ambroisepare a écrit :La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était
I
l suffirait de presque rien,
Pourtant personne tu le sais bien,
Ne repasse par sa jeunesse.
Ne sois pas stupide et comprends,
Si j'avais comme toi vingt ans,
Je te couvrirais de promesses.
Jean Max Rivière
Bravo pour ce magnifique post!!!!
Y avait-il à ce point d'urgence pour que le ciel sombre se déchire d'un coup de tonnerre ?
Il semblerait que le président Serin vienne à nouveau de changer son fusil d 'épaule. Dans mon précédent billet j'avais pointé du doigt la versatilité du discours présidentiel. On assiste là à un nouvel épisode de cette capacité à changer les principes. Alors oui il y avait urgence...
Le contexte on le connaît, la dernière année à trois montées, la dernière chance de se hisser aussi facilement à l'étage supérieur, avec la nécessite faite loi d'assurer la survie financière du club en remontant tout de suite sous peine d'emprunter une spirale désormais connue d'affaiblissement budgétaire... Et le palais St Symphoriesque emplit de noirs couloirs où chacun dans l'ombre tapi, guettait avec des sourires pleins de poignards un ami à trahir, un chef à renverser, une clientèle à placer qui faisait des écuries d'Augias, en comparaison, un trois étoiles.
Un coup de balai salutaire emporte un entraîneur fusible qui aura eu l'élégance d'un départ digne, un Iago d'opérette, qui a force de savonner les planches à fini par glisser dans la trappe qu'il avait construit, et un préparateur physique dont on ne se souviendra ni de la préparation ni du physique d'ailleurs...
Et, à l'annonce du nom du nouveau coach, une émotion m'étreint le cœur et une inquiétude me traverse l'esprit...
Mais tout d'abord, flashback............
Hier encore j’avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l’amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J’ai fait tant de projets qui sont restés en l’air
J’ai fondé tant d’espoirs qui se sont envolés
Que je reste perdu ne sachant où aller
Les yeux cherchant le ciel, mais le cœur mis en terre
Ch. Aznavour
Hier encore, Hinschberger...
Ce nom résonne en moi au plus profond... D'abord le père. En effet, je suis assez vieux ^^ pour avoir eu au collège le père de Philippe comme professeur d'éducation physique et sportive au collège Jean Rostand de Metz Devant-les-ponts...
Son fils Philippe, de deux ans mon aîné, je l'ai découvert au stade, et déjà à l'époque il sortait de l'ordinaire. Pensez, dans les années quatre vingt, un type en fac, et en plus avec des idées bien arrêtées...
Et puis il est devenu une sorte de légende, en demi finale de la coupe de France 1984... A l'aller contre Nantes, dont c'était le dernier match à Marcel Saupin, je sais j'y étais, Hinschberger ouvre la marque pour un fol espoir et malgré la défaite 2-1, un petit espoir demeure. Au retour c'est encore lui qui envoie le club en finale pour la deuxième fois de son histoire, après celle légendaire déjà de la pluie de coussins rouges, en 1938, et perdue dans les conditions qu'on connaît...
En finale, c'est lui encore qui ouvre la marque à la 102eme minute avant que kurbos, par un tir chirurgical ne nous envoie dans les étoiles... Dans un parc des princes où la sidérurgie oubliait son agonie dans la folie d'une victoire sans lendemain... Longwy ne vivra pas au delà...
A Barcelone il sera de la partie, car à cette époque là on jouait avec trois attaquants, Kurbos, Bocandé et Hinschberger... Sacré Marcel Husson, jouer là bas avec trois attaquants... Tiens j'en pleurerai... imaginez aujourd'hui.... Et c'est lui qui brandira en capitaine, la seconde coupe de France, gagnée en 1988 par le club au bout d'un match si serré qu'il a vu, fait rarissime, le tour d'honneur des messins aller chercher les joueurs sochaliens pour le partager....
Si j'évoque ici ces souvenirs, c'est pour que les jeunes générations se rendent compte que Philippe Hinschberger c'est ce pedigree là, une carte de visite qui fait partie de la Geste de St Symphorien, de la période qui suit immédiatement celle de Braun et Curioni et qui précède celle de Muller. Ce point d'ancrage historique le situe dans un football dont il a gardé je crois la mémoire, et si je n'ai pas d'illusions sur les raisons qui l'on amené à ne jamais s'inscrire dans l'encadrement du club alors qu'il a fait TOUTE sa carrière de joueur au club, Philippe Hinsch, c'est un peu notre Ryan Giggs, toute proportion gardée...
Il vient de ce temps dinosauresque où le football c'était marquer plus de but que l'adversaire pour gagner...
La Faute de l'Abbé Serin
Maintenant, il était le tentateur, dont toutes les voix enseignaient l’amour. Du parterre, arrivaient des odeurs de fleurs pâmées, un long chuchotement, qui contait les noces des roses, les voluptés des violettes ; et jamais les sollicitations des héliotropes n’avaient eu une ardeur plus sensuelle. Du verger, c’étaient des bouffées de fruits mûrs que le vent apportait, une senteur grasse de fécondité, la vanille des abricots, le musc des oranges. Les prairies élevaient une voix plus profonde, faite des soupirs des millions d’herbes que le soleil baisait, large plainte d’une foule innombrable en rut, qu’attendrissaient les caresses fraîches des rivières, les nudités des eaux courantes, au bord desquelles les saules rêvaient tout haut de désir.
Zola. La Faute de l’abbé Mouret
Une des caractéristiques première du discours en football, c'est de définir l'intention, et parfois de la transformer en obstination quand les faits s'amusent à le démentir. La seconde, et non la moindre sert de protection à ce qui se passe réellement dans le secret des vestiaires et dans le silence glacé des couloirs de palais. Le discours est avant tout objet de communication. Il révèle le talent de ceux qui les profèrent. Le discours sert à construire le réel, mais il n'est pas le réel. Il n'y avait qu'à voir jouer le Fc Metz ces dernières semaines pour se rendre compte qu'il y avait loin de la coupe aux lèvres...
J'ai toujours pensé qu'il était stupide de décréter une philosophie de jeu. Je reste persuadé qu'elle s'acquiert dans l'expérience collective et en fonction des qualités intrinsèques. Cela se bâtit et se pérennise dans la durée et la réussite. La Faute du président Serin réside dans cette « révolution » du jeu imposée de façon verticale et unilatérale.
Enfermé dans une volonté artificielle, le jeu du FC Metz a consisté pour l’entraîneur à remplir un cahier des charges à coup de volontarisme et de contrainte. Jusqu'à une forme d'asphyxie.
Le choix d'un nouvel entraîneur, emblématique d'une époque, d'un club et d'une philosophie de jeu est aussi une façon de communiquer. Et là, le discours est clair dans sa contradiction avec tout ce qui en a constitué le corps après le départ de Cartier. Hinschberger, c'est du Cartier 24 carats, c'est le retour d'un imaginaire recentré sur les valeurs identitaires de l'histoire du club, sur un palmarès aussi et quelque part sur la légende. Cette nécessite de re-mobiliser le public autour d'une figure à même de fonder la légitimité d'un discours auprès de joueurs en quête d'une identité de jeu ne pourra réussir que dans la mesure où Hinschberger saura impulser un « esprit » nouveau à cette masse informe d'individus qui peinent à faire une équipe...
Fleurissent sur le forum nombre d'interview dans lesquelles Philippe Hinschberger définit sa philosophie de jeu, ses préférences en terme de schéma tactique, etc... Dont acte. Seule la vérité du terrain valide les discours.
Dis quand reviendras tu ?...
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,
J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrai la route, le monde m'émerveille,
J'irai me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de ceux qui meurent de chagrin,
Je n'ai pas la vertu des chevaliers anciens
Barbara Dis, quand reviendras tu
En 1984, après la défaite 2-4 au match aller de Coupe des Coupes contre Barcelone, Schuster déclara qu’ils offriraient un jambon à Etorre pour ses toiles, et Steve Archibald traita l'équipe de Metz de « charlots »...
On peux lire ici les même qualificatifs pour ces héritiers putatifs et fantômatiques. A charge pour le nouvel entraîneur de rendre aux joueurs la hargne de ces messins de légende dont il fût un des représentants les plus dignes. Alors les clameurs reviendront d'elle même...
Quant au procès fait à priori sur le cv de Philippe Hinschberger, comme tous les procès à priori ils n'apportent rien que la satisfaction de se réjouir d'un échec en l' ayant annoncé par avance.
En conclusion, que les faiseurs de calembredaines aient la décence d'un délai de grâce à ce monument de l'histoire messine.
Pour ma part, j'veux du soleil et un peu d'espoir, celui de retrouver mes vingt ans dans une épopée qui finit là où demeurent nos désirs les plus chers. Celui de retrouver une âme, une cohésion, un jeu fondé sur l'offensive, un panache et une ambition farouche.
Celle de rêver des dragons...
De tuniques sanctifiées par la sueur d'un engagement, de la hargne à ne céder aucun pouce de terrain, de pouvoir dire de l'attaquant après un tacle rageur du défenseur messin : « Mon gars, la prochaine fois que tu centreras, ce sera avec ta jambe de bois ! »
En clair de « voir » sur le terrain la volonté érigée en devise et l'accomplissement d'une envie par le tableau de marque. En somme l'esprit de 1984.
Ces joueurs là sont blessés. Un changement d’entraîneur c'est l'occasion objective de prendre une revanche...
Je doute que le mercato accomplisse quelque miracle. Nous ne devront compter, comme jadis, que sur nous même...
Bienvenue Philippe,
Bienvenue à la maison........