Le rideau est tombé. Violemment. Un an à peine après avoir retrouvé l’élite en grande pompe, les Messins lui disent déjà au revoir. Retour à la case départ au terme d’une saison ratée.
Après deux saisons en ligne droite et un titre de champion de France de Ligue 2 au bout du chemin, le FC Metz n’a donc pas su éviter une nouvelle sortie de route. Le virage était trop serré, la chaussée trop glissante. Résultat, retour dans le fossé…
Les dirigeants messins, le président Bernard Serin en tête, doivent désormais rapidement effectuer l’état des lieux d’un attelage qui ne pourra pas faire les frais d’une grosse rénovation. Et le plus rapidement possible puisque la date de la reprise a d’ores et déjà été fixée au 24 juin. Dans moins d’un mois… Autrement dit demain.
Mais comment le club à la Croix de Lorraine en est-il arrivé là ? Évidemment, les causes d’un tel échec sont multiples et variables selon qu’on soit joueur, entraîneur, dirigeant ou supporter. Si chacun porte sur ses épaules une part de responsabilités, les acteurs principaux de ce fiasco restent les joueurs.
Un leurre
S’il est difficile de leur reprocher un manque d’engagement, leur adaptation aux exigences de l’élite a, en revanche, laissé à désirer. Le bon début de saison – Metz était 5e à l’issue de la 8e journée – s’est vite avéré n’être qu’un leurre. La série de 18 matches sans la moindre victoire (de novembre à avril, 13 défaites et 5 nuls) a vite replongé les Lorrains face à une plus triste réalité : ils n’avaient pas le niveau.
La malchance, les erreurs d’arbitrage et autres faits de jeu ne peuvent pas tout expliquer. Tout au plus s’agit-il d’un arbre cachant une forêt au sein de laquelle ont gambadé des meutes de fautes individuelles, des hordes de naïveté et un esprit collectif ainsi qu’une solidarité en constante déliquescence. Les hommes d’Albert Cartier se sont dangereusement appuyés sur leurs acquis.
L’histoire d’une équipe qui tombe d’un immeuble de 38 étages et qui, au fur et à mesure de sa chute, se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien. Mais évidemment, l’important, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. Douloureux pour le coup !
Et il ne s’est trouvé personne pour tirer la sonnette d’alarme… Certes, Florent Malouda a pointé du doigt le « manque de maturité technique » de son équipe. Mais le mal était sans doute plus profond. Niché là, dans la sacro-sainte intimité du vestiaire. « Je m’attendais à plus de cohésion », a ainsi récemment confié Johann Carrasso. Le gardien messin osant même évoquer « un vestiaire coupé en deux ».
Des paris manqués
En cause, notamment, des excès d’individualisme couplés à un effectif hétéroclite et bien trop étoffé. Il est aujourd’hui évident que le FC Metz a manqué son pari en matière de recrutement, le symbole étant la lente extinction de Krivets, alors que Falcon, Maïga ou Malouda ont traversé leur saison sur courant alternatif. Parallèlement, les Métanire, Bussmann, Ngbakoto ou Sarr (dont le réveil s’est avéré tardif) ont appris à leurs dépens que briller en Ligue 2 n’était pas forcément un gage de réussite à l’étage du dessus…
Et que dire des emplettes messines de cet hiver ? Alors que l’urgence était de relancer la machine, d’apporter un plus en attaque et d’insuffler un vent d’expérience, les dirigeants ont préféré miser sur l’avenir en attirant le jeune Letton Ikaunieks et les Tunisiens Sassi et Ben Youssef. Trois joueurs ne connaissant pas le championnat français et encore moins la Ligue 1. Les deux derniers n’étant même pas immédiatement à la disposition du staff puisque retenus pour la CAN….
C’est avec tous ces éléments qu’Albert Cartier a dû composer. Si son président lui a maintenu sa confiance jusqu’au bout, ce dernier a néanmoins souvent tâtonné, longtemps cherché une identité de jeu et tranché parfois brutalement dans le vif en écartant puis en rappelant certains éléments. Au final, pour tous, le virage était donc trop serré, la chaussée trop glissante…
