
Sylvain Wiltord et Stéphane Borbiconi à la lutte, le 23 octobre 2005, lors d’un Metz-Lyon remporté (4-0) par les champions de France de l’époque. A partir d’aujourd’hui, ils porteront le même maillot : grenat ! Photo archives RL
Alors que Sylvain Wiltord arrive à Metz aujourd’hui, retour sur la sensation finale du marché des transferts, où comment un ancien attaquant international a retrouvé un club en Ligue 2.
Au bout d’un marché hivernal des transferts de peu d’animation, l’arrivée de Sylvain Wiltord à Metz tient lieu de sensation. L’ancien international français aux 92 sélections, champion d’Europe en 2000, découvrira aujourd’hui le lieu de sa prolongation de carrière : tests médicaux, visite des installations et conférence de presse figurent notamment au menu de sa première journée de joueur messin, à la veille de rejoindre ses nouveaux coéquipiers, mardi matin, sur le terrain.
Wiltord à Metz ? Si l’incrédulité l’a d’abord emporté, la réalité dépasse finalement les espoirs des supporters, jusqu’ici navrés de perdre Papiss Cissé ou désespérés d’apprendre que l’ancien Rémois Yann Kermorgant restait à Leicester. Comment en est-on arrivé là ? Petit détour par les coulisses d’une arrivée surprise…
27 août 2008. Dans la loge de Jean-Michel Weigerding, sponsor principal du FC Metz, Fabrice Hénon-Hilaire vient d’assister à la victoire des Messins sur Tours, au deuxième tour de la Coupe de la Ligue. En sa qualité d’avocat de l’entrepreneur mosellan, c’est lui qui a finalisé le contrat de partenariat entre la société Weigerding et le FC Metz, un an plus tôt. Il a alors été présenté à Bernard Serin comme le conseil de Sylvain Wiltord. A ce moment-là, l’ancien attaquant des Bleus n’a pas de club. Bernard Serin prend de ses nouvelles auprès de Fabrice Hénon-Hilaire, qui relaie l’intérêt messin auprès de l’intéressé. Lequel ne donne pas suite.
17 janvier 2010. Metz est sur la piste d’un attaquant, depuis la vente de Papiss Cissé à Fribourg pour 1,6 million d’euros, mais échoue à faire venir Kermorgant, que son club ne laisse pas partir, renonce à Gakpé ou voit Rafik Saïfi choisir Istres. Pendant ce temps, Sylvain Wiltord entretient sa condition en s’entraînant avec Créteil, club de National. A Paris, à quinze jours de l’issue du marché des transferts, Fabrice Hénon-Hilaire effectue un tour d’horizon des propositions concernant Sylvain Wiltord. Cette fois, le joueur évoque son intérêt, « dès lors que le projet sportif est intéressant. »
19 janvier 2010. Au niveau médian de la tribune Républicain Lorrain, la loge de Jean-Michel Weigerding permet de nouveau à Fabrice Hénon-Hilaire et Bernard Serin de se croiser. La rencontre est informelle, mais son contenu déclenche la formalisation d’un contact.
25 janvier 2010. En soirée, Sylvain Wiltord est devant sa télé : Metz reçoit Caen, en match en retard de la 19 e journée de Ligue 2, et s’incline (1-3), un score sévère au vu de la physionomie du match. Depuis plusieurs jours, Joël Muller a glané un maximum de renseignements sur le joueur : le directeur sportif messin a notamment sondé Dominique Cuperly, adjoint d’Eric Gerets la saison dernière à Marseille, et Laurent Fournier, entraîneur de Créteil, avec qui Wiltord s’entraîne depuis le 12 janvier. Des démarches absolument classiques, lorsqu’un club étudie la possibilité de recruter un joueur, quel qu’il soit. Conforté, Joël Muller peut lancer les négociations.
27 janvier 2010. Des fuites permettent au Républicain Lorrain et à L’Équipe de révéler l’existence d’un contact entre le FC Metz et Sylvain Wiltord : l’annonce fait grand bruit même si, sur les forums de supporters, nombreux sont ceux qui affirment de pas y croire. L’après-midi, une conférence de presse permet d’annoncer la signature d’un milieu de terrain offensif marocain, Youssef Mokhtari. Les journalistes ont la délicatesse d’attendre la fin de la présentation du nouveau venu pour vérifier ce que quelques-uns d’entre eux ont dévoilé le matin même : Bernard Serin et Joël Muller confirment être en négociation avec Sylvain Wiltord, « l’un de nos tout derniers dossiers au poste d’attaquant », selon le directeur sportif.
30 janvier 2010. L’intérêt messin pour Sylvain Wiltord en a suscité d’autres. Créteil n’a toujours pas renoncé à accueillir l’ancien international, également convoité par Cannes, qui tente de l’attirer avec des propositions de reconversion. Mais c’est l’ambition sportive de Metz qui a retenu l’attention du joueur : c’est à Fabrice Hénon-Hilaire de négocier les conditions de sa venue en Lorraine. Tard, vendredi soir, il traite avec Bernard Serin, qui vient d’assister à la nouvelle défaite de son équipe, à Bastia. L’accord intervient samedi, en tout début d’après-midi. Sylvain Wiltord avertit Créteil, Fabrice Hénon-Hilaire informe Cannes avant de partir assister au match de CFA entre Amnéville et la réserve de Lille. Le communiqué de presse du FC Metz tombe à 15 h 46 dans les messageries électroniques. Son titre : « Sylvain Wiltord au FC Metz. » Quelque chose nous dit que son auteur n’aurait jamais pensé rédiger une phrase pareille…
Sylvain VILLAUME.