Dominique Bijotat devant ses joueurs, lors de la présentation du FC Metz à ses abonnés. « On a beau chercher à détendre l’atmosphère, on sent une pesanteur », affirme le nouvel entraîneur messin. Photo Karim SIARI
A l’aube de sa première saison sur le banc messin, Dominique Bijotat évoque le profil de son équipe. L’objectif ? « Trop insister sur le classement ne serait pas une bonne chose », prévient-il.
A la veille de cet entretien avec Dominique Bijotat, le FC Metz avait entamé sa saison officielle par une défaite, à Clermont, en Coupe de la Ligue (3-1). Son souvenir brûlant a influencé la discussion, à propos de ce qu’il faut attendre de Metz en Ligue 2 : entre preuves d’optimisme et soupçons de fragilité, difficile de situer les Lorrains sur la ligne de départ. Leur nouvel entraîneur s’y emploie.
• Avez-vous une idée plus ou moins précise de ce que vous réserve votre équipe, cette saison, en championnat ? « A Clermont, nous avons vu une équipe portée par de l’enthousiasme, où chacun est capable d’élever son niveau de jeu mais qui, par moments, abandonne cinq, dix, quinze pour cent de sa concentration et connaît donc des creux. L’objectif est de travailler sur la discipline et la rigueur pour gommer ça. Le groupe est réceptif, appliqué, son envie de bien faire est incontestable, les améliorations sont donc possibles. »
« Il nous manque l’explosivité »
• Dans cet effectif, les cadres sont peu nombreux, alors que vous comptez énormément de jeunes joueurs. Cette proportion est-elle la bonne ? « C’est déséquilibré, en tout cas à l’échelle du groupe, mais l’amalgame s’est plutôt bien produit et j’ai insisté, lors de la préparation, pour ne pas établir la distinction entre les jeunes et les autres. Il ne s’agit pas de nier que l’effectif est jeune, mais il forme d’abord et surtout un groupe. »
• Cette jeunesse implique-t-elle un trait de caractère particulier ? « Je suis convaincu qu’il nous manque, précisément, des joueurs de caractère, de ceux qui peuvent prendre le jeu à leur compte, guider, donner le tempo, des joueurs précieux justement pour éviter les creux que nous connaissons lors d’un match. C’est une préoccupation, oui, car on ne s’invente pas un caractère. Et par caractère, par-delà les paroles, j’entends aussi une façon de jouer. »
• Metz vient d’échouer deux fois de suite dans la course pour remonter en Ligue 1. Sentez-vous un traumatisme à l’intérieur de votre vestiaire ? « On a beau chercher à détendre l’atmosphère, on sent une pesanteur, en effet, un poids sur ceux qui viennent de vivre deux revers, et un poids sur les jeunes : l’attente qu’ils suscitent a peut-être tendance à les crisper. Seuls de bons résultats nous permettront d’évacuer tout ça… »
• Durant les matches de préparation, une particularité dans le jeu de votre équipe vous a-t-elle gêné ? « Oui, dans le domaine offensif, il nous manque l’explosivité. C’est ma principale réserve, car cela donne moins de variantes à notre jeu. Mais si nous parvenons à ingérer ce que nous mettons en place, nous réussirons des choses intéressantes car le potentiel est bon même si, bien sûr, il le serait davantage en recrutant ce ou ces joueurs qui amènent cette explosivité. »
• L’objectif de la montée en fin de saison ne vous a pas été assigné. Comment jugez-vous cette précaution ? « L’objectif, il est toujours temps de le fixer en cours de route. Mais d’abord, il me paraît plus raisonnable de laisser ce groupe travailler dans la sérénité, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas d’objectif. Attachons-nous à mettre du contenu dans nos matches, et les résultats viendront. Mais trop insister sur le classement ne serait pas une bonne chose, à mon sens. »
« Je bannis les références à la saison passée »
• Comprenez-vous la difficulté à intégrer, ici, que Metz ne jouera pas nécessairement les premiers rôles en Ligue 2 ? « Bien sûr. La nostalgie des grandes épopées, c’est quelque chose de logique. Lors de la présentation de l’équipe aux abonnés, plusieurs personnes m’ont parlé de Barcelone (éliminé par le FC Metz, en Coupe d’Europe, en 1984). Cela dit, je ne pense pas que ces références au passé pèsent sur les joueurs, qui sont très jeunes, pour la plupart. En revanche, je bannis les références à la saison dernière par exemple qui, elles, dégagent des ondes négatives. Je sais ce que peut procurer d’avoir échoué dans son objectif. Là, le malaise est peut-être plus profond que ce que je pensais. D’où la nécessité d’avoir un discours certes juste, mais le plus mobilisateur et le plus positif possible. »
Sylvain VILLAUME.
Publié le 05/08/2010