
En s’imposant, hier, face à Clermont (1-0), le leader messin a repris ses distances sur ses poursuivants : quatre points sur son dauphin angevin (en attendant le résultat de Lens, qui se rend à Créteil demain) et surtout huit sur Dijon, le quatrième. Évidemment, il n’est pas (encore) question de sabrer le champagne. D’autant que ce succès, le dixième en treize sorties à Saint-Symphorien, n’est sans doute pas le plus beau, ni le plus propre en terme de performance artistique. Qu’importe. Ce matin, à l’heure de l’apéro, Sylvain Marchal et ses partenaires peuvent siroter tranquillement leur verre de mental haut.
Car s’ils ont tardé à forcer le verrou clermontois par manque de fluidité souvent, par insuffisance technique parfois, les Lorrains ont usé de l’une de leurs armes (de destruction massive) préférées : le cœur et le courage, le tout mélangé à une bonne dose de maturité. Un nouvel ingrédient qui leur a finalement permis de venir à bout d’Auvergnats accrocheurs, bien regroupés et capables d’accélérations particulièrement tranchantes.
S’ils ont parfois semblé à la peine physiquement, les hommes d’Albert Cartier ont pourtant pris le match par le bon bout comme en témoigne cette demi-volée signée Diafra Sakho, après une déviation de Nicolas Fauvergue dès la première minute. Et, déjà, comme au match aller, Farnolle dans le rôle d’empêcheur de tourner en rond… Ahmed Kashi (6e ) puis à nouveau Sakho (8e ) butaient encore sur le gardien de Clermont. Agressifs, bien en place, les Messins soignaient donc leur entrée. La suite du menu était, par contre, moins appétissante. Certes, les Auvergnats étaient souvent privés de ballon, mais ils se délectaient des quelques contres qu’ils avaient à se mettre sous la dent à l’image de cette reprise acrobatique de Saadi qui passait de peu à côté (27e ).
Pas toujours dans le bon tempo, le FC Metz manquait de rythme et surtout de mouvement autour du porteur du ballon. Fauvergue, servi par Romain Métanire, se signalait une dernière fois juste avant la pause, mais sa tête était sans danger pour Farnolle (43e ).
Marchal sur sa ligne
Peu avant l’heure du goûter, le public de Saint-Symphorien restait alors sur sa faim. Il était même à deux doigts d’avaler son enthousiasme de travers lorsque Saadi plaçait une reprise qui flirtait avec le montant de Johann Carrasso (47e ). Mais même un ton en dessous, hier, les Messins parvenaient à créer le danger. Après une nouvelle déviation de Fauvergue, Yeni Ngbakoto exécutait un superbe enchaînement contrôle poitrine-frappe que ce diable de Farnolle, d’un incroyable réflexe, détournait à nouveau (48e ).
Quelques minutes plus tard, Gaëtan Bussmann ne cadrait pas sa tête (54e ) alors que celle, plongeante, de Sakho était détournée par… le gardien clermontois (65e ), encore à l’ouvrage sur une tentative de Kashi (70e ). Patient, à défaut d’être génial, le leader messin finissait tout de même par trouver l’ouverture : le centre de Romain Métanire trouvait ainsi la tête de Kévin Lejeune qui déviait intelligemment le ballon pour Sakho. En pivot, l’attaquant sénégalais délivrait Saint-Symphorien (1-0, 76e ).
Restait à gérer une crispante fin de match face à des Clermontois réduits à dix mais déterminés et beaucoup plus offensifs. Une certaine fébrilité gagnait étrangement les rangs grenats. Johann Carrasso, tranquille jusque-là, faisait le boulot sur un coup franc signé Videmont (89e ) alors que Sylvain Marchal endossait la panoplie de pompier de service sur sa ligne (90e + 4).
Jean-Sébastien GALLOIS.
Diafra Sakho persiste et signe

Comme souvent, Ahmed Kashi a été parfait dans son travail de sape. Jordan Nkololo peut en témoigner. Photo Anthony PICORÉ
Auteur de sa quatorzième réalisation de la saison, le meilleur buteur de Ligue 2, a encore frappé.
- Carrasso. Très peu sollicité, le gardien messin a su rester concentré jusqu’au bout, détournant, notamment, le puissant coup franc de Videmont (89e ) avant d’intervenir devant Saadi (90e + 2).
- Métanire. Bien qu’à l’origine du but messin, Romain Métanire s’est surtout appliqué dans les tâches défensives. Décisif dans les duels, il a, par contre, été plus fébrile dans ses relances.
- Marchal. Lui aussi a, à l’occasion, fait preuve d’une certaine fébrilité lorsqu’il s’est agi de relancer la machine messine. Une contrariété compensée par beaucoup d’engagement et son sens du placement à l’image de ce sauvetage sur sa ligne dans le temps additionnel.
- Choplin. Un match sérieux, sans fioriture, marqué, notamment, par deux gros retours dans les pieds de Saadi (68e , 88e ).
- Bussmann. Le Vosgien a de l’énergie à revendre. Il n’a jamais hésité à prendre son couloir, tout en veillant à son replacement. Buteur face à Caen, il a failli récidiver hier (54e ). Preuve de son entière implication.
- Rocchi. Gratteur de ballon infatigable, Romain Rocchi a également régulièrement donné de la voix et tenter de dynamiser le jeu de son équipe à l’image de ce service pour Sakho (65e ). Quelques déchets à déplorer tout de même et une faute inutile en fin de match qui aurait pu coûter cher…
- Kashi. Vingt premières minutes tonitruantes ! Face à une telle sangsue, les Clermontois ont souvent été contraints de rendre le ballon aux Messins. Si son rendement a (logiquement) perdu en intensité au fil des minutes, Ahmed Kashi a continué son travail de sape, tentant même quelques frappes. Avec plus ou moins de bonheur.
- Lejeune. Une grosse combativité. Pendant de longues minutes son travail défensif a d’ailleurs été plus efficace que ses relances et ses déviations souvent mal maîtrisées. Il s’est repris au cours de la seconde période. La preuve, il a délivré sa neuvième passe décisive de la saison.
- Ngbakoto. Sans doute pas la meilleure performance du milieu de terrain. Si lui aussi a travaillé à la récupération, il a peu pesé sur le jeu de son équipe. Pour autant, son superbe enchaînement, peu après la reprise, aurait mérité meilleur sort (48e ). Remplacé par Fadil Sido (64e ) qui a laissé entrevoir son bagage technique et une certaine aisance dans la conservation du ballon.
- Fauvergue. Le rôle ingrat, c’est pour lui ! Dans le jeu long souvent prôné hier par les Messins, il a œuvré avec détermination, signant un nombre incalculable de déviations de la tête, dont certaines ont bien failli être décisives. Remplacé par Thibaut Vion (64e ), qui, malgré le drapeau levé de l’arbitre assistant, n’était pas hors jeu sur le but de Sakho – M. Hamel a bien fait de laisser se dérouler l’action –, et auteur d’une frappe trop écrasée (79e ).
- L’HOMME CLÉ
Diafra Sakho. Et de quatorze ! En offrant la victoire à son équipe, hier, l’attaquant sénégalais a conforté sa place de meilleur buteur du championnat. Une (nouvelle) juste récompense pour sa débauche d’énergie, ses nombreux appels de balle et son travail défensif. Fabien Farnolle, le gardien clermontois, a dû, cette fois, rendre les armes face à la ténacité du Messin. L’arme fatale du FC Metz !
J.-S. G.
Réactions :
- Régis Brouard (entraîneur de Clermont). « L’issue de ce match se joue sur peu de choses, à l’image du but que l’on prend : que l’arbitre laisse jouer, il n’y a rien à dire ; par contre le fait que son assistant lève le drapeau change l’attitude de mes joueurs qui ne sont plus forcément totalement concentrés. Je suis frustré et déçu pour mon équipe car elle a fait preuve de détermination sur la pelouse du leader. On s’est au moins rassuré concernant l’état d’esprit. »
- Albert Cartier (entraîneur de Metz). « On gagne parfois des matches avec de la chance. Mais le plus souvent la victoire s’obtient avec du courage et une bonne organisation. On prend nos distances avec les poursuivants, c’est bien ! Mais je ne veux pas être dans le calcul. Sur et en dehors du terrain, ce n’est pas ma philosophie. »
-Gaëtan Bussmann (défenseur de Metz). « Le plus important, ce sont évidemment les trois points, surtout au regard de la physionomie du match : le contenu n’a pas été top. Cela dit, nous avons remporté ce match avec notre force du jour : les deuxièmes ballons. On a su être patient sans jamais s’énerver. »
-Romain Rocchi (milieu de Metz). « On poursuit notre belle série à la maison et sur le plan comptable, c’est une belle opération. Le scénario de la rencontre prouve qu’aujourd’hui on sait désormais gérer ce genre de rencontre. On fait preuve de plus de maturité, même si les dix dernières minutes démontrent que l’on doit encore progresser afin de terminer la rencontre plus sereinement. »
Gruppa Metz boycotte aussi le derby
Après Génération Grenat et la Horda Frénétik, c’est au tour de Gruppa Metz de jeter l’éponge. Le groupe de supporters, né en septembre 2012 et basé en tribune Ouest à Saint-Symphorien, n’ira pas à Nancy samedi prochain « Une décision difficile à prendre, précisent-ils. Mais devant le dispositif disproportionné mis en place en amont de ce match, nous n’avons d’autre choix que de renoncer. […] L’ensemble des règles (quotas de 450 places, organisation dictée par le club et les pouvoirs publics et prise d’identité) vont à l’encontre des valeurs véhiculées par notre groupe. »