changement est radical." Et pas qu'un peu. "J'étais seul, ma famille me manquait. Mais, heureusement j'ai rencontré madame Nina Recht au centre de formation. Elle m'a beaucoup appris." A laver les fringues, à ne pas négliger les cours, à économiser son argent... "Elle est très exigeante, elle me demandait tout le temps de range ma chambre. Au début on se sent étouffé, mais avec le recul, on s'aperçoit que, tout ce qu'elle fait, c'est pour notre bien." Pareil sur le terrain. Sakho enchaîne les matches et les pions. "A partir du moment où il a joué avec moi en moins de 19 ans, on n'a plus perdu un seul match", se souvient Olivier Perrin.

Drogba, McDo et Décès

Les débuts avec les pros sont plus délicats. Cinq buts en 2011 et une vilaine prise de tête avec le coach, Dominique Bijotat la saison suivant. Sakho balance ses envies de départ dans la presse. Sans langue de bois. La prise d'initiative ne plaît pas, Sakho est écarté du groupe pro. "C'a n'a pas été une période facile pour lui". Dit encore Olivier Perrin. Le public ne laisse pas passer non plus. Les sifflets pleuvent, les insultes avec. Sakho doit partir pour jouer. Un prêt de six mois à Boulogne en National. "Il a pris conscience de beaucoup de choses là-bas, raconte le coach de Metz Albert Cartier. Il pensait pouvoir jouer facilement, mais ç'a n'a pas été forcément le cas. Il m'a fait pensé à Drogba, qui avait pris conscience qu'il devait arrêter de manger au McDo avant les matches. "Diaf" s'est rendu compte que ce n'était pas plus simple ailleurs et qu'il fallait se battre pour gagner sa place sur le terrain."
Mais le quotidien ne l'épargne pas. L'attaquant perd son papa en octobre 2011, pendant son séjour dans le Nord. " "Diaf" a été très affecté par cette perte, souffle Cartier. Il a été très marqué par son absence. Il est l'aîné de la famille, il s'est vite senti investi d'une grande responsabilité. Aujourd'hui, il assume très bien sa famille. Il fait même construire une maison pour sa maman à Dakar. Depuis ce triste événement, c'est un autre homme." Plus mûr. Plus fort encore. La saison dernière, il plante dix-neuf buts en National. "En début de saison, il avait été reçu par le Président, raconte encore Albert Cartier. Il lui avait dit que Metz comptait sur lui cette saison, qu'il ferait partie des cadres. C'a lui a tout de suite plu. On a vu le résultat..."

Rab, OM, Sélections.

La nouvelle saison de Ligue 2 ne change rien. Une place de leader dans le vestiaire, une autre de meilleur buteur à la trêve avec 12 buts. "J'adore travailler avec Albert, sourit Sakho, avant d'être mon entraineur, c'est quelqu'un d'humain. Il apprend à te connaître, te parle beaucoup. Tu mouilles plus facilement le maillot pour quelqu'un comme lui". Et double les efforts à l'entrainement. Les séances s'étirent bien au-delà des horaires officiels. "Il est tout le temps en train d'en demander plus, confirme le coach grenat. Il reste après, prend quelques centreurs et frappe au but, tente des reprises. Il attire même les autres attaquants qui, du coup, restent avec lui pour bosser. C'est plutôt sympa pour un entraineur."
Le boulot va même encore plus loin. Poursuivi jusque dans le salon du joueur, récemment devenu papa d'une petite fille. Cartier : "Il nous demande les DVD de ses matches, le lendemain, ça lui arrive souvent de vouloir retravailler ce qu'il a raté en match. La chance de Diaf, c'est qu'il accepte de rater un but. Tout cet investissement se ressent aujourd'hui sur le terrain". Et traverse les frontières. Le Togo l'a récemment sondé pour la sélection nationale. Le Sénégal garde un oeil sur lui. Comme les recruteurs qui se succèdent dans les tribunes du stade Saint-Symphorien. "Marseille vient régulièrement le voir, souffle un proche du club. Il l'aime bien". Les clubs allemands également. Mais le départ attendra. Question de principe. "Je dois tellement de choses à Metz... J'aimerais terminer la saison ici, j'ai beaucoup de choses à faire". Et des projets à venir. Un peu plus tard. "Je veux ouvrir une entreprise de menuiserie au pays, faire un truc avec les jeunes. C'est un domaine que je connais vraiment. Je sais faire plein de choses avec mes mains." Avec les pieds également... Olivier Bossard.


J'espère que ca reste lisible car j'ai du recopier l'article dans sa totalité depuis mon journal papier. Joyeux Noël à tous !!

[Juanito57]

Merci pour l'article !

[Bosoleclown]

Merci bcp pour l'article !! C'est du super boulot !

Concernant Diaf' j'aimerais tellement qu'on monte en L1 et qu'il reste au moins encore un an avec nous...

[lucabmusic]

Merci pour l'article

Diaf un exemple pour nos jeunes du centre !

[Symph57]

Merci pour l'effort de recopiage

[JFK]

Merci.
Très bon boulot

[jibay54]

Merci beaucoup pour l'article !

[Metzouille]

Très bon témoignage d'un joueur dont nous pouvons être fier.

En espérant pouvoir compter sur lui l'an prochain,imprécise lui même qu'il doit bcp au club et un départ à la fin de la saison qu'elle que soit l'issue, serait préjudiciable pour tout le monde (ex : Ribery...)

[Curtis]

Merci d'avoir recopié ce très bel article. Très attachant ce Diafra Sakho. Le prototype même du joueur qui sera ovationné à St-Symphorien s'il revient nous affronter avec sa nouvelle équipe (dans très très longtemps si possible).

[_Chris.]

Il veut rester jusqu'à la fin de saison, franchement, j'espère que les dirigeants auront l'intelligence pour le garder ...

Je rajouterai que Sakho est élu dans l'équipe type, que Rocchi qui était 6ème au classement des Etoiles FF a eu 0 de la part du magazine pour ce week end (proprement honteux mais bon) et qu'il ne figure plus dans le TOP 20 du coup. Sachez quand même que Sakho est derrière Bekamenga et Baby de Laval qui traine dans les bas fonds du championnat. Vous pouvez en déduire le niveau de ce magazine