Dominique Bijotat a souffert face à Reims : « Si on ne parvient pas à enchaîner un contrôle et une passe… » Photo Pascal BROCARD
Après huit journées de championnat douloureuses, Dominique Bijotat liste, avec lucidité, les carences messines. Entre inexpérience et inefficacité offensive, l’entraîneur se heurte à une réalité plus sombre que prévue…
Vendredi 24 septembre : la salle de presse du FC Metz accueille son ultime invité, Dominique Bijotat. L’atmosphère est lourde, le constat de la soirée amère. Avec dignité, le technicien n’élude aucune interrogation. Même les plus agressives, émanant d’un confrère lancé dans un procès à charge incompréhensible : « Monsieur Bijotat, vous savez tout de même lire ? », allusion à la banderole confectionnée par une poignée de supporters (" Les ******* de Monsieur Serin"). Oui, Monsieur Bijotat sait lire. Il sait même interpréter, avec lucidité, le piètre début de saison des siens (19 e, 6 pts)…
• Au soir du nul concédé à domicile face à Reims (0-0), vous avez mis l’accent sur la faiblesse technique de votre équipe… « Oui car au bout de huit matches de championnat, nous retrouvons les mêmes lacunes. Si on ne parvient pas à enchaîner un contrôle et une passe en situation d’urgence, la donne devient complexe. Dans le football de haut-niveau, les espaces se resserrent, tout va beaucoup plus vite. »
• Le mal semble plus prégnant dans le domaine offensif en dépit des changements tactiques et du turn-over des attaquants. Comment pensez-vous trouver la bonne formule ? « Il y a plusieurs étapes à reprendre. En début de saison, certains jeunes joueurs ont été titularisés. Le recrutement de Kévin ( Diaz) et Ténéma ( N’Diaye) les a par la suite relégués sur le banc. Aujourd’hui, le constat, c’est que nous n’avons pas atteint le bon rendement offensif. Mais ce n’est pas que l’affaire des attaquants, cela concerne aussi l’animation offensive. »
• N’Diaye, recruté sur le tard, peine à s’imposer sur le fro nt de l’attaque. Une déception ? « Il n’a pas le rendement escompté. Pourtant, il a le profil que nous souhaitions : une capacité à prendre la profondeur et un vécu. C’est l’un des seuls qui peut s’appuyer sur des images positives de buteur. J’attends plus de lui, je ne suis pas le seul. Et ce n’est pas faute de lui parler. »
« L’aide ne viendra pas de l’extérieur »
• Thibaut Bourgeois n’a, de son côté, toujours pas dépassé ce statut d’espoir qui lui colle à la peau. Une explication ? « C’est un joueur adroit devant le but mais son problème, c’est de s’y retrouver. En fin de match, face à des défenseurs usés, il peut se mettre en évidence. Mais il lui manque encore de la tonicité pour débuter une rencontre. Il a du mal à évacuer la préparation. Physiquement, il fait des efforts mais il doit encore progresser. »
• Que vous inspire la gronde qui commence à pointer dans les travées de Saint-Symphorien ? « Chacun est libre de s’exprimer. Nous sommes conscients, et c’est d’ailleurs légitime, que l’aide ne viendra pas de l’extérieur. Personnellement, ces mouvements d’humeur ne me déstabilisent pas. Par contre, est-ce le cas pour un jeune joueur ? »
• Par rapport au potentiel de votre équipe et les attentes du club, un fossé commence-t-il à se creuser ? « Le FC Metz n’est pas habitué à vivre une troisième saison en Ligue 2. Le FC Metz n’est pas habitué à ne plus être en capacité financière d’effectuer un recrutement chevronné. C’est la première fois depuis 43 ans que le club se retrouve dans une telle situation. Et aujourd’hui, on demande à de jeunes joueurs de tout assumer et de tout découvrir en même temps. Je pense qu’il faut garder de la mesure et porter un regard lucide sur la situation de ces joueurs qui ont une carrière devant eux. »
• Honnêtement, pensiez-vous rencontrer une telle difficulté en signant au FC Metz ? « Je pensais, sur les premiers matches, prendre des points supplémentaires. Cela aurait pu libérer d’un certain poids cette jeune génération. Hélas, cela n’a pas été le cas, parfois par manque de réussite et le plus souvent par manque de réalisme. »
• Le constat est sombre. Quels leviers comptez-vous actionner pour inverser cette dynamique ? « On cherche à mettre en place des remèdes psychologiques tout en insistant sur la qualité du travail à l’entraînement. Il y a aussi un travail d’écoute à réaliser. Malgré nos résultats, je perçois de l’investissement. Et n’oublions pas que nous sommes actuellement l’une des meilleures défenses du championnat. Il serait anormal que la situation n’évolue pas si nous conservons ce comportement défensif. »
• Est-ce la tâche la plus ardue à laquelle vous avez été confronté depuis vos débuts d’entraîneur ? « Non, à Ajaccio, nous avions le plus petit budget du championnat. La différence, c’est que dans chaque pore de ce club, tout le monde avait conscience de jouer le maintien. Ce n’est pas le cas à Metz. Or, il faudrait maintenant se réveiller… »
• Le football étant ce qu’il est, vous sentez-vous déjà menacé après cette entame laborieuse ? « Par nature, la situation d’un entraîneur est précaire. Mais je sens le soutien du groupe et le respect des personnes en interne au FC Metz. Maintenant, je ne me berce pas d’illusions si, à l’avenir, notre situation perdure… »
Jean-Michel CAVALLI.
Publié le 30/09/2010
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : deux séances d’entraînement. Aujourd’hui : deux séances (9h30 et 16h). Demain : entraînement à 9h30.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Reims (8 e journée de Ligue 2), vendredi 24 septembre : 0-0. Prochain match : Tours - Metz (9 e journée), lundi 4 octobre à 20h30. A suivre : Metz - Dijon (10 e journée), vendredi 15 octobre à 20h.
A l’infirmerie. Christophe Marichez (pubalgie aiguë) et Kévin Diaz (entorse du genou) sont à l’arrêt. Tout comme Mahamane Traoré (entorse du genou), indisponible pour trois semaines.
Suspendu. Yéni N’Gbakoto purgera, lundi à Tours, son deuxième et dernier match de suspension.