
Mahamane Traoré effectue son retour au sein de l’effectif messin. Une bonne nouvelle pour une équipe actuellement en manque de percussion et d’inspiration. Photo Pascal BROCARD
Toujours en quête de leur premier succès en 2012, les Messins entament ce soir face à Clermont la longue série de sept matches programmés au mois de mars. Gagner serait la meilleure d’engager ce marathon…
Saint-Symphorien décapité une seconde fois ! Après le jeune martyr païen condamné à mort en 178, c’est le stade du même nom qui a été sacrifié, mercredi, au nom d’arguments politico-financiers et d’un supposé manque de ferveur autour de la candidature messine à l’Euro 2016.
Ce soir, ils devraient être pourtant près de 10 000, selon les estimations du club, à défendre la cause des Grenats. Et si la question du stade alimentera à coup sûr les conversations, il s’agira avant tout de soutenir une équipe actuellement en difficulté et en quête d’un succès sur sa pelouse qui lui échappe depuis le 16 décembre 2011. Une éternité… « Nous avons besoin de ce soutien populaire, assure Dominique Bijotat, surtout dans des moments aussi délicats. Mais pour entraîner les encouragements et l’enthousiasme du public, il nous faudra mettre les ingrédients nécessaires. »
L’immense déception entraînée par l’annonce de Dominique Gros, mercredi matin, n’a, il est vrai, fait que rajouter au spleen que les supporters messins traînent depuis de longues semaines devant les performances de leurs favoris. Quatorzièmes avant d’accueillir Clermont, ce soir, Ludovic Guerriero n’ont de toute façon guère le choix. Même face à ce qui se fait de mieux à l’extérieur cette saison en Ligue 2 (6 victoires, 3 nuls et 4 défaites). « Mais ils marquent le pas actuellement », souligne l’entraîneur messin, avant de nuancer : « Ils sont tout de même troisièmes et beaucoup d’équipes aimeraient être à leur place… »
Première étape du long et périlleux périple au programme du FC Metz ce mois-ci, le massif clermontois à toutes les caractéristiques d’un col de première catégorie. « C’est une équipe efficace à l’extérieur, c’est un fait, tranche le technicien lorrain. Mais nous avons besoin de renouer avec la victoire. Face à un tel adversaire, qui aime pratiquer l’art du contre, il nousfaudra amener suffisamment de pression dans leur camp et surtout imposer notre jeu. »
Une ligne de conduite à laquelle les Messins ne se sont pas tenus la semaine dernière à Istres, faute d’inspiration et d’efficacité offensive. Et s’il avait décidé de remanier son équipe dans les Bouches-du-Rhône – au risque de troubler un peu plus l’équilibre d’un bloc sur le fil – Dominique Bijotat ne devrait, cette fois, pas revêtir la panoplie d’apprenti-sorcier. D’autant qu’il peut compter sur le retour très attendu de Mahamane Traoré.
« On a besoin de son savoir-faire »
Le milieu de terrain malien, homme-orchestre de la formation messine, sera, en effet, à la baguette, près de deux mois après sa dernière apparition sous les couleurs messines et une prestation de haute volée face à Évian en Coupe de France. « Nous avons besoin de son savoir-faire, reconnaît son entraîneur. Reste à savoir s’il tiendra la distance physiquement après une si longue période d’indisponibilité (en raison d’une blessure au mollet contractée à la Coupe d’Afrique des nations). Il n’ira sans doute pas jusqu’au bout, mais sa présence est importante. »
Une porte entrouverte pour Thierry Steimetz, qui pourrait ainsi faire ses premiers pas à Saint-Symphorien dans le rôle de joker. Pour le reste, Kévin Diaz et Sadio Mané devraient occuper les couloirs. En défense, la suspension de Kalidou Koulibaly entraîne une nouvelle pige dans l’axe central de Ludovic Guerriero qui, dans ce rôle qu’il n’apprécie guère, a pourtant offert de réelles garanties. Sa prestation à Istres, où il a été l’une des rares satisfactions messines, laisse d’ailleurs à penser que le capitaine messin est dans de bonnes dispositions. Il retrouvera Adama Tamboura sur le côté gauche, et pourra s’appuyer sur une doublette Betsch-Fleurival.
Devant, Mathieu Duhamel occupera seul la pointe de l’attaque, à moins que Dominique Bijotat ne sacrifie un milieu de terrain pour aligner Andy Delort à ses côtés… Quoi qu’il arrive l’entraîneur lorrain sait que le résultat de la rencontre de ce soir « conditionnera l’approche des autres matches qui se profilent. Il nous faut impérativement reprendre confiance et effacer les incertitudes qui se sont immiscées chez certains joueurs. » Une nécessité si les Messins ne veulent pas perdre la tête eux aussi…
Jean-Sébastien GALLOIS.
Serin : « Et maintenant on fait quoi ? »

Bernard Serin, président du FC Metz, ne cache pas son amertume. « Tout s’arrête à la suite d’une décision unilatérale. » Photo Pascal BROCARD
Privé de Grand Stade par la Ville, Bernard Serin, le président du FC Metz, reste sous le coup de « la déception », de « la surprise » et de « l’incompréhension ». Il pose clairement la question de l’avenir du club.
On s’attendait à entendre un homme en colère. Mais après le retrait de la Ville de Metz du projet de rénovation du stade Saint-Symphorien, abandon rendu public par le maire Dominique Gros mercredi matin, c’est un Bernard Serin plutôt mesuré qui a accepté de se confier, hier. Dans quel état d’esprit est-il désormais ? Trouve-t-il les réponses à ses nombreuses interrogations ? Comment va-t-il gérer ce retournement de situation ? Les mots du président du FC Metz.
• Bernard Serin, votre état d’esprit après ce coup de théâtre ? « Je suis toujours sous le coup de la déception, de la surprise et de l’incompréhension. Je ne comprends pas, non, qu’on puisse prendre une telle décision à quinze jours du dépôt du dossier. Des réunions étaient prévues, des audits, des rencontres avec Jacques Lambert, avec le ministre des sports. Tout était calé. »
• Au-delà du fond, il y a la forme ? « Là aussi, je ne comprends pas. On parle là d’un événement à retentissement européen. Et puis, si le stade appartient à la Ville, le football messin, lui, est une institution commune à tous les Mosellans. D’ailleurs, toutes les rénovations qui ont eu lieu jusqu’ici ont été supportées aussi par le Conseil général. Nous étions en partenariat sur ce dossier et tout s’arrête à la suite d’une décision unilatérale, sans la moindre concertation. »
• Vous êtes en colère ? « En colère, non, je ne fonctionne pas comme ça. Si colère il doit y avoir, c’est celle des supporters. Aujourd’hui je dois contenir les humeurs… »
• Vous avez la sensation que tout est fini ? « Franchement, je ne sais pas quoi faire ! J’ai du mal à imaginer, de toute façon, que M. Gros puisse revenir sur cette décision. »
• Vous avez eu un contact avec lui ? « Mardi il m’a laissé un message vers 20 h. Je l’ai rappelé à 20 h 45. Et depuis, rien… »
• Vous n’avez pas digéré qu’on puisse contester à ce point le budget établi ? « Écoutez, le cabinet d’architecture mais aussi de calcul qui a procédé au chiffrage, est un cabinet énorme. Ils font des tours à Dubaï ou Shanghai, ils ont déjà construit 16 stades. Ils ont chiffré les travaux trois fois. Il y a toujours une petite marge d’erreur, mais pas dans ces proportions-là. C’est un cabinet allemand et ça ne fonctionne pas comme en France, où, c’est vrai, on est habitués aux dépassements. »
• Votre qualité de chef d’entreprise a été remise en cause, en quelque sorte… « Si on veut. Des projets de cette taille-là, j’en mène dix par an dans mon entreprise. Et ça fait dix ans que ça dure… Je tiens à défendre, oui, le sérieux de cette étude. Je n’ai pas de preuve à apporter, tous ces projets sont une réponse suffisante. J’ajoute que j’avais proposé à la Ville de nommer un expert ou un économiste pour aller vérifier tout ça. On m’avait dit que c’était une bonne idée. Et la réunion avait été programmée à hier… »
• Ce risque de dépassement, vous ne le comprenez pas non plus ? « Je ne le partage pas, voilà. Dans l’absolu, avec quelques aléas possibles, ça aurait pu devenir 47 ou 48 millions d’euros. Mais une différence de 33 %, non… Ce n’est pas un petit cabinet ! Le FC Metz peut d’ailleurs s’engager à assumer tout dépassement au-delà de cinquante millions d’euros. »
• Dominique Gros s’est trompé ? « Je n’en sais rien, mais je suis persuadé qu’il a été influencé de manière erronée… »
• La Ville aurait dû supporter tout dépassement comme M. Gros l’a laissé entendre ? « Ce n’est pas exact. Une société d’économie mixte allait être créée. Les autres actionnaires, Conseil général et FC Metz, auraient eu à le supporter aussi. »
• Le FC Metz, sans stade rénové, revient à la case départ… « Oui, et nous devenons sans doute la seule capitale régionale possédant un stade d’une telle vétusté. La grande question, est, "Maintenant, on fait quoi ?". Ce n’est pas le fait de ne plus accueillir l’Euro qui pose problème, mais bien le fait que le FC Metz, en l’état, doit se préparer à des jours difficiles. Tout dépend de la réponse qui sera faite à cette question… »
• Le FC Metz est à un tournant de son histoire ? « Je le pense sincèrement, oui ! »
Patrick DELAHAYE.
L’arbitre
Dominique Julien. Âgé de trente-huit ans, Dominique Julien a débuté sa carrière en National en 2004 avant d’officier sur les pelouses de Ligue 2 à partir de 2009. Depuis cette date, il a croisé à cinq reprises la route des Messins, la dernière fois remontant au 12 août 2012 à l’occasion du déplacement victorieux du FC Metz à Guingamp (0-1, 3 e journée). Cette saison, l’arbitre de la Ligue de Normandie a distribué cinquante-quatre cartons jaunes et exclut deux joueurs en championnat. Pour l’anecdote, M. Julien était passé par la Lorraine le 25 septembre 2010 pour arbitrer la rencontre de Division d’honneur opposant l’APM Metz à Thionville (1-0).
La phrase
Mobilisation. « J’attends que les joueurs qui remplacent les absents élèvent leur niveau de jeu. » Privé de son meilleur buteur, Jean-François Rivière (10 buts), victime d’une fracture du pied à l’entraînement, mais également des défenseurs Romain Saiss (suspendu), Cédric Bockhorni, Eugène Ekobo, tous les deux touchés à la cuisse et Damien Perrinelle (genou) ainsi que du milieu de terrain Guilherme Moreira (suspendu), Michel Der Zakarian, l’entraîneur de Clermont, compte sur la mobilisation de ses forces en présence.
L’info
Une semaine loin de Metz. Les Messins, qui débutent leur mois de mars marathon ce soir, enchaîneront par deux déplacements à Laval, et Le Havre la semaine prochaine. Les hommes de Dominique Bijotat peaufineront leurs derniers réglages de leur rencontre prévue mardi soir à 19h au stade Francis-Le Basser, lundi matin du côté du stade de l’autoroute avant de rejoindre la Mayenne dans l’après-midi. À l’issue de la rencontre, ils prendront la route vers Le Havre où ils resteront afin de préparer leur match de vendredi (20h) face au HAC. Une semaine loin de Metz : les voyages forment la jeunesse paraît-il. Aux hommes de Dominique Bijotat de créditer cette thèse…
J.-S. G.
Des supporters en colère
Le retrait de la ville de Metz du projet Euro 2016 à Saint-Symphorien provoque de vives réactions. Un appel à la manifestation a même été lancé.
J’ ai écouté la population, j’ai essayé de sentir une ferveur. Elle est absente. » L’argument, signé Dominique Gros, est l’une des explications avancées pour justifier le retrait de la ville de Metz du projet de rénovation du stade Saint-Symphorien dans le cadre de l’Euro 2016. Depuis l’annonce officielle de l’abandon de la candidature messine, mercredi en fin de matinée, les voix ne cessent de s’élever. Une incompréhension teintée de colère exprimée, notamment, par l’ensemble des supporters du FC Metz. Preuve, tout de même, que le Maire de Metz aurait dû approfondir la question...
Génération Grenat consternée. C’est par le biais d’un communiqué que le groupe de supporters du FC Metz a exprimé « sa consternation devant une décision inique qui semble davantage prise en raison de considérations philosophico-politique que pour les motifs énoncés par le discours officiel. […] Comment peut-on parler d’absence de ferveur populaire à quatre ans d’un événement tel que l’Euro de football ? Il faut ne jamais s’être rendu à une Coupe du monde ou à un Euro, ne jamais avoir vécu la magie de ces grands rassemblements, pour en préjuger. […] Nous sommes aujourd’hui écœurés par le "lâchage" de la municipalité à l’endroit d’un projet qui semblait sur de bons rails et nous apportons un soutien sans r éserve au FC Metz et à ses dirigeants qui peuvent se sentir légitimement floués par cette trahison politique. »
Pétition+. De son côté, le groupe de supporters En Avant Metz, a décidé de lancer une pétition « afin de protester contre la décision prise par le Maire de Metz » et ainsi « de démontrer qu’il existe encore et malgré tout un réel engouement pour le football à Metz ». Cette pétition sera disponible au stade Saint-Symphorien dans les locaux du groupe de supporters d’En Avant Metz, juste avant la rencontre opposant, ce soir le FC Metz à Clermont.
Appel à la manifestation. Pour appuyer encore un peu plus ce flot de réactions, un appel à la manifestation a fait son apparition, hier, sur Internet. Un rassemblement organisé dans la hâte et qui était initialement prévu demain sur la place d’Armes de Metz à partir de 11h. Or, les initiateurs du projet avaient oublié un détail : toute manifestation doit faire l’objet d’une demande d’autorisation 72 heures avant la date prévue. Du coup, l’ensemble des groupes de supporters messins ont décidé de se réunir lundi afin de déterminer la suite à donner aux événements.
• Retrouvez l’intégralité des communiqués de Génération Grenat et des Grenathions (supporters club du FC Metz à Thionville) sur notre site www.republicain-lorrain.fr
J.-S. G.