Kévin Lejeune prend le meilleur sur Vincent Muratori sous le regard du metteur en scène du FC Metz, Albert Cartier. Photo Anthony PICORÉ
On a tenté quelque chose de différent et cela a fonctionné. C’est comme ça : parfois le ballon roule dans le bon sens. Tant mieux. » Un peu plus de vingt-quatre heures après avoir quitté le stade Marcel-Picot avec un large sourire aux lèvres, Albert Cartier n’a pas voulu en rajouter. Son option tactique, mûrement réfléchie avec la complicité de son adjoint José Jeunechamps, a pourtant fonctionné à merveille samedi. Metz a abandonné son traditionnel 4-4-2 et placé la sentinelle sénégalaise Mayoro N’Doye au marquage (très) strict de Jeff Louis. Sans pour autant y perdre son ADN. Au contraire.
« Le discours du staff tout au long de la semaine nous a encore un peu plus transcendés , assure Ahmed Kashi, grand artisan, lui aussi, de l’opération débroussaillage du chardon nancéien. Quant à la réorganisation technique, je pense que le message est bien passé. » Et c’est bien en ça que réside la force du groupe messin cette saison. Réceptifs, solidaires, soudés voire plus malins, Sylvain Marchal et ses partenaires avancent vers la Ligue 1 avec cet esprit de corps réclamé et revendiqué depuis que la rénovation de la maison grenat a débuté dans l’anonymat du National.
« Je suis payé pour faire des choix », répète régulièrement Albert Cartier. Encore faut-il que ces derniers soient compris et surtout trouvent l’adhésion de tous. « Notre force et notre nature résident dans le 4-4-2 , explique le technicien lorrain. Il fallait donc convaincre tout le monde du bien-fondé d’un changement aussi radical : le staff, les joueurs concernés, ceux qui ne joueraient pas, etc. Car même une mauvaise idée peut fonctionner si tout le monde y croit. Par contre, une bonne idée n’a aucune chance d’aboutir si seulement deux ou trois éléments y souscrivent. »
« Les joueurs l’ont fait fonctionner »
« Nous, le staff, n’avons fait que préparer ce système. Les joueurs, eux, l’ont fait fonctionner sur le terrain , poursuit l’entraîneur. On s’est posé beaucoup de questions : le jeu nancéien, les joueurs que nous avions à disposition… Résultat, nous n’avions pas d’autres attaquants que Diafra (Sakho) pour faire 90 minutes. Il fallait donc trancher. »
C’est à l’abri des regards que l’aréopage messin a préparé son affaire. Avec Thibaut Vion, « pour sa puissance », Bouna Sarr et Fadil Sido, « pour leur vivacité », dans le rôle de Jeff Louis. Même invité à s’entraîner avec l’équipe réserve pendant que ses coéquipiers prenaient la direction de Marcel-Picot, Bouna Sarr a donc, lui aussi, participé au succès de son équipe. Une preuve supplémentaire de l’esprit de corps qui habitent ces hommes capables de coups… fins.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Nancy : plus naïf, tu meurs !
C’est un peu comme si l’ASNL était tombée les deux pieds dans le piège tendu par son voisin messin qui avait prémédité son coup.
Ahmed Kashi a peut-être été l’un des personnages déterminants de ce derby en tamponnant, dès la deuxième minute, Jeff Louis, l’ennemi public numéro un pour son équipe messine. Le plan a fonctionné comme sur des roulettes. De victime, le meneur haïtien allait rapidement devenir coupable. Vingt-cinq minutes plus tard, il était sorti, au sens propre et figuré de son match. Il laissait ses copains dans un bel embarras.
Marqué par l’agression de Kashi ? Sans doute. Poussé à la faute. Certes, M. Rainville avait mis le jaune sous le nez de Kashi au moment de son geste mais jamais les Nancéiens n’eurent l’à-propos de "capitaliser" sur l’événement. Pas la moindre intimidation. Pas le moindre dividende. Peut-être est-ce cela que Pablo Correa a voulu dire en expliquant que son équipe avait manqué de métier. Le métier ? Cette notion un peu vague est en libre-service : l’expérience, l’âge, la malice, le vice, l’influence… À Nancy, on cherche vainement celui ou ceux qui pourraient répondre à la petite annonce. Un manque parmi d’autres.
La faillite des cadres
Albert Cartier, lui, n’a pas caché, au moment du débriefing, qu’il avait mis au point une organisation anti-Louis. Petites causes, grands effets, on serait assez tenté de croire que l’ASNL est tombée dans le piège. Et parmi les nombreux domaines où le FC Metz a démontré qu’il était supérieur à son voisin, il y a donc cet instinct de compétition. Cette science du jeu mais surtout ce culte du résultat. Lequel a immédiatement réinstallé une forme d’hégémonie locale qui va se loger un peu partout. Ainsi on n’a jamais eu le sentiment que Nancy jouait à domicile, capable de tirer parti du contexte, y compris de son synthétique. Au lieu de cela, la sérénité du leader a guidé les débats. Ou oublierait presque que l’ASNL tombe tout juste de Ligue 1 et Metz sort à peine du National. À moins que ce soit cela le problème…
Plus que jamais le contraste a crevé l’écran. Alors que Nancy a donné l’impression d’être une équipe rafistolée, à court d’idées et de ressources, Metz a construit son bloc. On y sent de la cohérence, le poids d’un projet en marche avec des points forts, du vécu mais aussi une jeunesse prometteuse. Sur ce dernier point l’ASNL peut estimer pouvoir lutter, pas sur le reste car le fléchissement du moment, comptabilité à l’appui, est d’abord la faillite des cadres. Des joueurs venus d’en haut, Nancy en aligne tout autant que Metz mais leur influence n’a rien de comparable.
Jérémy Choplin : « Une grosse fierté »
Habitué des chauds derbys lors de son passage en Corse, le défenseur du FC Metz a apprécié la manière avec laquelle son équipe a géré le très attendu rendez-vous à Nancy. « Tout a été nickel ! », assure-t-il.
Auteur d’une bonne prestation, samedi, le Nancéien Benjamin Jeannot est toutefois tombé sur un client en la personne de Jérémy Choplin. Photo Pascal BROCARD
Un succès dans un derby est toujours particulier. Quel est le sentiment qui domine ? « De la joie évidemment, mais surtout une grosse fierté d’avoir réussi à procurer du bonheur à nos supporters. »
• Et d’un point de vue sportif ? « Le sentiment du travail parfaitement accompli ! Nous étions venus à Nancy avec l’objectif de prendre un point au minimum, mais avec l’idée de tout faire pour remporter ce match. C’est un résultat qui nous permet de conforter notre place de leader et surtout de repousser le quatrième à dix point. Dans l’optique de la montée, ce n’est pas tout à fait la même chose. Nous devons évidemment rester concentrés, mais nous avons désormais toutes les cartes en main. »
• L’exclusion de Jeff Louis, est-elle l’un des tournants du match ? « Oui et non. Cela change, bien entendu, la donne, mais je pense que nous nous sommes rendu la tâche plus facile par nous-même. On est parfaitement rentré dans la rencontre en étant très agressif à l’image d’Ahmed ( Kashi ) et Mayoro ( N’Doye ) qui est à l’origine de cette exclusion. »
• Un mot sur la performance de Mayoro N’Doye ? « Il s’est entièrement donné pour la cause collective. C’est à l’image de cette équipe du FC Metz : on est toujours là les uns pour les autres. C’est vraiment un beau symbole de la cohésion qui nous habite. »
• Par ailleurs, vous marquez sur un contre… « On avait décidé de les laisser prendre le jeu à leur compte et d’être explosif sur tous les contres. Là aussi, tout a fonctionné à merveille. L’action qui amène le but de Diaf ( Sakho ) est un modèle du genre. Tout a été nickel ! »
• Avec Bastia vous avez déjà connu le parfum si particulier des derbys. Verdict après cette deuxième manche lorraine ? « Franchement, je suis un peu déçu. L’ambiance n’était pas vraiment celle à laquelle je m’attendais. Cela n’avait rien à voir avec le match aller. La vraie référence du derby lorrain, c’est bien celui de septembre dernier à Saint-Symphorien ! »
FC METZ Express :
Tableau de bord. Hier : repos. Aujourd’hui : une séance de balnéothérapie pour les joueurs de Nancy - Metz ; match amical contre le RFC Seraing (Belgique) pour les autres au stade Dezavelle à 15h. Demain : une séance d’entraînement à 14h. Mercredi : une séance à 14h. Jeudi : une séance à 14h. Vendredi : une séance à 14h.
D’un match à l’autre. Dernier match : Nancy - Metz (26e journée de Ligue 2), samedi 1er mars : 0-1. Prochain match : Metz - Lens (27e journée de Ligue 2), samedi 8 mars à 14h. À suivre : Châteauroux - Metz (28e journée de Ligue 2), vendredi 14 mars à 20h ; Metz - Brest (29e journée de Ligue 2), lundi 24 mars à 20h30.
- À l’infirmerie. Nicolas Fauvergue (adducteurs), Guido Milan (adducteurs), Kwame Nsor et Luciano Teixeira (tendon d’Achille) vont progressivement reprendre l’entraînement cette semaine. Thibaut Bourgeois (genou) et Abdallah N’Dour (pubalgie) sont à l’arrêt.
- Suspendu. Aucun.
- En sélections. Maxwel Cornet et Lucas Toussaint ont été convoqués avec l’équipe de France U 18 qui se réunit aujourd’hui. Thomas Didillon , lui, a été retenu pour un stage (3-5 mars) à Clairefontaine avec les U 19.
- Buteurs. En Ligue 2 : Sakho ( 15 buts ) ; Ngbakoto ( 7 ) ; Fauvergue ( 4 ) ; Bussmann, Lejeune, Nsor ( 3 ) ; Choplin ( 2 ) ; Sarr
