Joël Muller, lundi matin, au milieu des joueurs messins. Pour son retour au terrain, il a cherché
à restaurer la confiance. Mais, dit-il, « la seule référence, c’est le match ». Photo Padcal BROCARD
Joël Muller retrouve le banc de Saint-Symphorien, ce soir, à l’occasion d’un Metz - Arles déterminant pour la montée en Ligue 1. Ses propos conquérants se traduiront-ils sur le terrain ?
Son itinéraire, ce soir, différera de celui qu’il empruntait jusqu’ici les soirs de match : extrait de la corbeille présidentielle, Joël Muller redescend de quelques rangées, un retour au terrain pour tenter de rendre de nouveau crédible la montée du FC Metz en Ligue 1, là où se trouvait ce club, son club, la dernière fois qu’il s’était assis sur le banc de touche de Saint-Symphorien, le 13 mai 2006.
• Avez-vous reçu de nombreux messages, depuis dimanche, et quelle est leur tonalité ? « J’ai effectivement reçu de nombreux messages, des messages de soutien. Il y a ceux des Messins, qui reflètent l’espoir de tous, ici, de nous voir rester dans la course pour la montée. Et puis, ceux de l’extérieur, d’entraîneurs notamment, qui me disent avoir compris les raisons pour lesquelles j’ai succédé à un confrère. La seule chose qui m’ennuie, c’est quand on me félicite ! Le terme ne me paraît guère approprié. Il existe une nuance...»
• Environ 20 000 personnes sont attendues à Saint-Symphorien, de loin la meilleure affluence de la saison. Qu’en déduisez-vous ? « Le tarif attrayant y est pour beaucoup. Mais cet engouement traduit aussi une prise de conscience de l’enjeu : ce match constitue une des dernières chances, sinon la dernière, de rester en lice pour la montée. J’interprète cette adhésion comme une preuve d’espoir et d’optimisme. Mais ce ne sera formidable que si les choses se terminent bien. »
• Qu’est ce qui a été le plus facile, et le plus délicat, pour vous, depuis dimanche ? « Rien n’a été facile. Quand vous prenez une équipe à cinq matches de la fin d’un championnat, vous ne pouvez guère influer sur la tactique, car les habitudes sont déjà ancrées, et ce n’est pas en trois jours que vous allez changer quelque chose à la condition physique des joueurs. Il reste à travailler sur la confiance des joueurs, en eux, et en leurs partenaires. »
« Harceler l’adversaire »
• Comment s’y prend-on ? « Ce qui compte, c’est de mettre en lumière l’équipe, le collectif. Depuis lundi, j’ai vu les derniers matches d’Arles, j’ai vu sa force collective : tout le monde se bat, se bagarre, ose : c’est ce que j’attends d’une équipe messine qui croit en ses qualités. Il nous faudra harceler l’adversaire, l’empêcher de développer son jeu, faire preuve d’abnégation, d’engagement, lutter : il n’y a pas un seul effort qu’il ne faudra pas fournir. »
• Les derniers matches ont notamment mis en évidence une animation offensive en panne. Comment y remédier ? « De la même façon : par l’état d’esprit. C’est là que se fera la différence. Par le mouvement : déborder, centrer, se rendre disponible pour offrir des possibilités à son partenaire, et ne pas avoir peur de tenter, de frapper au but. »
• Mais plusieurs joueurs ont dernièrement laissé entrevoir des signes de fatigue. N’est-ce pas le plus inquiétant ? « S’il y a eu baisse de régime, encore une fois, nous n’allons pas la compenser par un travail physique sur quatre jours, mais par plus de volonté, de courage, de détermination dès le coup d’envoi. L’enjeu, à lui seul, nécessite de se surpasser et de se transcender. Je ne veux pas voir une équipe coupée en deux : défendre, ce sera le rôle de tous et, en possession du ballon, tout le monde devra se mettre en mouvement et se rendre disponible. »
« La seule référence c’est le match »
• Pour justifier sa décision de retirer l’équipe à Yvon Pouliquen et de vous la confier, Bernard Serin a parlé du « ressort mental » : en quatre jours, avez-vous pu percevoir les indices d’une amélioration ? « C’est le match qui le dira, et lui seul. A l’entraînement, les joueurs ont manifesté tout ce que leur situation exige. Mais la seule référence, c’est le match. »
• A quoi s’apparente ce match : à une finale, à un match à élimination directe ? « Tout ce que l’on peut en dire avant ne compte pas. C’est un match à gagner ? Oui, bien sûr, mais comme les précédents ! Il faudra donc se dépasser, se sacrifier pour la cause collective, et plus que ne pourra le réussir l’adversaire. »
• Justement, êtes-vous surpris de retrouver Arles-Avignon à cette place ? « Arles-Avignon a été régulier, et certains clubs n’ont pas été à la hauteur de leurs ambitions. Arles-Avignon est un peu à l’image de Boulogne la saison dernière : une équipe qui sait dès le départ que ce sera difficile, qui se bat, gagne et prend confiance, comme Brest également y est parvenu cette saison. »
• Pour un peu, Arles-Avignon serait favori ? « Mais oui ! Le classement et la dynamique actuels le prouvent. Ce constat ne nous retire aucune pression, mais doit décupler notre ambition : pour entrevoir la Ligue 1, il faut passer devant ce concurrent. Pas sur le papier, non : sur le terrain ! »
Sylvain VILLAUME.
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Puisqu'il est encore temps
Sylvain Wiltord : jouera, jouera pas ? Photo Pascal BROCARD
Assez perdu de temps : Metz doit renouer avec la victoire pour doubler Arles-Avignon, se réinstaller sur le podium et entrevoir la Ligue 1.
Mais comment est-ce possible ? Par quel prodige un candidat à la montée peut-il enchaîner une série d’insuccès de sept matches et se présenter encore, en plein sprint final, au pied du podium ? C’est tout le charme de la Ligue 2, si l’on ose dire, et c’est surtout la chance, la très grande chance du redoublant messin, toujours susceptible d’en sortir par le haut, malgré sa lenteur et ses tourments. Une victoire ce soir inverserait même la tendance, peut-être de manière définitive, même si l’allure de la compétition exige l’emploi du conditionnel. Une certitude : vainqueur d’Arles-Avignon, Metz repassera devant son adversaire du jour, qui s’avère aussi son concurrent le plus direct, pour reprendre place sur le podium. Reste à imaginer une victoire, au bout d’une si longue série noire.
Justement ! Bonnes ou mauvaises, toutes les plaisanteries ont une fin et ce Metz - Arles-Avignon semble opportun pour en finir avec l’actuelle série noire messine. Ce n’est pas un changement d’entraîneur qui en atteste, c’est un souvenir : celui du match aller ! A l’époque, les Lorrains restaient sur une invincibilité de sept matches, eh oui, avant de se rendre en Avignon : ils s’y étaient inclinés, deux à zéro. A l’époque, le promu venait de s’incliner lourdement, à Guingamp. A l’époque, sa victoire avait permis à Arles-Avignon de reprendre sa place sur le podium, que Metz venait de lui chiper, le temps d’une journée. Il reste donc, aujourd’hui, à réécrire l’histoire. La même. Mais à l’envers.
Pour mettre autre chose qu’une ressemblance au service de ses projets de redressement, il se trouve quand même que Metz a changé d’entraîneur, un recours pour tenter d’éviter une autre analogie, cette fois avec l’échec de la saison dernière. Joël Muller a ainsi pris la suite d’Yvon Pouliquen. Personne n’a trouvé à redire devant ce qui ressemblait à une double évidence. L’évidence du retrait du tandem Pouliquen - Mattiello, lesquels personnifiaient le traumatisme du printemps précédent tout en semblant à la fois à court de solution, et en manque de soutien. L’évidence du retour en première ligne de Joël Muller, technicien chevronné, directeur sportif attentif à l’évolution d’un effectif qu’il a en partie construit, et serviteur acharné de la cause messine : un entraîneur « légitime », comme un journaliste n’a pas manqué de le lui dire, hier soir, après l’entraînement. « Mais ma légitimité, a-t-il répondu, ce n’est pas cela qui fera la différence, une fois le coup d’envoi donné ! »
Réveiller les consciences
Ce sont les joueurs, en effet, qui choisiront leur propre destin, devant vingt mille témoins. Leur semaine n’a pas été la plus calme de leur existence, ce qui permettra peut-être de réveiller les consciences et de titiller les égos. Elle n’a pas été la plus stable, en terme de gestion d’effectif : donné pour forfait, mardi, Sylvain Wiltord s’est finalement entraîné, hier, mais avec la mauvaise chasuble, dans l’opposition organisée sous le soleil de l’île Saint-Symphorien. Une mise en place a en effet précédé une mise au vert : ne manque plus, ce soir, qu’à réussir la mise aux points (trois de préférence). Sinon vitale sur le plan comptable, dans la course d’escargots vers la troisième marche du podium, la victoire semble en tout cas indispensable pour restaurer l’espoir, puisqu’il est encore temps.
S. V.
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Le chiffre
14. Pourtant troisième à cinq journées de la fin, Arles-Avignon n’a pris que quatorze points sur quarante-huit possibles en déplacement, où ses résultats se décomposent ainsi : trois victoires, cinq nuls, huit défaites. Mais le promu provençal reste sur une victoire à l’extérieur, au Havre (2-0) le 9 avril. En comptant le match de ce soir à Metz, Arles-Avignon doit encore évoluer à trois reprises hors de ses bases, enchaînant déplacements à Châteauroux et Sedan lors des 36 e et 37 e journées.
La phrase
Paganelli voit Arles-Avignon « aller au bout ». Natif d’Avignon, aujourd’hui conseiller municipal de la cité des Papes, Laurent Paganelli ne cache pas son optimisme pour le club entraîné par son ami et ancien coéquipier Michel Estevan : « Avignon n’a pas de pression, contrairement à Metz, affirme l’homme de terrain de Canal + dans les colonnes de La Provence. J’ai vu les deux équipes évoluer : il n’y a pas photo. Arles-Avignon est plus solide défensivement, possède plus de capacités offensives et s’appuie sur un groupe expérimenté. » Sa conclusion : « Je suis vachement optimiste. » On avait cru comprendre...
La statistique
Du simple au double. Le bilan arrêté aux sept dernières journées de championnat en dit long sur les trajectoires opposées de Metz et Arles-Avignon avant leur confrontation de ce soir à Saint-Symphorien : pendant que Metz n’a pris que cinq points, grâce uniquement à des matches nuls, Arles-Avignon en a engrangé quatorze (quatre victoires, deux nuls, pour une seule défaite). Ainsi, à l’issue de la 26 e journée et de leur victoire face au Havre, les Lorrains comptaient huit points d’avance sur les Provençaux, qui les devancent aujourd’hui d’une longueur.
L’arbitre
Un sifflet de Ligue 1. A quarante-trois ans, Hervé Piccirillo officie le plus souvent en Ligue 1 : il s’agit ce soir de sa troisième désignation de la saison seulement en Ligue 2. Les deux précédentes remontent à octobre dernier, avec Caen - Sedan (3-1) et... Nantes - Metz (2-2).
L’info
Affluence record. Tout concourait à transformer ce Metz - Arles-Avignon en succès populaire : l’enjeu, le contexte, la météo, et le tarif ! Grâce à l’opération ayant consisté à vendre les billets de trois des quatre tribunes au prix de deux euros, le record d’affluence de la saison est d’ores et déjà battu – il est vrai qu’il s’agissait du derby de l’Est, face à Strasbourg, avec moins de 14 000 spectateurs. Hier, en fin d’après-midi, 16 200 places étaient déjà vendues. Les joueurs messins devraient pouvoir compter ce soir sur le soutien d’environ 20 000 personnes.
La question
Metz peut-il terminer la saison avec, pour meilleur buteur, un joueur parti à la trêve ? C’est en effet une possibilité ! Transféré à Fribourg aux premières heures de l’année, Papiss Cissé reste le meilleur réalisateur maison, avec huit buts inscrits en seize matches. Pour l’heure, Pascal Johansen suit à deux longueurs, en ayant inscrit cinq de ses six buts sur penalty. Les attaquants ? Thibaut Bourgeois, Victor Mendy et Sylvain Wiltord ont chacun trouvé le chemin des filets à trois reprises, et Razak Omotoyossi deux fois.
S. V.
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Avec ou sans Wiltord ?
La première composition d’équipe de Joël Muller ? Elle aurait pu émaner de la mise en place effectuée hier, en fin d’après-midi, sur le terrain du bord de l’autoroute : Marichez dans les buts, Gueye, Borbiconi, Vivian et Tamboura en défense, Cardy, Rocchi et Mokhtari en milieu, Pied, Omotoyossi et Mendy devant, dans un 4-3-3 s’expliquant à la fois par l’impossibilité de bousculer les habitudes et par l’absence de Sylvain Wiltord. Mais Sylvain Wiltord était là, placé dans l’équipe d’en face après avoir testé de la solidité de ses ischio-jambiers, en début de séance : l’aptitude de l’ancien attaquant de l’équipe de France à tenir ou non sa place sera tranchée aujourd’hui. Pour le reste, à un mois de la fin du championnat, Joël Muller ne révolutionnera pas le genre : il devra effectuer des choix, et la tendance hier indiquait que Vincent Bessat et Pascal Johansen pourraient se retrouver sur le banc.
A Arles-Avignon, Esor et Soro (suspendus) sont remplacés, poste pour poste, en défense par Vergerolle et Liron. Michel Estevan n’en a pas dévoilé davantage sur ses intentions.
