
Julien Fournier (ici lors de Strasbourg - Guingamp en décembre) est sorti de son silence hier pour rappeler qu'il restait le PDG du Racing et communiquerait prochainement sur ses intentions. (Photo archives DNA - Cédric Joubert)
En dépit des désillusions subies en un peu plus d'un mois et du désenchantement qui n'a pas manqué de le gagner, Julien Fournier n'a pas perdu son sens de l'humour. Injoignable depuis le début de la semaine et introuvable du côté de la Meinau, le Varois est sorti, hier après-midi, de son mutisme en répondant enfin sur son portable.
« Je suis dans mon
bureau, à la Meinau »
A la question basique de savoir où il se trouvait, le PDG du club depuis le 4 décembre a eu cette réponse caustique : « Dans le Sud, avec un gros chèque dans la poche. Avec tout l'argent que je suis censé toucher pour le rachat de mon contrat qui court sur trois ans, je pourrais même être virtuellement le propriétaire du club ! »
Allusion est faite à l'article du jour paru dans ces mêmes colonnes, qui rapportait les propos tenus par Luc Dayan la veille en conférence de presse. « D'après ce qu'on m'a dit, Julien Fournier n'est plus le président du Racing », disait le "chargé de mission" à la solde de l'actionnaire majoritaire, en l'occurrence Alain Fontenla.
Il faut croire que Dayan n'a pas puisé son information à la bonne source, lui qui avait cherché vendredi à minorer les compétences de Fournier, tout en étalant sur la place publique son salaire « de 35 000 euros par mois ». Cette sortie verbale avait même provoqué une réaction de Fontenla, tard dans la soirée, le trader londonien déplorant par voie de communiqué ce dérapage incontrôlé : « Les conditions financières évoquées sont très loin de la réalité. »
Toujours est-il qu'hier, Fournier n'avait pas abandonné son poste. « Je suis dans mon bureau, à la Meinau, depuis ce matin (hier), explique-t-il. Si je suis toujours président du Racing ? A l'heure où je vous parle, oui. Laissez-moi le temps d'intégrer les dernières évolutions du dossier. Je suis en phase de réflexion. Cette semaine, beaucoup de monde m'a prêté l'intention de partir. Moi, je n'ai rien annoncé. Je le ferai prochainement. »
Interrogé sur le sujet, Luc Dayan, lui, a paru très agacé. « Combien de fois va-t-il falloir que je dise la même chose, s'interroge-t-il. Ce dossier-là, je ne l'ai pas traité. Mais il va bien falloir que les choses se mettent en place. »
Les choses qui doivent se mettre en place, justement - comme l'arrivée annoncée dès demain de l'adjoint de Pascal Janin, à savoir Cyril Serredszum, ou les premiers mouvements du mercato -, restent au point mort.
Sans la signature de Fournier, tous les dossiers sont irrémédiablement bloqués. Or, on voit mal le Varois cautionner la moindre opération souhaitée par Fontenla et son conseiller sportif Ralph Isenegger, alors que le PDG devait mener à bien la politique de Roman Loban.
« Ne pas céder aux pressions
et rester en poste »
Il faut croire que les mises en garde de Me Nicolas Wiltberger ont été entendues. L'administrateur historique du Racing a demandé au PDG de « ne pas céder aux pressions et de rester en poste ». Conscient que Fournier est « pris dans la nasse », Me Wiltberger lui a demandé de réunir rapidement le conseil d'administration, histoire de clarifier la situation.
La réunion devrait se tenir lundi soir. Celle-ci, indispensable préambule avant l'assemblée générale de la SASP - qui ne peut se tenir avant quinze jours -, ne saurait servir de cadre pour licencier Fournier. Ni pour passer le témoin à Christophe Cornélie, associé de Fontenla.
Allié des investisseurs locaux ?
Le représentant de Carousel Finance, devenu administrateur début décembre avant de faire faux bond, est réapparu hier soir à la Meinau, dans l'espoir de récupérer rapidement le droit de signature. « Juridiquement, ce n'est pas possible », prévient Me Wiltberger.
Bref, la situation reste toujours aussi emberlificotée. Loin de ce tumulte, les investisseurs locaux peaufinent leur plan de reprise autour de Henri Ancel. Prêts à intervenir avant qu'il ne soit trop tard, ils ont peut-être trouvé en Julien Fournier, l'homme du blocus qu'ils n'excluent pas de maintenir en poste, un allié de circonstance.
Suite au prochain épisode...
Séb.K.