L'offre de reprise formulée hier par Henri Ancel et les Alsaciens a semble-t-il trouvé un écho favorable à Londres. S'ils n'excluent pas de garder la main, les propriétaires entendent poursuivre les négociations. Pour l'heure, le clash est évité.
Olivier Kachkach (à l'extrême droite au côté d'Alain Fontenla), promu porte-parole des propriétaires londoniens, dit « avoir su redonner une mentalité de vainqueur » à l'équipe de Janin. (Photo DNA - Michel Frison)
Le Racing est devenu un monde bipolaire, où les phénomènes d'attraction et de répulsion à répétition mettent les fondations de l'édifice plus que centenaire en péril. Depuis plus de deux mois, la maison bleue craque de toute part et menace, d'un jour à l'autre, de s'effondrer sur elle-même.
D'un côté, les propriétaires londoniens réunis autour d'Alain Fontenla et des associés de la société Carousel Finance dirigée par Jafar Hilali entendent faire valoir leurs droits d'actionnaires majoritaires. De l'autre, le pool des Alsaciens guette le moindre signe d'ouverture pour reprendre la main. Au milieu joue une équipe qui, au regard de ces tiraillements, ne s'en sort pas si mal.
Les repreneurs
sont identifiés
Hier après-midi, l'affaire a pris un tour nouveau après l'envoi d'une proposition concrète de rachat intégral des parts, dans laquelle figurait pour la première fois l'identité des repreneurs.
On y retrouve les actionnaires minoritaires déjà en place sous l'ère Ginestet - Robert Lohr et Léonard Specht, Dominique Pignatelli, Egon Gindorf -, ainsi que trois nouveaux venus, en l'occurrence l'entrepreneur Frédéric Sitterlé, le restaurateur Philippe Boehrer et Robert Mosser, patron à la retraite et proche d'Arsène Wenger.
« Nous avons rappelé que nous étions favorables à un rachat à hauteur de 100%, contre le paiement d'1,6 million d'euros maximum (soit le prix d'achat des Londoniens à Ginestet), et le remboursement des 3 millions d'euros bloqués sur le compte courant, indique Henri Ancel. L'accueil de M. Hilali a paru globalement positif. Nous allons pouvoir réaliser un "mini-audit" et gardons l'exclusivité dans les négociations jusqu'à l'assemblée du 17 février. Le timing est serré, mais on avance. »
Les conditions fixées par les Alsaciens ne semblaient pourtant pas acceptables dans la City au courant de l'après-midi. En fait, les Londoniens semblent échaudés par les revendications des minoritaires, soupçonnés d'avoir « le public, la mairie et la presse derrière eux. »
En outre, Alain Fontenla n'a pas obtenu « l'évidence de fonds » qu'il avait réclamée, sous forme d'ultimatum, de la part des Alsaciens. « Ils nous demandent de mettre l'argent sur la table avant même de commencer à discuter, c'est quand même insensé, s'insurge Ancel. Les investisseurs locaux ont tous pignon sur rue et un patrimoine conséquent. Mais M. Hilali nous a indiqué qu'il était content d'avoir affaire à des gens sérieux. »
L'argent, justement, constitue une autre pierre d'achoppement. Là où les Alsaciens sont disposés à payer le « prix juste », les Londoniens réclament 5,51 millions d'euros, soit 900 000 euros de plus que le prix d'achat pour recouvrer « les frais engagés ».
Bref, les positions sont encore extrêmement éloignées. Hier, Olivier Kachkach, qui s'est exprimé au nom des propriétaires, a laissé entendre que la porte d'une cession totale pourrait se refermer. « Quelle que soit l'issue des négociations, on est prêt à laisser une ou plusieurs places aux actionnaires locaux dans la SASP », dit le représentant de Carousel Finance.
« Aujourd'hui, il faut sortir par le haut de tous ces remous », poursuit Kachkach, qui a actionné le levier sportif pour justifier de la légitimité des propriétaires.
Kachkach : « Notre
crédibilité se juge
sur le terrain »
« Je n'ai pas peur de dire que notre crédibilité se juge aussi sur le terrain, assène-t-il. Nous avons su redonner une mentalité de vainqueur à cette équipe. Quand nous sommes arrivés, elle était 18e et relégable. Là, elle est 14e. Contre Ajaccio (2-0), j'ai vu des guerriers. Et à Sedan (3-3), nous sommes revenus de loin. En d'autres temps, on en aurait pris cinq ! »
Cette sortie verbale paraît pour le moins hardie, eu égard aux vicissitudes vécues ces dernières semaines par Pascal Janin.
« Ça, je ne préfère même pas le commenter, soupire Ancel. Je laisse aux supporteurs le soin d'en juger. De notre côté, on bosse pour aboutir à une solution propre, dans un état d'esprit constructif et positif. On ne peut pas aller plus loin. S'ils refusent, on va au clash. La réponse de M. Hilali est plutôt porteuse d'espoirs. »
Séb.K.