Le Racing a logiquement perdu le derby du grand Est (1-0), hier. Au terme d'une semaine à deux défaites, incapable de créer du jeu, doté de la pire défense du championnat, il est à sa place ce matin : la dernière.
David Ledy (n° 25), à la lutte avec le capitaine messin Julien Cardy, et ses coéquipiers du Racing n'ont guère inquiété la défense lorraine. (Photo DNA - Cédric Joubert)
A part la saison, tout porte à croire que le Racing est plongé dans un tunnel interminable. L'automne darde ses dernières fausses chaleurs. Le bilan définitif est pour le printemps. Ouf ! Mais alors que l'on vient d'achever le premier tiers du championnat, il y a tout lieu de croire qu'en mai, ce ne sera pas brillant. La bande à Janin ne répond plus. Ce matin, elle est dernière.
Comme inspirée par l'énergie de ne pas finir ridicule, après une défaite aux allures d'anéantissement à Clermont (3-0), elle avait semblé retrouver goût au jeu, au combat et à l'envie. Elle a achevé son mois d'octobre en enchaînant deux défaites.
C'était vilain à voir, cela
s'est révélé encore plus
vilain à perdre
Deux fois, le Racing a fini dans le décor. Deux fois, refusant de faire l'acteur, il a été comme le décor de matches qu'il a achevé résigné. Évidemment, il n'est pas mort. Mais froid comme un cadavre, il est proche d'un état létal. Et il n'y a même pas eu lieu de se réchauffer à la faveur d'un match particulier.
Chaud comme un derby. Pfou ! Pensez-vous. Entouré de tribunes à moitié pleines, le terrain du stade Saint-Symphorien n'a en rien eu d'un coupe-gorge. Comme d'habitude, le kick and rush strasbourgeois était de sortie. L'ennui, c'est que Fauvergue était resté en Alsace et que pour reprendre la mosaïque de ballons aériens renvoyés par la défense du Racing, il a manqué cruellement de taille pendant toute la partie.
La joute alsaco-lorraine a donc pris l'allure d'un siège du but de Cassard en bonne et due forme pendant une demi-heure. Elle est surtout apparue fort longtemps comme la collection complète de l'approximation, du raté et de la passe manquée. C'était vilain à voir. Cela s'est révélé encore plus vilain à perdre. Dans une partie fermée comme une huître, le Racing a opté pour l'imperméable.
Une couture a fini par craquer. Pied a été l'auteur d'une action d'éclat. Cela a suffi puisque le Racing aura en tout et pour tout cadré une frappe, sans aucun danger pour Sissoko. « Metz n'a jamais été mis en difficulté, Strasbourg n'a jamais eu d'occasions », comme le soulignait Yvon Pouliquen après coup.
Les locaux n'en ont pas eu un tombereau non plus. Mais sur une récolte inenvisageable par ici - 13 points sur 15 possibles -, avec un Johansen au-dessus du lot à la baguette, l'espoir de trouver l'ouverture mûrissait lentement chez les Grenats. Il s'est concrétisé juste après le repos, comme pour Tours il y a quatre jours à la Meinau.
Ensuite, c'était rideau, une incapacité chronique à développer une occasion digne de ce nom pour revenir et l'impression que cette équipe désespérante est à sa place. Avant-dernière hier, elle ferme la marche ce matin. Et la litanie d'arguments qui empêchent d'enjoliver le tableau s'égrainent comme les couches de noir sur un tableau de Soulages.
Le Racing est dernier avec la victoire de Bastia dans le derby corse. Il enregistre la seconde défaite de sa semaine, il pointe à quatre points du premier non-relégable, Istres, qu'il reçoit vendredi prochain. Il n'a pas marqué depuis deux matches et est doté de la plus mauvaise défense du championnat.
La piste du joker
Pire, l'impression globale diffuse une impuissance généralisée. « On manque d'arguments pour faire peur à l'adversaire, a analysé, sans concession, Pascal Janin. Metz nous a dominés sans crainte. J'en suis à espérer que lors des prochains matches, face à des adversaires moins forts, la victoire sera à notre portée. »
L'idée d'une solution est apparue dans le discours. « J'espère un retour en forme de Fauvergue ou de Marcos, a d'abord évoqué sans trop y croire l'entraîneur strasbourgeois avant de creuser une piste. Mais je ne vois que quelqu'un de l'extérieur pour nous redonner un espoir et un moral : un joker. Il nous manque quelque chose. On est dernier. Cela ne peut pas être un hasard. Depuis deux mois que je suis entraîneur, le bateau n'avance pas. » Entre un renfort et laisser l'entraîneur à quai, c'est le président qui est convoqué.
Philippe Ginestet a regardé les supporteurs strasbourgeois avant la rencontre et il a dit avoir la larme à l'oeil devant la ferveur ainsi exprimée. Il y a peut-être une ultime alternative pour édulcorer le désespoir : fournir les mouchoirs.
François Namur