
Nicolas Fauvergue (au centre) et ses coéquipiers célèbrent le deuxième but autour de l’attaquant messin. La fête était totale hier soir. Photo Pascal BROCARD
Le FC Metz a profité, hier soir, de sa dernière sortie à domicile pour pulvériser Le Havre (3-0) et communier intensément avec son public.
Si d’aventure le FC Metz connaît des jours plus malheureux, il conviendra de se souvenir de cette soirée du 9 mai 2014. Un soir de douce euphorie et d’intense communion. Un temps où un peuple sous le charme est venu remplir un stade pour le faire dégouliner de bonheur. Pour chanter sa reconnaissance à une poignée de footballeurs aux cheveux grenats. Pour clamer le nom d’un entraîneur et appeler, en filigrane, sa prolongation de contrat. Et enfin pour saluer, dans un même élan, le triomphe d’une saison et le retour d’un club au premier plan.
L’euphorie n’a jamais quitté la scène hier. Elle était partout. Dans cette ola lancée après vingt minutes de jeu seulement. Derrière ce supporter qui a jugé bon de traverser le terrain à la mi-temps avant un plaquage réglementaire des employés de sécurité. Ou encore sous ce feu d’artifices tiré après la remise du trophée de champion de Ligue 2. Le score le dit lui-même : l’enthousiasme a également gagné les joueurs messins. Cette fois, ces garçons ont eu le bon goût de s’imposer à domicile par un soir de festivités, ce qu’ils n’avaient pas su faire au temps du National. C’est peut-être aussi le signe d’une nouvelle maturité : ce groupe a honoré tous ses rendez-vous cette saison.
Le sportif a donc livré son wagon de frissons hier. Comment Nicolas Fauvergue aurait-il pu rester insensible à la puissante ovation qui l’a cueilli à sa sortie du terrain (63e ) ? Embastillé en réserve depuis de longues semaines, l’attaquant a retrouvé le terrain avec la rage d’un fauve enfin libéré. C’est même lui qui plaçait son crâne, après 35 secondes de jeu, sur un corner de Lejeune dévié par Ngbakoto pour l’ouverture du score (1-0). Deux symboles en un : le revenant affamé qui convertit une spécialité locale, le coup de pied arrêté. Et ce n’était qu’un début…
Marseillaise et Annie Cordy
La soirée a tenu les promesses de son entame. Un quart d’heure plus tard, Ngbakoto combinait en une-deux avec Bussmann pour fusiller Pontdemé une deuxième fois (2-0, 16e ). Les malheureux Havrais commençaient à prendre la mesure de leur calvaire. Il se prolongera sur un coup franc de l’inévitable Lejeune conclu de la tête par Sakho (3-0, 38e ). Le meilleur passeur du club au service de son buteur attitré : la force de l’habitude a encore sévi sur le pré. La justice aussi. Louvion n’a pas fait faute sur Sakho et le penalty qui a suivi n’était pas mérité mais l’attaquant franco-sénégalais a expédié le ballon sur la transversale (71e ) et perdu une occasion de se rapprocher de Saint-Matthieu Duhamel, le patron des buteurs en Ligue 2.
Évidemment, ce petit raté n’a pas entamé la ferveur ambiante. Si le score n’a plus bougé, les tribunes ont continué à vibrer. Le public s’est fendu d’une Marseillaise bruyante avant de saluer un arrêt du gardien messin à la mode d’Annie Cordy : « Chaud, chaud Carrasso ! ». Comme un avant-goût du concert à suivre. Encadrés par des CRS, Jérémy Choplin, Yeni Ngbakoto et Romain Métanire ont ensuite poussé la chansonnette au micro et célébré la « Lorraine Grenat ». Puis le public a pris le relais pour massacrer les pauvres Aurélie Filippetti et Frédéric Thiriez. Les moustaches du président de la Ligue ont dû friser tant Saint-Symphorien lui a promis des coups de boutoir… Ou les seules fausses notes d’une symphonie parfaitement achevée.
Christian JOUGLEUX.
Albert Cartier : « J’ai le sentiment que cette équipe a joué en champion
Albert Cartier (entraîneur du FC Metz) : « J’ai le sentiment que cette équipe a joué en champion. Le contexte n’était pas facile, mais les joueurs ont mis du rythme et sont restés sérieux. On a fait les choses dans l’ordre, comme il fallait pour que ce match-là soit une fête. Pour qu’il y ait une communion avec le public, il fallait gagner et on a mis tout en place pour cela ».
Sylvain Marchal (capitaine du FC Metz) : « C’est une soirée parfaite. On marque sur notre première action puis on met deux buts derrière : Nicolas Fauvergue et Diafra Sakho qui marquent, ça nous fait plaisir. En plus, on ne prend pas de cartons, il n’y a pas de blessés. C’est une soirée parfaite ».
Frédéric Thiriez (président de la Ligue professionnelle de football) : « C’est un grand moment de bonheur pour le FC Metz après avoir connu un grand moment de déprime lors de la descente en National, il y a deux ans. C’est un grand moment pour le foot français parce que le FC Metz fait partie de son patrimoine. Le FC Metz a toujours été un grand club et le sera toujours. Il a été l’un des premiers à participer aux championnats de France professionnels en 1932. Ce n’est que justice s’il retrouve le haut niveau ».
Bernard Serin (président du FC Metz) : « C’est un instant magique pour un président surtout après les difficultés qu’on a connues depuis deux ans. Le fait de finir en apothéose, c’est magique. C’est rare de vivre un match sans stress. Je pense que çà le sera un peu plus, la saison prochaine. Il y aura des moments plus stressants mais tellement passionnants ».
Echos
Cartier
La prolongation de contrat d’Albert Cartier serait en bonne voie. Les positions du président Bernard Serin et de l’entraîneur se seraient rapprochées et devraient aboutir à une officialisation prochainement pour deux saisons supplémentaires. José Jeunechamps, l’entraîneur-adjoint, devrait suivre dans un même mouvement.
Mercato
Le FC Metz continue de s’activer sur son effectif de Ligue 1 et il a pu superviser, hier, un joueur qui l’intéresse. Le meneur de jeu du Havre, Walid Mesloub (29 ans), figure en effet sur les tablettes du club mosellan. L’international algérien est un élément d’expérience et, atout supplémentaire, il sera en fin de contrat cet été avec le HAC.
Supporters
Le FC Metz organise une matinée spéciale pour ses abonnés ce samedi 17 mai au stade Saint-Symphorien. A partir de 10h40, ces supporters pourront rencontrer les joueurs et échanger avec eux.
Souvenir
Alors que le FC Metz s’apprête à retrouver la Ligue 1, après en être resté éloigné pendant six ans, il songe désormais à s’y ancrer durablement. Le plus dur commence ? « Je raconte souvent cette anecdote , confie Carlo Molinari. Quand nous sommes montés en première division en 1967, le club n’était pas en excellente santé. On s’était dit : l’objectif est de rester dix ans en première division, ce sera déjà bien. Et on y est resté pendant trente-cinq ans... » Voilà un exemple à suivre.
Le temps des héros

Saint-Symphorien a applaudi les héros d’avant, réunis autour de Carlo Molinari et Henryk Kasperczak, le président et l’entraîneur de l’époque. Photo Pascal BROCARD
Carlo Molinari, Henryk Kasperczak et l’équipe messine de 1984 ont fêté les trente ans de la victoire en Coupe de France. « Quel plaisir » pour Tony Kurbos et ses coéquipiers de l’époque, fiers du retour en Ligue 1.
Un soir pas comme les autres. Le stade Saint-Symphorien en fête, dans une ambiance de folie, pour célébrer ses héros, qui ont sorti le FC Metz de l’enfer du National pour le remonter au sommet du football français en deux ans à peine, accrochant au passage le titre de champion de France de Ligue 2. « C’est un grand bonheur pour tout un club, toute une ville, toute une région , souffle Carlo Molinari, au bord de la pelouse, quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre face au Havre. On est passé par le purgatoire. Maintenant, je ne dis pas que c’est le paradis, on aura des moments difficiles, mais on retrouve la Ligue 1 qui est la véritable place du club. »
La soirée était propice aux célébrations. Et à un anniversaire en particulier : les trente ans de la victoire en Coupe de France en 1984, au Parc des Princes, face à l’AS Monaco (2-0 après prolongations). Saint-Symphorien a donc applaudi les héros d’avant, réunis autour de Carlo Molinari et Henryk Kasperczak, le président et l’entraîneur de l’époque. « Je suis heureux d’être ici , confie le technicien polonais, âgé de 67 ans. C’est un plaisir de se retrouver à Metz trente ans après et, surtout, dans ce contexte-là. Je suis donc doublement content, le club le mérite. »
Les accolades étaient franches et chaleureuses entre tous les acteurs de ce 11 mai 1984, qui ont été mis à l’honneur avant la rencontre. « Le président Bernard Serin a eu une excellente initiative », salue Alain Colombo. L’ancien défenseur se souvient : « Cette première Coupe de France a représenté un symbole fort pour la région qui vivait la crise de la sidérurgie. On défendait les valeurs des ouvriers. Et ces valeurs, on les a retrouvées dans cette équipe d’aujourd’hui, le public aussi. On est très fier de voir éclore ces talents. »
Philippe Hinschberger, sur le banc de Laval lors de la première journée de championnat en août dernier, en avait eu un aperçu avec le but de Gaëtan Bussmann qui avait crucifié son équipe tout au bout du temps additionnel. Normalement, le premier buteur de la finale 84 aurait dû être absent, mais, depuis, il a été remercié par le club mayennais : « Ce n’est pas grave, ce soir, on est tous là pour faire la fête ! »
Même son compère de l’attaque messine du début des années 80 était là : Tony Kurbos. Personne n’a oublié le second buteur de ce Metz-Monaco, qui avait étrillé le grand Barcelone en Coupe d’Europe quelques mois plus tard. « C’est un moment d’émotion. Quel plaisir », lâche l’ex-joueur d’origine slovène. Basé à Vence, il suit toujours l’actualité messine. « Le National a été une tristesse. Mais, aujourd’hui, il faut des moyens. Et à part le PSG, qui en a ? » En tout cas, Tony Kurbos a d’ores et déjà prévu d’aller voir les Grenats la saison prochaine à Nice et à Monaco.
« Redonner de la joie au public lorrain »
Le FC Metz s’apprête à renouer avec ces soirées de gala, à la saveur nulle autre pareille. « Peut-être que nous leur avons montré la voie en 1984 avec cette victoire en Coupe de France , se demande Luc Sonor. Le contexte était totalement différent, mais l’objectif le même : redonner de la joie de vivre au public lorrain. C’est donc tout un symbole de se retrouver là, trente ans après, pour fêter aussi une accession en Ligue 1. »
En voyant tous les drapeaux s’agiter dans les tribunes de Saint-Symphorien, Carlo Molinari rappelle : « Il faut aussi rendre hommage à tous les supporters qui ne nous ont pas abandonnés, même en National. Et ça, on ne l’oubliera jamais. » Comme cette soirée.
Maxime RODHAIN.