Demain, la DNCG (*), qui a menacé le Racing des pires sanctions il y a une semaine, rendra un nouveau verdict. Elle a exigé trois millions d'euros sur le compte courant du club. Au-delà de cet engagement financier, Alain Fontenla, le propriétaire attendu aujourd'hui en Alsace, est prié d'édulcorer l'angoisse qui transpire par tous les pores au club strasbourgeois.
A partir d'aujourd'hui, au Racing, tout le monde espère y voir un peu plus clair. (Photo DNA - Laurent Réa)
Les trois millions d'euros exigés par la DNCG au début de l'année pour boucler le budget du Racing cette saison et, notamment, faire face aux impératifs de trésorerie jusqu'en juin, constituent un minimum vital. A priori versée pour moitié jeudi sur le compte du club, cette somme marque la forme d'attachement d'Alain Fontenla pour une structure dont il n'avait sans doute pas mesuré toutes les subtilités quand il l'a achetée.
En mettant la main au
portefeuille, Alain Fontenla
ne manque pas de surprendre
On l'a trouvé gêné aux entournures lors de son premier et seul passage en Alsace, mi-décembre. Dans sa maladresse, le financier londonien a pu incarner un capitalisme déshumanisé, marqué par le jonglage avec les sommes folles, les transferts de capitaux et l'art de la spéculation.
En mettant la main au portefeuille, en répondant aux injonctions d'investir personnellement de l'argent qu'il n'est pas prêt de revoir car la dépense dans le foot correspond presqu'invariablement à une perte, Alain Fontenla ne manque pas de surprendre.
Il est néanmoins prié d'aller plus loin. Dans la panade sportive, le Racing est malade à tous les étages. Après un été désastreux, il a subi un nouveau coup de bambou avec le processus de reprise, passablement catastrophique pour l'heure. De nouveaux acteurs ont débarqué chaque semaine à la Meinau, chacun avec des rôles imprécis, quelques-uns se déchirant avec quelques autres et les derniers comptant les points.
En ce sens, la nécessité de définir un organigramme clair, net et précis s'apparente à un impératif. Qui décide dans quel domaine, et avec quel degré d'autonomie ? Il n'est pas sûr que toutes les questions sur le sujet trouveront une réponse.
La fin de semaine est marquée par l'assemblée générale du club - jeudi - et l'élection d'un nouveau président, pour un quatrième passage de témoin au sommet de la hiérarchie en un peu plus de six mois.
Il doit intervenir alors que le tour de table est susceptible de connaître de nouvelles modifications dans les semaines voire dans les mois à venir. Vendeur un jour peu avant Noël, Alain Fontenla s'est ravisé le lendemain. Mais en entrouvrant la porte à d'autres investisseurs, il retrouverait (un peu) de la légitimité dont il ne peut se passer.
Et le mercato, alors ?
Au passage, la tempête ubuesque traversée par le 16e de la Ligue 2 a souligné l'importance de simplifier le montage financier en place. Une holding qui contrôle une autre holding qui contrôle le club, c'est au moins un échelon de trop. En ces temps de réforme des institutions et d'amaigrissement du mille-feuilles politique, un semblable processus du côté de la Meinau ne s'apparenterait pas à un luxe.
En reléguant au second plan des hommes demeurés dans l'ombre et qui souhaitent probablement y rester, Alain Fontenla ramènerait un peu de sérénité dans les coulisses. En revanche, la définition d'un projet de club, à court et moyen termes, constitue une nécessité. Si telles sont leurs intentions, on souhaite bon courage aux hommes désireux de restructurer le club afin de le revendre rapidement.
Depuis presque quatre ans, Jean-Luc Herzog a veillé à diminuer la dépense. Celui qui fut directeur-général puis président-délégué n'a guère laissé de gras dépasser dans le fonctionnement du Racing. En termes sportifs, au-delà d'un projet, il y a une urgence. Le foot pro vit les derniers jours du mercato hivernal.
Pour l'heure, le Racing a laissé filer vers Boulogne son meilleur défenseur, Habib Bellaïd, tandis que la CAN et la Coupe de France ont assuré une belle saignée. Yassine Bezzaz est revenu d'Angola avec un genou en vrac, la saison de l'international algérien étant terminée. Magaye Gueye a achevé le premier match de l'année, face à Lyon (1-3), en boitant, et il se soignera encore deux mois.
Le professionnalisme géré
en dépit du bon sens n'a
fait que trop de dégâts
Si les coulisses demandent à être pacifiées aujourd'hui, le pôle sportif, et c'est bien là l'essentiel, est en quête d'assurance et de lumière. Pascal Janin en appelle à un voire deux renforts en attaque et il n'a rien vu venir pour l'instant. Il espère être secondé d'un adjoint, Cyril Serredszum au club depuis deux semaines mais toujours sans contrat.
Au passage, l'identité des décideurs en matière de recrutement reste floue. Qui de l'entraîneur, du conseiller du propriétaire, Ralph Isenegger, du nouvel arrivant dans la cellule recrutement, Jean-Luc Witzel, du coordinateur sportif, Pascal Camadini ou du futur président, donne ou donnera le ton dans un domaine sensible ? Il conviendrait d'y voir plus clair.
Le temps d'un week-end, les Colmariens ont redonné un peu de lustre au football à la mode alsacienne. Ils ont permis de se détourner quelque peu du triste cirque en vigueur au Racing depuis six semaines. Les Verts haut-rhinois ont incarné à merveille les vertus d'un amateurisme triomphant.
Le professionnalisme géré en dépit du bon sens n'a fait que trop de dégâts à Strasbourg. Fontenla, c'est l'heure.
François Namur
(*) Direction nationale du contrôle de gestion