
Le fait même de me tromper ne me fait pas spécialement plaisir, encore moins rire. D'un autre coté, le fait d'avoir raison pas vraiment non plus...
Après, tout dépend évidemment de quoi on parle : d'une opinion (subjective), d'une prédiction (toujours aléatoire) ou d'un fait (objectif),
Concernant les opinions, on ne peut pas raisonner en terme d'avoir raison ou tort, on l'a dit. Et évidemment le fait d'en changer au cours de sa vie est assez humain
Concernant les prédictions (du type Metz va se maintenir, machin va être le prochain président des Etats-Unis), ce n'est pas le fait même d'avoir raison ou tort qui me procure du plaisir ou de la peine mais le résultat de la prédiction. Bref, je peux avoir tort dans ma prédiction et être content (cf. le fameux "j'espère me tromper") ou avoir vu juste et être peiné (précisément parce que je ne me suis pas trompé et que le pire est arrivé)
Concernant les faits enfin, là j'admets ne pas du tout aimer me tromper, en tout cas pas sur les choses que je suis censé maitriser car ça témoigne soit d'une insuffisance de travail, soit d'une insuffisance de curiosité intellectuelle, en tout cas d'une certaine forme de "paresse"
Après, c'est aussi une partie de mon métier que de transmettre des savoirs objectifs. Dès lors, ça peut me mettre dans des états d'angoisse terrible lorsque je constate après coup que j'ai dit une bêtise aux étudiants. Auquel cas, je procède systématiquement à la rectification la fois suivante. Même chose, lorsqu'un étudiant me pose une question à laquelle je n'ai pas de réponse assurée, je préfère avouer que je ne sais pas (et lui dire que je vérifierai pour la prochaine fois) plutôt que d'essayer de masquer mon ignorance en l'embrouillant (ce qu'avec l'expérience des années, je suis aujourd'hui tout à fait capable de faire)
Désolé, je m'éloigne un peu du sujet même si je constate tout de même que confronté à des faits objectifs contraires à leurs certitudes, de plus en plus de personne sont incapables de changer d'avis
A ce propos, j'ai entendu dans une émission sur les fake news une anecdote racontée par Thomas Pesquet. Un jour, un "platiste" l'aborde dans la rue et tente de le convaincre que le terre était plate. Ce à quoi Pesquet lui répond que vue de l'espace, elle semble pourtant incurvée. Et là le type lui répond à son tour (dixit Pesquet lui-même) : Monsieur, j'ai le plus grand respect pour vous mais en réalité vous n'êtes jamais allé dans l'espace, on vous a drogué pour vous faire croire que c'était le cas"
Bref, c'est un exemple extrême mais, même dans ma discipline, je suis de plus en plus confronté à des gens qui sont sur des "réalités alternatives"