
Pascal Johansen (à gauche) et Quentin Othon ne se feront pas de cadeau, ce soir. (Photo DNA - Cédric Joubert)
Les sorts des voisins alsaciens et mosellans vont peut-être finir par se distinguer. Dans ces cultures si proches comme le bon goût de précéder le week-end pascal d'un vendredi chômé tend à le rappeler, il y a des chances pour que les deux clubs phares se tournent le dos, au milieu du printemps. Ce serait assurément temporaire tant les deux institutions nationales, dont la longue existence éclaire les derniers mois d'atermoiements d'un intérêt tout relatif, seront amenés à se recroiser.
Deux écuries comme dépassées
par le foot du XXIe siècle
« Ce sont deux clubs qui totalisent presque le plus de matches en L1 », soulignait le président messin, Bernard Serin, Vendredi Saint. Metz et Strasbourg, avec plus de 110 saisons parmi l'élite au compteur, peuvent regarder avec condescendance quelques écuries du dessus. Ce matin, les hommes de Janin et de Pouliquen ne font néanmoins pas les malins.
Ils savent qu'ils ne se montrent que de pâles héritiers d'une histoire riche en sommets. Ils perçoivent l'essoufflement manifeste de deux écuries comme dépassées par le foot du XXIe siècle. Ils incarnent la preuve qu'un riche passé n'a jamais assuré un enthousiasmant présent.
En vérité, Strasbourgeois et Messins n'ont toutefois pas la même idée en tête. Et la perspective d'une séparation dépendra étroitement d'un lundi pour fêter une renaissance. Tout à l'heure, un mal fagoté sera nettement plus présentable en cas de victoire. Tout à l'heure, un ambitieux, la peur au ventre, abordera la suite avec plus de confiance s'il venait à réussir son coup en Alsace.
Il apparaît bien délicat d'envisager une tendance. Désireux de se relever après son pauvre match en Touraine, le plus mal classé est remplumé devant, mais plus incertain sur ses bases arrière. Au complet, le nettement mieux classé n'a pas gagné depuis un mois.
Et sur les bords de la Moselle ou ceux de l'Ill, le verdict de vendredi a sans doute inspiré des sentiments différents. « Une victoire nous permettrait de compter un nombre de points confortable pour le maintien, considère ainsi Pascal Janin, tandis que des équipes se rapprochent de Metz (ndlr : Arles-Avignon à un point, Angers, à deux, du podium). »
C'est comme si la pression avait monté d'un ton en Lorraine, quand elle a baissé d'un cran par ici. Avec 36 points en 30 matches disputés, il n'y a pas non plus de quoi réserver sa destination pour le mois de mai pour les Strasbourgeois. « On dispose d'un joker sur la zone de relégation, mais ce n'est pas le moment de s'endormir », précise donc l'entraîneur strasbourgeois.
Il faut dire que les fins de saison n'inspirent guère de bons souvenirs depuis deux ans. La catastrophe industrielle de la saison 2007-2008, quand le Racing avait enchaîné 11 défaites d'affilée, dont une première face à un Metz condamné (2-3), pour se retrouver là où il est, n'a pas été évacuée. Messins et Strasbourgeois ont comme calé, à huit journées de la fin, pour rempiler en L 2 la saison passée.
« Une période de moins
bien, ça s'arrête »
Invariables compagnons de galère ou presque entre trois descentes depuis 2000 et deux remontées immédiates*, le Racing et le FC Metz présentent des profils de redoublants distincts. Les premiers restent sous la menace des derniers, quand les seconds veulent conforter leur troisième place synonyme d'accession.
« Metz semble un peu moins performant, mais reste 3e, relève Janin. Il mérite le respect. Une période de moins bien, ça s'arrête ». Le Racing se contenterait volontiers de mettre fin à un angoissant suspense. Car il ne s'agit pas de le nier. Devant les écrans d'Eurosport, la plupart dardera des regards digestifs, le souvenir d'un gigot délicieux ou ennuyeux à l'esprit. Mais dans la France qui s'étend du sud de Mulhouse à la frontière luxembourgeoise, le coeur palpitera dans quelques poitrines.
Johansen, Pouliquen, Janin sont des acteurs de ce match, Wiltord et Fauvergue aussi. Forts d'une présence de longue date dans le quart nord-est de l'Hexagone, les premiers participent à un match qu'ils savent incontournable. Les seconds, eux, vont en nourrir l'histoire, la longue histoire qui aboutit à un implacable constat : Racing - Metz ne sera jamais un match comme les autres.
François Namur
* : Metz a été relégué une première fois depuis sa montée en 1967 en 2002, quand le Racing est lui descendu en 2001.