Sylvain Wiltord dit avoir perçu l’attente placée en lui. « Je réponds : OK, mais on ne peut rien faire tout seul. » Photo Pascal BROCARD
Pour prendre ses marques, Sylvain Wiltord a commencé par marquer des buts, et les esprits. Trois semaines après son arrivée en Lorraine, premier bilan d’étape, au matin de Dijon - Metz.
Dans quelques minutes, au détour de la conversation, Sylvain Wiltord se décrira comme quelqu’un qui n’a rien d’un « grand communicant ». Ce n’est pourtant pas ce qui vient en premier à l’esprit, lorsque l’attaquant aux 92 sélections en équipe de France se dévoile en tête à tête. Il est midi, hier, en salle de presse, à l’ombre du stade Saint-Symphorien, et à quelques heures de prendre la route pour Dijon : dehors, un soleil généreux brille enfin sur Metz.
• S’il vous arrive d’y repenser, marquer deux buts dès votre premier match à Metz, ce sont des débuts rêvés, non ? « Je n’avais jamais imaginé ça ! Je ressentais un peu d’appréhension, beaucoup d’envie, et quelques craintes sur le plan physique. J’avais dit à mon arrivée que j’étais chaud, après six mois sans compétition, mais c’était surtout une blague. »
• La part de doutes était plus grande que la part de certitudes ? « Je me connais, et je savais que mes qualités ne s’étaient pas envolées. Mais je n’avais pas la garantie de marquer deux buts, quand même pas ! J’ai juste cherché à compenser mon retard physique en jouant simple, sur mes acquis, comme le placement, et mon premier but est d’ailleurs un but de renard, sur lequel je sens bien le coup. »
« Nous avons été chahutés… »
• Avez-vous, aujourd’hui, un match entier dans les jambes ? « A Tours, j’ai pratiquement joué tout le match ( 83 minutes exactement). C’est dur après, mais c’est surtout le contenu qui ne me satisfait pas : je dois me montrer plus régulier sur quatre-vingt-dix minutes, plus présent, toucher davantage de ballons et mieux les négocier. »
• Ce que vous voyez depuis presque trois semaines vous rend-il confiant sur les chances de montée de votre nouvelle équipe ? « Je découvre le groupe et je vois de la qualité. En plus, vous travaillez toujours mieux en ne perdant pas. Mais, à chacun des trois matches que nous venons de jouer, nous avons été chahutés : parfois, nous sommes même passés près de la défaite, nous devons donc rester très vigilants. »
• Que faudra-t-il améliorer ? A Tours, vous avez manifesté une certaine exigence, dans vos propos d’après match… « Sans rigueur, nous n’atteindrons pas l’objectif. Il nous faudra beaucoup de discipline pour remporter des victoires. A 3-1 pour nous et alors que nous étions à onze contre dix, Nîmes a eu des occasions. Quand on regarde les vidéos, on note quelques lacunes, parfois par envie de bien faire. Il faut savoir se modérer parfois, et bien se parler pour se faciliter la tâche. »
« Je regardais le match du lundi »
• Vu le nombre de points que comptent Caen et Brest, estimez-vous qu’il ne reste plus qu’une place pour monter ? « Ils sont un peu loin, en effet. A moins d’enchaîner une grosse série de victoires, il vaut mieux regarder derrière nous, où se situe la menace et où la situation est très serrée… »
• Raison de plus pour abandonner le moins de points possible ? « Oui, car nous ne devons pas perdre de vue que quatre de nos poursuivants se tiennent en quatre points, juste derrière nous. Il faut donc aborder chaque match comme une finale. »
• En l’emportant à Dijon, Metz sortirait avec sept points d’une série de trois déplacements. De quoi marquer les esprits ? « Cela montrerait que nous sommes bien là, car ce n’est jamais évident. Mais si nous gagnons à Dijon, il ne faudra pas oublier de gagner chez nous, sans quoi ce serait improductif. »
• Vous étiez dans les tribunes à Angers, sur le terrain à Tours, vous jouez demain à Dijon : vous accommodez-vous de cette immersion en Ligue 2 ? « J’adore le foot, au point que je regardais de temps en temps le match du lundi soir. Je suis dans le vif du sujet, mais c’est bien : jouer, c’est ce que j’aime avant tout, d’autant qu’ici existe l’ambition de jouer en Ligue 1. »
• Vos premières impressions sur vos nouveaux coéquipiers ? « Je ne les connaissais pas beaucoup. Si je redécouvre des garçons comme Biancalani, Johansen ou Rocchi, j’en découvre d’autres, comme le jeune Jérémy Pied : il y a un amalgame intéressant entre jeunes et anciens, ainsi qu’un vrai bon potentiel. »
« J’essaie de transmettre »
• Vous évoquez régulièrement la notion de plaisir. Pensez-vous pouvoir entraîner vos partenaires dans votre sillage ? « Oui, je pense. J’essaie de transmettre ma soif de gagner le moindre duel, le moindre jeu, de réussir la moindre séance devant le but, pour pouvoir partager un petit sourire quand tout cela est accompli. J’espère donc leur servir d’exemple par rapport à tout ça. Même si, depuis mon arrivée, je n’ai encore pas participé à une seule séance sur une bonne pelouse… »
• Êtes-vous conscient d’avoir déjà apporté beaucoup à l’image du FC Metz, qui souffrait nettement d’un déficit de notoriété, depuis pas mal de temps ? « Je suis content que l’on parle de Metz, où je sens que les gens aiment le football et ont envie de retrouver la Ligue 1. Je suis conscient de cet engouement mais j’essaie de ne pas m’en préoccuper, de me concentrer sur le jeu et sur le terrain, comme je l’ai toujours fait. Pour le reste, je ne suis pas un grand communicant. Avec ce qu’on me dit, et même à travers certains regards parfois, je sens que les gens voudraient que je les envoie en Ligue 1. Je réponds : OK, mais on ne peut rien faire tout seul. Et vouloir revoir la Ligue 1 passe par venir voir la Ligue 2. »
• Avez-vous pris le temps de découvrir votre nouveau cadre de vie ? « Je suis allé une seule fois me promener en ville, j’ai vu des choses sympas. Je vais faire ça tranquillement. Pour l’instant, je prends mes marques ! »
Sylvain VILLAUME.
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LA TROISIEME ETAPE
Comme à l’automne dernier, Oumar Sissoko arrive en première ligne pour suppléer Christophe Marichez. Photo RL
Après Angers et Tours, Metz enchaîne un troisième déplacement de suite, à Dijon. Blessé, Christophe Marichez cède sa place à Oumar Sissoko.
Le contexte. Fort d’avoir victorieusement mis son calendrier à jour à Angers avant de ramener un point de Tours, Metz aborde son troisième déplacement de rang, à Dijon, animé d’une « confiance restaurée », dixit Yvon Pouliquen. « Les joueurs viennent de prendre conscience qu’ils pouvaient bien faire à l’extérieur, à condition de constituer un bloc solide et compact », poursuit l’entraîneur messin. C’est à domicile que Dijon, de son côté, rencontre les plus grandes difficultés à s’imposer, et le déclic n’a toujours pas été trouvé : la dernière victoire des Bourguignons au stade Gaston-Gérard remonte au 30 octobre (5-4, face à Châteauroux). Depuis, ils y ont concédé quatre nuls et une défaite. Mais Dijon reste sur une victoire spectaculaire, à Bastia (3-4), qui rappelle combien cette équipe peut notamment se montrer dangereuse en contre-attaque.
L’enjeu. S’ils s’imposaient, les Messins ne réaliseraient pas qu’une très belle occasion comptable, tout en réalisant une opération exceptionnelle consistant à prendre sept points sur neuf possibles en trois déplacements de rang : ils enverraient un signal fort, sinon décourageant, à leurs poursuivants. « Il s’agirait du parcours idéal, et pour rester en haut du classement, et pour engranger encore un peu de confiance, confirme Yvon Pouliquen. Mais ce ne sera pas facile, contre une équipe désireuse d’effacer plus de trois mois de disette à domicile, un adversaire roublard, intelligent notamment dans la gestion des moments forts de l’adversaire, et redoutable en contre, comme le démontrent ses résultats à l’extérieur. Contre nous, je m’attends à ce que Dijon se comporte comme à l’extérieur. Alors, nous allons faire le jeu ! »
Les acteurs. Exit Christophe Marichez. Le gardien messin s’est blessé au quadriceps, hier matin, à l’entraînement, et doit céder sa place dans les buts à Oumar Sissoko. Le Malien avait déjà assuré un intérim riche, à l’automne dernier, après être entré en jeu à Nantes (2-2) : avec lui, Metz n’avait même perdu aucun match, entre les 10 e et 14 e journées. La suspension de Julien Cardy ajoutée au passage de Nuno Frechaut en défense centrale évitent d’avoir à choisir, au milieu, où Pascal Johansen évoluera dans l’axe avec Romain Rocchi. Le 4-4-2 messin contient cependant quelques mystères, qui seront soulevés au coup d’envoi, notamment sur l’identité de l’arrière gauche, aux postes de milieux excentrés, et au côté de Sylvain Wiltord. A Dijon, où l’expérience (Éric Carrière, Michaël Isabey, Stéphane Morisot) pèse lourd, le danger viendra notamment de l’Uruguayen Sebastian Ribas, quatrième buteur de Ligue 2.
S. V.
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Le chiffre
3. Jusque-là abonné à Ligue 2 Multicanaux, comme ce soir à Dijon, le FC Metz risque de prendre un abonnement aux matches du lundi, diffusés sur Eurosport. Ce sera le cas contre Le Havre, le 1 er mars, puis à Laval, le 8; naguère affiche historique en Première division, Metz - Nantes sera le troisième match d’affilée proposé aux téléspectateurs d’Eurosport, le lundi 15 mars, à 20 h 45.
La question
Pourquoi Julien Cardy a-t-il finalement été suspendu pour Dijon - Metz, sans être sanctionné la semaine dernière par la commission de discipline de la Ligue ? A cause d’un oubli ! Alors que Cardy avait écopé, contre Nîmes, d’un troisième avertissements en moins de dix matches, son cas n’a pas été évoqué jeudi dernier par la commission de discipline. Mais le FC Metz s’est aperçu de la méprise et l’a signalée, afin que la sanction tombe hier soir, pour le match d’aujourd’hui : une démarche qui évitera à Julien Cardy d’être suspendu pour Metz - Le Havre. Habituellement, les décisions prononcées le jeudi prennent effet à partir du lundi suivant.
L’anecdote
Metz invaincu à Dijon. L’histoire des confrontations entre Dijon et Metz en championnat s’avère récente : elle repose exclusivement sur les habitudes très contemporaines des Lorrains à fréquenter la Ligue 2. Metz s’est donc produit à deux reprises seulement au stade Gaston-Gérard, et il s’y est imposé à chaque fois : 0-3, la première fois, le 15 septembre 2006, sur des buts de Papiss Cissé, Babacar Gueye et Ludovic Obraniak ; 0-1, la saison dernière, le 27 septembre 2008, grâce à un but de Matheus Vivian. Passe de trois très attendue, ce soir, dans le camp lorrain…
La phrase
Carteron et Wiltord. « Contrairement à l’image qu’il véhicule à tort, Sylvain Wiltord est un mec hyper-communicatif et, pour un coéquipier, quelqu’un de très agréable. Avec Sonny Anderson à Lyon et Pascal Feindouno à Saint-Étienne, il fait partie des joueurs très au-dessus du lot que j’ai côtoyés durant ma carrière. » Propos signés Patrice Carteron, actuel entraîneur de Dijon, et défenseur à Rennes au début de la carrière de l’attaquant-vedette du FC Metz, au cœur des années 90.
S. V.
