Le retour des affreux, billet d'humeur

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ambroisepare
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Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar ambroisepare » 18 avr. 2016, 20:34

Le retour des affreux

Vaut mieux s'engueuler que de se sentir seul.
Gugusse 
Marcel Achard


Le temps me semble venu de reprendre la plume. Il y a comme des airs de printemps qui viennent étonner l'agonie d'un hiver qu'on croit toujours interminable. Et l'éclat d'un soleil fait croire aux sourires neufs des carrés d'herbe tendre. Bref, dans un vieux cœur racorni, y a une poussée de sève. Et des envies de tirer les rideaux pour faire rentrer la lumière et repousser d'un coup de balai salvateur une volée de corbeaux noirs qui s'abreuvaient jusqu'à présent du ressentiment que les ténèbres font suinter du doute.

En matière de sport, et singulièrement en ce qui concerne le football, le doute c'est plus qu'un état, c'est même une sorte d'ontologie. Le souci, c'est que l'être humain ordinaire, et bien davantage le supporter de football, dans nos sociétés modernes, ne savent pas quoi faire du doute. Entre l'évidence et la réaction, pas de place pour l’ambiguïté. En somme, l'heure serait à l'attitude pithécanthrope qui, d'un revers de massue, assène ses vérités péremptoires avec pour seule preuve sa conviction et pour seule énergie la certitude de pouvoir chasser le doute. Et se rasséréner par soi même. Et surtout cacher ce doute qu'on ne saurait voir.
Sauf que...à négliger le doute, qui n'est rien d'autre que l'autorisation permise des possibles, on se réfugie dans le monolithe d'une pensée rassurante. Cioran disait :“Le délire est sans conteste plus beau que le doute, mais le doute est plus solide.” Car ce paradoxe merveilleux qu'induit le doute, c'est de tout autoriser. Et d'inclure à la fois l'espoir des rêves et la résignation de leur défaite dans une cohabitation riche et stimulante.
Ce qui ne fait pas de doute, c'est que mon cher et vieil FC Metz, au moment précis où j'écris ces lignes, nourrit un doute qui laisse la part belle au rêve d'un objectif arraché contre toute attente, autant qu'à une tragédie annoncée que la statistique s'obstine à prédire.

Je comprends tous ceux qui ici se libèrent d'un doute insupportable par un pessimisme rassurant. Ce qui a l'avantage de ressembler à une certitude a pour principal inconvénient de rendre la lecture de ce forum neurasthénique. En instaurant une ligne directrice telle que tous ceux qui osent franchir le font au risque de se faire insulter par les gardiens d'une certitude défaitiste de, je cite : «  béni oui oui ». Je propose qu'on jette les auteurs de ce genre d'anathème baroque, déguisés en supporters nancéieins en ouest ou est basse, histoire de voir d'un peu plus près les «  béni oui oui » leur causer du pays et de l'art d'accommoder les nuances... Fin de la parenthèse.

Parce qu'on le veuille ou pas. Il est là le FC Metz. Troisième. Avec un bilan épouvantable, un style de jeu horrible, une instabilité digne de la nitroglycérine, qui fait de chaque vendredi soir le remake d'un salaire de la peur en version 3d.... Troisième. Et incapable de battre une équipe du top 10.
Mais toujours là. Les crocs plantés dans le classement, à un millimètre de la ligne de flottaison, à un centimètre cube de l'asphyxie et de la noyade, mais vivant. Moche, hideux, désespérant, exaspérant mais indécrottablement accroché à un objectif à portée. Cent fois abattus, cent fois raillés, cent fois humiliés, cent fois traités d'incapables, l'étant parfois, les joueurs et le staff finissent par nous donner l'envie d'être à leur coté, grognons et pardonnant, dans un sprint final qui promet d'être apocalyptique.
Car ne nous leurrons pas, le seul scénario QUI NE SE PRODUIRA PAS, et je prends la responsabilité de cette prophétie avec la même assurance que ceux qu'il y a peu nous annonçaient ici que c'était foutu pour la montée, c'est celui qui nous verra gagner les quatre derniers matches pendant que nos adversaires anéantis par notre puissance se suicideront dans des parties perdues d'avance. Inutile de rêver d'une 38eme journée où l'on se rendrait à Lens avec quatre points d'avance...
Il y a fort à parier qu'on passera par tous les états avant un verdict final qui pourra tenir du miracle ou du drame atroce de rater la montée à Lens à la différence de but.... Le genre de truc qui vous marquerait au fer rouge un « Jacky vainqueur » juste sous le tatouage du graoully que nous avons tous gravé dans le cœur....
En attendant, les affreux sont de retour et les horribles vous saluent bien !!!
Les grenats sont debout... Ils reste à défourailler pour le règlement final et dézinguer les affreux d'en face... A coups de tatane s'il le faut....

ET ON TUERA TOUS LES AFFREUX



Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener.
TURENNE

S'il y a bien une déconfiture en ce moment, c'est celle de l'étoile rouge, qui, semble t il peu habituée à l'ivresse de l'altititude, est en train de s'effondrer. Les habitués que nous sommes devenus de la ligue 2 savent par expérience que ce genre d'effondrement est monnaie courante. Combien de fois Angers a senti le vent du boulet lui emporter la tête avant d'accéder au nirvana... ? Vendredi, au vieux stade, ce sera renaissance ou immolation. Bien malin qui pourra prédire le résultat. Le statisticien à sa mémère pourra nous sermonner son antienne à coup de chiffres plus vrais les uns que les autres. Nous n'avons pas battu d'équipe du top 10. Devant cette certitude affichée pourquoi les joueurs ne déclarent ils pas forfait ?
Parce que, peut être que le statisticien n'est pas un compétiteur, et que derrière ses lunettes de comptable il n'y a pas la folie de l'espérance. Heureusement d'ailleurs qu'aucun joueur du FC Metz ne lit le forum... Ou pire, heureusement qu'aucun de certains fion-rumistes ne sont joueurs ...^^
Il ne fait aucun doute que le résultat de ce match est douteux. Mais il a le mérite d'offrir l'opportunité de continuer d'envisager la possibilité d'y croire. Il y a quatorze équipes qui rêveraient d'avoir à subir la torture d'un doute qui laisse entrevoir la possibilité d'une île. Donc, pas de pitié pour les parigots. Pas d'états d'âme. A zigouiller !!!

Le Havre reste dans la course, dans la guerre de course, ils peuvent encore flibuster nos arrières et même si nos sympathiques voisins nous ont rendu un fier service tout en poursuivant la défense de leurs intérêts propres, les Havrais ne peuvent que s'en prendre à eux même d'avoir raté la marche psychologique de constituer une menace terrible celle du « tenir son destin en main ». Cette théorie imbécile qui dit en clair que toute équipe qui a de l'avance la conservera si elle conserve son avance.
Ca vous rassure vous ?

Attendez je reformule. Le FC Metz a désormais son destin en main.

Voilà. Ca vous rassure ? …. Toujours pas ? Vous êtes comme moi^^. En plein doute !

Si toutes les équipes qui avaient leur destin en main l'avaient accompli, je pourrais rappeler le statisticien pour qu'il me rassure...

Py reste Dijon. Car Tours, je donne pas cher de leur peau. Sauf que. On peut gagner à Dijon et se viander contre Tours. Ou inversement. Ou gagner deux fois. Ou perdre deux fois. En fait faut tuer tous les affreux.... Parce que....



LES MORTS ONT TOUS LA MEME PEAU


« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
— Blaise Pascal, Pensées (1670)



Dieu est un auteur de vaudeville. Il s'amuse à faire pousser des coïncidences pour en faire des tragédies. Et quand elles deviennent énormes, elles finissent en farce. Et nous en dindons.
Parce que, qu'on le veuille ou non, une trente huitième journée qui se termine à Lens, ça ressemble à un pied de nez de Dieu. Et il semblerait que Dieu aime davantage les chtis que les lorrains....

Moi, ça remonte à 1975...

Cette année là, Braun et Curioni font les beaux jours du FC Metz, dont une célèbre série de quatorze matches sans défaite, en quart de finale aller nous rencontrons le RC Lens. C'est le temps des rencontres aller retour, et à l'aller, dans un match fertile en retournements de situation, nous finissons par l'emporter 4-3. Au retour, une défaite 3-1 nous élimine. Pour moi c'est de cette époque là qu'est né le ressentiment et le sentiment que Lens devenait une sorte de bête noire, de sorcière aux dents vertes, de renault fuego customisée jacky et l'insupportable corons. Nous n'avons de leçon de patrimoine minier ou industriel à recevoir de personne. On a juste pas eu la chance d'avoir un Pierre Bachelet. Remarquez à Nancy, ils ont eu C. jérôme... Bref. Je m'égare :).

Donc, Le final chez les lensois c'est presqu'à souhaiter pour une espèce de catharsis. On va y aller sans doute en situation d'y jouer la montée. Et quand on sait l'invraisemblable mansuétude dont le club artésien jouit auprès des instances du football professionnel, je crains que la démission de moustache ne soit pas suffisante à me rassurer quant à l’inéluctable nécessité d'avoir les lensois en ligue 1 pour son si sympathique folklore.... D'ailleurs, j'invite tout le monde à y étudier le comportement des supporters soit disant exemplaires, et de lire leur forum, le seul dans lequel les modérateurs sont plus grossiers que les forumistes. Si, si, ça existe :D.
Que ce soit 98, et le championnat perdu à la différence de but, et 99,  la finale de la coupe de la ligue perdue 0-1, et mon quart de 75 que j'ai toujours en travers de la gorge, tous ces souvenirs cuisants pourraient disparaître dans le visage de gueules noires en larmes laissées pour une fois sur le carreau... par le FC Metz...
Et si nous échouons ?

Alors nous ferons grandir encore plus la bête noire dans l'amertume de nos regrets. La rancoeur se fera encore plus vivace, elle tutoiera l'envie de revanche sans laquelle il n'y pas de transcendance. En football il ne saurait y avoir de réconciliation. Il n'y a que l'oubli dans la victoire ou le mépris dans la défaite... Car le supporter seul porte la mémoire des batailles passées, et lui seul en écrit la légende par le récit qu'il en fait...

C'est à ce final là que tend en réalité toute cette fin de saison. Il serait bien que les joueurs en prennent conscience, et qu'au delà des enjeux purement sportifs se joue autre chose qui a à voir avec la souffrance des blessures du passé et la rédemption des fantômes. Soit on y laissera la peau, soit on renaîtra sur les décombres de ceux qui nous ont volé un sacre qu'on aura vécu vingt minutes de cristal brisé. Car nous le savons tous ici, ne pas monter cette année ce n'est pas seulement replonger dans la médiocrité d'un championnat dans lequel on sera condamné à être pauvres par restriction mécanique du budget, c'est aussi dès l'année prochaine, sportivement plus compliqué d'être troisième et barragiste. Moustache peut bien aller en enfer, il a prostitué le football sans espoir de retour....


Alors si nous échouons....


J'IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES

« Ah ! s'amuser avec sa mort tout pendant qu'il la fabrique, ça c'est tout l'Homme, Ferdinand ! »
Mort à crédit, Louis-Ferdinand Céline



Le forum pourra bien déverser sa haine, sa rancoeur, sa frustration et sa grossièreté.
Ce sera pour moi peine perdue. Les rêves ça vous prend au jeune âge et ça vous ne quitte plus jamais. Comme la main d'un papa dans sa mimine à soi. On croit qu'elle sera là toujours et la chienne de vie vous apprend à laisser partir les mains de ceux qu'on aime. Le stade devient alors un pèlerinage pour retrouver la main perdue qui rassurait devant la fureur du monde. Quand tout petit on voit les adultes éructer les mots en perles mauvaises avec des cris qui font peur, on ne sait pas encore que les mots c'est fait d'abord avec le vent, le vent qui vient du dedans et qui souffle pareil de joie ou de peine...

Puis viendra une autre saison.

Les escaliers de la Est seront alors un peu plus longs à arpenter, et le corps aura sa fatigue à souffler jusqu'au trou de lumière qui fait déboucher sur la foule bigarrée. Je regarderai vers la Horda et ses drapeaux multicolores, en face de moi, la GG fera écho et je verrai tout à coup disparaître le monstrueux bloc de béton à trois rangées de gueules. Je reverrai la tribune autoroute d'avant l'autoroute, quand les gars de la sidé venaient voir les matches le dimanche après midi en faisant chauffer leur gamelle... Je croirai même voir mon père râler, la moustache rieuse et le verbe fort, son accent d'alsace bossue courbera mon cœur vers un temps qui ne reviendra pas.
La nostalgie, c'est rien que la peur du nouveau. La trouille de se dire demain faudra tout recommencer avec le doute.
Ce fichu doute...

Goldenboy
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar Goldenboy » 18 avr. 2016, 21:13

Pas le courage de tout lire désoler :oops:

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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar fle3fois » 18 avr. 2016, 21:16

c'est beau :acclam:

franz fentsch
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar franz fentsch » 18 avr. 2016, 21:51

34ème journée : Metz gagne 3-0 à l'extérieur et repasse à la 3ème place après être tombé à la 7ème au soir de la 29ème journée.
Et voilà le résultat !

Ceci dit, bravo.

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messinmarseille
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar messinmarseille » 18 avr. 2016, 21:54

Goldenboy a écrit :Pas le courage de tout lire désoler :oops:
ça te ferait du bien pourtant. :roll:

Merci Ambroise, joli retour.

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Actaris
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar Actaris » 18 avr. 2016, 22:00

Goldenboy a écrit :Pas le courage de tout lire désoler :oops:
Dommage pour toi ;-)

vag'à bond
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar vag'à bond » 18 avr. 2016, 23:01

Goldenboy a écrit :Pas le courage de tout lire désoler :oops:
T'as tord, c'est pas mal

vinz
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar vinz » 18 avr. 2016, 23:34

Comme toujours :acclam: :ok:

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Billou Grenat
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar Billou Grenat » 19 avr. 2016, 00:12

Très jolie prose ! :acclam:
"Les rêves ça vous prend au jeune âge et ça vous ne quitte plus jamais. Comme la main d'un papa dans sa mimine à soi. On croit qu'elle sera là toujours et la chienne de vie vous apprend à laisser partir les mains de ceux qu'on aime. Le stade devient alors un pèlerinage pour retrouver la main perdue qui rassurait devant la fureur du monde"
Mon père étant décédé en mars 2014, ce passage m'a particulièrement ému et m'a fait monter les larmes aux yeux ...

Goldenboy
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Re: Le retour des affreux, billet d'humeur

Messagepar Goldenboy » 19 avr. 2016, 08:51

messinmarseille a écrit :
Goldenboy a écrit :Pas le courage de tout lire désoler :oops:
ça te ferait du bien pourtant. :roll:

Merci Ambroise, joli retour.
Tu me connais pas pour me dire ça


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