
La L2 au tribunal
LAURENT CRANDCOLAS
LES PRÉSIDENTS DES CLUBS DE L 2 ONT DÉCIDÉ DE SE TOURNER VERS LA JUSTICE POUR CONTESTER LA DÉCISION DE LA LIGUE DE PASSER IMMÉDIATEMENT À DEUX MONTÉES ET DEUX DESCENTES ENTRE LA L1 ET LA L2
HIER MATIN à10h30, c'est une véritable assemblée générale qui s'est déroulée au téléphone entre tous les présidents de la Ligue 2 ou leur représentant. Une réunion menée par Jean-Pierre Louvel, le président du Havre et de l'UCPF, à laquelle ont été conviés les clubs pros du National, dont le CA Bastia et Châteauroux. Au programme, bien entendu, une discussion sur les actions à enclencher pour contester la décision du conseil d'administration de la LFP du 9 juillet dernier, de passer à deux montées et deux descentes entre la L1 et la L 2 à l'issue de cette saison.
De manière unanime, les présidents sont décidés à se défendre. « On ne cherche pas la bagarre, nous. On est juste en riposte d'une attaque, d'une véritable agression », commente Guy Cotret, le président de l'AJ Auxerre. Chacun s'est exprimé et tous ont décidé de se tourner vers les tribunaux. Dès hier après-midi, plusieurs cabinets d'avocats ont été mandatés pour introduire une action en justice en référé auprès du tribunal administratif. Une procédure en urgence car, comme résume Joël Coué, le président de Niort : « II faut aller très vite. Chaque jour a son importance. La saison a déjà commencé et la première journée de L 2 est dans dix-huit jours. » Excédés, les présidents des clubs de Deuxième Division ont quasiment tous le même sentiment. Celui d'être méprisés. « Ce qui a mis le feu, c'est le passage en force de cette décision. Un coup à la hussarde », dit Claude Michy, le président de Clermont. Pour ces présidents, le CA de la LFP du 9 juillet va décapiter l'essence même du football en France : «Aujourd'hui, nous défendons le sport dans son fondement. Nous défendons des clubs, des supporters, des partenaires et des collectivités locales qui eux aussi investissent », insiste Claude Michy. Pour Jean-Marc Ettori, le président de Tours, tout cela n'est que le prélude d'une plus grande manoeuvre : « On a foulé les règles élémentaires de la démocratie. Certains veulent faire de nous tous des Luzenac.
J'en suis persuadé. On commence par limiter les montées et les descentes et la Lia dix-huit clubs va arriver très vite. Et puis on va redistribuer les droits télé de la L 2. J'en suis sûr, la Ligue fermée, c'est pour bientôt. » Le président de la FFF, Noël Le Graët, a invité une délégation à lui rendre visite ce jeudi à 16 heures au siège de la Fédération. Cette main tendue divise la Ligue 2. « On espère que Le Graët a pris la mesure de ce qui se passe et va enfin prendre les choses en main », lance Claude Michy. Même si, ironise Guy Cotret : « Au final, les présidents n'attendent plus grand-chose du président Le Graët. On ne sait pas ce qu'il veut. On va même peut-être se faire engueuler. »
BOYCOTT DE LA COUPE DE LA LIGUE ?
Jeudi, donc, cinq présidents de clubs (Clermont, Paris FC, Red Star, Auxerre et Lens) se rendront boulevard de Grenelle à Paris pour ce qui semble être le rendez-vous de la dernière chance. Au point de faire marche arrière sur l'action en justice décidée hier ? Pour Jean-Marc Ettori, la coupe est pleine : « Cela fait peu de temps que je suis dans le foot, mais c'est quand même un dîner de C*** permanent, non ? On n'a confiance en personne et la suspicion est bien là. Mais bon, au fond de moi, j'y crois encore et j'espère que cela va avancer, » Claude Michy attend de voir : « II est la plus haute autorité du football en France. Donc on va voir ce qu'il nous dit mais on est pressés et il y a un délaiim-parti. Quand les règles ne sont pas respectées, c'est à la justice de trancher, » Et si le souhait de certains de renverser le CA de la LFP semble être tombé aux oubliettes, les présidents envisagent sérieusement de ne pas se rendre au tirage au sort des deux premiers tours de la Coupe de la Ligue prévu aussi ce jeudi, voire, en cas de conflit larvé, de ne pas y participer du tout cette saison. La division et la fracture sont bien réelles. Quoi qu'il arrive dans les jours qui viennent, cela laissera des traces.