
Albert Cartier le sentait sans doute venir. Mardi soir, à la veille d’un énième examen des finances mancelles, par celui qu’il est coutume d’appeler le gendarme financier du football français, l’entraîneur du FC Metz avait lâché une phrase qui résonne un peu plus lourdement aujourd’hui. « Je ne sais pas trop ce qui peut se passer. Je peux juste constater que tout a été mis en œuvre pour que Le Mans obtienne gain de cause. » Et c’est effectivement ce qui s’est produit hier après-midi.
A 15h40, le président manceau, Henri Legarda, pouvait laisser s’exprimer sa satisfaction sur le site internet de son club. « Je suis soulagé et heureux pour tous ceux qui aiment Le Mans FC que le club soit officiellement autorisé à débuter le championnat de Ligue 2. » Impossible de savoir qui, parmi les membres de la DNCG fait partie de ceux qui aiment secrètement Le Mans FC, mais ils doit s’en trouver plus d’un qui a apprécié les nouveaux chiffres d’un dossier financier qui avait tout de même déjà été rejeté à deux reprises, par les membres de cette même Direction nationale de contrôle de gestion, et qui avait abouti à la rétrogradation du Mans en National.
L’union sacrée a payé
Sur le fond, difficile de commenter le revirement opéré hier par la commission d’appel de la DNCG, trois jours après la prise de position de la Fédération française de football, laquelle avait suivi l’avis du Comité National olympique et sportif français, qui préconisait un nouvel examen du dossier manceau. Depuis le 11 juillet – date de la confirmation en appel, de la rétrogradation des Sarthois – Le Mans s’est en effet bougé. Au sens figuré comme au sens propre : autour du président Henri Legarda, que l’on dit proche de Jacques Rousselot, président de l’ASNL et membre du comité exécutif de la Fédération française, une multitude d’énergies se sont rassemblées. En plus de l’argent rentré dans ses caisses à travers la vente de plusieurs joueurs et la rupture de contrat à l’amiable avec Moussa Narry, Le Mans FC a aussi bénéficié du soutien des collectivités locales. L’union sacrée a payé. Et le club a fini par obtenir ce qu’il avait, du reste, gagné sur le terrain sportif la saison passée. Dix-septième, premier non-relégable, il ne méritait pas de descendre d’un étage. Et de ce point de vue-là, essentiel, le FC Metz n’avait aucun argument pour revendiquer son retour dans l’antichambre de l’élite.
Sur la forme, en revanche, l’issue du feuilleton est contestable. Et surtout, elle pose plusieurs questions. Dans quelle mesure les appuis politiques se sont-ils immiscés dans le jeu ? La perspective de voir le stade MMArena, l’un des plus modernes de l’hexagone, disparaître momentanément de la vitrine du football français a-t-elle pesé dans la balance ? Pourquoi la Fédération française n’a-t-elle pas pris la responsabilité de trancher elle-même lundi dernier ? Et puis celle-là, enfin : pourquoi les nouveaux documents du Mans ont-ils trouvé écho auprès des membres de la DNCG alors que l’article 5 du règlement les rends logiquement irrecevables après le premier passage en appel ? Autant de questions auxquelles le gendarme financier ne répondra certainement pas. Circulez, y’a rien à voir. Le Mans revient en Ligue 2. Metz reste en National.
C. B.
Bernard Serin : « On constate que le processus n’est pas huilé »
Côté messin, la décision prise hier par la DNCG de réintégrer Le Mans en Ligue 2 a été prise avec philosophie. En surface tout au moins.
Quelque part, nous n’avons pas à commenter la décision qui vient d’être prise. Nous étions concernés mais pas impliqués. » Difficile de mesurer le niveau de déception dans la voix d’Albert Cartier. Hier, quelques minutes après avoir appris le verdict de la Direction nationale de contrôle de gestion, l’entraîneur messin a saupoudré son discours avec cette même sobriété qui avait accompagné ses propos tout au long de cet interminable feuilleton.
Conscient, néanmoins, de l’impact que pourrait avoir l’issue de ce dossier dans l’esprit de ses joueurs, le technicien avait prévu d’en parler avec eux dès hier, lors de la séance programmée en fin de journée. « Il faut vite passer à autre chose. Notre objectif reste celui que nous nous étions fixé depuis le début : à savoir retrouver la Ligue 2, mais sur le terrain sportif. » Une priorité partagée par Bernard Serin.
Volontairement silencieux sur le sujet jusque-là, le président du FC Metz a réagi hier à sa conclusion. « J’ai essayé de faire abstraction de tout ça pour que toutes les parties du club restent concentrées sur la préparation du championnat de National. C’était pour moi l’issue la plus probable. Évidemment, il y aurait eu pour nous un certain bonheur à retrouver la Ligue 2, mais je n’ai aucun commentaire à livrer sur la décision prise par des gens qui ont toute la légitimité pour ça. »
« Un peu préjudiciable »
« En revanche, poursuit Bernard Serin, on peut constater que le processus n’est pas huilé. » Et embarqué malgré lui dans cette histoire, le FC Metz en paye le prix aujourd’hui.
« On a volontairement temporisé dans certains dossiers de recrutement. On a encore besoin de trois ou quatre joueurs. Un retour en Ligue 2 nous aurait offert des moyens supérieurs à ceux qui seront les nôtres en National. Il va falloir donner un coup d’accélérateur. Tout cela risque d’être un peu préjudiciable pour notre début de saison. Mais il faudra bien faire avec. »
Il s’agit aussi maintenant pour le FC Metz de remobiliser ceux qui, dans l’environnement du club, « supporters, partenaires, s’étaient mis à espérer notre retour en Ligue 2. » Cela n’est pas perdu. Il faudra simplement être patient. De ce côté-là, les dernières semaines auront servi d’entraînement à tout le monde.
C. B.
Un dernier test avant Boulogne
Le staff messin a modifié le programme d’hier : des deux séances d’entraînement n’en est resté qu’une, décalée à 19h. « En journée, il faisait vraiment trop chaud. Ça n’aurait rimé à rien de bosser dans ces conditions », explique Albert Cartier. Aujourd’hui, l’entraîneur messin n’aura pas à se soucier du soleil. Ses joueurs enfileront leur maillot en fin de journée, pour disputer un match amical à 18h, le dernier avant le coup d’envoi du championnat, vendredi prochain contre Boulogne. Au menu de ce test, le FSV Mainz (1re div. allemande). Des joueurs du groupe réserviste seront sollicités pour l’occasion.