
Sylvain Wiltord, chasseur de buts avec l’OM. Une image que le public messin espère voir à son tour sous ses nouvelles couleurs. Photo AFP
La sensation du marché hivernal des transferts est réalisée par le FC Metz qui est parvenu, hier, à recruter Sylvain Wiltord. L’ancien attaquant des Bleus, 92 sélections, relève à trente-cinq ans un défi épineux.
A Metz, le marché hivernal des transferts avait débuté par l’annonce du départ de Papiss Cissé, meilleur buteur maison avec huit réalisations en Ligue 2, vendu au club allemand de Fribourg pour 1,6 million d’euros. Ce matin, cette information paraît totalement datée : un mois plus tard, la même période se referme avec la signature de Sylvain Wiltord, dont on ne sait pas par quel bout entamer la carte de visite. Dans sa trente-sixième année, l’ancien international français aux 92 sélections s’engage à Metz pour six mois, avec une reconduction d’un an en cas d’accession en Ligue 1.
GRAND ANGLE
Ce chassé-croisé entre le jeune attaquant sénégalais et le buteur de l’égalisation des Bleus lors de leur finale victorieuse face à l’Italie à l’Euro 2000 va peut-être ramener dans l’actualité messine le discernement disparu en même temps que Papiss Cissé, dont les conséquences du départ ont suscité des commentaires démesurés, ici ou là. Dans le communiqué officiel publié hier par le FC Metz, il faut savourer cette phrase de Bernard Serin : « S’il arrive pour pallier le départ de Papiss Cissé en attaque, il (Sylvain Wiltord) est susceptible d’être celui qui pourra amorcer la révolte au sein de l’effectif, etc, etc. » Papiss Cissé et Sylvain Wiltord dans la même phrase, il faut le voir pour le croire !
Dans la dernière ligne droite, Metz vient donc d’effectuer son marché de manière massive et spectaculaire : le Marocain Youssef Mokhtari, un milieu de terrain offensif, puis le Malien Adama Tamboura, un défenseur ou milieu gauche, ont précédé Sylvain Wiltord sur le chemin de Saint-Symphorien. Nonobstant Cissé, les départs se situent à la marge, concernant des joueurs peu (Brégerie, N’Diaye) ou pas utilisés (Belson). A priori, puisqu’il ne faut jamais présager du succès d’un recrutement, Metz dispose le 31 janvier 2010 d’un potentiel supérieur à celui du 31 décembre 2009. « Je pense que cet effectif est plus fort, mieux équilibré, plus complet et plus expérimenté», confirme Bernard Serin.
Recoller à l’objectif
Sur ce que montrent les Lorrains, à la peine depuis janvier, ou du moins sur ce qu’ils ne montrent plus, tant ils paraissent à court de solutions comme vient de le souligner le revers essuyé à Bastia, dernier de Ligue 2, ce réajustement s’avère vital pour recoller à l’objectif de la remontée en fin de saison, encore répété hier par Bernard Serin qui réalise-la son premier coup de patron de club. Car en plus de son effectif, Metz renforce son image, passablement écornée par les échecs à répétition, dont celui de la remontée immédiate, au printemps dernier, tout en prouvant qu’il reste un club assez crédible pour attirer un joueur de renom, malgré des moyens réputés modestes. « Le choix de Sylvain Wiltord de nous rejoindre est aussi un message à l’adresse de tous ceux qui imaginent que le club existe un peu moins chaque jour », affirme ainsi le président messin. Pilote de ce dossier, Joël Muller peut lui aussi se féliciter d’une telle issue, au bout d’un mois au cours duquel l’ancien entraîneur devenu directeur sportif a aussi joué tout à la fois l‘équilibriste, le chercheur et l’économe !
A partir de lundi, quand Sylvain Wiltord rejoindra sa nouvelle vie et sa nouvelle ville, qui se trouve être celle de son conseiller, l’avocat Fabrice Hénon-Hilaire, le FC Metz n’aura plus que quatre jours pour rectifier le tir au classement, où une victoire sur Nîmes vendredi ne lui permettrait que de revenir à un point de son adversaire du jour. C’est dire si c’est aussi une course contre la montre qui s’engage, un défi d’envergure qui nécessitera une équipe mobilisée. Quand les nouveaux seront-ils opérationnels ? Adama Tamboura rentre de la Coupe d’Afrique des Nations, où il vient de disputer trois matches avec le Mali. Youssef Mokhtari et Sylvain Wiltord doivent, eux, retrouver le rythme de la compétition mais leur expérience les place sans doute à l’abri de mauvais calculs. En quelques jours, le vestiaire messin vient aussi de gagner en vécu. Par-delà le prestige de l’opération Wiltord, ce n’est pas la moindre des vertus de ce marché inattendu.
Sylvain VILLAUME.