
Le 7e but de la saison de Magaye Gueye a ouvert la voie du succès. « Quand il est là, ça change beaucoup de choses », dit de lui Pascal Janin. (Photo DNA - Cédric Joubert)
Son sourire fait plaisir à voir. Hier soir, dans les travées de la Meinau, Pascal Janin était un homme comblé. L'entraîneur à la moustache, limogé voilà une grosse semaine par le fantomatique Alain Fontenla, futur ex-patron la veille, a priori sur le retour hier (lire en page suivante), voulait juste savourer ce que l'on peut considérer comme un pied de nez au destin contraire.
« Un petit cadeau de Noël
pour ceux qui aiment
le Racing »
« Je ne sais même pas si je peux m'associer à ce succès, plaisantait l'intérimaire à rallonge. Je suis surtout content pour les garçons, qui sont parvenus à se concentrer sur leur métier, et même de manière plus appliquée que ce qu'ils ont fait depuis le début de la saison. »
Hier soir, dans une atmosphère viciée en coulisses et des dispositions très défavorables sur le terrain - Fauvergue, Bellaïd, Fanchone et Gargorov n'étaient pas de la partie -, les Bleus ont assurément livré leur prestation la plus aboutie en cinq mois. C'est une surprise, « un petit cadeau de Noël pour ceux qui aiment le Racing et qui se posent plein de questions actuellement », aux dires de Janin.
Avant d'aborder les vingt dernières minutes avec quelques vieux démons qui ont resurgi après la réduction du score de Mathis, Lacour et les siens ont donné le tournis à la défense guingampaise. « On se l'est un petit peu "raconté", reconnaît Victor Zvunka, l'entraîneur d'une équipe qui avait glané dix points lors des quatre précédentes rencontres. Finalement, on n'a que ce qu'on mérite. »
La domination strasbourgeoise, concrétisée par la rapide ouverture du score de Magaye Gueye - « quand il est là, ça change beaucoup de choses », précisera Janin au sujet du jeune attaquant, longtemps éloigné des terrains en raison d'une pubalgie et auteur de son septième but en Championnat -, s'accentue au fil des minutes.
Les occasions franches, rares ces temps-ci à la Meinau sur le but adverse, se succèdent. Avant l'heure de Jeu, Yassine Bezzaz double logiquement la mise. Dans les travées, les quelque 4 500 enfants invités par le club ne regrettent pas le déplacement, le froid piquant n'ayant pas de prise sur leur enthousiasme rafraîchissant.
Cette victoire, seulement la quatrième de la saison, permet déjà au Racing de regagner une place au classement, pour pointer ce matin au 18e rang, à une longueur d'Angers. Par les temps qui courent, et même si tous les rivaux directs ont aussi gagné - Angers - Metz et Tours - Istres ont été reportés en raison des intempéries - cette bonne nouvelle se suffit à elle-même.
« Il y a encore plein de bonnes choses qui peuvent nous attendre », assure Janin, déjà assuré de diriger son équipe mardi au Havre, pour ce qui constituera le baisser de rideau de l'année 2009. Et si, finalement, le coach venait à ne pas plier bagages ?
« Je suis resté alors qu'on m'avait demandé de partir, sourit-il. Si on me demande de poursuivre l'aventure, peut-être vais-je même finir par m'incruster ! Pour ce qui est de la suite, je ne peux rien dire. Je ne sais même plus à qui m'adresser... Sacré Racing, il nous en fait voir de toutes les couleurs. »
« Fontenla : la girouette
a assez tourné »
Celles d'hier soir étaient plutôt à piocher dans le camaïeu de l'espoir. Le président Julien Fournier, placé dans une situation inconfortable au regard de sa défiance envers Fontenla, a aussi dû apprécier. L'homme a en tout cas gagné la confiance des supporteurs, qui ont déroulé une banderole à son attention dans les tribunes : « Fontenla : la girouette a assez tourné ! Il est temps de se décider ! Soutien total à Fournier ! »
De Londres, ou peut-être de Paris, voire de Genève, on ne sait plus vraiment, le propriétaire de moins en moins légitime et crédible du Racing aura, espérons-le, compris le message.
Sébastien Keller