
A huit journées de la fin du championnat, l’équipe messine a encore les cartes en main pour éviter de revivre le traumatisme de la saison passée… Photo Pascal BROCARD
Psychologue du sport de renommée, Makis Chamalidis collabore depuis six ans avec la Fédération française de football. De la perception de sa discipline à l’actualité du FC Metz, balade avec un spécialiste du haut niveau.
Docteur en psychologie, psychologue au Centre national d’entraînement de Roland Garros depuis près d’une quinzaine d’années, Makis Chamalidis porte aussi un regard aiguisé sur le monde et les acteurs du ballon rond. Depuis six ans, il intervient d’ailleurs au rythme des invitations émanant de la Fédération française de football.
« Là, mon activité se déroule essentiellement lors de la formation des entraîneurs et auprès des sélections », explique ce Grec de quarante et un ans. Psychologie et sport ? « Le mot, psychologie, peut faire peur, plaisante notre interlocuteur. Tout dépend de la façon dont c’est amené. » La suite du propos rassurera peut-être certains sceptiques. Ou peut-être pas. Avec la réserve imposée par sa distance par rapport à l’actualité messine, Makis Chamalidis a accepté de s’arrêter sur le cas du patient grenat.
• M. Chamalidis, comment percevez-vous le sportif de haut niveau ? « Je ne fais pas partie des psychologues qui voient dans la pratique du haut niveau un but de bien-être. Pour être sportif de haut niveau, il faut un grain de folie, il faut être dans une quête presque obsessionnelle. Il faut chercher, se chercher, savoir souffrir et trouver les ressources pour le faire. Etre capable de tout cela fait que vous pourrez être un jour en haut du sommet. »
« Tendance à se focaliser sur les résultats »
• Ramenons votre connaissance à un sujet collectif : le FC Metz. Cette équipe a connue une grosse désillusion la saison passée. Comment s’en remet-on ? « Il y a le temps, bien sûr, qui œuvre dans ce sens. Mais il faut surtout s’attacher à savoir pourquoi l’objectif n’a pas été atteint. La question que j’aurais posée, à l’époque à laquelle vous faites allusion, aurait été la suivante : "est-ce que cette équipe est performante dans l’analyse de ce qui venait de se passer." Etre performant, ça commence déjà par là. Ce n’est pas toujours facile à mettre en œuvre au haut niveau, tout va si vite… Et dans le football, on a trop souvent tendance à se focaliser sur les résultats, en oubliant trop souvent comment on va y arriver. Si vous n’avez pas une équipe – je ne parle pas que des joueurs, mais aussi du staff, des dirigeants – au sein de laquelle tout le monde regarde dans le même sens, les choses peuvent se révéler difficiles. »
• Aujourd’hui, les résultats messins incitent beaucoup de monde, la presse notamment, à faire le parallèle avec la fin de saison passée… A tort ? « Les acteurs sont les mieux placés pour juger de la pertinence de la comparaison. Si elle se matérialise vraiment, il faut, je pense, crever l’abcès avant qu’il ne soit trop tard. Dans le sport, on s’exprime beaucoup par le corps et lorsque c’est à travers les mots, on tombe souvent dans des formules stéréotypées, du genre "je ne suis pas en confiance", "c’est le stress"… Évidemment, en match, il faut éviter de se poser des questions, d’avoir des pensées parasites qui vont trop vous faire penser au résultat. Mais en amont, il est important de faire circuler la parole entre tout le monde. Si elle circule bien, le ballon circulera bien lui aussi. »
« L’équipe a besoin de repères »
• Dans un contexte où les résultats observent une courbe descendante, la tension est-elle normale ? « Oui, d’autant plus si c’est un club qui revendique une place en Ligue 1 et qu’il ne l’a pas encore entre les mains. C’est dans ces moments-là que l’équipe a besoin de repères. Si vous n’avez personne pour vous les rappeler, tout peut vite se compliquer. »
• Et la tendance au déni ? « Cela peut être un mécanisme de défense. Lorsqu’on a vécu un traumatisme, il faut faire le deuil et l’un des premiers réflexes, à ce moment, c’est le déni. Après, il faut être capable d’accepter pour repartir dans la réalité. »
• Dernière question : le fait que beaucoup de joueurs et l’entraîneur soient en fin de contrat peut-il avoir des répercussions sur le terrain ? « Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc… Ça fait partie des thèmes qui peuvent donner lieu à des discussions ouvertes. Lorsqu’ils sont tus, cela se transforme en fantasmes susceptibles de parasiter l’environnement. »
Cédric BROUT.
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FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement. Aujourd’hui : une séance (10h). Demain : une séance (10h).
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Châteauroux (30 e journée de Ligue 2), vendredi 26 mars : 0-0. Prochain match : Strasbourg - Metz (31 e journée), lundi 5 avril à 20h45. A suivre : Metz - Sedan (32 e journée), vendredi 9 avril à 20h30 ; Clermont - Metz (33 e journée), vendredi 16 avril à 20h30.
A l’infirmerie. Nuno Frechaut arrive au terme de sa période de reprise. Blessé à la cuisse il y a deux semaines, le Portugais pourrait être autorisé à rejoindre ses coéquipiers dès aujourd’hui. Le défenseur Matheus Vivian, touché au mollet et ménagé en début de semaine, a participé à une bonne partie de la séance d’hier.
Suspendu. Aucun.