Buteur-sauveteur face à Angers, Youssef Mokhtari pourrait débuter ce soir à Caen. Metz signe volontiers pour voir son joueur marocain connaître la même efficacité. Photo Pascal BROCARD.
Revenu à trois longueurs d’Arles-Avignon après avoir renoué avec la victoire, Metz doit encore élever le niveau pour priver Caen de faire la fête et lui infliger sa première défaite à domicile. Le miracle est à ce prix.
L e contexte. Un feu d’artifice est annoncé ce soir dans le ciel caennais pour marquer le coup d’une remontée en Ligue 1 acquise depuis le 19 avril et un fade 0-0 face à Nîmes. Mais c’est bien connu : si une fête peut toujours s’organiser, la victoire, quant à elle, ne se décrète pas. D’ailleurs, la dernière pour Caen remonte au 2 avril, face à Brest (1-0) ; depuis, quatre nuls puis une défaite mardi à Laval (2-1) ont empêché les Normands de s’assurer du titre honorifique de champions de Ligue 2.
Leurs homologues messins aimeraient connaître les mêmes préoccupations, mais ils n’en sont plus là : tout juste savourent-ils la possibilité de ne pas se trouver hors course après une série de neuf matches sans victoire qu’ils viennent seulement d’interrompre en battant Angers (1-0) lundi. « Nous ne nous sommes pas relancés, estime d’ailleurs Joël Muller : nous venons juste de préserver un espoir lié au sort de nos concurrents directs. » Et, au-devant de l’acte III de son intérim, l’entraîneur messin n’imagine « pas une seule seconde » pouvoir s’en remettre à un relâchement caennais. « Je ne les vois pas nous dérouler le tapis rouge et nous dire : allez-y, faites ce que vous voulez ! »
L’enjeu. Les Caennais sont-ils réellement obnubilés par la première place du classement ? « Nous allons chercher le titre, assure Benjamin Nivet, mais il ne viendra pas tout seul et passera par une victoire contre Metz. » « C’est aussi une question d’amour-propre, assure son entraîneur, Franck Dumas, dont les propos sévères à l’égard de ses joueurs ces dernières semaines ont semblé créer un malaise dans les rangs. Au-delà du titre, il y a la possibilité de rester invaincu à domicile, une première dans l’histoire du club. » Un enjeu qui situe l’ampleur du défi qui attend les Messins ce soir.
Élever le niveau
Pour le relever, Joël Muller a tracé une feuille de route qui implique d’élever sensiblement le niveau, par rapport aux deux derniers matches : « Nous sommes présents dans l’envie et la détermination, c’est une bonne chose mais, si nous ne sommes pas meilleurs dans le jeu, il sera difficile de prétendre à la victoire à Caen. Nous devons commencer par ne pas prendre de buts car, en marquer deux ou plus, cela ne nous arrive pas souvent. » Ce n’est même arrivé que quatre fois à l’extérieur et, à trois reprises, cela n’a pas suffi à gagner (à Nantes, à Istres et à Laval). Ce soir, les Messins devront aussi lutter contre la tentation d’avoir l’esprit à Sedan (où se déplace Arles-Avignon) ou à Clermont, des matches dont leur sort dépend en partie. Mais le sort leur semble un peu plus favorable, cette semaine… Serait-ce possible alors ?
Les acteurs. Privé de quatre joueurs (Marichez, Biancalani, Frechaut et Johansen, de bas en haut), mais à l’aube de son troisième match en sept jours, Metz trouvera-t-il encore les ressources, comme à Ajaccio et face à Angers ? « A deux matches de la fin, que vous vous trouviez ou pas à 100 % de vos moyens, tout devient une question de volonté », répond Joël Muller qui, par rapport à l’équipe alignée au coup d’envoi de Metz - Angers, devrait titulariser le buteur (Youssef Mokhtari) au détriment de Vincent Bessat. Mais les joueurs qui entreront en cours de partie auront aussi un rôle important, selon le scénario de la soirée. L’état des troupes est également une préoccupation caennaise. Les Normands possèdent-ils les moyens de relancer la machine ? « Les moyens, oui. L’attitude, c’est autre chose », assène Franck Dumas qui enregistre le retour de son capitaine, Nicolas Seube, au cœur d’un dispositif sans surprise.
Sylvain VILLAUME.
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Sissoko : « Nous sommes remontés à bloc ! »
Oumar Sissoko, lundi, face à Angers. Un match à zéro but encaissé, comme quatre fois au cours de ses six apparitions précédentes cette saison. Photo Pascal BROCARD.
Dans les buts messins pour finir la saison, Oumar Sissoko veut croire en sa bonne étoile, et en celle de son équipe.
Il pensait que son compteur de la saison s’arrêterait aux six matches disputés en deux intérims gagnants : trois victoires et deux nuls à l’automne, une victoire en février, et seulement deux buts encaissés. Mais Oumar Sissoko a repris la place de Christophe Marichez, au débotté, lundi pour Metz - Angers, et Metz a gagné. Le Franco-Malien doit maintenant disputer les deux dernières rencontres, « un combat » qui devient aussi le sien.
• Quand avez-vous su que vous alliez jouer lundi contre Angers, et qu’avez-vous alors ressenti ? « Au moment de rentrer au vestiaire, après l’échauffement, l’entraîneur des gardiens ( Jean-Pascal Singla) m’a annoncé que Christophe venait de se blesser à la cuisse. Je me suis dit qu’une nouvelle opportunité de me montrer s’offrait à moi, que je devais faire en sorte que les choses se passent bien. Au début, j’étais quand même un peu inquiet, car l’échauffement du gardien remplaçant n’est pas le même que celui du titulaire, à qui il sert plutôt de sparring-partner. J’ai plus ou moins poursuivi l’échauffement dans les premières minutes… »
• Et en dehors d’une frayeur sur l’un de vos tout premiers ballons, êtes-vous satisfait de votre prestation ? « Oui. Sur ce ballon que me donne Matheus ( Vivian), Modeste me presse, j’ai un temps d’hésitation, mais ça se termine bien ! Sinon, jusqu’au dernier quart d’heure, je n’ai guère été inquiété. »
• Vous vous trouvez même au départ du but ! « Je capte le ballon sur un coup franc et, comme je vois Cheikh ( Gueye) sur ma droite, je lui mets le ballon dans la course… Au bout de l’action, j’ai ressenti une délivrance ! Cela fait vraiment beaucoup de bien de remporter une victoire, et d’y avoir participé. »
« Je ne pensais plus jouer de la saison »
• Qu’avez-vous pensé de la soirée du lendemain ? « J’ai regardé le match d’Arles à Châteauroux. Le score traduit sa contre-performance et occasionne une pression supplémentaire. Nous, nous sommes remontés à bloc ! »
• Vous vous sentez capables d’aller gagner à Caen ? « Dommage que les Caennais viennent de perdre à Laval car, du coup, ils doivent nous battre pour décrocher le titre. Ce ne sera pas facile, je m’attends à un combat mais nous venons de reprendre goût à la victoire et nous croyons en nos chances, vraiment. »
• Cette fin de saison peut-elle être déterminante pour votre avenir ? « Je ne pensais plus jouer de la saison, l’opportunité se présente, je vais tout mettre en œuvre pour être le plus performant possible. Je suis en fin de contrat, j’ai quelques pistes, Metz ne m’a encore rien proposé mais j’espère toujours prolonger ici. Ce dont j’ai besoin, c’est de temps de jeu : tant mieux si c’est ici mais si je dois aller ailleurs, j’irai ailleurs. »
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Le chiffre
Un point d’écart. Caen et Metz avancent quasiment au même rythme, depuis cinq journées : là où les Normands n’ont pris que quatre points (quatre nuls et une défaite), les Lorrains en ont seulement engrangé un de plus (une victoire, deux nuls et deux défaites). La Ligue 2, cette saison, ressemble décidément à une course d’escargots.
La phrase
Match après match. Il arrive en football que les observateurs s’emballent un peu plus vite que les acteurs. La preuve hier en salle de presse où, à la veille de Caen - Metz, la question a été posée à Stéphane Borbiconi de savoir comment appréhender la perspective d’une finale à domicile, vendredi prochain, face à Vannes. « Il est trop tôt pour parler du dernier match », a poliment répondu le défenseur messin. Pour une fois, en effet, l’expression « prendre les matches comme ils viennent » correspond à la réalité vraie !
La question
Le stade D’Ornano de Caen réussit-il au FC Metz ? Depuis 2005, oui, c’est indiscutable ! Cette saison-là, les Messins alors entraînés par Jean Fernandez avaient même accompli un pas décisif vers le maintien en Ligue 1 en allant s’imposer au stade D’Ornano grâce à un but marqué par Ogbeche, lors de la 32 e journée. Depuis, Metz a signé un match nul (en Ligue 2) le 7 septembre 2006, et sa première victoire de la saison suivante, le 22 septembre 2007, au bout de la neuvième journée de Ligue 1 : 1-2, but caennais de Gouffran, buts messins de Gygax et Momar N’Diaye.
L’info
Alessandro Costacurta est passé par Metz. Quadruple vainqueur de la Ligue des champions et sept fois champion d’Italie entre 1988 et 2004, Alessandro Costacurta est passé par la Lorraine, en début de semaine, et même lundi par le stade Saint-Symphorien où l’ancien défenseur du Milan AC a assisté à Metz - Angers. « Il se rendait en Allemagne et il m’a appelé, je lui ai proposé de passer un peu de temps avec nous, confirme Carlo Molinari, dont les accointances milanaises sont connues. Et dans la discussion, il nous a appris qu’il était disponible. » Depuis sa retraite de joueur, Alessandro Costacurta a en effet embrassé une carrière d’entraîneur, intégrant le staff du Milan AC avant de diriger Mantoue, en série C. « Nous verrons déjà où nous en sommes dans huit jours », répond le vice-président messin sur les chances de voir Costacurta, qui parle le français, devenir entraîneur à Metz. Gérald Baticle et Serge Romano ont, entre autres, déjà proposé leurs services.
S. V.
