Conrad : « Arles va retourner d’où il vient »
Jean-Marc Conrad, débarqué de la présidence d’Arles-Avignon, promet des lendemains désenchantés à ce modeste promu en Ligue 1. Amer, un brin frustré, le Mosellan revient sur les conditions de son limogeage.
Le temps de la gloire est terminé pour le Messin Jean-Marc Conrad : « Le jouet est cassé ». Photo AFP
Le timbre de la voix, certes chaleureux, peine à masquer une réelle souffrance. Jean-Marc Conrad déborde de rancune. L’ancien président d’Arles-Avignon, équipe surprise qui a soufflé au FC Metz le dernier billet pour l’élite, digère mal son limogeage. Les actionnaires majoritaires du promu se sont séparés de lui. Prochainement (le 7 juillet), ils congédieront également le grand architecte du club, Michel Estevan, ce technicien qui a fait gravir, depuis le CFA, un à un les échelons jusqu’à la Ligue 1. Actuellement, la formation sudiste se fissure de toute part : une reprise avec seulement douze joueurs présents, un recrutement en stand-by et des partenaires financiers qui se désengagent. Le petit poucet faisait déjà sourire à quelques encablures du coup d’envoi du championnat. Aujourd’hui, il n’amuse plus personne.
• Avec le recul, que vous inspire votre renvoi ?
« Il a fait naître beaucoup d’amertume. Le jouet est cassé. Après quatre ans de dur labeur, qui a vu le club passer de CFA à la Ligue 1, nous allions enfin récolter le fruit du travail accompli. Donc oui, on peut parler d’amertume ; »
• Votre limogeage ne répond-t-il qu’à une simple lutte d’influence ?
« Oui. Mon sort a été réglé le soir même de l’accession. Les deux actionnaires majoritaires, Marcel Salerno et François Perrot, sont des incompétents qui cherchaient à reprendre la main sur le club. Le premier a 73 ans et il n’a jamais réussi à faire décoller Cannes du National. Le second, le "Parisien", est un agent à la petite semaine. Ils vont s’appuyer sur le modèle cannois, totalement dépassé, alors que moi j’avais un projet très concret et ambitieux pour le club. »
• Quelles en étaient les grandes lignes ?
« Christian Audigier, le célèbre créateur de mode installé aux Etats-Unis, devait entrer à hauteur de 20 % dans le capital. J’allais également finaliser des accords de partenariat, portant sur de la préformation, avec Manchester City et l’Atlético Madrid. »
« En déliquescence »
• Quid du recrutement ?
« Des contacts étaient établis avec de nombreux joueurs. Mais aujourd’hui, tout est abandonné. Il est au point mort. Aller trouver des joueurs à cette période de l’année… »
• La reprise du club s’est réalisée d’une manière ubuesque : pas d’entraîneur, peu de joueurs…
« Oui, c’est le flou le plus total. Certains joueurs n’étaient même pas prévenus de la date de la reprise. L’intendant a lui endossé le costume de manager général. Les sponsors se retirent un à un… Tout cela est lamentable. La belle image que renvoyait Arles est désormais totalement brouillée. Tout part en déliquescence. »
• Sur quoi se sont basés les actionnaires pour motiver votre licenciement ?
« Ils m’ont reproché d’avoir prolongé Michel Estevan. Mais c’est la première chose à faire pour pérenniser un club ! Pour tout vous dire, son salaire aurait été de 35 000 € par mois. Cela n’a rien de mirifique en Ligue 1. Donc voilà, ils avaient leur motif alors que cela faisait partie de ma responsabilité. Quand on veut tuer un chien, on dit qu’il a la galle… »
• Franchement, cela va être un crève-cœur pour vous de suivre Arles cette saison ?
« Oui, ça va faire mal. D’autant que je sais qu’Arles va retourner d’où il vient. Et sans doute battre le record du plus petit nombre de points au terme de ce championnat. De mon côté, je vais rebondir ailleurs… »
Jean-Michel CAVALLI.