
Egon Gindorf et Jacky Kientz, deux ex-présidents du Racing unis autour d'une cause commune : reprendre la main au sein du club strasbourgeois. (Photo DNA - Johanna Leguerre)
A la sortie de l'assemblée générale, hier à la Meinau sur les coups de 19 heures, les visages sont apaisés, les propos courtois et posés. On est loin de l'inquiétude, voire de la colère, perceptibles le 4 décembre dernier, quand Philippe Ginestet avait revendu toutes ses parts à des financiers inconnus.
Ancel campe le rôle
d'homme providentiel
Les quelque vingt membres de la SASP (*) Racing sont soulagés. Une heure durant, à l'invitation du PDG Julien Fournier (lire ci-dessous), ils ont pris connaissance des dernières évolutions du dossier, de la bouche de Henri Ancel. Depuis mercredi, le spécialiste en levée de fonds initialement mandaté par Roland Ries campe le rôle d'homme providentiel.
C'est lui qui est parvenu à faire entendre raison aux associés de Carousel Finance et à son président, Jafar Hilali. Ceux qui représentent les intérêts d'Alain Fontenla - ou inversement, on ne sait plus vraiment -, ont accepté de céder la majorité de la SASP, à hauteur de 51%, au pool de repreneurs locaux contre 810 000 euros, soit le prix d'achat.
« C'est une sacrée avancée, nous en étions très loin voilà deux mois », lâche Léonard Specht, l'éphémère président au coeur de l'été. Les membres historiques, comme René Maechler ou Me Nicolas Wiltberger, acquiescent.
Les financiers vont-ils
rapidement s'en aller ?
En marge du groupe, les deux derniers arrivés se font des plus discrets. Hervé Seck, chargé de communication et proche de Fontenla, ainsi que Christophe Cornélie, homme de Carousel Finance, n'ont rien de particulier à dire. Le premier pas vers la porte de sortie est peut-être franchi.
« Je ne le pense pas, dit Dominique Pignatelli, ex-associé de Ginestet. Ils souhaitent rester actionnaires minoritaires. Même si je ne connais pas leurs intentions, je ne pense pas qu'ils s'en aillent dans l'immédiat. »
A ce sujet, les avis sont partagés. « En restant dans la SASP à hauteur de 49%, ils donnent l'impression de ne pas vouloir prendre de risques, en espérant peut-être que l'amélioration rapide des résultats sportifs leur permette d'en tirer profit », indique Christian Deleau.
Pour l'heure, tous les protagonistes s'entourent en tout cas de la plus grande prudence, un énième retournement de situation n'étant pas à exclure. « L'objectif, c'est de pouvoir évoluer dans la sérénité, précise Henri Ancel. Je rappelle que nous avons juste conclu un accord de principe. Tant qu'un papier ne sera pas signé, il faut parler au conditionnel. »
Toujours est-il qu'Ancel a réuni dans l'après-midi les actionnaires minoritaires - Specht, rejoint par Lohr, Gindorf et Pignatelli - pour plancher sur la construction juridique du plan de rachat. « Les discussions ont été très constructives, assure Pignatelli. Sans l'intervention de Henri Ancel, nous n'en serions d'ailleurs pas là. Mais aujourd'hui, il est encore bien trop tôt pour savoir qui va être impliqué et qui va payer. »
Dans un délai de deux semaines, le pool local devra toutefois s'entendre pour verser les 810 000 euros aux propriétaires. « J'ai eu la confirmation de cet engagement, ajoute Ancel. Il faudra aussi réfléchir au remboursement des 3 millions qu'ils ont bloqués sur le compte courant, puis aller au-delà, parce qu'il faudra bien faire fonctionner le club. »
Ginestet a fait
l'unanimité contre lui
Les Alsaciens ont désormais jusqu'au 17 février pour éluder toutes ces questions. Une fois que tout le monde sera sur la même longueur d'onde, il s'agira de revenir à un système de collégialité, en désignant les membres du conseil de surveillance et du directoire - soit le pôle opérationnel constitué de 3 à 5 personnes - appelés à remplacer le mode de fonctionnement complexe qui profitait à Philippe Ginestet.
Hier soir, l'ancien président est en tout cas parvenu à faire l'unanimité contre lui. Tant les associés de Carousel Finance que les "locaux" ont des griefs à lui adresser. Absent des débats, il n'a pas pu se justifier.
Séb.K.
(*) société anonyme sportive professionnelle