Vous n’avez pas envie de vous taper un max de westerns et donc vous cherchez en quelque sorte un film qui serait un condensé de pas mal d’autres, ça permettrait de gagner du temps pour consulter FB ou ses mels ?
Et bien, voila « The Moutain Men », un film de 1980, en conséquence réalisé bien après l’âge d’or présumé du genre et par un inconnu (qui a du le rester à mon sens..) et subtilement transformé en vf en « La fureur sauvage », du coup de ce côté de l’Atlantique ça t’évoque plutôt Bruce Lee !
Alors la-dedans, on trouve l’époque et l’ambiance de « Across the wide Missouri cf viewtopic.php?f=8&t=6502&p=196430&hilit ... ri#p196430), avec au moins un élément de « Run with the Arrow » (la poursuite avec les Crows évoquée ici dans viewtopic.php?f=8&t=6502&p=312828&hilit=Arrow#p312828), l’auteur a forcément pensé à « Jeremiah Johnson », voir viewtopic.php?f=8&t=6502&p=203819&hilit ... on#p203819, mais si vous voulez un conseil, regardez plutôt les films susnommés plutôt que « The Moutain Men » qui, à part des paysages naturels formidables (le Wyoming, le parc du Grand Têton –n’oublions que ce sont des frenchies qui ont exploré ces régions en prems-, Yellowstone) ne casse pas 3 pattes à un canard.
Déjà, le choix des acteurs principaux, des quasi-sexagénaires affublés d’une perruque luxuriante et toujours hyper-propre, j’ai nommé Charlton Heston et Brian Keith, le premier je n’insiste pas c’est Ben-Hur qui a terminé en apologiste de la possession d’armes aux States, le second, c’est un bon acteur de second rôle qui a écumé, entre autres pas mal de westerns, tous les 2 jouent des trappeurs spécialisés dans le castor, alors que du fait de la création des chapeaux en soie, les peaux de castor ne valent plus grand-chose, qui hantent les territoires du NW americain depuis 20 ans et cotoyent régulièrement les natives,dans cette région, les Crows et les Blackfeet qui sont,entre eux, des ennemis héréditaires.
Les 2 se trouvent pris au milieu de cette rivalité, plutôt du côté des Crows, et Heston, par un concours de circonstances, assomme la femme du big chef blackfoot, lequel est tellement machiste (« are you a slave ?» « no, I’m a woman, it’s the same ») qu’elle tombe amoureuse du « beau » trappeur. Le blackfoot en conçoit un juste courroux et n’aura de cesse de reprendre son épouse qui va donc, comme les forts autour de Verdun, être prise et reprise plusieurs fois.
Donc pas mal de poursuites, d’action dans ce scénar’ écrit par le fils de Charlton (du favoritisme, vous croyez ?), pourquoi pas, mais là où le bat blesse, c’est qu’il y a trop d’invraisemblances, je ne parle pas des erreurs « historiques, par exemple il y a une tribu entière massacrée par leurs rivaux, ce qui est incompatible avec la réalité (en cas de conflit, pas de massacres, les prisonniers deviennent des esclaves), mais de ce qui gêne dans l’appréciation de l’intrigue, à commencer par les Indiens( qui sont joués exclusivement par des non-indiens -et ça se voit, je dirais même que ça nuit à la crédibilité des personnages- ) qui vont quasiment se suicider quand ils combattent, déjà en attaquant 1 par 1, juste le temps que les white men recherchent leur fusil (corne avec de la poudre, verser dans le canon, bourrer avec une tige etc.) la fin, je ne vous dis rien sinon que ça se termine bien pour Charlton et sa dulcinée (jouée par une mexicaine), Running Moon, transformée en « Moineau bleu » dans la v.f !.
C’est dommage, il y a quelquefois des moments forts, quand le chef blackfoot parle de la variole « ce cadeau des blancs qui nous tue, même les loups ne veulent pas manger nos cadavres », la condition des trappeurs du la 1ère moitié du 19ème siècle est pas mal rendue, avec ces » rendez-vous » (une réunion de tous les trappeurs qui vendent leurs peaux à un acheteur unique –lequel en profite bien-, tout en picolant et s’envoyant en l’air avec des indiennes décidemment peu farouches. A ce propos, j’ai lu dans un ouvrage très sérieux que les jeunes filles indiennes avaient une assez grande liberté sexuelle, déjà par le fait qu’elles utilisaient des moyens contraceptifs tout ce qu’il y a d’écologique (des herbes), tu penses que ça devait changer des filles blanches corsetées…
Pas d’énervement toutefois, il n’y aucune scène de nu dans ce film, les scènes les moins ragoutantes sont celles où un trappeur essuye ses mains grasses dans la chevelure de la squaw qu’il vient d’échanger contre un canasson…
Le monde du Western
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Re: Le monde du Western
Lors du dernier post, j’avais parlé/écrit de gagner du temps, je récidive aujourd’hui en proposant de regarder le trailer du western du jour sur http://www.youtube.com/watch?v=zCoyD6-il00, ça dure moins de 3 mn et vous avez quasiment le best of, à savoir les scènes les plus originales, un aperçu des acteurs et à la limite, certains vont encore gagner quelques mn en évitant de déchiffrer laborieusement ce qui suit…
Mais commençons par le titre français une fois n’est pas coutume, « Amour, fleur sauvage » et là, je vous propose un jeu, quel est le titre américain original ?
« Love , wild flower ? » of course, not, de toute façon, ne cherchez pas, c’est impossible à trouver tellement c’en est inconcevable, on a affaire en quelque sorte à un record du monde tant c’est éloigné de la réalité de cette histoire de vengeance/justice, même si en route le mec qui porte l’étoile va rencontrer l’amuuur, donc j’abrège le suspense, il s’agit de «Shotgun », le fameux fusil à canon court, objet par lequel le film va débuter et se terminer également lors d’un des duels les plus originaux filmés dans un western.
Autre scène qui sort de l’ordinaire, celle où un méchant joué par Robert J. Wilke (lui, c’est le bad guy par excellence, il n’a quasiment joué que des rôles de cet acabit x fois) est attaché par des lanières de cuir qui rétrécissent au soleil et qui donc le rapproche du serpent à sonnette lui aussi attaché à quelques décimètres de sa tête, vous pouvez visualiser cette scène dans le trailer du film.
Dis donc, ça n’a pas l’air mal, cette scène, le duel final, plus une fille quasi à poil (si, si dans le trailer…), je ne vois pas pourquoi tu fais la fine bouche !
OK, d’abord la fille, c’est Yvonne de Carlo (cf viewtopic.php?p=206212#p206212 et viewtopic.php?p=210730#p210730) une de mes chouchoutes, mais là, à part cette scène dans les roseaux, elle est plutôt malmenée en ce qui concerne son costume, avec ce fute qui lui fait un derrière d’éléphant et cette coiffure improbable, on ne peut pas dire qu’elle est mise en valeur.
A signaler une séquence très courte dans lequel on entrevoit un (naked) postérieur qui se reflète dans l’eau, c’est supposé être celui d’Yvonne, là je ne peux le certifier, mais ces 3 ou 4 secondes devaient fortement faire réagir l’audience en 1955, année de sortie du film.
En tout cas, lors du tournage, Yvonne a rencontré son futur mari, un cascadeur qui officiait probablement comme cavalier apache mais cet heureux homme a perdu une jambe lors d’un tournage d’un autre western, un célèbre celui-là, « How the west was won » , quelques années plus tard.
Mais il y a quand même Sterling Hayden comme acteur principal, lui qui venait d’être consacré l’année précédente dans « Johnny Guitare « ?
Le père Sterling, il s’est pas fatigué, on ne peut pas dire que son jeu est subtil, il est probablement un peu las des cadences infernales (6 tournages en 1955) mais de toute façon, au-delà des acteurs, il aurait fallu un « vrai » metteur en scène et ici c’était Lesley Selander, voir viewtopic.php?p=219556#p219556 et franchement on ressent bien que c’est parfois baclé, les péripéties sont souvent peu crédibles (l’attitude des Indiens est une suite de non-sens), bref LS qui tourne plusieurs films par an n’a pas le temps de s’encombrer de détails qui souvent font le succès d’un film, il y a une ligne directrice dans le scénar’, un marshall poursuit des hors la loi qui ont assassiné son mentor, il rencontre une fille, un chasseur de primes, des indiens rôdent dans le coin, après on ne va pas s’emm*rder non plus à faire que tout çà tienne vraiment debout.
En 1955, le cinoche est encore tout puissant aux States, c’est encore la soirée quasi-obligatoire dans la salle ou le parking/drive in du coin, suffit d’une bande-annonce suffisamment attractive pour que, la semaine suivante, le public vienne en masse, le film est rentabilisé rapidement et Lesley a déjà attaqué le suivant.
Donc «un acteur célèbre, un duel, une scène de torture, une poursuite avec des indiens, une héroïne partiellement dénudée + les paysages magnifiques du Nouveau-Mexique « le tout en un peu plus de 2 mn et le tour est joué…
Mais commençons par le titre français une fois n’est pas coutume, « Amour, fleur sauvage » et là, je vous propose un jeu, quel est le titre américain original ?
« Love , wild flower ? » of course, not, de toute façon, ne cherchez pas, c’est impossible à trouver tellement c’en est inconcevable, on a affaire en quelque sorte à un record du monde tant c’est éloigné de la réalité de cette histoire de vengeance/justice, même si en route le mec qui porte l’étoile va rencontrer l’amuuur, donc j’abrège le suspense, il s’agit de «Shotgun », le fameux fusil à canon court, objet par lequel le film va débuter et se terminer également lors d’un des duels les plus originaux filmés dans un western.
Autre scène qui sort de l’ordinaire, celle où un méchant joué par Robert J. Wilke (lui, c’est le bad guy par excellence, il n’a quasiment joué que des rôles de cet acabit x fois) est attaché par des lanières de cuir qui rétrécissent au soleil et qui donc le rapproche du serpent à sonnette lui aussi attaché à quelques décimètres de sa tête, vous pouvez visualiser cette scène dans le trailer du film.
Dis donc, ça n’a pas l’air mal, cette scène, le duel final, plus une fille quasi à poil (si, si dans le trailer…), je ne vois pas pourquoi tu fais la fine bouche !
OK, d’abord la fille, c’est Yvonne de Carlo (cf viewtopic.php?p=206212#p206212 et viewtopic.php?p=210730#p210730) une de mes chouchoutes, mais là, à part cette scène dans les roseaux, elle est plutôt malmenée en ce qui concerne son costume, avec ce fute qui lui fait un derrière d’éléphant et cette coiffure improbable, on ne peut pas dire qu’elle est mise en valeur.
A signaler une séquence très courte dans lequel on entrevoit un (naked) postérieur qui se reflète dans l’eau, c’est supposé être celui d’Yvonne, là je ne peux le certifier, mais ces 3 ou 4 secondes devaient fortement faire réagir l’audience en 1955, année de sortie du film.
En tout cas, lors du tournage, Yvonne a rencontré son futur mari, un cascadeur qui officiait probablement comme cavalier apache mais cet heureux homme a perdu une jambe lors d’un tournage d’un autre western, un célèbre celui-là, « How the west was won » , quelques années plus tard.
Mais il y a quand même Sterling Hayden comme acteur principal, lui qui venait d’être consacré l’année précédente dans « Johnny Guitare « ?
Le père Sterling, il s’est pas fatigué, on ne peut pas dire que son jeu est subtil, il est probablement un peu las des cadences infernales (6 tournages en 1955) mais de toute façon, au-delà des acteurs, il aurait fallu un « vrai » metteur en scène et ici c’était Lesley Selander, voir viewtopic.php?p=219556#p219556 et franchement on ressent bien que c’est parfois baclé, les péripéties sont souvent peu crédibles (l’attitude des Indiens est une suite de non-sens), bref LS qui tourne plusieurs films par an n’a pas le temps de s’encombrer de détails qui souvent font le succès d’un film, il y a une ligne directrice dans le scénar’, un marshall poursuit des hors la loi qui ont assassiné son mentor, il rencontre une fille, un chasseur de primes, des indiens rôdent dans le coin, après on ne va pas s’emm*rder non plus à faire que tout çà tienne vraiment debout.
En 1955, le cinoche est encore tout puissant aux States, c’est encore la soirée quasi-obligatoire dans la salle ou le parking/drive in du coin, suffit d’une bande-annonce suffisamment attractive pour que, la semaine suivante, le public vienne en masse, le film est rentabilisé rapidement et Lesley a déjà attaqué le suivant.
Donc «un acteur célèbre, un duel, une scène de torture, une poursuite avec des indiens, une héroïne partiellement dénudée + les paysages magnifiques du Nouveau-Mexique « le tout en un peu plus de 2 mn et le tour est joué…
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Re: Le monde du Western
Chateaubriand confirmePalinodie a écrit :A ce propos, j’ai lu dans un ouvrage très sérieux que les jeunes filles indiennes avaient une assez grande liberté sexuelle, déjà par le fait qu’elles utilisaient des moyens contraceptifs tout ce qu’il y a d’écologique (des herbes), tu penses que ça devait changer des filles blanches corsetées…

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Re: Le monde du Western
En préambule et qui n’a rien à voir avec le western, en ce moment sur TCM, est diffusé « Moonfleet » (les contrebandiers de Moonfleet) de Fritz Lang, sans doute un des plus beaux (et palpitants et tous les superlatifs possibles) films d’aventures des fifties, avec des acteurs exceptionnels, entre autres Georges Sanders et Stewart Granger, des séquences inoubliables, par exemple celle où Liliane Montevecchi danse (et comment) sur une table et tiens ne ratez pas la séquence initiale dans laquelle un jeune garçon erre, la nuit, sur une lande plutôt sauvage, passe à côté d’un cimetière et…
Pour les anciens, une photo tirée d’une séquence de tournage de « Moonfleet » a servi pour le 1er générique du ciné-club de la 3 (le dimanche soir, vers minuit (après des week-end pas vraiment reposants) dans le début des années 70.
Ah il y a aussi Jack Elam dans ce film, ce qui fait la liaison avec le thème de ce topic.
A part çà, je poursuis mon exploration avec 2 découvertes (pour moi, of course) diffusées en ce moment sur les chaines cinéma de Canal.
Le 1er, c’est «The Tin Star »(1957) et comme vous le savez la tin star, c’est l’étoile en étain que porte un shérif ou un marschall, enfin un représentant de la loi et là le shérif, c’est Anthony Perkins qui va se faire apprendre le métier par Henry Fonda. C’est vrai que Perkins, il a beau dire, il a beau faire, il est marqué à vie par le rôle qu’il jouera quelques années plus tard dans « Psychose », bon là, ce rôle de type un peu nerveux et pas trop sûr de lui lui convient parfaitement.
Histoire classique, mais qu’on suit sans déplaisir, grâce au scénario bien ficelé (c’est Dudley Niichols un des scénaristes, un mec qui a écrit pour John Ford ou Hawks et plein d’autres) et à la mise en scène sans temps mort de Anthony Mann.
Si j’évoque ce film aujourd’hui, ce n’est pas à cause du titre français (Du sang dans le désert), mais à cause de quelques particularités bien venues, comme le fait que le héros number one HF avoue qu’il est quasi-impossible pour un regular citizen of the United States de ne pas haïr les indiens (ou les métis), tant c’est ancré dans l’éducation de cette époque.
Henry Fonda est parfait en mentor légèrement désabusé et sans illusion sur la nature humaine, celle des outlaws bien sûr, mais également celle des « honnêtes gens ».
A signaler un grand monsieur dans ce western, c’est John McIntire, qui a été un des grands seconds rôles dans de nombreux films (tiens, il figurait aussi dans Psychose), capable de passer sans dommage du rôle de bad guy à celui de good guy, ici, c’est quasi le père fondateur de la little town du film.
Apparaissent également Betsy Palmer qui sera quelques années plus tard la mère de Jason dans Vendredi 13 (paraît qu’elle avait besoin de s’acheter une bagnole, alors elle a accepté le rôle), Lee Van Cleef, un méchant métis (pléonasme ?)et Neville Brand, évoqué plein de fois dans ce topic et parfaitement raccord en brute épaisse et raciste qui tente de faire appliquer la loi de Lynch.
Le second film, j’ai failli ne pas le regarder, faut dire que c’est Lesley Selander le director, on ne peut pas dire que les films que j’ai vus de lui m’ont impressionnés, mais sans doute que la télécommande était hors d’atteinte, du coup, j’ai laissé défiler le générique et j’ai vu apparaitre le nom de Blake Edwards, vous savez bien le metteur en scène des Pink Panther et de bien des chefs d’œuvre de la comédie comme "Victor, Victoria », « Operation Pettycoat » ou "S.O.B" (si, si, ça veut bien dire ce que ça semble dire !), en tant que writer, normal, mais aussi en tant qu’acteur.
Effectivement, il joue un gunman(bottes fantaisistes, gants noirs, cheveux bouclés façon chérubin, bref un tantinet ridicule) à la solde du méchant, mais en admiration/jalousie devant le héros, un outlaw sur le chemin de la repentance et probablement le plus rapide à l’Ouest du Mississipi.
C’est un western marqué par son époque, 1948, un héros, avec un petit gilet, impassible, très bon au poker autour d’une table enfumée (tous les mecs ont des cigares proportionnels à l’importance qu’ils ont dans l’histoire), la fille qui succombe dès qu’elle le voit, la justice immanente rendue à la fin après une bagarre mémorable et quelques duels au pistolet, un titre incompréhensible pour les français, « Panhandle » (c’est une région du nord du Texas) transformé en « le justicier de la sierra », mais peut-être à cause du talent de scénariste de Blake Edwards, il y a plein de choses intéressantes :
La girl énamourée, c’est Anne Gwynne, un ancien top model (ancien, ancien, elle a pile 30 ans, côté face, probablement moins…) classée dans le top five des pin-up par les GI pendant la world war 2, ici sublimée par une coiffure ébouriffante et qui surprend par l’insolence et la liberté de son character, que faisaient les censeurs quand elle se roule par terre dans sa chambre avec le héros.
Encore une qui n’est jamais devenue vraiment une star, elle est restée cantonnée aux rôles de screaming girl, vous savez la blonde qui hurle dans les films d’horreur des fifties.
Il y a également des dialogues surprenants, celui entre le héros et Blake Edwards est quasi surrealiste, en tout cas totalement inattendu, des personnages secondaires pittoresques, comme le gambler au début du film, le héros qui fredonne, non je ne suis pas ennuyé une seconde et puis on apprend comment boire une tequila.
Bizarrement, c’est Cathy Downs (la Clementine de « My darling Clementine ») qui a un rôle moins important que Anne Gwynne , mais qui est créditée en plus gros sur l’affiche à côté du héros joué par Rod Cameron.
Lui, c’est ni plus ni moins qu’un Randolph Scott bis (grand, un peu raide et monolithique), mais il a une particularité qui l’a rendu célèbre à Hollywood : il a divorcé de sa femme pour épouser la mère de celle-ci, sa belle-mère donc qui avait quand même 56 ans, quelle santé !
Sinon, j’insiste, »Moonfleet », ne le ratez pas, si vous avez un gosse de 10 ans (ou un neveu, ça fera aussi l’affaire), mettez le devant, ça vous fera un alibi pour le regarder…
Pour les anciens, une photo tirée d’une séquence de tournage de « Moonfleet » a servi pour le 1er générique du ciné-club de la 3 (le dimanche soir, vers minuit (après des week-end pas vraiment reposants) dans le début des années 70.
Ah il y a aussi Jack Elam dans ce film, ce qui fait la liaison avec le thème de ce topic.
A part çà, je poursuis mon exploration avec 2 découvertes (pour moi, of course) diffusées en ce moment sur les chaines cinéma de Canal.
Le 1er, c’est «The Tin Star »(1957) et comme vous le savez la tin star, c’est l’étoile en étain que porte un shérif ou un marschall, enfin un représentant de la loi et là le shérif, c’est Anthony Perkins qui va se faire apprendre le métier par Henry Fonda. C’est vrai que Perkins, il a beau dire, il a beau faire, il est marqué à vie par le rôle qu’il jouera quelques années plus tard dans « Psychose », bon là, ce rôle de type un peu nerveux et pas trop sûr de lui lui convient parfaitement.
Histoire classique, mais qu’on suit sans déplaisir, grâce au scénario bien ficelé (c’est Dudley Niichols un des scénaristes, un mec qui a écrit pour John Ford ou Hawks et plein d’autres) et à la mise en scène sans temps mort de Anthony Mann.
Si j’évoque ce film aujourd’hui, ce n’est pas à cause du titre français (Du sang dans le désert), mais à cause de quelques particularités bien venues, comme le fait que le héros number one HF avoue qu’il est quasi-impossible pour un regular citizen of the United States de ne pas haïr les indiens (ou les métis), tant c’est ancré dans l’éducation de cette époque.
Henry Fonda est parfait en mentor légèrement désabusé et sans illusion sur la nature humaine, celle des outlaws bien sûr, mais également celle des « honnêtes gens ».
A signaler un grand monsieur dans ce western, c’est John McIntire, qui a été un des grands seconds rôles dans de nombreux films (tiens, il figurait aussi dans Psychose), capable de passer sans dommage du rôle de bad guy à celui de good guy, ici, c’est quasi le père fondateur de la little town du film.
Apparaissent également Betsy Palmer qui sera quelques années plus tard la mère de Jason dans Vendredi 13 (paraît qu’elle avait besoin de s’acheter une bagnole, alors elle a accepté le rôle), Lee Van Cleef, un méchant métis (pléonasme ?)et Neville Brand, évoqué plein de fois dans ce topic et parfaitement raccord en brute épaisse et raciste qui tente de faire appliquer la loi de Lynch.
Le second film, j’ai failli ne pas le regarder, faut dire que c’est Lesley Selander le director, on ne peut pas dire que les films que j’ai vus de lui m’ont impressionnés, mais sans doute que la télécommande était hors d’atteinte, du coup, j’ai laissé défiler le générique et j’ai vu apparaitre le nom de Blake Edwards, vous savez bien le metteur en scène des Pink Panther et de bien des chefs d’œuvre de la comédie comme "Victor, Victoria », « Operation Pettycoat » ou "S.O.B" (si, si, ça veut bien dire ce que ça semble dire !), en tant que writer, normal, mais aussi en tant qu’acteur.
Effectivement, il joue un gunman(bottes fantaisistes, gants noirs, cheveux bouclés façon chérubin, bref un tantinet ridicule) à la solde du méchant, mais en admiration/jalousie devant le héros, un outlaw sur le chemin de la repentance et probablement le plus rapide à l’Ouest du Mississipi.
C’est un western marqué par son époque, 1948, un héros, avec un petit gilet, impassible, très bon au poker autour d’une table enfumée (tous les mecs ont des cigares proportionnels à l’importance qu’ils ont dans l’histoire), la fille qui succombe dès qu’elle le voit, la justice immanente rendue à la fin après une bagarre mémorable et quelques duels au pistolet, un titre incompréhensible pour les français, « Panhandle » (c’est une région du nord du Texas) transformé en « le justicier de la sierra », mais peut-être à cause du talent de scénariste de Blake Edwards, il y a plein de choses intéressantes :
La girl énamourée, c’est Anne Gwynne, un ancien top model (ancien, ancien, elle a pile 30 ans, côté face, probablement moins…) classée dans le top five des pin-up par les GI pendant la world war 2, ici sublimée par une coiffure ébouriffante et qui surprend par l’insolence et la liberté de son character, que faisaient les censeurs quand elle se roule par terre dans sa chambre avec le héros.
Encore une qui n’est jamais devenue vraiment une star, elle est restée cantonnée aux rôles de screaming girl, vous savez la blonde qui hurle dans les films d’horreur des fifties.
Il y a également des dialogues surprenants, celui entre le héros et Blake Edwards est quasi surrealiste, en tout cas totalement inattendu, des personnages secondaires pittoresques, comme le gambler au début du film, le héros qui fredonne, non je ne suis pas ennuyé une seconde et puis on apprend comment boire une tequila.
Bizarrement, c’est Cathy Downs (la Clementine de « My darling Clementine ») qui a un rôle moins important que Anne Gwynne , mais qui est créditée en plus gros sur l’affiche à côté du héros joué par Rod Cameron.
Lui, c’est ni plus ni moins qu’un Randolph Scott bis (grand, un peu raide et monolithique), mais il a une particularité qui l’a rendu célèbre à Hollywood : il a divorcé de sa femme pour épouser la mère de celle-ci, sa belle-mère donc qui avait quand même 56 ans, quelle santé !
Sinon, j’insiste, »Moonfleet », ne le ratez pas, si vous avez un gosse de 10 ans (ou un neveu, ça fera aussi l’affaire), mettez le devant, ça vous fera un alibi pour le regarder…
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Re: Le monde du Western
Ah, ça y est, le voila qui remet çà, encore des westerns inconnus au bataillon, il y en a marre, va pas nous faire défiler tous les nanars sortis depuis l’invention du cinoche !
C’est vrai que « Branded » (marqué au fer ), sorti en 1950 et « Apache riffles » (la fureur des Apaches) sorti lui en 1964 ne sont pas des œuvres inoubliables.
Surtout que Branded, je l’ai vu en vf, et une vf des années 50 forcément, avec l’héroïne qui est doublée par une certaine Micheline Cevennes et tu te retrouves avec une nenette au milieu des cactus qui cause avec l’accent de Belleville, ça crée un certain décalage…
L’histoire démarrait pourtant bien, le héros, un petit malfrat est recruté pour jouer un fils de (riche) famille enlevé quand il était bébé, charge à lui de se faire reconnaitre grâce à une fausse marque tatouée/branded sur son épaule. Evidemment il retrouve sa « sœur » dont il tombe instantanément amoureux, sa « mère » qui était inconsolable et son « père », un dur à cuire qui a fait fortune contre vents et marée, cad en luttant contre les outlaws, les Indiens et le climat.
Bref, prise de conscience du héros, qui va essayer de retrouver le vrai fils et à partir de là, ça vire au conte de fées, d’ailleurs ça finit comme dans un conte de fées avec mariage en vue et probablement beaucoup d’enfants, vu que la contraception n’existait pas.
Non, ce qui est intéressant là-dessus, c’est qu’on y retrouve Alan Ladd (doublé par le père de Catherine Deneuve et de Françoise Dorleac), lui, je vous en ai déjà parlé, 1m65, d’où la caisse qui le suivait en permanence comme accessoire pour embrasser ses partenaires, sauf quand c’était Veronica Lake 1m51.
Faut toujours que t’exagères, t’es sans arrêt en mode ironie, ça devient pénible…
Non, mais ya du lourd, des metteurs en scène devaient trouver des astuces quand ils engageaient Ladd, soit tu mettais un système de planches qui surélevait l’acteur par rapport aux autres, soit tu creusais une tranchée pour l’héroïne au moment du baiser final (authentique !). Dans Branded, j’ai été attentif, la galoche terminale se fait sur une barrière sur lequel AL est perché.
Et là, Alan Ladd colle au personnage ambigu du héros, c’est d’ailleurs dans ce genre de rôle qu’il excelle (cf Shane viewtopic.php?f=8&t=6502&p=283564&hilit ... dd#p283564), pas quand il joue les héros super positifs.
D’ailleurs, tout n’a pas été rose dans sa vie perso, par exemple sa mère alcoolique qui meurt parce qu’elle a avalé du poison à fourmis ( !) ou ses rêves de sélection olympique en plongeon qui s’envolent à cause d’une blessure, il lui en est resté des séquelles et lui aussi finira alcoolo à 50 ans (rapport officiel overdose d’alcool et de 3 autres drogues).
Autre acteur intéressant qui joue le père, c’est Charles Bickford, un type complètement à part à Hollywood. Il a 20 ans dans les années 1910, alors qu’il est plutôt parti pour une carrière d’ingénieur, il devient acteur et carrément star en 1930 en tournant avec Garbo.
Mais là, ça dérape, le mec qui est une force de la nature (grand, bien bâti) ne supporte pas d’être trop dirigé, il boxe ses metteurs en scène, refuse des scénar’, s’engueule avec le big boss, se fait virer de la MGM, du coup, aucune compagnie ne veut l’engager et il devient acteur indépendant, ce qui est super-rare à l’époque où tu signes des contrats avec une compagnie qui te fait tourner.
En 1935, en tournant » East of Java », il se fait grièvement mordre par un lion, alors qu’il venait de retrouver un contrat avec la Fox, qui du coup le vire, à cause de la cicatrice sur son cou et de son âge, 45 ans et balafré, ça devient limite pour jouer les héros.
Virage à 180°, il se reconvertit aussitôt dans les figures d’autorité, les pères, les capitaines au long cours ou les grands propriétaires comme dans « Branded ». Autant dire que sa filmographie est hyper-longue, sans parler de ses rôles à la téloche, bref le mec est hyper connu aux States, au moins par les personnes qui ont un certain vécu et qui l’ont forcément vu dans les feuilletons et les films de leur enfance (Bickford est mort en 1967)…
Autre acteur qui mérite qu’on s’y arrête, c’est Audie Murphy, le lead-character de « Apache riffles ».
Lui, ça doit être le seul acteur à qui on a demandé de jouer son propre rôle, je m’explique :
Audie, pas loin d’être une ablette lui aussi, s’engage à 17 ans(en trichant sur son âge) en 1943 dans l’US Army, c’est sa 2ème tentative, il a été une 1ère fois refusé parce qu’en sous-poids.
Déjà là, un scénariste verrait un début d’histoire, mais depuis sa naissance, c’est tout un roman-photo, ça n’existe plus aujourd’hui , en général le héros ou l’héroïne avait tous les malheurs possibles, pour Audie, ça partait mal, son père a fui le domicile familial, lui quitte l’école assez vite pour cueillir du coton et chasse du petit gibier pour aider sa famille, sa mère meurt de maladie quand il a 16 ans, ses frères et sœurs sont placés à la DDASS locale et il multiplie les petits boulots.
A l’armée, il devient un héros, je n’exagère pas, c’est le mec le plus décoré de toute la 2ème guerre mondiale aux States, juste un de ces faits d’armes les plus célèbres, un tank US est détruit, son équipage sous le feu des Germains, Audie Murphy, seul (il a demandé à ses hommes de se retirer), fait diversion avec sa mitraillette, attirant le feu ennemi, recueille les tankistes, puis se sert de la mitrailleuse du tank (qui brule et risque d’exploser) pour repousser l’infanterie boche, dirige par téléphone les tirs de l’artillerie pour aire reculer l’ennemi, est blessé, mais refuse d’être évacué, car il veut organiser ses hommes pour une contre-offensive, fermez le ban.
Donc tu vois, le scénario de « to hell and back » (1955) qui raconte sa vie et qu’il joue est déjà écrit, pas besoin d’enjoliver !
A mon sens, le plus intéressant dans son histoire perso (et que bizarrement Hollywood n’a pas exalté), c’est la suite : Audie a été très traumatisé (cauchemars, migraine etc.) par son action pendant la World War 2, il était d’ailleurs en permanence sous tranquillisant, mais il a milité pour que le stress post traumatique soit reconnu par l’Armée et que les vétérans soient soignés en conséquence.
Pas certain que John Wayne, qui n’a jamais combattu en vrai, ait fait la même chose…
Autre point « positif », alors qu’il était quasi ruiné (il produisait ses propres films et c’a n’a pas trop marché), il a refusé d’apparaitre dans des pubs pour l’alcool (évidemment il buvait..) et les cigarettes, conscient de l’importance de son image (il était portée aux nues par les médias amerloques) vis-à-vis de la jeunesse.
Et dans « Apache riffles « ?
Bah, c’est un officier qui déteste les Indiens, mais qui va changer d’avis à cause d’une belle métisse, les mineurs sont tous des vilains qui ne pensent qu’à exproprier les Indiens, le deus ex machina est un commerçant capitaliste, l’Indien sanguinaire devient un pote, non en 1964, tout ça, c’est du vu et revu, de toute façon, Audie a tourné essentiellement des séries B et n’a jamais été un acteur charismatique.
La fin de sa vie ? Pas un happy end, on s’en doutait, mais lui n’est pas mort alcoolique ou drogué, il n’a pas eu le temps, et c’est en star déchue (et ruinée) qu’il est mort, à 46 ans, dans un accident d’avion.
Sinon, j’ai revu « High noon » (le train sifflera 3 fois) avec Gary Cooper et je n’avais jamais réalisé à quel point Sergio Leone s’est inspiré des séquences où les malfrats attendent à la gare pour réaliser la scène d’ouverture de « once upon a time in the west ».
P*tain, enfin un film célèbre et il en fait 2 lignes…
C’est vrai que « Branded » (marqué au fer ), sorti en 1950 et « Apache riffles » (la fureur des Apaches) sorti lui en 1964 ne sont pas des œuvres inoubliables.
Surtout que Branded, je l’ai vu en vf, et une vf des années 50 forcément, avec l’héroïne qui est doublée par une certaine Micheline Cevennes et tu te retrouves avec une nenette au milieu des cactus qui cause avec l’accent de Belleville, ça crée un certain décalage…
L’histoire démarrait pourtant bien, le héros, un petit malfrat est recruté pour jouer un fils de (riche) famille enlevé quand il était bébé, charge à lui de se faire reconnaitre grâce à une fausse marque tatouée/branded sur son épaule. Evidemment il retrouve sa « sœur » dont il tombe instantanément amoureux, sa « mère » qui était inconsolable et son « père », un dur à cuire qui a fait fortune contre vents et marée, cad en luttant contre les outlaws, les Indiens et le climat.
Bref, prise de conscience du héros, qui va essayer de retrouver le vrai fils et à partir de là, ça vire au conte de fées, d’ailleurs ça finit comme dans un conte de fées avec mariage en vue et probablement beaucoup d’enfants, vu que la contraception n’existait pas.
Non, ce qui est intéressant là-dessus, c’est qu’on y retrouve Alan Ladd (doublé par le père de Catherine Deneuve et de Françoise Dorleac), lui, je vous en ai déjà parlé, 1m65, d’où la caisse qui le suivait en permanence comme accessoire pour embrasser ses partenaires, sauf quand c’était Veronica Lake 1m51.
Faut toujours que t’exagères, t’es sans arrêt en mode ironie, ça devient pénible…
Non, mais ya du lourd, des metteurs en scène devaient trouver des astuces quand ils engageaient Ladd, soit tu mettais un système de planches qui surélevait l’acteur par rapport aux autres, soit tu creusais une tranchée pour l’héroïne au moment du baiser final (authentique !). Dans Branded, j’ai été attentif, la galoche terminale se fait sur une barrière sur lequel AL est perché.
Et là, Alan Ladd colle au personnage ambigu du héros, c’est d’ailleurs dans ce genre de rôle qu’il excelle (cf Shane viewtopic.php?f=8&t=6502&p=283564&hilit ... dd#p283564), pas quand il joue les héros super positifs.
D’ailleurs, tout n’a pas été rose dans sa vie perso, par exemple sa mère alcoolique qui meurt parce qu’elle a avalé du poison à fourmis ( !) ou ses rêves de sélection olympique en plongeon qui s’envolent à cause d’une blessure, il lui en est resté des séquelles et lui aussi finira alcoolo à 50 ans (rapport officiel overdose d’alcool et de 3 autres drogues).
Autre acteur intéressant qui joue le père, c’est Charles Bickford, un type complètement à part à Hollywood. Il a 20 ans dans les années 1910, alors qu’il est plutôt parti pour une carrière d’ingénieur, il devient acteur et carrément star en 1930 en tournant avec Garbo.
Mais là, ça dérape, le mec qui est une force de la nature (grand, bien bâti) ne supporte pas d’être trop dirigé, il boxe ses metteurs en scène, refuse des scénar’, s’engueule avec le big boss, se fait virer de la MGM, du coup, aucune compagnie ne veut l’engager et il devient acteur indépendant, ce qui est super-rare à l’époque où tu signes des contrats avec une compagnie qui te fait tourner.
En 1935, en tournant » East of Java », il se fait grièvement mordre par un lion, alors qu’il venait de retrouver un contrat avec la Fox, qui du coup le vire, à cause de la cicatrice sur son cou et de son âge, 45 ans et balafré, ça devient limite pour jouer les héros.
Virage à 180°, il se reconvertit aussitôt dans les figures d’autorité, les pères, les capitaines au long cours ou les grands propriétaires comme dans « Branded ». Autant dire que sa filmographie est hyper-longue, sans parler de ses rôles à la téloche, bref le mec est hyper connu aux States, au moins par les personnes qui ont un certain vécu et qui l’ont forcément vu dans les feuilletons et les films de leur enfance (Bickford est mort en 1967)…
Autre acteur qui mérite qu’on s’y arrête, c’est Audie Murphy, le lead-character de « Apache riffles ».
Lui, ça doit être le seul acteur à qui on a demandé de jouer son propre rôle, je m’explique :
Audie, pas loin d’être une ablette lui aussi, s’engage à 17 ans(en trichant sur son âge) en 1943 dans l’US Army, c’est sa 2ème tentative, il a été une 1ère fois refusé parce qu’en sous-poids.
Déjà là, un scénariste verrait un début d’histoire, mais depuis sa naissance, c’est tout un roman-photo, ça n’existe plus aujourd’hui , en général le héros ou l’héroïne avait tous les malheurs possibles, pour Audie, ça partait mal, son père a fui le domicile familial, lui quitte l’école assez vite pour cueillir du coton et chasse du petit gibier pour aider sa famille, sa mère meurt de maladie quand il a 16 ans, ses frères et sœurs sont placés à la DDASS locale et il multiplie les petits boulots.
A l’armée, il devient un héros, je n’exagère pas, c’est le mec le plus décoré de toute la 2ème guerre mondiale aux States, juste un de ces faits d’armes les plus célèbres, un tank US est détruit, son équipage sous le feu des Germains, Audie Murphy, seul (il a demandé à ses hommes de se retirer), fait diversion avec sa mitraillette, attirant le feu ennemi, recueille les tankistes, puis se sert de la mitrailleuse du tank (qui brule et risque d’exploser) pour repousser l’infanterie boche, dirige par téléphone les tirs de l’artillerie pour aire reculer l’ennemi, est blessé, mais refuse d’être évacué, car il veut organiser ses hommes pour une contre-offensive, fermez le ban.
Donc tu vois, le scénario de « to hell and back » (1955) qui raconte sa vie et qu’il joue est déjà écrit, pas besoin d’enjoliver !
A mon sens, le plus intéressant dans son histoire perso (et que bizarrement Hollywood n’a pas exalté), c’est la suite : Audie a été très traumatisé (cauchemars, migraine etc.) par son action pendant la World War 2, il était d’ailleurs en permanence sous tranquillisant, mais il a milité pour que le stress post traumatique soit reconnu par l’Armée et que les vétérans soient soignés en conséquence.
Pas certain que John Wayne, qui n’a jamais combattu en vrai, ait fait la même chose…
Autre point « positif », alors qu’il était quasi ruiné (il produisait ses propres films et c’a n’a pas trop marché), il a refusé d’apparaitre dans des pubs pour l’alcool (évidemment il buvait..) et les cigarettes, conscient de l’importance de son image (il était portée aux nues par les médias amerloques) vis-à-vis de la jeunesse.
Et dans « Apache riffles « ?
Bah, c’est un officier qui déteste les Indiens, mais qui va changer d’avis à cause d’une belle métisse, les mineurs sont tous des vilains qui ne pensent qu’à exproprier les Indiens, le deus ex machina est un commerçant capitaliste, l’Indien sanguinaire devient un pote, non en 1964, tout ça, c’est du vu et revu, de toute façon, Audie a tourné essentiellement des séries B et n’a jamais été un acteur charismatique.
La fin de sa vie ? Pas un happy end, on s’en doutait, mais lui n’est pas mort alcoolique ou drogué, il n’a pas eu le temps, et c’est en star déchue (et ruinée) qu’il est mort, à 46 ans, dans un accident d’avion.
Sinon, j’ai revu « High noon » (le train sifflera 3 fois) avec Gary Cooper et je n’avais jamais réalisé à quel point Sergio Leone s’est inspiré des séquences où les malfrats attendent à la gare pour réaliser la scène d’ouverture de « once upon a time in the west ».
P*tain, enfin un film célèbre et il en fait 2 lignes…
- DCD
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Re: Le monde du Western
C'est vraiment très intéressant 

- drac
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Re: Le monde du Western
Pali, fan de Western comme moi !
(j'ai honte, mais j'étais passionné de Peplum, j'en ai vu des quantités.
Steve Reeves, mon idole étant gamin, je rêvais de lui ressembler, raté !
)
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- DCD
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Re: Le monde du Western
J'ai regardé Tom Horn (sans "e") hier soir sur Paris Première. Palinodie a tout dit du film je pense, et même des à côtés. Mais je vais brièvement donner mon ressenti.Palinodie a écrit :Ah encore une légende de l'Ouest qui est le personnage principal d'un western, c'est Tom Horn dont les derniers "exploits" sont contés dans "Tom Horn" (1980)
Ce western est officiellement dirigé par un inconnu William Wiard, en fait c'est quasiment un prête-nom pour Steve Mc Queen qui joue le rôle titre et qui a été obligé d'en passer par là pour ne pas s'attirer les foudres des tous puissants syndicats hollywoodiens.
Comme on est en 1980 et que la mode n'est plus à l'exaltation sans faille des figures de l'Ouest, donc ce film raconte ce qu'était l'occupation principale (et qui a fait en partie sa légende ) de Tom Horn, à savoir la chasse aux voleurs de bétail.
Ca ne mégote pas vraiment, Horne est engagé par un propriétaire, un gros, un de ceux qui a des milliers de tête de bétail, il observe, fait des rondes, repère les voleurs, puis s'embusque et avec un fusil pour tuer les bisons dégomme aussi bien dans le dos les voleurs pris sur le fait, puis signe son exploit en plaçant une pierre sous la tête des cadavres, et enfin va toucher sa récompense, quelques centaines de dollars par tête.
C'est donc ce qui est conté ici, mais nous sommes en 1903 dans le Wyoming, que l'époque n'est plus tout à fait la même qu'à l'époque de la guerre du comté de Johnson qui a lieu 10 ans plus tôt, (cf "les portes du Paradis viewtopic.php?p=265391#p265391), que le pays devient un peu plus civilisé et que quand les cadavres s'accumulent, ça commence à grogner un peu dans ce qu'on peut appeler l'opinion publique, du coup, les association de proprios, qui ont vu les vols quasiment disparaitre, décident de ne plus soutenir Tom Horn (qui a été engagé sans mandat officiel) et lorsqu'un jeune garçon de 13 ans, fils de bergers qui essayaient d'introduire l'élevage des moutons dans ce coin du Wyoming est abattu, Horne est accusé, se défend très mal, en étant notamment piégé par un shériff qui a des ambitions politiques et qui lui fait déclarer "If I did shoot that boy, it was the best shot I ever made.", est emprisonné, jugé et pendu à l'âge de 43 ans.
Ce western a eu un certain retentissement en 1980, parce qu'il sort alors que Steve Mc Queen est gravement malade, un cancer (probablement le tabac) qui le tuera 6 mois plus tard.
Mais ça n'a pas été pour autant un succès, les amerloques n'aimant pas en règle générale une remise en cause si noire de la légende de l'Ouest, les parodies, ça peut passer, mais pas ce genre de film, auquel par ailleurs il manque un vrai director, et puis qui décrit Tom Horn de cette façon : un type sans illusion sur l'épopée de l'Ouest ( If you really knew how dirty and raggedy-assed the Old West was, you wouldn't want any part of it) et qui est devenu un assassin "légal" parce que c'est la seule chose qu'il sait (très bien) faire.
Au début du film, Horn est décrit comme un mec plutôt rustre, qui ne crache pas sur la boutanche, fait preuve d'un certain courage et même qui arrive à séduire, par son naturel et son bon sens, l'instit du coin, c'est Linda Evans, la Krystle Carrington de la série Dynasty.
Mais lors d'un pique-nique avec elle, quelqu'un essaye de flinguer Tom qui réagit avec une sauvagerie incroyablement "naturelle" et là on sait vraiment à qui on a affaire.
Notons qu'il y a comme un parallèle entre Tom Horne et Steve McQ, qui lui aussi, a eu, un temps, une bonne image "publique", celle d'un mec sympa, humble, sorti de nulle part (il a été un délinquant juvénile) bref un acteur populaire dans tous les sens du terme, mais qui au fur et à mesure que son succès a été grandissant, est devenu, comme beaucoup d'autres, un narcissique invivable avec tous les excès possibles et imaginables (grosse tête en permanence, drogue, alcool et petites pépées), alors ce film a été vu comme un espèce de symbole qui préfigurait la fin de Mc Queen qui aurait accepté sa propre mort prochaine inéluctable comme Tom Horn accepte la sienne dans le film (Keep your nerve Sam, 'cause I'm gonna keep mine dit -il sur la potence à son ex-boss, un des seuls à lui rester fidèle).
D'abord, Steve Mac Queen : à ses rides, on sait d'emblée qu'il s'agit de l'un de ses derniers films (l'avant dernier en fait) et à sa démarche de petit-vieux au dos en compote, on comprend qu'il était déjà bien affaiblie.
La réalisation : quand bien même il y a eu 3 réalisateurs (le premier, Mac Queen et le troisième) j'ai bien aimé les plans du films, ses décors épurés et j'ai trouvé que l'époque charnière (fin de la conquête de l'ouest et début de son embourgeoisement) étaient très bien mis en avant par opposition des costumes et des coutumes (la scène de dégustation des homards et de la pendaison moderne).
L'Histoire : basée sur la biographie de Tom Horn par l'un de ses amis, on n'est pas tombé dans le film à charge de la justice aveugle contre l'innocent héros. Comme l'avait souligné Pali, le Tom Horn sous ses airs sympathiques était une brute, qui aurait très bien pu assassiner ce garçon de 13 ans et le film laisse justement plané le doute jusqu'au bout, quand bien même il évoque clairement le coup-monté. Et c'est là toute la réussite de ce film, car même si l'on sait que Tom Horn doit être innocent, on en est pas certain au fond.
- Palinodie
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Re: Le monde du Western
Régulièrement dans ce topic, je fais l’apologie du metteur en scène (quelquefois) ou je descends le director en flamme (régulièrement aussi…).
C’est évidemment histoire de démontrer l’importance de cette fonction que ce soit ou non dans un western.
Et « Hondo » (Hondo, l’homme du désert en vf) en est la preuve vivante. Car voilà un film qui véritablement dirigé aurait pu être un grand film, au lieu de cela, cela reste un honnête western de série qui n’a d’ailleurs fait exploser le box-office à sa sortie en 1953.
John Wayne qui est le lead character a prétendu que c’était parce que l’histoire « avait des similitudes avec » Shane » (L’homme des vallées perdues ) également sorti en 1953.
Ouais quelques similitudes certes, un homme arrive dans un ranch où vit une femme et son fils, mais là le mari est un s*laud, tout tourne autour des Apaches en pleine révolte, donc pas trop quand même, jugez par vous-même, cf viewtopic.php?p=283564#p283564.
Non, le John Farrow qu’a choisi JW (c’est 1 des 2 producteurs du film) est moyennement à la hauteur, donc il y a des temps morts, Ward Bond, grotesquement perruqué, est très mal utilisé, JW fait un peu trop son numéro, surtout quand il affirme être un métis Apache ( !), bref c’est pas du John Ford, ah si, juste à la fin, le père Ford a tourné la bataille finale, because Farrow devait commencer un nouveau tournage à Hollywood, alors que « Hondo » a été tourné au Nouveau-Mexique.
Une autre preuve que Farrow n’a pas été un foudre de guerre, au moins pour ce film, c’est qu’il aurait du tourner en 3D, mais à cause du poids des caméras, du sable du désert, des conditions atmosphériques en général, il n’a pas pu/su utiliser toute cette nouvelle technique, et seulement dans quelques scènes, on a une impression inhabituelle de profondeur de champ, mais c’est tellement inattendu, qu’à ces moments là, t’as l’impression que les acteurs au premier plan jouent devant un autre écran …
Un bon choix, c’est celui de l’actrice qui a le second rôle, c’est une actrice de théâtre, Geraldine Page, qui est très très crédible dans ce rôle de femme courageuse. Au départ pourtant, c’est Katherine Hepburn qui était le premier choix, mais son agent lui a conseillé de refuser, parce que au fur et à mesure que le script se développait, le rôle de JW devenait de plus en plus important au dépens des autres.
Par ailleurs, JW, en tant que producteur, n’avait pas l’intention de figurer dans ce film, il avait choisi Glenn Ford, qui avait refusé, puisqu’il sortait d’un tournage avec Farrow « et que non merci, pas 2 fois, ça m’a assez saoulé comme çà la 1ère fois » !
Alors l’histoire : Un éclaireur métis (il a fallu qu’il le dise, ça ne voit pas du tout !) arrive dans une ferme isolée en plein territoire Apache, il demande asile, à manger et un cheval, la fermière s’exécute en précisant que son mari est dans le coin, qu’il ne va pas tarder à revenir, bref elle insiste tellement lourdement qu’on en vient à se demander si le mari existe vraiment. Elle a un garçon de 6 ans qui voudrait bien jouer avec le chien de l’éclaireur, mais celui-ci précise « ce n’est pas mon chien, il fait ce qu’il veut, je ne le nourris pas non plus, mais ne t’approche pas trop près, il mord ».
Ledit clébard est le fils de la Lassie n°1 (non, mais véridique), du coup, un colley dans le désert, c’est moyen, il a du mal avec la chaleur, alors pour qu’il ne reste pas à haleter sans arrêt et consente à grogner ou à courir pour les besoins du scénar’, l’équipe technique le gardait au frais et ne le laissait sortir que quelques mn avant les scènes à tourner.
Lui aussi, son role aurait pu être un peu mieux développé, mais il meurt à mi-film, tué par un Apache méchant, le second de Vittorio, grand chef Apache qui a réellement existé.
Et Vittorio est faché, les blancs ont rompu un traité, il se révolte, vient à la ferme que JW vient de quitter pour rejoindre l’armée ( non sans avoir roulé une pelle à la fermière) est séduit par l’attitude du petit garçon, décide que celui-ci sera un apache plus tard, il recommande à sa mère de bien veiller sur son futur guerrier, problème, il faut un mari, sinon pas d’éducation possible, la fermière a beau protester qu’elle est mariée, le Vittorio fait défiler tous ses guerriers, devant le peu d’enthousiasme de la future épousée, il avance quelques arguments de choc « celui-ci ne bat pas trop ses femmes » « celui-là a beaucoup de chevaux » ou » cet autre n’a que 2 squaws, mais l’une est trop vieille », comme l’heureuse élue hésite encore, il menace « je reviendrai à la saison des pluies et là tu choisiras » clataclop, clataclop, toute la horde regagne ses pénates.
Pendant ce temps-là, JW a regagné son poste qu’il quitte aussitôt après s’être bastonné avec un type qui 1 voulait tuer son chien, 2 voulut le frapper quand JW a interrompu une partie de poker et 3 a traité JW de voleur quand il a reconnu son cheval (que JW avait payé à la fermière remember !).
Et ce type, je vous le donne en mille, Emile, c’est le mari.
Celui-ci, pourri jusqu’à la moelle, suit à la trace JW dans le désert, essaye de l’abattre, alors que JW vient de le sauver d’un assaut d’Indiens, mais JW (et c’est une constante dans sa carrière westernienne) est plus rapide et le descend et là, horreur, il s’aperçoit, grâce à un daguerréotype du petit garçon que son père garde sur lui, que c’est le mari de sa future bien-aimée, ô rage, ô désespoir, il en casserait son fusil, mais non, car cataclop, cataclop, tous les Apaches surgissent, après une course poursuite épique et une douzaine de rouge au tapis, le font prisonnier.
Il est promis à une mort très lente et douloureuse, il s’en sort grâce au daguerréotype que Vittorio reconnait, du coup, il décide devant la bravoure de JW de lui confier le rôle du mari et il l’amène donc chez la fermière.
Qui apprend du coup la mort de son mari, mais version douce, il a été tué, car JW a trouvé son corps quelque part par là dans le coin, mais aussi qu’elle en a hérité d’un second, de mari, ce qui a plutôt l’air de lui plaire, jusqu’au moment où l’armée déboule dans la ferme et qu’elle apprenne fortuitement qui a tué son mari.
Elle en conçoit quelque amertume, jusqu’au moment où JW lui explique tout, et d’ailleurs il prévient qu’il va dire toute la vérité au fiston « oui, j’ai tué ton père, qui était par ailleurs un sale c*n », bref un truc dans le genre, mais la fermière l’arrête net « arrête ton char, on ne parle comme ça à un gosse", bref c’est l’impasse et là tout s’arrange, l’armée vient de se prendre une déculottée par Vittorio qui, manque de bol, s’est fait descendre dans la bataille (« Everybody gets dead. It was his turn » qu’oraisonne JW), cela laisse un peu de répit aux survivants pour regagner le fort le plus proche, « car les Indiens ne peuvent combattre sans chef, il faut qu’ils en élisent 1 ».
P*tain, les élections chez les Chiricahuas, ça va quasiment aussi vite qu’en Ukraine, cataclop, cataclop, les voilà qui déboulent sur les traces des fuyards, dont font partie JW, sa fermière et son fils (ils ont du laisser le pot au lait dans la ferme).
Grosse baston, JW finit par tuer le nouveau chef fraichement élu (le tueur de chiens, cf plus haut), écoeurés ou n’ayant plus d’urnes et d’isoloirs sous la main, les indiens abandonnent.
Tout est bien qui finit bien, Hondo et sa nouvelle famille vont aller vivre dans le ranch que possède l’éclaireur, c’était "Hondo", un film de 1953.
Tout n’est pas négatif dans cette histoire, ainsi, les Apaches apparaissent plutôt comme les victimes des blancs qui les ont trompés avec leurs traités et Vittorio particulièrement est très loin du stéréotype de l’apache sanguinaire très souvent montré dans les westerns de cette époque, mais je pense qu’avec un scénario un peu mieux toiletté, un très bon director, cela aurait pu donner autre chose.
D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin des sixties a été diffusée sur une chaine française une série amerloque éponyme « Hondo », avec le même héros mais interprété par un autre acteur, ce héros avait un chien « dont il ne s’occupait pas », et il protégeait une femme et son fils qui vivaient dans un fort au milieu du désert.
Le simple fait que je me souvienne de la série quelques décennies plus tard montre bien qu’elle devait être un tout petit plus crédible que le long-métrage de 1953. Bizarrement à 15 ans d’écart, c’est le même acteur qui jouait Vittorio, un mec bien connu dans ce topic, Michael Pate, je voudrais avoir autant de billets de 500 € qu’il a joué le rôle d’amérindiens à la fois au cinoche et à la téloche.
C’est évidemment histoire de démontrer l’importance de cette fonction que ce soit ou non dans un western.
Et « Hondo » (Hondo, l’homme du désert en vf) en est la preuve vivante. Car voilà un film qui véritablement dirigé aurait pu être un grand film, au lieu de cela, cela reste un honnête western de série qui n’a d’ailleurs fait exploser le box-office à sa sortie en 1953.
John Wayne qui est le lead character a prétendu que c’était parce que l’histoire « avait des similitudes avec » Shane » (L’homme des vallées perdues ) également sorti en 1953.
Ouais quelques similitudes certes, un homme arrive dans un ranch où vit une femme et son fils, mais là le mari est un s*laud, tout tourne autour des Apaches en pleine révolte, donc pas trop quand même, jugez par vous-même, cf viewtopic.php?p=283564#p283564.
Non, le John Farrow qu’a choisi JW (c’est 1 des 2 producteurs du film) est moyennement à la hauteur, donc il y a des temps morts, Ward Bond, grotesquement perruqué, est très mal utilisé, JW fait un peu trop son numéro, surtout quand il affirme être un métis Apache ( !), bref c’est pas du John Ford, ah si, juste à la fin, le père Ford a tourné la bataille finale, because Farrow devait commencer un nouveau tournage à Hollywood, alors que « Hondo » a été tourné au Nouveau-Mexique.
Une autre preuve que Farrow n’a pas été un foudre de guerre, au moins pour ce film, c’est qu’il aurait du tourner en 3D, mais à cause du poids des caméras, du sable du désert, des conditions atmosphériques en général, il n’a pas pu/su utiliser toute cette nouvelle technique, et seulement dans quelques scènes, on a une impression inhabituelle de profondeur de champ, mais c’est tellement inattendu, qu’à ces moments là, t’as l’impression que les acteurs au premier plan jouent devant un autre écran …
Un bon choix, c’est celui de l’actrice qui a le second rôle, c’est une actrice de théâtre, Geraldine Page, qui est très très crédible dans ce rôle de femme courageuse. Au départ pourtant, c’est Katherine Hepburn qui était le premier choix, mais son agent lui a conseillé de refuser, parce que au fur et à mesure que le script se développait, le rôle de JW devenait de plus en plus important au dépens des autres.
Par ailleurs, JW, en tant que producteur, n’avait pas l’intention de figurer dans ce film, il avait choisi Glenn Ford, qui avait refusé, puisqu’il sortait d’un tournage avec Farrow « et que non merci, pas 2 fois, ça m’a assez saoulé comme çà la 1ère fois » !
Alors l’histoire : Un éclaireur métis (il a fallu qu’il le dise, ça ne voit pas du tout !) arrive dans une ferme isolée en plein territoire Apache, il demande asile, à manger et un cheval, la fermière s’exécute en précisant que son mari est dans le coin, qu’il ne va pas tarder à revenir, bref elle insiste tellement lourdement qu’on en vient à se demander si le mari existe vraiment. Elle a un garçon de 6 ans qui voudrait bien jouer avec le chien de l’éclaireur, mais celui-ci précise « ce n’est pas mon chien, il fait ce qu’il veut, je ne le nourris pas non plus, mais ne t’approche pas trop près, il mord ».
Ledit clébard est le fils de la Lassie n°1 (non, mais véridique), du coup, un colley dans le désert, c’est moyen, il a du mal avec la chaleur, alors pour qu’il ne reste pas à haleter sans arrêt et consente à grogner ou à courir pour les besoins du scénar’, l’équipe technique le gardait au frais et ne le laissait sortir que quelques mn avant les scènes à tourner.
Lui aussi, son role aurait pu être un peu mieux développé, mais il meurt à mi-film, tué par un Apache méchant, le second de Vittorio, grand chef Apache qui a réellement existé.
Et Vittorio est faché, les blancs ont rompu un traité, il se révolte, vient à la ferme que JW vient de quitter pour rejoindre l’armée ( non sans avoir roulé une pelle à la fermière) est séduit par l’attitude du petit garçon, décide que celui-ci sera un apache plus tard, il recommande à sa mère de bien veiller sur son futur guerrier, problème, il faut un mari, sinon pas d’éducation possible, la fermière a beau protester qu’elle est mariée, le Vittorio fait défiler tous ses guerriers, devant le peu d’enthousiasme de la future épousée, il avance quelques arguments de choc « celui-ci ne bat pas trop ses femmes » « celui-là a beaucoup de chevaux » ou » cet autre n’a que 2 squaws, mais l’une est trop vieille », comme l’heureuse élue hésite encore, il menace « je reviendrai à la saison des pluies et là tu choisiras » clataclop, clataclop, toute la horde regagne ses pénates.
Pendant ce temps-là, JW a regagné son poste qu’il quitte aussitôt après s’être bastonné avec un type qui 1 voulait tuer son chien, 2 voulut le frapper quand JW a interrompu une partie de poker et 3 a traité JW de voleur quand il a reconnu son cheval (que JW avait payé à la fermière remember !).
Et ce type, je vous le donne en mille, Emile, c’est le mari.
Celui-ci, pourri jusqu’à la moelle, suit à la trace JW dans le désert, essaye de l’abattre, alors que JW vient de le sauver d’un assaut d’Indiens, mais JW (et c’est une constante dans sa carrière westernienne) est plus rapide et le descend et là, horreur, il s’aperçoit, grâce à un daguerréotype du petit garçon que son père garde sur lui, que c’est le mari de sa future bien-aimée, ô rage, ô désespoir, il en casserait son fusil, mais non, car cataclop, cataclop, tous les Apaches surgissent, après une course poursuite épique et une douzaine de rouge au tapis, le font prisonnier.
Il est promis à une mort très lente et douloureuse, il s’en sort grâce au daguerréotype que Vittorio reconnait, du coup, il décide devant la bravoure de JW de lui confier le rôle du mari et il l’amène donc chez la fermière.
Qui apprend du coup la mort de son mari, mais version douce, il a été tué, car JW a trouvé son corps quelque part par là dans le coin, mais aussi qu’elle en a hérité d’un second, de mari, ce qui a plutôt l’air de lui plaire, jusqu’au moment où l’armée déboule dans la ferme et qu’elle apprenne fortuitement qui a tué son mari.
Elle en conçoit quelque amertume, jusqu’au moment où JW lui explique tout, et d’ailleurs il prévient qu’il va dire toute la vérité au fiston « oui, j’ai tué ton père, qui était par ailleurs un sale c*n », bref un truc dans le genre, mais la fermière l’arrête net « arrête ton char, on ne parle comme ça à un gosse", bref c’est l’impasse et là tout s’arrange, l’armée vient de se prendre une déculottée par Vittorio qui, manque de bol, s’est fait descendre dans la bataille (« Everybody gets dead. It was his turn » qu’oraisonne JW), cela laisse un peu de répit aux survivants pour regagner le fort le plus proche, « car les Indiens ne peuvent combattre sans chef, il faut qu’ils en élisent 1 ».
P*tain, les élections chez les Chiricahuas, ça va quasiment aussi vite qu’en Ukraine, cataclop, cataclop, les voilà qui déboulent sur les traces des fuyards, dont font partie JW, sa fermière et son fils (ils ont du laisser le pot au lait dans la ferme).
Grosse baston, JW finit par tuer le nouveau chef fraichement élu (le tueur de chiens, cf plus haut), écoeurés ou n’ayant plus d’urnes et d’isoloirs sous la main, les indiens abandonnent.
Tout est bien qui finit bien, Hondo et sa nouvelle famille vont aller vivre dans le ranch que possède l’éclaireur, c’était "Hondo", un film de 1953.
Tout n’est pas négatif dans cette histoire, ainsi, les Apaches apparaissent plutôt comme les victimes des blancs qui les ont trompés avec leurs traités et Vittorio particulièrement est très loin du stéréotype de l’apache sanguinaire très souvent montré dans les westerns de cette époque, mais je pense qu’avec un scénario un peu mieux toiletté, un très bon director, cela aurait pu donner autre chose.
D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin des sixties a été diffusée sur une chaine française une série amerloque éponyme « Hondo », avec le même héros mais interprété par un autre acteur, ce héros avait un chien « dont il ne s’occupait pas », et il protégeait une femme et son fils qui vivaient dans un fort au milieu du désert.
Le simple fait que je me souvienne de la série quelques décennies plus tard montre bien qu’elle devait être un tout petit plus crédible que le long-métrage de 1953. Bizarrement à 15 ans d’écart, c’est le même acteur qui jouait Vittorio, un mec bien connu dans ce topic, Michael Pate, je voudrais avoir autant de billets de 500 € qu’il a joué le rôle d’amérindiens à la fois au cinoche et à la téloche.
- Palinodie
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Re: Le monde du Western
Comme d’hab, un excellent titre original « A distant trumpet » soit une trompette dans le lointain, un titre qui claque bien dans un western qui met en scène des Indiens et l’US cavalry, transformé en un banal « La Charge de la huitième brigade » en vf, banal puisque c’est le 6 ème western dont le titre commence par la charge qui a déjà été « fantastique », « héroïque », « victorieuse » of course, on parle bien de celle « des Tuniques bleues » qui peuvent même charger « sur la rivière rouge ».
Remarquez bien que de Raoul Walsh, un des 3 borgnes d’Hollywood, (avec John Ford et Fritz Lang) dont c’est le dernier film, a repris l’idée d’un titre d’un de ses film « Distant drums » (1951) avec Gary Cooper et qui oppose déjà, en Floride, les soldats bleus et les Séminoles.
Cette fois-ci, on est dans l’Arizona et c’est la der des der des guerres indiennes, je ne vous raconte pas tout en entier, rien de vraiment original, en gros, c’est comme si Cochise, vaincu, s’était mis au service de l’armée en tant que scout, pour vaincre Géronimo réfugié au Mexique et qui va envahir le territoire amerloque, mais sachez qu’à la fin les Indiens sont battus, mais obtiennent des conditions de reddition relativement avantageuses jusqu’à ce que Washington s’en mêle.
Car c’est un film de 1964, de l’eau a coulé dans les canyons depuis les débuts du western, l’américain moyen est au courant que tout n’a pas été aussi binaire que d’un côté le soldat héroïque et de l’autre l’indien sournois et sanguinaire.
Dès le début, le film souligne le rejet complet des indigènes, c’est même du racisme de la plus belle eau, avec cette scène où le héros, un jeune lieutenant fraichement émoulu de West Point, intervient pour obliger les soldats à accepter la présence dans leur carriole d’un scout indien, les natives qui sont joués par des acteurs indiens, probablement des Navajos, ce qui n’est pas si courant, posent clairement le problème de la légitimité de leurs revendications.
Mais bon, on n’est pas encore arrivé au point de « Danse avec les loups », les Indiens restent quand même de grands enfants et Walsh a osé la scène où un farouche guerrier, en plein pillage des affaires perso du héros, se fait peur en retournant un objet qui s’avère être un miroir..
Par ailleurs, les acteurs indiens et il y en a 2 qui ont un rôle relativement important ne sont pas crédités au générique, c’est sûr, il y a du progrès, mais peut mieux faire !
Dans un autre registre, quand le héros arrive au fort, on lui signale qu’il n’y a pas de femmes, à part celle du commandant, alors que, par un travelling, on vient de découvrir qu’il y a une bonne demi-douzaine de lavandières qui s’affairent autour du puits, mais ce sont des mex, donc elles ne comptent pas…
Vous allez me dire que c’est bien joli tout çà, mais franchement ce film, vous n’en avez jamais entendu parler, les plus cinéphiles d’entre vous savent qui est Raoul Walsh dont j’ai déjà du vous narrer quelques unes de ses œuvres (viewtopic.php?p=206212#p206212), mais bon, il a quoi, plus de 70 ans quand il fait ce film, qui est sans originalité dans le script, c’est écrit plus haut, alors quoi ?
Vous n’avez pas tort (pour une fois), d’autant que certains critiques ont carrément dit que c’était le plus mauvais film du borgne, à cause de la prévisibilité de l’histoire et aussi du casting.
Les mecs, ils me font rire, on parle de western, là, c'est-à-dire d’un genre qui a tendance à rabacher et pour cause, on multiplie les films qui racontent ou déforment des faits qui se déroulent sur un laps de temps assez court, 2 siècles à tout casser, imaginez qu’en France, on ait sorti pendant plusieurs décennies 30 films par ans exclusivement sur la guerre de Cent Ans, y en aurait pas des redites ?
Ce problème évacué (quoique, j’y reviendrai…), reste la distribution et là faut dire que l’acteur qui joue le rôle principal, c’est pas du top choix.
C’est Troy Donahue, nous ici en Europe, on connait pas, ni vous, ni moi, mais aux States, ce fut une autre affaire (installez vous bien, l’oncle Pali va vous raconter une belle histoire-belle mais qui finit comme le Cendrillon de Téléphone-) : figurez vous qu’à Hollywood, en cette fin des années cinquante qui vit l’explosion de ce qu’on a appelé le rock’n’roll avec ses tas de stars propres sur elles (Chuck Berry, Little Richard et cie, c’est caca, je parle des vedettes blanches que l’industrie a promu), on a cherché l’équivalent en terme d’acteur et ça a donné entre autre l’eclosion de Troy Donahue, un grand blond athlétique, genre quaterback sans hormone de croissance, qui au départ faisait des études de journalisme.
Le gars a joué dans tout plein de teenmovies (qui n’ont jamais du franchir l’Atlantique) et dans une série qui a cartonné aux States, Surfside 6, du coup, il est devenu bankable et a été engagé dans « A distant trumpet ».
Malheureusement, même s’il est encore beau gosse, les stigmates de l’alcool et d’une vie assez dissolue commencent déjà à le marquer et puis franchement ce n’est pas un très bon acteur.
Logiquement sa carrière s’est assez vite arrêtée, d’autant plus vite qu’il a insisté pour jouer le rôle d’un serial killer et le public n’a pas marché, aussitôt son contrat a été rompu, sentimental Hollywood...
Ensuite, c’est la routine, descente aux enfers (alcool, drogue, 4 mariages qui durent quelques mois, faillite etc.), puis relative redemption , il avoue en public ses addictions, joue un petit rôle dans le Parrain 2, fait des pubs à la télé, s’inscrit aux Alcooliques Anonymes, mais à 64 ans, madame Cirrhose et/ou Mme Hépatite le rattrapent, rideau.
Donahue, lors de Surfside 6, avait joué avec une autre jeunesse, Diane Mc Bain, recrutée pour jouer les débutantes, plutôt héritières ou originaires de la grande bourgeoisie, upper-class quoi !
Là dans ce western, c’est la future du héros, qui complote grâce au fait qu’elle soit nièce d’un général pour que le mariage ait lieu au plus tôt, elle fait plutôt poupée Barbie qu’autre chose, surtout en face de celle qui illumine ce film, Suzanne Pleshette.
Non mais le délire, Suzanne Pleshette, même en rêve, personne ne connait.
Pas sûr, si vous avez vu "les Oiseaux" d’Hitchcock, il y a une instit, l’ex du héros, qui finit énuclée par les corbacs, eh bien, c’est elle et objectivement, si je ne connaissais pas son nom, j’ai tout de suite percuté que je l’avais déjà vu quelque part, quand elle apparaît, en tant qu’épouse du commandant.
Pas fidèle, l’épouse, elle va craquer assez vite, la aussi le western a évolué, en 1954, soit 10 ans plus tôt, dans une scène similaire –l’héroïne trempée se déshabille, s’enroule dans une couverture et se réchauffe à un feu dans une caverne- Mitchum et Marylin (viewtopic.php?p=294510#p294510)n’avaient pas consommé, alors que la Suzanne a lancé un paquet de messages que le Troy reçoit 20/20 et puis ils vont remettre le couvert plusieurs fois, dès que Suzanne susurre « don’t touch me » !
Cette romance, grâce au talent et au sex-appeal de Suzanne va illuminer ce western, qui finit un peu à l’eau de rose, forcément la potiche blonde ne peut pas gagner contre Suzanne, les indiens auront bien le droit de vivre dans leur réserve, c’en est même un peu génant…
Ceci dit, in the real life, Suzanne et Troy se sont mariés en 1964 et ont divorcé en 1964…
Sinon, il y a des très bons seconds rôles qui officient, Claude Akins, qui joue un méchant (un métis) comme souvent, James Gregory qui a concocté avec talent un général qui émaille sa conversation de citations latines, quelques scènes sympas, l’arrivée des p*tes au fort et comment le héros arrive à les chasser, celle où les indiens se servent à la lettre des lois en vigueur, les paysages fabuleux de l'Arizona qui vous sautent à la figure, de belles scènes de bataille, même si les blue soldiers dégomment à chaque fois qu'ils tirent, à tel point qu'on se demande comment c'est possible qu'il y ait des survivants en face, non franchement avec 2/3 changement au casting, c’eut pu être un film qui compte.
Reste la musique composée par un vétéran du genre, Max Steiner, 300 films au compteur, là, il a 78 ans, il va faire simple, un thème quand les soldats sont à l’écran, avec des trompettes of course, un tempo plus ou moins rapide selon l’action en cours et une rythmique que ne renierait pas un orchestre bavarois échauffé par 5/6 chopes de bières, un autre quand ce sont les indiens à l’écran, un truc genre oriental sur fond de tambours, pour les scènes d’amour, je ne me rappelle pas, je n’avais d’yeux que pour Suzanne.
Remarquez bien que de Raoul Walsh, un des 3 borgnes d’Hollywood, (avec John Ford et Fritz Lang) dont c’est le dernier film, a repris l’idée d’un titre d’un de ses film « Distant drums » (1951) avec Gary Cooper et qui oppose déjà, en Floride, les soldats bleus et les Séminoles.
Cette fois-ci, on est dans l’Arizona et c’est la der des der des guerres indiennes, je ne vous raconte pas tout en entier, rien de vraiment original, en gros, c’est comme si Cochise, vaincu, s’était mis au service de l’armée en tant que scout, pour vaincre Géronimo réfugié au Mexique et qui va envahir le territoire amerloque, mais sachez qu’à la fin les Indiens sont battus, mais obtiennent des conditions de reddition relativement avantageuses jusqu’à ce que Washington s’en mêle.
Car c’est un film de 1964, de l’eau a coulé dans les canyons depuis les débuts du western, l’américain moyen est au courant que tout n’a pas été aussi binaire que d’un côté le soldat héroïque et de l’autre l’indien sournois et sanguinaire.
Dès le début, le film souligne le rejet complet des indigènes, c’est même du racisme de la plus belle eau, avec cette scène où le héros, un jeune lieutenant fraichement émoulu de West Point, intervient pour obliger les soldats à accepter la présence dans leur carriole d’un scout indien, les natives qui sont joués par des acteurs indiens, probablement des Navajos, ce qui n’est pas si courant, posent clairement le problème de la légitimité de leurs revendications.
Mais bon, on n’est pas encore arrivé au point de « Danse avec les loups », les Indiens restent quand même de grands enfants et Walsh a osé la scène où un farouche guerrier, en plein pillage des affaires perso du héros, se fait peur en retournant un objet qui s’avère être un miroir..
Par ailleurs, les acteurs indiens et il y en a 2 qui ont un rôle relativement important ne sont pas crédités au générique, c’est sûr, il y a du progrès, mais peut mieux faire !
Dans un autre registre, quand le héros arrive au fort, on lui signale qu’il n’y a pas de femmes, à part celle du commandant, alors que, par un travelling, on vient de découvrir qu’il y a une bonne demi-douzaine de lavandières qui s’affairent autour du puits, mais ce sont des mex, donc elles ne comptent pas…
Vous allez me dire que c’est bien joli tout çà, mais franchement ce film, vous n’en avez jamais entendu parler, les plus cinéphiles d’entre vous savent qui est Raoul Walsh dont j’ai déjà du vous narrer quelques unes de ses œuvres (viewtopic.php?p=206212#p206212), mais bon, il a quoi, plus de 70 ans quand il fait ce film, qui est sans originalité dans le script, c’est écrit plus haut, alors quoi ?
Vous n’avez pas tort (pour une fois), d’autant que certains critiques ont carrément dit que c’était le plus mauvais film du borgne, à cause de la prévisibilité de l’histoire et aussi du casting.
Les mecs, ils me font rire, on parle de western, là, c'est-à-dire d’un genre qui a tendance à rabacher et pour cause, on multiplie les films qui racontent ou déforment des faits qui se déroulent sur un laps de temps assez court, 2 siècles à tout casser, imaginez qu’en France, on ait sorti pendant plusieurs décennies 30 films par ans exclusivement sur la guerre de Cent Ans, y en aurait pas des redites ?
Ce problème évacué (quoique, j’y reviendrai…), reste la distribution et là faut dire que l’acteur qui joue le rôle principal, c’est pas du top choix.
C’est Troy Donahue, nous ici en Europe, on connait pas, ni vous, ni moi, mais aux States, ce fut une autre affaire (installez vous bien, l’oncle Pali va vous raconter une belle histoire-belle mais qui finit comme le Cendrillon de Téléphone-) : figurez vous qu’à Hollywood, en cette fin des années cinquante qui vit l’explosion de ce qu’on a appelé le rock’n’roll avec ses tas de stars propres sur elles (Chuck Berry, Little Richard et cie, c’est caca, je parle des vedettes blanches que l’industrie a promu), on a cherché l’équivalent en terme d’acteur et ça a donné entre autre l’eclosion de Troy Donahue, un grand blond athlétique, genre quaterback sans hormone de croissance, qui au départ faisait des études de journalisme.
Le gars a joué dans tout plein de teenmovies (qui n’ont jamais du franchir l’Atlantique) et dans une série qui a cartonné aux States, Surfside 6, du coup, il est devenu bankable et a été engagé dans « A distant trumpet ».
Malheureusement, même s’il est encore beau gosse, les stigmates de l’alcool et d’une vie assez dissolue commencent déjà à le marquer et puis franchement ce n’est pas un très bon acteur.
Logiquement sa carrière s’est assez vite arrêtée, d’autant plus vite qu’il a insisté pour jouer le rôle d’un serial killer et le public n’a pas marché, aussitôt son contrat a été rompu, sentimental Hollywood...
Ensuite, c’est la routine, descente aux enfers (alcool, drogue, 4 mariages qui durent quelques mois, faillite etc.), puis relative redemption , il avoue en public ses addictions, joue un petit rôle dans le Parrain 2, fait des pubs à la télé, s’inscrit aux Alcooliques Anonymes, mais à 64 ans, madame Cirrhose et/ou Mme Hépatite le rattrapent, rideau.
Donahue, lors de Surfside 6, avait joué avec une autre jeunesse, Diane Mc Bain, recrutée pour jouer les débutantes, plutôt héritières ou originaires de la grande bourgeoisie, upper-class quoi !
Là dans ce western, c’est la future du héros, qui complote grâce au fait qu’elle soit nièce d’un général pour que le mariage ait lieu au plus tôt, elle fait plutôt poupée Barbie qu’autre chose, surtout en face de celle qui illumine ce film, Suzanne Pleshette.
Non mais le délire, Suzanne Pleshette, même en rêve, personne ne connait.
Pas sûr, si vous avez vu "les Oiseaux" d’Hitchcock, il y a une instit, l’ex du héros, qui finit énuclée par les corbacs, eh bien, c’est elle et objectivement, si je ne connaissais pas son nom, j’ai tout de suite percuté que je l’avais déjà vu quelque part, quand elle apparaît, en tant qu’épouse du commandant.
Pas fidèle, l’épouse, elle va craquer assez vite, la aussi le western a évolué, en 1954, soit 10 ans plus tôt, dans une scène similaire –l’héroïne trempée se déshabille, s’enroule dans une couverture et se réchauffe à un feu dans une caverne- Mitchum et Marylin (viewtopic.php?p=294510#p294510)n’avaient pas consommé, alors que la Suzanne a lancé un paquet de messages que le Troy reçoit 20/20 et puis ils vont remettre le couvert plusieurs fois, dès que Suzanne susurre « don’t touch me » !
Cette romance, grâce au talent et au sex-appeal de Suzanne va illuminer ce western, qui finit un peu à l’eau de rose, forcément la potiche blonde ne peut pas gagner contre Suzanne, les indiens auront bien le droit de vivre dans leur réserve, c’en est même un peu génant…
Ceci dit, in the real life, Suzanne et Troy se sont mariés en 1964 et ont divorcé en 1964…
Sinon, il y a des très bons seconds rôles qui officient, Claude Akins, qui joue un méchant (un métis) comme souvent, James Gregory qui a concocté avec talent un général qui émaille sa conversation de citations latines, quelques scènes sympas, l’arrivée des p*tes au fort et comment le héros arrive à les chasser, celle où les indiens se servent à la lettre des lois en vigueur, les paysages fabuleux de l'Arizona qui vous sautent à la figure, de belles scènes de bataille, même si les blue soldiers dégomment à chaque fois qu'ils tirent, à tel point qu'on se demande comment c'est possible qu'il y ait des survivants en face, non franchement avec 2/3 changement au casting, c’eut pu être un film qui compte.
Reste la musique composée par un vétéran du genre, Max Steiner, 300 films au compteur, là, il a 78 ans, il va faire simple, un thème quand les soldats sont à l’écran, avec des trompettes of course, un tempo plus ou moins rapide selon l’action en cours et une rythmique que ne renierait pas un orchestre bavarois échauffé par 5/6 chopes de bières, un autre quand ce sont les indiens à l’écran, un truc genre oriental sur fond de tambours, pour les scènes d’amour, je ne me rappelle pas, je n’avais d’yeux que pour Suzanne.
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