
En juin 1997, Pascal Johansen avait laissé Colmar derrière lui. Le 13 décembre 2009, celui qui est passé par le Racing, l'OM et le FC Metz, jouera dans sa ville natale avec le maillot grenat sur le dos. "Pagalou" est de retour, chez lui.
Il est né à Colmar, a vécu rue de Turckheim, de l'autre côté de la voie ferrée, en bordure d'une ZUP, et ne pensait déjà qu'au foot. « Avant même de marcher, j'avais constamment un ballon de foot dans mes mains », dit le Messin, vainqueur avec le Racing de la Coupe de France (2001), puis de la Coupe de la Ligue (2005).
Faut dire qu'avec un père (Bernard) et un frère (Frédéric) - décédé à 20 ans en décembre 1992 alors qu'il était un espoir du football français - fous de foot, il n'avait pas trop le choix.
« Aux SRC, j'ai porté tous les maillots. Même celui des vétérans »
« Dès que je pouvais jouer, je jouais. Le Stade des Francs était ma deuxième maison, peut-être même la première tellement je passais de temps aux SR Colmar, sourit Pascal Johansen. Ma mère, Hélène, et mon père, allaient me voir jouer le samedi et, le lendemain, c'était au tour de mon frère. On passait notre vie au stade à faire des fêtes avec les parents des autres joueurs. Les copains venaient ensuite dormir à la maison ou j'allais dormir chez eux. »
Il suivait son père, aussi dirigeant des SRC - il a longtemps tenu le club-house -, presque partout. Parfois même sur le terrain. « C'était quelque chose le dimanche matin. La veille, je jouais avec les juniors puis on allait faire la fête. Le lendemain matin, vers 9h, il arrivait parfois à mon père de venir dans ma chambre pour me réveiller. Généralement, il venait d'avoir un de ses coéquipiers au téléphone qui le prévenait qu'il ne pourrait pas venir. Alors, dès qu'il manquait un joueur chez les vétérans, je jouais avec lui. Aux SRC, j'ai donc porté tous les maillots, même celui des vétérans. Tu te rends compte, un vétéran de quinze-seize ans », rigole-t-il.
On le sent poindre dans ses propos, il a presque certainement la nostalgie de cette époque. « Les SRC, c'était une famille à mes yeux. C'est l'esprit amateur. Tu te bats pour un maillot, pour une ville, dit-il. Quand tu passes pro, tu peux changer de club tous les six mois. Ce n'est pas pareil. »
On le pousse (à peine) à parler encore de ces SR Colmar qu'il « porte toujours dans le coeur » et des hommes qui l'ont marqué. « Ils sont tellement nombreux. Je vais en oublier et je vais encore me faire engueuler. Bon, on va commencer par Mimi Chevrier, Jean Emmeneger et Sam Aisani, le monstre sacré. Eux m'ont tout appris à l'école de foot, très réputée depuis toujours. Les bases, le respect à avoir et tout ça. Je n'ai pas le droit de ne pas penser à eux parfois. Et puis, il y a eu des gens comme Raoul Baechler, Claude Wilhelm ou Yves Bischoff. »
Il y aura aussi Claude Steib qui le lancera en DH lorsqu'il avait à peine dix-sept ans. « Je l'avais déjà eu en cadet et... comme prof de sport à l'école. Ça c'était très mal passé par ma faute. C'était ma période C**-C**, comme celle que connaissent tous les jeunes de cet âge. J'étais réticent à tout conseil », rigole aujourd'hui Pascal Johansen.
« Il m'a retrouvé en senior et il m'a alors couvé comme personne. Il me ménageait, me faisait souffler quand c'était nécessaire. En quelques mots, il ne m'a pas grillé alors que je voulais toujours jouer. Je lui dois beaucoup. On avait terminé champion d'Alsace. C'est un superbe souvenir. »
Cette saison 96/97, surtout, il évoluera à côté d'Olivier Roth. « Depuis tout gamin, j'allais voir tous les matches des seniors. Et lui était déjà en équipe première quand je n'étais que poussin. C'était une vraie fierté de jouer dans la même équipe que lui », dit Pascal Johansen qui épatait déjà par sa vision du jeu.
Il croisera aussi la route d'un certain Dominique Lihrmann, désormais directeur sportif du club, au sport-études de Colmar. « De tous, j'ai appris des choses. Il m'est impossible d'oublier ces souvenirs. Ce sont certainement les plus beaux de ma carrière. »
Dans la foulée, il rejoindra le Racing, passera professionnel sous les ordres d'Yvon Pouliquen (déjà) qui le lancera en Ligue 1 début 2000 face à... Metz (1-1). Pascal Johansen avait changé de surnom. "Pagalou" était devenu "Pasci".
Dimanche, il n'hésitera pas : ce sera "Pagalou", le Colmarien au coeur vert, que le public verra. « C'est la première fois que j'affronterai mon club formateur en match officiel. Ce sera particulier. Je suis toujours le parcours des SRC même si je ne connais plus personne dans l'effectif. Ce sera un vrai match de Coupe », dit celui qui s'est fait à la vie messine et aux combats de la L 2. « Je me plais bien dans ce club et dans cette ville. »
Dans quelques jours, il n'aura qu'un regret. « Celui de ne pas revoir le Stade des Francs, là où tout a commencé pour moi. » Là où un gamin, haut comme trois pommes, qui ne marchait pas encore, regardait jouer son père. Et voudra plus tard l'imiter...